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Pour une autre poétique



Description ajoutée par tekyla 2021-11-14T08:34:53+01:00

Résumé

La théorie de la littérature a valorisé une généalogie et un modèle conceptuel unique, celui de la Poétique d’Aristote. L’objet de ce bref ouvrage est de suggérer que d’autres modèles théoriques ont compté, notamment à la Renaissance. Centré non plus sur la construction d’une intrigue, d’une histoire, mais sur le personnage, l’art poétique d’Horace place la voix, le discours, la « fiction de personne » au cœur de la création et de l’invention poétiques. Mais Horace est aussi un poète qui offre à la fois la théorie et la pratique d’une langue spécifiquement poétique. Enfin cette œuvre, entièrement à la première personne, permet de repenser la relation du poétique à l’éthique, de penser la littérature, et singulièrement la poésie, comme expérience.

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Classement en biblio

extrait

Extrait ajouté par tekyla 2021-12-30T13:25:53+01:00

La poétique contemporaine s’est construite en grande partie, non seulement à partir d’une réflexion sur le langage – la littérature, et notamment la poésie, étant définie comme une langue dans la langue, une « parole singulière » – mais aussi et peut-être surtout à partir de la poétique aristotélicienne telle que l’a formalisée par exemple Gérard Genette en associant fiction et narration, en faisant de la poétique une narratologie. L’ensemble s’est inscrit dans un mouvement général de dépersonnalisation, désubjectivisation, dépsychologisation de l’approche de la littérature, dans une séparation de l’homme et de l’œuvre, de l’auteur et du texte au profit de l’étude de « l’agencement des éléments en système », dont Aristote décrivant a posteriori une œuvre comme l’Œdipe roi de Sophocle comme un tout organique aurait fourni le premier modèle théorique.

Les études de poétique se sont par ailleurs développées sur la tension et la différence établie, toujours depuis Aristote, entre poétique et rhétorique, l’une visant la mimesis, l’autre la persuasion. Et Horace est précisément défini, depuis l’impressionnante et indispensable somme de Bernard Weinberg, History of Literary criticism, comme le poéticien-poète qui, tout en héritant, de manière sans doute indirecte, de la poétique aristotélicienne, l’aurait pervertie en la soumettant aux impératifs rhétoriques du public, de l’auditoire, faisant perdre au discours poétique et plus généralement à la littérature l’autonomie qui les distinguerait (depuis au moins Valéry) et dont il s’agirait pour la critique de retrouver les règles oubliées.

La théorie poétique développée par Horace dans son art poétique, semble enfin avoir pâti aux yeux de nos contemporains d’être peu conceptuelle, plus pratique que théorique et souvent ironique, sinon ambiguë, car écrite à cette première personne présente dans les trois œuvres des Carmina, des Sermones et des Epistolæ. Cette écriture à la première personne de l’épître aux Pisons, baptisée a posteriori art poétique, a pu sembler interdire la distance de la bonne théorie. Pourtant cet étrange art poétique en vers, qui ne fut pas nommé comme tel par son auteur et qui est indissociable de son œuvre poétique tout entière, n’est pas sans apport théorique. Loin d’offrir une poétique descriptive de chefs d’œuvre passés, ou une œuvre normative érigeant des préceptes, Horace dans l’épître aux Pisons adresse au futur poète une série de conseils, de suggestions, de propositions, non en tant que maître d’école, mais en tant que poète et créateur.

Le premier trait caractéristique de l’art poétique d’Horace, comme de sa poésie, est qu’à la différence de la Poétique aristotélicienne, centrée sur l’intrigue, il accorde toute son attention au personnage, à la personne. L’importance accordée par Aristote au drame, au muthos, à l’histoire comme tout organique, sur lequel s’est fondée toute la dramaturgie classique, et au nom de laquelle fut condamné le théâtre du xvie s. où il ne se passerait rien, où l’on parlerait trop, théâtre qualifié parfois pour cette raison de rhétorique, est étrangère à l’ars d’Horace. En revanche cet art poétique, base de l’enseignement de la poésie depuis l’Antiquité latine, consacre de nombreux vers, parmi les plus cités, les plus commentés à la Renaissance, aux personnages, et plus précisément encore peut-être au discours de ces personnages, à la façon dont ils incarnent et représentent des caractères, des émotions et des passions. Alors que, pour Aristote, les personnages sont des « actants », pour Horace, ils sont d’abord des caractères, des personæ dotés d’un ensemble de traits éthiques et pathétiques.

