Par le fil je t'ai cousue
Auteur
- Fawzia Zouari (Écrivain)
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Classement en biblio - 6 lecteurs
extrait
Avec ma cousine Lilia, nous nous enfonçions dans les champs et les vergers alentour, resurgissions des fermes avec les chiens à nos trousses, rentrions à la maison les robes déchirées et les mollets en sang, personne ne se souciait de nous savoir exposées à la rage. Juchées sur les arbres, nous mangions à même les branches les abricots et les pommes, si acides parfois que nous finissions la journée avec des diarrhées, contraintes de nous soulager dans les champs puis de nous nettoyer avec une poignée de pâquerettes ou de pissenlits arrachés avec leur terre. Nous conservions les noyaux des abricots dont nous fabriquions de petites coques à musique, il suffisait de les frotter sur le ciment pour obtenir un trou de quelques millimètres, dans lequel nous sifflions comme dans un harmonica. Nous fouillions les nids et emportions les oisillons dans un pan de nos robes, redescendions pour courir au milieu des blés, et nous régaler de pavots mangés avec la racine. Nous avions la nature à portée de bouche, il nous suffisait de secouer les plantes et de nous régaler.
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Entre nostalgie de son enfance et recul de l'adulte féministe qu'elle est devenue, l'autrice nous fait découvrir son village natal dans toute sa pluralité. Face à la décolonisation puis à la modernisation de la Tunisie des années 60 avec ses bons et ses mauvais côtés, elle fut le témoin privilégié d'un pays en plein bouleversement où tradition et modernité s'affrontèrent au sein même de sa famille.
Le texte nous offre les portraits de personnages hauts en couleur qui peuplent ce village, avec leurs disputes et leurs scandales. Dans les souvenirs d'une petite fille, certains prennent des caractères romanesques (comme la figure maternelle, davantage crainte et respectée que Dieu). C'est aussi le cas des paysages, des lieux interdits aux enfants et des moments clé qui ont marqué son enfance.
A travers des anecdotes et destinées, parfois drôles, souvent tragiques, l'autrice redonne vie à un monde aujourd'hui disparu.
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Un roman intime où l'autrice se livre sur son enfance en Tunisie, dans le petit village d'Ebba. Dans les années 60, le destin semble être le même pour toutes les filles : l'école pour quelques temps mais ensuite elles doivent rester à la maison pour aider leurs mères et surtout pour ne pas faire honte à la famille en se rapprochant des garçons. C'est le lot des soeurs aînés de Fawzia, mais son père est bien décider à ce que sa cadette fasse des études et tient tête à sa femme. Sous l'ère du régime de Bourguiba, les choses changent, les jeunes filles s'émancipent, les études leur ouvre les bras mais les familles, surtout les mères, craignent cette émancipation.
Dans ce livre, l'autrice aborde d'autres thèmes forts : les coutumes et les croyances millénaires , la famille, le mariage arrangé (ou forcé), le poids de la religion, l'arrivée de la télévision dans cette campagne rurale, le départ des français, la place des femmes et des jeunes filles dans cette société patrarcal......
Ce fut pour moi une lecture douce et poétique qui m'a amenée dans les souvenirs de Fawzia Zaouri. Une jeune femme marquée à jamais par l'éducation de sa mère.
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Date de sortie
Par le fil je t'ai cousue
- France : 2022-01-13 (Français)
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Résumé
« Du fil, du sang et des mots. Il n’en faut pas plus pour faire disparaître le corps d’une fille. La dématérialiser d’un coup, un seul. Net et sec. Une entaille. Et le liquide qui coule, tout naturellement, dans une odeur de femmes et de secret. »
Une fillette grandit dans l’ombre d’une famille traditionnelle et dans la soumission à une mère toute-puissante. Mais ce coin de Tunisie rurale est bousculé par la modernité, avec l’avènement de l’Indépendance, le départ des colons français, l’arrivée de Bourguiba, l’école obligatoire pour les filles. Alors l’enfant, destinée à vivre et à mourir voilée et analphabète comme ses sœurs aînées, va, première de sa tribu, prendre le long chemin de l’émancipation. Le prix à payer sera lourd pour celle qui devra se libérer des sortilèges, des interdits et des secrets maternels.
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