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Commentaires de livres faits par Shaynning

Extraits de livres par Shaynning

Commentaires de livres appréciés par Shaynning

Extraits de livres appréciés par Shaynning

date : 22-07-2023
Incontournable Juillet 2023

C'est mon premier roman issu de la maison indépendante Voce Verso, qui nous est arrivé avec un frère, le roman 'L'hippopo d'hippo". C'est un format atypique de roman broché au sens "avec des broches", donc pas de tranche et similaire à une brochure. Et qui a vraiment l'air d'une barbe-à-papa avec ce rose et bleu poudre.


Une petite fille nous raconte qu'une femme, qui venait occasionnellement à la maison en tant "qu'amie" vient maintenant en tant "qu'amoureuse de papa". C'est alors une suite diverse et variée de comportements qui vont suivre, parfois même des ruses. Tout est bon pour attirer l'attention de papa et tout est permis pour faire sentir à l'intruse qu'elle n'est pas la bienvenue. Mais au fil du temps, il faut bien admettre que cette femme est sympathique, elle a un superbe foulard avec des paillettes, sait faire toute sorte de trucs et donnons lui ça, elle est patiente et compréhensive. Peut-être que c'est plus amusant à trois, finalement?


Après des siècles de marâtres acariâtres et gangrénées de jalousies viscérales issues des contes, je me réjouis de voir l'archétype de la belle-mère enfin évoluer vers autre chose. Quoi, c'était si difficile de penser qu'une belle-maman peut être sympathique?


C'est une belle histoire pour mettre en relief la transition pas toujours facile où un membre adulte s'ajoute à la famille. Notre narratrice est très clairement en réaction et j'aurais tendance à dire que c'est assez normal. Pour elle, c'est "son" papa et devoir le partager avec une étrangère, qui plus est une femme qui n'est pas sa mère, c'est confrontant. Elle a toute sorte de comportement, comme ses incrustes entre les deux adultes quand ils se rapprochent physiquement, ses ruses pour attirer l'attention le soir, dans la routine du dodo et elle a même des régressions, comme ses pipis au lit quand la nouvelle conjointe commence à dormir dans leur maison.

Je trouve cette petite histoire drôle, parce qu'elle respire le réalisme. C'est tout-à-fait normal pour des enfants d'être en réactions de cette façon, ils sont "en résistance", ils tentent de faire face à un changement qu'ils ne sont peut-être pas encore tout à fait en mesure de faire face et soyons honnêtes, voir sa maman se faire potentiellement remplacer est perturbant pour le lien d'attachement de l'enfant. Les enfants réagissent à la hauteur de leur développement et avec les ressources dont ils et elles disposent. Je suis d'ailleurs ravie de constater que dans cette histoire, la femme en question semble l'avoir comprit. Elle n'est à aucun moment envahissante ou imposante. Elle est au contraire patiente et attentive. Elle inclut la jeune fille dans de petits projets. En allégorie, je dirais qu'elle tricote maille par maille ce canevas familial nouveau, autant avec le papa qu'avec sa fille. Surtout, je sens dans le traitement et le choix des mots que ce personnage ne cherche pas à remplacer la maman. On dirait plutôt une combinaison entre une tante et une meilleure amie. Au fur et à mesure, elles s'apprivoisent et apprennent à se décoder. Au final quand les rôles de chacune sont plus clairs et que la confiance règne, la relation évolue favorablement et le plaisir de se côtoyer s'installe.

Le facteur temporel est très important. le changement constitue une difficulté que même les adultes ont du mal à gérer, quelques fois. Alors imaginez pour un enfant. le temps est donc un élément crucial pour gérer les émotions, prendre acte de la situation et apprendre à se connaitre. Comme la patience et la maturité sont encore en progression chez l'enfant en développement ( 25 ans, je rappelle pour la pleine maturité du cerveau humain, heh!) , le gros du travail repose sur les épaules de l'adulte. Ça semble être le cas ici, c'est donc très crédible.

J'aime le choix de faire parler la petite fille, qui avec son espièglerie autant que sa colère, nous livre son nouveau quotidien. Avec ses mots simples, également.

En somme, c'est un beau sujet, bien traité, amené avec finesse et humour. le tout est illustré. Ce n'est peut-être pas tout-à-fait mon type de graphisme, mais ça colle bien à l'histoire et à sa palette de couleurs.

Un petit incontournable pour moi, donc, que j'ai hâte de présenter aux bibliothécaires, aux profs et aux parents, surtout ceux et celles qui jonglent sur le sujet de "l"adoption d'une belle-maman".

Pour un lectorat à partir du second cycle primaire, 8-9 ans en lecture seul.e, mais qui peut être pertinent aux 6-7 ans en lecture accompagnée.
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date : 21-07-2023
Je sors de ce roman sans ressenti particulier, je dirais même que j'ai eu plusieurs moments de lassitude. Il y a du bon, mais il y a aussi du déjà-vu et je regrette que l'un des thèmes centraux n'aboutisse pas tant que ça, finalement.


Bon, procédons dans l'ordre: On a quoi? Un presque jeune- adulte, Achille ( drôle d'adonc, je viens de finir "Le chant d'Achille") qui a 17 ans et pour faire court, présente de nombreux enjeux dans sa vie. Sa mère est décédée d'un stupide anévrisme au cerveau, mort aussi foudroyante qu'imprévisible, qui laisse dans le deuil non pas un, mais deux anxieux. Alors qu'Achille présente une forme d'anxiété sociale et de manies, le tout noyé de manière un peu intense dans la cigarette et l'alcool, Paul, son père, sombre dans un trouble obsessionnel-compulsif de type amasseur, en achetant des tonnes de trucs pas spécialement utiles. La communication est difficile entre les deux hommes et la lourdeur silencieuse qui pèse sur le foyer familial pousse Achille à sortir le plus souvent possible, avec ses amis Hugo et Méli.Il est appelé de plus en plus souvent à croiser le grand frère de celle-ci, Nicolas. Ce gars dans la petite vingtaine est le portrait contraire d'Achille: extraverti, fêtard, socialement à l'aise, immature et pour ce qu'on en découvre, versatile avec une certaine Lou. Pourtant, ça n'empêche pas Nicolas de tourner autours d'Achille et à force de rencontres, ils en viennent à "être ensemble". J'aimerais bien dire "sortir ensemble", mais en réalité, personne n'est au courant, aucuns "je t'aime" n'a été dit et pour ce qu'on en sait, Nicolas n'est pas exactement "séparé" de son ex. Entre sa relation avec son père en équilibre précaire et Nicolas qui ne joue pas franc jeu, Achille jongle comme il peux avec une anxiété parfois handicapante, son processus de deuil et un premier émois amoureux qui a redéfini son orientation sexuelle, en plus!


Ouf! C'est pas joyeux tout ça. Il y a de la pertinence, mais je trouve aussi que ça respire mal comme histoire. Déjà, au niveau de la forme, on alterne entre passé et présent, mais ça peut devenir dérangeant quand les choses accélères et qu'on se retrouvent dans un souvenir plus ou moins pertinent et intéressant. Il y a aussi la présence de très nombreux partys, que j'admet avoir lus en diagonale tant j'en avais rien à faire de toutes ses beuveries et fumeries qui me rappelle la Chick-Lit. D'ailleurs, c'est quoi tous ces ados qui fument comme des cheminées? J'en croise vraiment beaucoup dans la littérature jeunesse ado française. Je me demande si le tabagisme est si largement rependu en France? Bref, les partys, donc, qui ne sont pas très révélateurs au final sauf de ramener souvent les sensations exacerbées d'Achille, qui vit un montagne russe de réactions physiologies et psychologiques.