Horace propose en effet une théorie poétique non de la représentation d’une action, mais de la fiction de personne, qui définit et distingue poétique et rhétorique en même temps qu’elle en permet et désigne l’articulation et la frontière. Ainsi sur la question clé du décorum. Cicéron le définit comme l’aptitude à prêter aux personnages le langage qui leur convient et insiste sur la liberté de la fiction théâtrale, qui peut représenter toutes les passions, tous les excès, alors que la rhétorique doit veiller à ce que le discours reste dans les limites de la morale sociale.

Cette poétique de la fiction de personne, du personnage, participe chez Horace d’une poétique de la réinvention, de la réincarnation de voix, de personnes et de personnages. Pour expliquer le rapport de l’invention à la tradition, à la fama, Horace donne une liste d’exemples de personnages en leur accolant des épithètes de personne, Achille colérique, Médée cruelle, etc. (Ars, v. 120 et s.). Or les humanistes interprètent ce précepte de reprise de personnages à la tradition mythique dans le sens d’une poétique de la voix et de la parole : leur poésie consiste souvent, de Didon se sacrifiant de Jodelle à l’Adonis ou l’Orphée de Ronsard, à réincarner des voix antiques, à les faire à nouveau résonner et retentir, aussi bien qu’à en inventer. Et si la lignée de l’invention du personnage de Folie par Érasme, des discours de la gravelle ou du membre viril chez Montaigne, dans sa dimension de dédoublement ironique a été étudiée par Blandine Perona, l’étude de la prosopopée poétique, déterminée nous semble-t-il notamment par l’art poétique d’Horace, reste en partie à faire, ce sera l’objet de notre première partie. On montrera dans la seconde que cette poétique de la tradition renouvelée est étendue par Horace à l’ensemble de la poétique : qu’il s’agisse du langage, de l’innovation verbale, de la composition prosodique ou des genres littéraires, toute sa poétique est une poétique de la réinvention. L’interrogation sur le rapport de la littérature moderne à la littérature ancienne est au cœur de sa poésie et de sa poétique de l’innovation. Horace prescrit et montre par sa pratique poétique comment faire du nouveau avec de l’ancien, rendre privé ce qui appartient au fonds public, singulier ce qui est commun en se l’appropriant, en lui donnant un tour nouveau. Là est en effet l’alchimie, la vertu propre de la poésie, celle d’une callida iunctura (v. 47-48), d’une « ingénieuse configuration » qui en créant de nouveaux liens entre les mots, réinvente et recrée, non seulement de nouvelles formes mais une nouvelle vision du monde. Tout écrivain est un lecteur, sinon inspiré du moins inventeur.

Notre dernière partie enfin confrontera de plus près théorie et pratique horatiennes pour tenter de comprendre comment le statut du je dans son œuvre détermine et interroge le rapport du poète à son œuvre dans l’ensemble de la poétique humaniste, comment et pourquoi cette poétique à la première personne ne se réduit pas à un èthos technique de type rhétorique mais offre un modèle, en même temps qu’une compréhension et une analyse, du statut de la première personne en poésie. L’enjeu de cette refondation est en effet de permettre de repenser le rapport de la poétique à l’éthique, rapport fondateur, nécessaire, que l’on a longtemps formulé en termes de subordination de la littérature à la morale, à une morale qui la précèderait, dont elle serait le simple instrument, alors qu’elle la précède et l’invente.

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Date de sortie

Pour une autre poétique

  • France : 2021-04-08 (Français)

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