Recherche déesse désespérément

J'émergeai sur le coup de midi.

Avant de sortir du lit, je m'attardai un instant sur les événements de la veille. Déesse réincarnée. Ben voyons. Il m'avait fallu deux mois rien que pour apprendre à utiliser correctement un tampon hygiénique. Je me levai d'un pas hésitant et ramassai mon sac qui gisait sur le sol. Mon portable en tomba. Le nombre d'appels ratés qu'il affichait me fit grimacer. Hormis un, tous venaient de la maison. Je mis mon téléphone à recharger, puis sautai sous la douche. N'étant pas absolument sûre que mes parents aient gobé mon excuse de la veille, je préférais me sentir propre et fraîche dans l'éventualité d'une confrontation.

La maison était déserte. Je consultai le tableau sur lequel tous les membres de la famille étaient censés inscrire leur emploi du temps quotidien. Mes parents avaient soigneusement écrit le leur. Maman serait à son cabinet jusqu'à 18 heures, à administrer diagnostics, vaccins et sucettes avec le même aplomb à ses petits patients. Papa avait une vasectomie à 10 heures et un truc baptisé séminaire d'oncologie urologique de 13 à 16 heures.

Tahir avait disparu. Merci, Vishnou, pour ces petites attentions qui font tant plaisir. Je me préparai un bagel au fromage frais, et alors que j'allais mordre dedans - au diable les préjugés -, j'y ajoutai une cuillerée de chutney épicé à la menthe, comme mon père me conseillait toujours de faire. Et, surprise, c'était bon. Tout en mangeant, je traversai la maison, ouvris la baie vitrée et sortis pieds nus sur la terrasse. Le bois était chaud sous mes pieds, c'était drôlement agréable. À ma droite, la piscine scintillait sous le soleil. Je n'avais jamais vu ni mon père ni ma mère en maillot de bain. D'ailleurs, ils ne s'étaient jamais vus nus l'un l'autre, et il n'y avait aucun exemplaire du Kama-sutra dans la maison.