Il m'intrigue ce personnage: Il a clairement pas un profil d'extraverti, mais plutôt que de faire des activités moins "stressantes", se tape ce qui se fait manifestement de pire pour lui: bars, clubs et partys. Pas d'activités sportives, pas de hobbies particuliers ( on entend vaguement parler de ses "cahiers noirs" sans que ça revienne) , aucun entrain pour l'école ( ça aussi je trouve que ça commence à devenir chronique comme "ingrédient" de romans ado français) et globalement peu d'habiletés. Il est un peu transparent comme personnage et fade. Quand il se met à éprouver un premier béguin pour un gars alors qu'il ne se savait pas gay, j'ai l'impression qu'à l'instar de beaucoup de personnages adolescents, ça prend toute la place. Ça n'a rien de difficile quand on a pas vraiment de personnalité ou de projets. Et qu'on opte pratiquement toujours pour la fuite. J'avoue qu'entre ses angoisses liées à son père distant ( probablement lui aussi socialement anxieux), ses angoisses liées à la perte de sa mère et les angoisses liées à la présence d'un triangle amoureux dans leur "couple-qui-n'est-pas-un-couple", on nage beaucoup dans les soucis. C'était difficile de voir le constructif de tout ça parce que ça se soldait toujours par une sortie quelque part et des gens saouls. Il faudra attendre pratiquement la moitié du roman pour enfin voir quelque chose émerger avec Achille et Nicolas.


Attention, il y aura des divulgâches à partir d'ici.


J'aimerais dire que je trouve leur couple "sain"...mais pas tant que ça, en fait. Nicolas est un drôle de spécimen ambivalent et immature, pour qui rien ne semble sérieux et qui a visiblement un soucis avec l'engagement. J'ai bien compris entre Achille et Nicolas leur intérêt commun pour la musique, dont il est difficile d'ignorer la présence vu le nombre astronomique de morceaux de chansons - EN ANGLAIS!! Est-ce possible d'être aussi peu fiers de sa langue, je me le demande, parce que je vois de l'anglais partout ces temps-ci dans les romans de la France: Sur les titres, dans les prénoms et maintenant, dans les chansons. Bref. Hormis leur complicité occasionnelle, parce que Nicolas est deux personnalités à la fois, et cet intérêt pour la musique, la seule autre chose que je vois est leur intérêt physique ( immanquable celui-là). Je les ai trouvé mignons à de rares moments, puis légèrement plus vers le milieu, puis Nicolas à déconné plus que d'habitude en retournant avec son ex, la Lou en question. Et là, je me dis qu'il était con comme un balais ce personnage - Nicolas, je veux dire.


Par ailleurs, "Achille va se laisser entraîner avec lui dans une histoire d’amour, qui le fait passer par tous les états, incertitude, peur, jalousie, libération… " C'est un morceau de la 4eme de couverture. Tout comme le roman "Amoureuse", une quatrième qui présente l'amour comme une émotion complexe caractérisée par, je cite, "la peur, l'angoisse, l'obsession et la jalousie", la 4e de couverture de "La grâce du moment" présente l'amour comme quelque chose de "négatif". C'est encore une fois monnaie courante en littérature française de parler de la jalousie comme une émotion normale de l'amour, mais je suis totalement opposée à ce concept toxique. La jalousie n'a rien de très vertueux, c'est un sentiment possessif, qui sous-tend une absence de confiance ou un bris de confiance envers la personne aimée. Elle implique rarement des actions altruistes ou tendres, au contraire, elle vire souvent en action de contrôle, de sournoiserie, d'amertume et d'égoïsme. Comment sincèrement croire alors que ça peut avoir quelque rapport que ce soit avec un sentiment impliquant confiance, altruisme, tendresse et respect tel que l'amour devrait être? Que pensez aussi du fait que cette quatrième insiste que sur les "états" non-constructif comme la peur, l'angoisse et l'incertitude? S'il est certes vrai que ces émotions peuvent arriver en contexte amoureux, pourquoi insister autant sur eux sans parler du reste? Des forces de l'amour, par exemple? La désir d'évoluer avec l'autre, du plaisir réciproque, de la confiance mutuelle ou de la complicité? Curieux comme les romans d'amour sont souvent les pires fictions à conceptualiser le sentiment amoureux...À croire, encore une fois qu'aimer , c'est avant tout souffrir. Beau message - notez le sarcasme. Si au moins il se dégageait des apprentissages de toute cette mouise. Achille ne me donne pas l'impression d'avoir cheminé sur sa relation avec Nicolas, il illustre surtout qu'il n'arrive pas à en sortir. Quand à Nicolas, il n'a donné aucune preuve d'avoir cheminé non plus. Non, rompre avec Lou ne me convainc pas: Il a mit fin à quelque chose qui est cyclique, il a déjà rompu plusieurs fois. Rien de concret ne laisse croire qu'il ne recommencera pas...cette fois avec Achille.


Je me demande souvent pourquoi les auteurs et autrice sont si redondant sur les personnages de romances. Les Pauvres petites filles spéciales qui sont trop timides, les gays traumatisés, les filles spéciales coincés en triangles, les Bad Boys toxiques, et les cas comme Nicolas, c'est-à-dire ces gars qui semblent avoir tout, mais qui sabotes tout ce qu'ils touchent parce qu'ils sont immatures et gèrent mal leurs émotions. Des gars comme Nicolas, il y en a tellement en littérature sentimentale, s'en est blasant. En faire un bisexuel ne le rend absolument pas plus intéressant, parce que ses décisions sont merdiques tout de même. C'est même pire il me semble, parce que la personne qu'il entraine avec lui, Achille, est un cas de personnage en position psychologique précaire ET qui se découvre une homosexualité, qui semble être pour lui suffisamment angoissante pour garder cette découverte pour lui durant un bon moment . Nicolas savait ces deux éléments et a quand même décidé de prendre la mauvaise décision. Une décision qu'il n'a même pas eu le courage de demander pardon en face. Ça, c'est de la pure lâcheté. Curieux que personne ne l'ai remarqué ou souligné.


Ce qui me fait m'interroger sur cette fin, en happy end. En premier lieu, la situation du père et du fils a somme toute peu progressé et a été reléguée au second plan dans la seconde partie du roman. C'était mon tandem préféré ces deux-là, aussi pognés intérieurement l'un que l'autre, maladroits pas possible et pourtant, animés par le même souhait de se retrouver. Achille était souvent dur avec son père je trouve et au fond, lui reprochait des choses qu'il faisait lui-même. Bon, c'est un ado de 17 ans, l'immaturité peut très bien ne pas lui faire voir ça. Mais j'aurais espéré plus de finition sur leur avenir, sur leur devenir à ces deux-là. L'affaire des post-it, ces petits papiers que Paul plaçait dans la maison à destination d'Achille, était peut-être bizarre, elle était sincère et constitue la preuve que Paul cherche a communiquer. Je n'ai pas senti qu'Achille comprenait ça. Ce personnage ne réalise pas combien il aurait été bien pire que Paul ne fasse rien du tout , car là, il aurait fait face à pire que la maladresse: Il a aurait fait face à indifférence. En définitive, il manquait clairement un intervenant dans ce décor.
Quand à Nicolas...évidemment , on nous a sorti le très typique "Tu m'as sauvé". Pardon?? Sauver? Nicolas? J'ai du mal lire ce roman parce que c'est drôle, je n'aurais jamais employé ce mot pour qualifier ce que fait Nicolas envers Achille. Relativisons, oui, connaitre un béguin doit aider Achille, ça booste la dopamine à des sommets et ça implique pleins de découvertes amusantes et plaisantes. Mais Sauver?? De quoi? De son deuil? De son angoisse? Achille a connu quatre mois de déprime à cause de Nicolas, des angoisses, des incompréhensions, deux retrouvailles douteuses, une trahison complètement irréfléchie avec un post-it en guise de "Désolé", (même pas verbal!) avec un gars incapable de choisir entre deux prospect de blonde/chum, et c'est Achille qui revient vers lui en disant que Nicolas L a "sauvé"? Je vais être rabat-joie mais lucide en disant que ça sent la dépendance affective tout ça. Honnêtement, je comprend pas. Achille affirme que leur duo ne peut pas se finir ainsi, après quatre mois de déprime, il me semble que ça ressemble plutôt à du déni qu'à de la logique, surtout en période de deuil relationnel ( communément appelé " peine d'amour") lui même sur un deuil familial. Sur quoi ça repose? L'ennui, le manque, la nostalgie? Toutes des composantes de la peine d'amour, au final. C'est parfaitement normal, en somme. Bref, il y a une infime part de moi qui se dit que peut-être, peut-être que Achille sera le "bon", le "gars spécial" qui va enfin convenir à monsieur instabilité-incarné, ça suivrait la logique des autres romans pour ado où des filles timides et mal dans leur peau sauve des extravertis inconstants. N'allez pas croire que c'est le gars qui sort Nicolas de son placard, il est déjà bisexuel assumé, ce qui aurait pu être le motif au volte-face de Nicolas face à Achille. Mais non. En fait, on ne sait pas trop, sa raison est vague: "Je ne voulais pas lui faire de peine". Ah, mais faire de la peine à un gars déjà pas solide mentalement, ça c'est pas grave, par contre. Pauvre Achille. Peut-être que si Nicolas avait développé quelque réelle sincérité, verbalisé correctement ses angoisses et reconnus ses torts profonds, je l'aurais mieux prit. Mais non, il a même sorti son humour d'ado alors qu'Achille le retrouvait après quatre mois de déprime. Hum. Je pense que le personnage d'Achille méritait mieux.


Sinon, côté plume, je n'ai pas adhéré à toutes ses satanés paroles en anglais retraduite en français juste après. Il y a en avait trop, de un, et aucune issues de chansons en français ( quoiqu'il est possible que j'en ai ratée une), de deux. Je comprend l'idée de faire un parallèle avec la musique, mais là, on dirait qu'à défaut de mots, on "patch" avec des paroles de chansons. C'était lourd, à un moment donné et je rappelle que l'histoire est déjà très longue, ça ne lui a donc pas servi. Aussi, il y a une singularité avec la ponctuation. Certains phrases ou mots étaient privées de virgules ou des points supposé marqué le rythme. C'est esthétiquement très moche et à moins de le lire à voix haute, ça casse le rythme, il faut donc relire pour cerner la phrase. Il y a également très peu de marqueurs de temps ou de marqueurs de relations, la fluidité n'est donc pas géniale, souvent marqué par des phrases qui commencent en "Il". Certaines figures de styles étaient mignonnes ça et là, mais dire que c'était poétique, peut-être pas. L'angoisse étant omniprésente, on répétait souvent cet état, ce qui devenait essoufflant, entre deux souvenirs.


Je me fais la réflexion qu'avec son insomnie, ses angoisses, son début d'alcoolisme et ses longues méditations un brin lapidaires pour lui-même, franchement, il devait être épuisé ce personnage. Je lui souhaite une semaine de long dodo.

Et je prescris une bonne thérapie cognitivo-comportementale à son copain, il en a bien besoin.


Mes points bonus vont à Hugo, mon personnage préféré, un vrai de vrai "chum" ( dans le sens "un meilleur ami de gars"). Il a de belles capacités de communication, il a eu une réaction adéquate quand Achille lui a confié son coming out et globalement, il présente de belles qualités. Il aurait mérité plus de place ce personnage et avoir eu à choisir un chum à Achille, j'aurais voté pour Hugo ( s'il était gay). Lui, je n'avais pas de doutes qu'il fasse un bon petit ami. Prend des notes, Nico.


Tout l'aspect de la santé mental aurait pu être intéressant, mais il tournait en rond, on n'avançait pas. J'ai aussi peur que la santé mentale devienne le nouvel "ingrédient à la mode" des romans ado, comme le furent la dystopie, la sorcellerie ou l'ado coincée en triangle entre deux mâles alphas couillons. Adresser la santé mental requiert du doigté, des bases en psycho minimales et une progression dans le thème. À part servir le sentiment d'auto-apitoiement longtemps dans le roman, la santé mentale, dans le contexte de ce roman, devient un peu secondaire vers le milieu, comme si la romance éclipsait le reste. Il me semble que quelque part en route, une conversation entre Paul et Achille , même maladroite et cafouillant, aurait été requise, peut-être même deux ou trois. C'est tout un bazar leur famille, avec deux anxieux en deuil. Survivre à quelqu'un est une épreuve, un parcours du combattant, une multitude de cycles qui roulent et se déroulent comme un de ces serpentins de fêtes qui flûtent en déroulant: Déni. Colère. Résolution. Négociation. Acceptation. Travail d'équipe. Support. On essai, on recommence. Par ailleurs, la lettre à la fin, d'Achille à sa mère Elsa, était intéressante, et elle marque une progression. Elle arrive tard, mais au moins, on aura eu une réelle progression dans le thème du deuil, combiné aux boites d'effets personnels.


Pour résumer, je n'ai pas accroché autant que je l'escomptais. Ce n'est pas un mauvais livre, je ne lui trouve juste pas assez de points forts pour lui accorder le 5 étoiles sur 10 et rien de spécialement distinctif. J'ai conscience que toutes les histoires d'amour ne peuvent pas être que des chemins auréolées de roses , mais tout-de-même, il existe un nombre effarant de romans sentimental où les enjeux majeurs sont à l'intérieur même du couple. Je vois une récurrence d'un type de relation dans les romans que je n'apprécie pas, en ce qui concerne les relations malsaines ou les relations sans bases solides. Il manque de diversité dans les relations et je n'entend par là la diversité liée aux orientations. Je parle plutôt des interactions ( rapport sain), des fondations ( les ingrédients) et des articulations ( le comment) dans les relations. Il y avait du potentiel ici, au début, mais on a voulu rester sur le cliché du "sauvetage" et de l'amour souffrant". "L'amour sauve tout". L'amour, il me semble, ne devrait pas être une bouée de sauvetage, mais un facteur aidant. Autrement dit, l'amour ne devrait pas être conditionnel ou méritoire, mais elle peut avoir une contribution aidante, avec des bases solides. Et par ailleurs, oui, j'estime que tout amour n'est pas obligatoirement souffrant, surtout quand ça concerne des abrutis comme Nicolas, qui prennent les choses à la légère et qui ne sont pas honnêtes. J'estimais peut-être trop que Nicolas serait un réel pilier pour Achille, quelqu'un de fiable et de solide sur lequel bâtir une relation marqué par la complicité, la confiance et le respect, quelque chose qui fasse "fleurir" Achille, mais à un moment donné, ça a basculé en non-dits, en double-facette et finalement en trahison. Dès lors, Achille s'est fané. Et d'ailleurs, plusieurs personnages ont averti Achille au sujet de l'imprévisibilité et de l'instabilité de Nicolas. Mais Achille en avait très envie, dans un sens, c'est juste dommage que ce soit d'un type comme Nicolas qu'il ait eu "besoin". Sans l'aspect "amour caché" et sans non-dits, ils auraient eu une bien meilleure base pour que je crois à leur amour, mais je me contente d'un "ça promet pas pour l'avenir". Et je me contente pas de toute cette "musique" pour colmater les manques de leur relation. Donc, pour moi, c'est une autre relation plus ou moins saine qui me fait davantage penser à une relation d'intérêts ou de dépendance affective que de réel amour. Ce n'est pas la pire, vraiment pas, j'ai vu bien pire. "La grâce du moment", certes, la grâce est bien passée, en effet. Mais bon, ce n'est que mon opinion. Un roman dont la fin me laisse songeuse, surtout après avoir vaillamment passé au travers de tant de longueurs. Et un thème du deuil laissé plutôt incomplet à la fin qui aurait mérité une plus grande finesse de traitement et de progression.


Pour ceux qui se le demande: Non, y a pas de scène de sexe explicite, juste quelques moments croustillants pleins de caresses et de baisers.


Pour un lectorat adolescent du second cycle secondaire, 15-17 ans+
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Je remercie la maison Gufl stream de nous avoir envoyé ce service de presse en librairie.

Globalement, je suis restée sur ma faim et je trouve qu'on est resté dans les codes très standards pour ce genre de fiction. Je ne lui trouve rien d'innovant ou de différent.


Nous avons Arthur, garçon en apparence ordinaire, mais qui possède d'étranges facultés. En grandissant, ses étranges dons semblent de plus en plus perturbants, cassant et détruisant de plus en plus d'objets, du pantalon réduit en poussière à la vaisselle ébréchée. Avant que les gens découvrent le pot aux roses, on l'envoi dans un hôpital mystérieux qui peuvent retirer les pouvoirs des enfants de moins de 18 ans. Mais quand Arthur s'y retrouve, c'est pour rester enfermé dans une pièce sans fenêtres où le lieu autant que ses infirmières sont froids et impersonnels. Arthur se croirait presque en prison. Quand il perce accidentellement son mur avec son lit ( pouvoir incontrôlables obligent) , Arthur fera la connaissance de son voisin, Zéphyr, et d'une autre patiente, Aurora. Celle-ci navigue dans le réseau électrique grâce à sa taille variable. le discours qu'ils tiennent est tout le contraire de celui d'Arthur: ils ne veulent pas perdre leurs pouvoirs et n'ont pas consenti à être là. Il faut dire qu'avec toutes les restrictions et le comportement terrible des infirmière, il y a anguille sous roche...en fait, l'anguille est si grosse qu'elle déplace la roche.


L'idée de base, à savoir un détenteur de pouvoirs dont les conséquences sont désastreuses, était bonne, même si on comprend mal en quoi consiste son pouvoir. Mais plutôt que de tabler sur cet axe, d'extraopler sur ce drôle de "Contre-Super-Héros", on revient aux traditionnel huis-clos d'enfants avec des pouvoirs enfermés quelque part et cherchant à fuir.


Attention, à partir d'ici, il y aura des divulgâches.


En ce qui concerne le suspense, c'est pour ma part plutôt plat. Il y a avait quand même de très fortes chances qu'un "docteur louche" ne se contente pas de gentiment retirer des pouvoirs encombrants d'enfants magiques, surtout avec un contexte aussi évidemment louche: lieu secret, chambre impersonnelle et infirmière antipathique. le seul suspense consistait à savoir si le méchant employait les pouvoirs récoltés pour alimenter un réseau de riches qui souhaitaient "pimper" leurs enfants ou s'il se les accaparait pour son seul bénéfice. La seconde option fut la bonne. Je vais être lucide sur un point: je suis très difficile à impressionner sur le plan de l'originalité maintenant, avec autant de livres du lectorat Intermédiaire au compteur. Je pense que mes amateurs et amatrices de super-héros seront moins sujet à tout deviner que moi. J'aimerais dire que ce sont de nouveaux pouvoirs observé , mais en fait, j'ai vu la plupart d'entre eux. Ici, on a un gars aux pouvoirs vraiment pas clairs ( je ne sais absolument pas de quels type il s'agit, c'est très confu, entre la téléportation, la désintégration, la télékinésie, l'invisibilité et le sonar destructeur) , une fille qui change de taille et un autre gars qui est capable de camoufler autant son corps que les objets. Il y en a un qui guérit les autres également. Ça m'amuse de voir à quel point les auteurs ont du mal à sortir des pouvoirs déjà employé.


Par ailleurs, il y a un soucis de cohérence dans la construction de cet univers. On ne sait absolument pas d'où viennent les pouvoirs des enfants et on assume que c'est simplement là. Dans le cas d'Arthur, il fut caché, dans un sens, par ses parents, mais pour tous les autres, ils sont arrivés dans cet hôpital sans trop qu'on sache comment et si leurs pouvoirs avaient détecté au préalable par leurs parents. Aurora et Zéphyr se disent "abandonnés", mais on a vu les parents de Arthur subir un état de confusion avant de quitter leur fils sans réactions. Peut-être est-ce aussi le cas des parents des deux enfants? Le mégalomane nous informe qu'il a 118 pouvoirs et un âge très avancé ( quoi, il est immortel en plus?). La question que ça sous-tend, c'est que dès lors, il y a au moins 118 enfants qui ont été dépossédés de leur dons en quelques siècles. Ok, donc, ce n'est donc pas si rare que ça les pouvoirs magiques? Comment expliquer que depuis le temps la CIA et ses organisations similaires n'ont pas déjà sauter sur ces enfants dotés de pouvoirs? Non, c'est un dude qui a bâtit un QG secret dans un reste de maison, avec des infirmières robots, qui siphonne les pouvoirs des enfants pour son seul bénéfice. Il faisait comment il y a 400 ans sans les robots et son bazar techno, d'ailleurs? Toutes ses extrapolations pour questionner le travail de fond, qui est très flou et qui donne l'impression de sauter d'un hôpital vaguement louche à conquête du monde style Terminator en moins de 140 pages.


En outre, il y a cette phrase latine commodément écrite sous la chaise de la chambre d'Arthur. Elle a tout changé, car c'est une phrase nihiliste: elle permet d'annuler toute magie, ce qui, dans un complexe bourrée de magie, est une arme de destruction massive. Je regrette seulement de ne toujours pas savoir d'où elle vient et pourquoi son effet reste extrêmement temporaire parfois et pas à d'autres moments. Ce qui me rappel qu'il y a des sorts en plus dans cette histoire. On a donc autant de magie écrite que de magie de type "pouvoirs".


Je suis également toujours amusée de voir des histoires où des enfants ou des ados mettent à mal des systèmes entiers avec des solutions sommes toutes faciles. Les dictateurs sont très souvent de fieffés imbéciles où leur ego les rend si peu prudents et si mal entourés qu'ils sont mit en échec avec deux trois coups de génies de la part desdits ados et enfants ( comme dans la trilogie Divergente, par exemple). En même temps, c'est le même constat que je formule souvent avec les livres policier du lectorat intermédiaire. Des enquêtes faciles et des antagonistes indubitablement stupides, incapables de penser que les enfants ne sont pas débiles - surtout quand ils ont en plus un éventails de super-pouvoirs. Bref, quand je dis que ce n'est pas simple d'écrire pour le lectorat jeunesse, je le réitère ici. Je dirais que j'ai comme difficulté, avec le présent roman, de déterminer ce qui le rend unique.


Un détail m'asticote beaucoup: Vers la fin, je retrouve cette phrase: " Bien que totalement méritée, cette déclaration suscita une pointe de jalousie d'Aurora. Jusqu'alors elle n'avait pas eu a disputer sa place dans le coeur de Zéphyr avec une autre fille". Je déteste DÉTESTE qu'on continue de parler de la jalousie comme un ingrédient amoureux, parce que c'est faux. La jalousie est une émotion qui traduit surtout un trait possessif et égoïste, encouragé par notre société, qui veut, en plus, que les filles compétitionnent pour les gars. La jalousie ne devrait pas être associé aussi fréquement à quelque chose d'aussi altruiste, complice et respectueux que l'amour. On a ici une petite fille et une ado, et je trouve terriblement stupide que même avec cet écart d'âge, l'ado se sente jalouse d'elle, comme si reconnaitre les qualité de la petite demoiselle était considéré comme de la rivalité et comme si le "coeur" de Zéphyr ne pouvait contenir qu'une fille. Il serait bon de dire que les béguins ne devraient pas monopoliser le coeur de quelqu'un parce que c'est égoïste et puéril, et que les filles peuvent très bien "se partager" ( je déteste cette formulation) un gars de par leurs différents rôles.


Ce qui m'amène à dire que nous avons encore une relation de type "béguin" parce que nous avons minimalement un garçon et une fille. Compte tenu de l'histoire, ce n'était pas nécessaire, surtout que quand je regarde la qualité de leur relation,qui n'est pas franchement harmonieuse. Je n'aurais jamais imaginé que ces deux personnages puissent être amis, alors vaguement amoureux encore moins. Ça ne sait pas communiquer sainement et ça ne sait pas reconnaitre les forces de l'autre, je ne peux pas dire que ça laissait entendre un béguin, c'est même le contraire.


Enfin, la fin était clichée à souhait. On a encore un mégalomane déraisonnable avide de conquérir le monde et qui a détruit des villes avec ses kilos de pouvoirs accumulés. Je n'ai pas bien saisi ce "qu'est" le "collapsum" finalement, ce qui est agaçant. Surtout qu'avec 118 pouvoirs, franchement, il aurait pu prendre le contrôle de l'ONU ou d'un gang mafieux quelconque, je ne sais pas, mais clairement, il n'avait pas tant besoin de tous ces enfants et d'un délais de plusieurs siècles. Il nous sert même un long discours sur ses plans comme les méchants dans les Comics. Ah ben merci, maintenant, on a une idée de l'ampleur de sa stupidité et de ses plans. J'ai trouvé ce méchant ennuyeux et ultra-convenu, sans nuances et sans personnalité.


Donc, je dirais que je trouve rien pour le défendre, avec un scénario trop rapide, des éléments trop peu travaillés, la présence de clichés et les personnages qui sont, je le constate, peu attachants. Je suis consciente que j'analyse beaucoup et que mes jeunes lecteurs ne le feront pas autant. Aussi, l'idée d'être aussi pointilleuse est surtout que je cherche les "meilleurs" livres, puisque c'est un des aspects de mon travail. Je ne vais donc pas en parler, mais pas non plus décourager les jeunes lecteurs de le lire. Disons simplement que je vais sans doute vite l'oublier.


La couverture est sympathique, bravo à l’illustratrice.


Pour un lectorat du 3e cycle primaire, 10-12 ans
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date : 16-07-2023
Je me suis laissé tenté par ce petit roman de la maison Flammarion jeunesse, qui propose l'histoire d'une amitié entre un jeune chien et une jeune chatte. Ce n'est certes pas le sujet le plus original et je déplore les prénoms en anglais, dans une France littéraire qui anglicise massivement ses titres de romans, mais j'ai apprécié ces deux personnages bout-en-train par lesquels on aborde aussi la notion d'amitié et de "prendre soin ".


Kid le chien est un cadeau offert par un homme à sa conjointe comme présent de réconciliation, dans une relation houleuse où les prises de becs se multiplient. Ginger la chatte est le "bibelot" vivant d'une vieille femme qui toujours voyagé et qui cultive maintenant les potins avec une autre commère de service.


Dans les deux cas, donc, on a des animaux "maltraités". Pour Kid, ça se traduit par un désintéressement de plus en plus marqué, où l'un des conjoints le renvois à l'autre, au point de même laisser tomber les sorties. Kid n'a donc aucune affection, peu de place pour dépenser son énergie et se fait enguirlander pour avoir fait des pipis qu'il ne pouvait pas indéfiniment retenir.


Pour Ginger, il s'agit de maltraitance plus subtile. Sa "maitresse" contrôle de manière maniaque ses repas, passant des repas ultra-sophistiqués au morceau unique de croquette saveur légume. Ginger est soumise à un toilettage quotidien et est enfermée en quatre murs, seule , durant de longues journées.


Un jour, Kid est abandonné au bord de la route par la conjointe qui a mit un terme à sa relation et Ginger parvient à se libérer grâce au facteur. Les deux animaux se rencontrent alors que Kid s'est fait offrir un morceau de steak haché par un marchand et accepte de partager son butin avec la chatte. Il la trouve très courageuse d'avoir tenté une approche frontale pour en avoir une part: Elle le trouve très gentil d'avoir partagé sa pitance. Et c'est aussi naturellement et simplement qu'est commencé leur amitié. Les deux amis ont un but commun: Trouver une famille qui les aimeront sans les priver de leur liberté.


Attention, la suite contient des divulgâches.


Un peu à la manière de "Je ne m'appelle pas coco" que j'ai lu récemment, c'est à travers la perceptive animale qu'on aborde les travers humains. De la petite fille qui rêve d'un animal au deux roublards sans scrupules qui se servent d'eux pour voler des aînés isolés et seuls, en passant par la fourrière qui a comme toujours le mauvais rôle ( coudonc, il n'y a pas de SPCA en France? Du genre qui sauvent des animaux et en prennent soins?) on rencontre divers personnages et il leur arrive moult péripéties ( impliquant à 95% du temps de la bouffe). C'est finalement un vieux monsieur boulanger, rencontré une seconde fois, qui les prendra sous son aile bienveillante. J'aime beaucoup que l'autrice ait garder un moment dans son histoire pour parler des changements chez ce personnage, parce qu'il est important, je pense, de souligner la grande contribution des animaux dans la vie des gens. Ce ne sont pas des possessions, ce sont des membres de la famille, et de ce fait, ils savent donner de l'amour ( parfois bien mieux que bien des humains, d'ailleurs). Le monsieur est devenu plus joyeux, plus bavard et plus serein. À eux trois, ils en tirent du meilleur.


Kid et Ginger ont également une belle complicité, qui se traduit par des jeux complices, des ressources équitablement partagées, des projets communs, une grand loyauté et une sincère affection amicale. C'est drôle à dire, mais ces deux personnages ont une relation plus saine que plusieurs couples de personnages humains que j'ai lus pour ce même groupe d'âge de lectorat. Peut-être parce que les personnages animaux sont rarement superficiels?


Vous trouverez aussi des illustrations, dont celles où Kid et Ginger se pelotonnant l'un contre l'autre sont adorables.


La narration au "je" permet d'être dans la tête des deux héros en alternance. On peut ainsi mieux voir leur personnalité et aussi leur côté "bête", quand ils parlent de besoins très typiquement "animal". C'est amusant aussi de voir à quel point les personnages animaux, comme les véritables animaux, ont besoin de peu au fond: de la place, de la bouffe, de l'affection et des jeux.

Bref, un beau petite livre pour le lectorat du second cycle primaire, 8-9 ans+.
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Un nouveau membre pour la fratrie Passerelle, cette petite série de romans de la maison Mijade dont plusieurs ont connu une première publication sous forme d'albums. Ici, il s'agit d,un album paru en 2006 par une autrice libanaise. En outre, il s'agit d'un "premier pas", c'est-à-dire le premier degré de difficulté des Passerelles, un roman de la littérature débutante, relativement facile, avec peu de texte et des phrases simples.

Sami est dû pour une coupe de cheveux, alors sa mère le conduit chez le barbier. Ce dernier lui fait une coupe "à la mode", mais Sami est bouleversé devant le résultat: Ça ne lui plait vraiment pas. Dès lors, il craint de subir des moqueries de la part de ses camarades de classe. Afin de camoufler sa tête, il se dégote un chapeau ( dont vous pouvez apprécier la sympathique collection dans les pages de garde du roman). Ça semble fonctionner, car personne ne fait de commentaires sur ses cheveux. En jouant au soccer avec ses amis, un coup de pied bien senti sur le ballon lui fait perdre sa casquette et le voilà exposé devant tout le monde. Alors qu'il craint les remarques une fois encore, ses amis s'approchent de lui, mais pas pour lui faire quelque commentaire sur sa coupe, mais plutôt pour lui demander s'il va bien et qu'il ne s'est pas blessé. Ils l'aident à se relever et la partie reprend...sans casquette cette fois.

Parfois, il vaut mieux garder ses remarques pour soi. C'est subtil comme apprentissage, mais avec la maturité, on peut apprendre que dans certains contextes, ça ne vaut pas la peine de risquer une parole qui peut faire du mal ou rendre l'autre inconfortable. Et puis, les amis, c'est fait pour ça! Et puis, je les ai trouvé délicats ces garçons d'avoir penser à s'inquiéter d'abord du sort de Sami.

Si on regarde la situation sous un autre angle, au fond, est-si grave d'avoir changer de tête? Est-ce que ça vaut la peine de lui faire savoir? En ce sens, les amis de Sami ont été tout aussi délicat.

Espérons qu'à l'avenir, Sami saura manifester ses envies auprès d'Émilio le coiffeur pour éviter ce genre de quiproquo. ^^

Les illustrations sont très jolies, dans une palette de couleurs sobre en aquarelle avec un léger apport de crayon de bois, des décors généreux et des angles de vue variés.

Un beau petit roman sur le thème du changement, de la peur du jugement et bien sur, de la coupe de cheveux.

Pour un lectorat débutant, 6-7 ans
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date : 13-07-2023
Je dois dire que je suis vraiment contente, en tant que libraire jeunesse, de recevoir sur notre rayon ado étranger ce roman venu de Corée du Sud. Nous en avons vraiment très peu. Comme ce roman m'a rendue émotive, j'ai prit le temps de décanter le tout avant de me lancer sur cette critique et ce fut une bonne décision, car en l'analysant plus à froid, certains éléments me semblent moins attrayants, au final. Une lecture mitigée, donc.


Yunjae nous narre sa vie, de ses quatre ans à ses quinze ans. Il nous explique souffrir d'Alexithymie, que l'on peut définir selon deux axes: La difficultés à pouvoir communiquer ses sentiments à autrui et l' incapacité d’identifier ses sentiments et de pouvoir les distinguer de ses sensations corporelles [ Cairn; Psychoptropes, 2006]. Un déficit de l'affect qui peut être aussi bien lié à un traumatisme qu'une sous-croissance de "l'amande", qu'on appelle aussi "amygdale". Celle-ci joue plusieurs rôles, comme de reconnaître et identifier les émotions, mais aussi un rôle d'alerte et de reconnaissance du plaisir. Donc, en clair, les gens souffrant d'alexithymie ressent peu ou pas du tout leurs émotions, ont du mal à percevoir celles des autres, rêvent très peu, fantasme très peu et ont du mal à associer les éléments dangereux à la mémoire, donc ils peuvent se mettre en danger parce qu'aucunes peur n'est associé à une information mémorielle. Le garçon va devoir apprendre à se repérer dans ce monde rempli de codes et de conventions basés sur les sentiments et émotions, avec l'aide de sa mère. Vivant ensuite avec sa grand-mère comme troisième membre de la famille, Yunjae nous livre quelques anecdotes et passages de son enfance, avant le drame qui va le faire se retrouver seul. Lorsqu'un inconnu instable mentalement assassine sauvagement sa grand-mère et sa mère, qui sombre dans un coma long de plusieurs mois, l'adolescent se retrouve à gérer seul la petite librairie usagée de sa mère. À l'école, il est la cible de commérages, même les plus cruels. Mais les choses pourraient changer quand il prend l'habitude d'aller voir son voisin de palier, Monsieur Shim, qui devient son tuteur officieux, ainsi qu'avec l'arrivé d'un nouveau à son école, qui a une réputation de gars violent.


L'autrice évoque, à la fin du roman, qu'elle souhaitait parler de l’interaction entre deux "monstres", un ayant trop peu d'émotions et l'autre trop, au contraire. L'idée en soi est intéressante et je ne cacherai pas le fait qu'une fois lancée dans le roman, je l'ai terminé en une lecture. Néanmoins, et c'est après y avoir réfléchit, je me demande si on peut dire que cette "amitié improbable" était saine. Et puis, je me suis aussi demandé s'il fallait impérativement avoir encore un personnage ultra-violent. On a souvent tendance, dans la littérature jeunesse, à traiter des héros masculins violents comme de pauvres petits enfants maltraités qui ne sont au final que le produit d'une société qui n'a pas suffisamment veillée sur eux. Sans banaliser le vécu de certains de nos ados, le hic que je vois dans ce genre de formule, c'est le fait de déresponsabiliser les comportements violents et même d'encourager à avoir pitié d'eux. C'est particulièrement notable dans les romances ados. Alors, je m’interroge, parce que je constate encore une fois qu'un personnage ado subit la violence physique, verbale et même psychologique d'un autre ado, qui ne sait pas gérer sa colère et cherche à entretenir une mentalité toxique du "plus fort" de la chaine alimentaire. Ici, le héro, en ayant cette particularité d'être émotionnellement restreint, ne souffre donc pas à proprement parler de la violence verbale ou psychologique - parce qu'il s'en moque. Cependant, il aura été tabassé à maintes reprises, que ce soit à coup de pied, à coup de poings ou en lui faisant des croche-pied. Ça rentre tout-à-fait dans l'intimidation et même les voie de faits. Mais pour une raison ou une autre, Yunjae cherche au contraire à s'en rapprocher. Même son de cloche du côté de Gon, ledit intimidateur. J'imagine qu'ils s'intriguaient mutuellement.


Petit focus sur le personnage de Gon: En bas âge, ses parents l'ont perdu dans un parc d'attraction. Sa mère sera décédée d'une maladie avant de pouvoir le revoir. D'ailleurs, quand le père de Gon le retrouve, il est si déçu par ce qu'il a trouvé qu'il demande a Yunjae de prendre sa place pour les ultimes retrouvailles entre le fils et la mère, avant que celle-ci ne meurt. Gon a des comportements puériles, agressifs et il semble chercher l'attention. Surtout, il canalise très mal sa colère. Il a des problèmes avec l'autorité, que ce soit son père ou les instances scolaires. Une petite graine de bandit, en somme. Cela dit, si on suit l'autrice, on comprendra que Gon est en réalité très sensible et réactif. Il ne prétend pas être autre chose que ce qu'il est. Ce qui peut être un peu rebutant toutefois, c'est que ce "je suis comme ça" ressemble beaucoup plus à une mauvaise excuse pour ne pas vouloir changer qu'un réel trait de personnalité ( les traits de personnalité n'étant pas, par définition, changeables). Personne, à moins de traumas ou d'éducation, ne nait violent. Ce n'est PAS un trait de personnalité. On a donc pas à accepter socialement la violence de ces gens. Mais bien sur, il importe de se montrer disponibles à ceux ( et celles) qui feront le choix de changer.


C'est là que je deviens mitigée. Pour être honnête, j'ai senti qu'on cherchait à excuser Gon et son exécrable façon d'être, excusée par ses antécédents, peu claires, en fait, si on ne compte pas le fait d'avoir été "perdu". Je pense qu'il a une carence affective, puisqu'il n'a pas eu de foyer stable durant près de 11 ans. "Soyez ouverts, cherchez à le comprendre", nous évoque t-on, entre les lignes. Encore une fois, je suis bien au fait que la bienveillance et l'ouverture d'esprit sont des éléments capitaux pour favoriser l'aide aux personnes en détresse psychologique. Néanmoins, on ne peut pas "vouloir plus" que la personne. Si elle ne veut pas s'aider, ce n'est pas aux autres de vouloir pour elle. Dans le roman, j'ai senti que c'était là l'enjeu: Sauver Gon de lui-même. Je n'adhère pas à cette logique, parce qu'elle implique le sacrifice d'une autre personne. Ici, c'est Yunjae. Je n'exagère pas du tout, la fin nous l'illustre de manière limpide. Ça m,attriste un peu que, de tous les personnages, Yunjae se soit intéressé au pire prospect possible qu'est Gon.


"Amande" me rappelle le roman "Dear Evan Hanssen", mais pas dans le bon sens. Les deux romans mettent en scène deux garçons dont l'un profite de l'autre. Et tout comme ce roman, "Amande" a été un succès dans son pays. Mais je me demande si, au delà du message de tolérance et de s'ouvrir aux ados qui vivent avec une différence, nous n'avons pas tendance à oublier que cela ne doit pas se faire dans un contexte toxique ou au détriment d'une autre personne. Dans "Dear Evan" , on a un ado qui, après imbroglio, est considéré à tort comme un ami d'un gars qui s'est suicidé. Et comme cela semble faire du bien autant à Evan que la famille du défunt, ce dernier porte le mensonge de leur amitié à des sommets. En clair, Evan s'est bâtit un réseau social sur le dos d'un ado suicidé. Dans "Amande", Yunjae se découvre des émotions entre autre parce qu'il a été "l'ami" d'un gars violent, qui lui même l'utilise pour passer ses nerfs. Encore une fois, je ne veux pas banaliser le vécu de certains de nos ados qui deviennent violents en réaction à des carences affectives et des sévices quels qu'ils soient, mais
prétendre qu'il fait les "sauver", c'est faire fausse route. "Accompagner", "soutenir", "être attentif", oui, mais pas tout faire à sa place et certainement pas s'il faut souffrir pour ce faire. En outre, on parle vraiment trop peu des innombrables autres ados laissés pour comptes du fait d'être différents. C'est, il me semble, toujours miser sur le même groupe, celui des gars violents qui sont ou frôlent la délinquance. Le plus difficilement 'secourable", qui plus est. De plus, pour en revenir au roman, je pense que la relation entre les deux ados n'avait pas forcément à passer par la violence physique comme moyen de rapprochement.


Ce rapport toxique va doucement s'amoindrir pour devenir une sorte de relation "amicale", où les deux ados se fréquentent seulement hors de l'école, surtout pour bavarder. Mais comme évoquer plus haut, Yunjae va tout de même se mettre en danger pour son "ami", alors je reste perplexe face à cette "amitié". Par contre, une relation que j'ai beaucoup aimée est celle de Yunjae avec le docteur Shim. On pourrait croire que c'est en grande partie à Gon que Yunjea se découvre des émotions, mais j'en doute, pour être franche. Gon est peut-être très sensible, son répertoire de borne à la "colère". Le reste du temps, il est juste insultant et fait dans la psycho-pop. C'est un personnage pas franchement sympathique. Mais le docteur Shim a réellement quelque chose à apporter à Yunjae et le fait de manière saine. Il est non seulement complètement ouvert d'esprit envers ce jeune en apparence froid et asocial, il est également patient, présent et réconfortant. Il vulgarise bien les concepts qui posent problème à Yunjae et il est altruiste. Il a réellement à cœur la sécurité et l'intégrité de l’adolescent, probablement en raison de son amitié pour la mère de celle-ci, mais il semble le faire de bon cœur. Si on doit quelque chose de la progression de sentiment de Yunjae, c'est surtout à lui qu'on le doit, je trouve.


J'ai également du mal avec la fin, expéditive et surtout, hollywoodienne. Était-ce nécessaire d'aller dans un tel extrême? Et je doute fortement que les émotions se construisent spontanément comme cela semble avoir été le cas à la fin, comme si elles étaient simplement qu'un œuf difficile à pondre. Je trouvait justement le concept du roman intéressant pour ça: l'idée que les émotions et leur identification pouvait être travaillés, que ce pouvait être de l'ordre de l'apprentissage, comme c,est souvent le cas pour les personnes autistes. Mais ici, ça me semblait tenir plutôt du miracle, ce qui est ma foi, fort peu crédible.


Pour les éléments positifs, je dirais que ça se lit tout seul. Il y a eu un énorme travail de la part de la traductrice du coréen vers l'anglais, qui se donne la peine de mettre les références coréennes en notes de bas de page et a fait prit grand soin de travailler les dialogues en fonction du bagage émotif de ses personnages. Ainsi, on sent le côté empirique et descriptif de Yunjae, pour qui les sentiments sont très abstraits, alors qu'on sent le ton vibrant et réactif de Gon. Là-dessus, il y a du beau travail. Découvrir le monde à travers le regard de Yunjae était en soi très intéressant. L'autrice y consacre beaucoup de temps, alors ne vous surprenez pas de trouver le début long. En même temps, cela nous permet d'apprécier la famille de Yunjae, la mère et la grand-mère, qui elles aussi étaient du genre colorés. Le simple fait de voir la maman travailler dur avec son fils pour qu'il s'adapte à son environnement social et physique était touchant. Ce l'était néanmoins un peu moins quand on comprend qu'elle craint surtout le jugement des autres. Sauf que, c'est là une crainte justifiée, dans un monde où les gens passent leur temps à juger autrui, c'est donc difficile de lui en vouloir. Au contraire, la grand-mère semblait croire que le petit garçon pouvait bien être lui-même et a accepté assez bien la différence de son petit-fils. Elles se complétaient bien, au fond. C'était une famille atypique vraiment rafraichissante.


En outre, je conçois que le roman se veut une porte de réflexion autours de la différence. Nous avons encore tendance à ne pas savoir apprécié la diversité. Je pense aux introvertis, encore très mal comprits, aux minorités sexuelles et ethniques, aux autistes, aux personnes atypiques, aux gens ayant des syndromes, aux Intellos, aux Hypersensibles, aux doués, aux artistes, etc. Je me dis d'ailleurs que le personnage de Gon aurait pu être simplement ça: un atypique, un hypersensible ou juste un gars plus ouverts que les autres, au lieu de nous représenter pour la énième fois un délinquant en construction, largement sur-représentés en littérature jeunesse comme "personnage qui fait pitié". Il me semble que le message aurait été plus adroit et plus révélateur s'il n'était pas une furie qui déteste tout le monde. L'extrême de l'émotion n'est pas forcément la colère ou la rage, ou ce besoin stupide de dominer les autres, et je m'agace que cette logique prédomine encore, surtout concernant les personnages masculins et spécialement les personnages masculins ayant une enfance difficile. En revanche, je conçois que ce sont les gens patients, attentifs et bienveillants ( comme M.Shim) qui font une différence chez les ados différents et qui vivent du rejet de par cette même différence.


Il y a un petit constat que j'aimerais formuler: L'idée que les émotions peuvent passer par les gestes. Je remarque que Yunjae, quand il a perdu sa grand-mère, et que sa mère est plongée dans le coma, a prit des décisions surprenantes pour un ado atteint d'Alexithymie. Il a continué à aller voir sa mère, a prendre soin d'elle dans ses soins corporels, même légers. Il a chercher à tenir la librairie d'occasion. Il a chercher à développer ses aptitudes sociales. Ça n'a rien d'anodin, même Gon semblait incapable de penser aux autres, mais Yunjae, dans ses comportements et actions, avaient, me semble-t-il, plus d'humanité que son "ami". Et contrairement à Gon, il était en meilleure posture pour "changer", dans le sens "d'évoluer". Peut-être était-ce par convention ou par apprentissage. Mais ne sommes pas aussi le produit de nos actions que celui de nos pensées? Prendre soin de sa mère n'était-il donc pas une preuve d’affection et d'attachement?


Ah, oui et il y a une sorte de "premier amour" aussi, dans ce roman, mais là encore, ça me fait soupirer, car, évidement, on a un béguin typique des romans américains: Le GROS béguin. Il aurait sans doute été plus cohérent d'avoir un béguin tout doux, progressif et moins intense pour un personnage comme Yunjae, mais on a un gros crush assez basique ici. Quoique je dis "basique", je reste fermement convaincu que toutes les personnes ne s'empêche pas de dormir, manger, penser et vivre juste parce qu'ils ont un "béguin". Bon point pour la traductrice: elle a mit le mot "béguin" et non "amour". Il y a tout-de-même une sacrée différence entre un gros coup-de-foudre pas franchement rationnel et censé et un amour sincère et profond. Et cette "première" fois émotionnelle arrive aussi de manière expéditive à la fin du roman.


Enfin, il faut préciser que ce roman étant coréen, il tient compte de certaines spécificités du pays et de sa culture. Je pense au concept "d'adolescence" en Corée. On a assez bien établit en Amérique du nord et en Europe en général que les 14 ans et plus sont des "ados". Ils sont donc responsables de leurs actes et sont traités différemment des enfants sur le plan social et même scolaire. Ici, je constate que les "ados" coréens ne semblent pas être considérés comme chez nous. Ils sont appelés "enfants" et sont traités comme tels à l'école. Un peu comme chez les japonais, qui semblent eux aussi n'avoir que trois groupes: enfants, adultes et aînés. Gon et Yunjae ont pourtant 15 ans.


Donc, un roman qui a sa pertinence, mais qui aurait vraiment gagné à ne pas tomber dans le pattern quasi chronique du "sauver le bad-boy de lui-même parce qu'il refuse de faire l'effort de s'aider". Les auteurs et autrices américaines adorent ce genre de concept, mais je constate qu'il est populaire même en Asie. On aurait peut-être eu un meilleur équilibre si le début était moins long et la fin moins "fourre-tout". Reste que c'est génial d'avoir un roman qui a la saveur de la Corée, avec ses références, ses valeurs sociales. Et contre toute attente, il y a même eu des passages comiques, car sans s'en rendre compte , Yunjae porte un regard critique parfois sur les rapports entre personnes. Un avis mitigé, en somme.


Oh, et prenez le temps de lire les notes de l'autrice et de la traductrice, elles sont intéressantes.


Pour un lectorat adolescent, second cycle primaire, 15 ans+



**Pour les profs et les bibliothécaires, ont a la présence de termes injurieux et de plusieurs scènes violentes.
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Une lecture mitigée, pour cette réécriture de contes. Je dois dire que le livre est un bel exemple d'enrobage marketing: Couverture rigide en relief avec un fini lustré et du rouge métallique , avec une tranche jaspée, des inter-chapitres en pleine page noire ayant les mêmes ronces que la tranche et la couverture, le petit ruban rouge qui sert de marque page...il y a beaucoup de luxe pour l'objet lui-même, qui se détaille à 36.95$. Malheureusement, l'histoire n'en valait pas la peine, du moins pas avec autant de glaçage. Ce peut même devenir un double tranchant: après avoir payé un prix pareil, on s'attend à de la haute qualité littéraire, de quoi expliquer autant de chichi. La libraire que je suis a l'impression que les maisons d'édition, plus que jamais, nous enfoncent des Best-Sellers dans la gorge: Tenez, on l'a déjà mit en format de collection et il est plus clinquant que les autres, allez, voici votre prochain Gros Vendeur! Bref, il est très beau ce livre, mais il aurait mérité une mise en forme plus sobre et moins susceptible de lui donner un prix aussi élevé.


Ce livre aura nécessité aussi une réflexion quand à son lectorat. "Le rayon de l'imaginaire" qui appartient aux éditions Hachette, a toujours été placée en librairie adulte jusqu'à présent. Nous l'avions a priori placé en Jeune adulte, vu l'âge du personnage. Après lecture, je le placerai en littérature ado.


Mon constat face au lectorat rejoint quelques critiques que j'ai pu apprécier sur Babelio et qui soulignent le côté "très ado" du livre. Ce n'est pas une tare majeure, mais un personnage de 21 ans qui se comporte en ado et une littérature qui propose un français moyen et des codes de littérature ado, ça peut induire les Lecteurs en erreur.


Dans cette réécriture, nous avons une jeune femme, Zinnia, 21 ans, qui vit avec un syndrome, celui de Roseville, et comme les autres jeunes victimes, a un ARN qui se met à engendrer des mutations inutilisables sur ses protéines. Entre autres désagréments, la maladie donne une espérance d'environ 22 ans.
C'est dans ce contexte que Zinnia s'apprête à vivre sa très probable dernière année de vie. Sa meilleure amie Charmaine lui a d'ailleurs élaboré une soirée surprise au sommet de leur "tour", mirador d'un ancien pénitencier. Roses rouges, rouet, couronne en plastique, "Charm" s'est inspirée de la passion limite déraisonnable de Zinnia pour le conte "La Belle au Bois dormant", dont elle connait toutes les inclinaisons et versions, en bonne spécialiste du folklore. Contre toute attente, quand elle se pique le doigt sur le rouet, influencée par le paris de son amie de le faire. Elle se retrouve alors dans un monde qui a des airs de contes, dans la chambre d'une improbable beauté doublée d'une princesse, Primerose de Perceforest.


Attention, divulgâches possibles.


L'idée de base est très intéressante. Sorte de multivers qui se font entrecroiser des archétypes féminins ayant un sort similaire ( condamné au sommeil-ou la mort) et leur donner la possibilité de faire des choix, elles qui subissent le choix d'autres gens, est en soit bonne. Néanmoins, ce genre de monde aussi versé dans le conte et ses contraintes sexistes aurait mérité plus de place pour asseoir ses enjeux. On ignore par exemple, ce que les autres "Belles endormies" avaient réellement de commun. le passage entre les univers est flou, même s'il a été nommé comme "une résonance de narration". Il faut planter le décor pour forcer le passage, oui d'accord, mais pourquoi autant de variations? Bref, j'aurais aimé plus de travail sur ce point, qui est vraiment important.


À l'instar de Maléfique, dans le nouveau film de Disney ( d'ailleurs nommé lui aussi dans le roman), nous avons un réalignement de l'objectif de l'antagoniste. Ici, la "fée maléfique" n'est pas une ennemie, en fait elle n'a jamais "nuit" non plus, ce qui lui donne le mauvais rôle, mais pas celui d'une réelle antagoniste. Zellandine est l'incarnation d'une version beaucoup plus sombre et moralement condamnable de la Belle au Bois dormant, celle qui a été violée durant son sommeil par le "prince charmant". Elle cherche donc à éviter le même sort aux autres filles, surtout les princesses, celles qui ont le moins de chance possible d'échapper à leur condition et leurs obligations. On apprend que ses idées de cachettes et de plans rejoignent les récits de moult princesses de contes, notamment Blanche-Neige. C'est donc un univers beaucoup plus complet qu'y s'ouvre ici, impliquant d'autres contes. Cela dit, on perd rapidement cet axe, on n'est ni appelé à croiser d'autres victimes de ce monde-là ni Zellandine elle-même. Elle affirme qu'elles se reverront, mais je suppute que ce sera dans les tomes prochains.


Zellandine a donc voulu épargner à Primerose un mariage malheureux ( qu'on devinera assez facilement être désavantageux pour elle, d'abord parce que Bidule-prince est un con, ensuite parce qu'elle est gay) en la plongeant dans un sommeil de 100 ans, en espérant que Bidule sera mort d'ici là et que les moeurs auront évolué. Néanmoins, dans la logique des choses, si la princesse devait se piquer le doigt à 21 ans, logiquement, on l'aurait mariée à 14 ans, ce qui lui aurait donner le temps de pondre au moins sept enfants pour un guignol titré quelconque. Pas le meilleur des plans, je trouve. Et je note au passage que si 21 ans est utilisé, c'est parce que c'est l'âge légal aux États-Unis, de NOS JOURS. Historiquement, on mariait les filles dès qu'elles devenaient pubères, donc entre 14 et 16 ans, en moyenne. C'est un peu anachronique de prétendre le contraire, mais bon, on est dans un conte, l'autrice peut bien se jouer de l'Histoire si elle veut.


J'ai apprécié le travail entourant Primerose, même si l'histoire étant rapide, on en découvre pas tant que ça, finalement. Elle n'est pas stupide, sait avoir un certain sang-froid et se montre proactive. Je n'ai pas trop comprit pourquoi elle a frotté sa mains au sang sur une pierre puisqu'elle avait un couteau sur elle, en revanche, quand elle a fait son don de sang au corbeau pour aller chez la fée maléfique. Ce qui me fait penser, en outre, qu'il était assez révélateur de son état d'esprit ce couteau, caché sous ses oreillers. Il m'a aussi induite en erreur: je croyais qu'on allait au devant d'évènements sombres avec cette réécriture, mais en fait, pas tant que ça.


Ce qui m'amène à traiter de la facilité de l'histoire. Tout est commode, tout tombe bien et on a droit à des miracles. Il y a quelque chose de conflictuel avec ce genre de traitement par rapport à la lourdeur des thèmes comme l'asservissement des femmes, la maladie grave et les versions de contes ténébreuses. J'aurais pensé qu'à la manière de "L"apprenti-conteur" de Gäel Aymon, on aurait remonté le temps à la source des contes du foklore, ceux qui se sont déclinés en nombreuses version et dont la nature était beaucoup plus perturbante et noire que les versions édulcorées et stupides des auteurs modernes. C'est un peu le cas avec Zellandine, mais pas tant que ça. On reste dans le registre "gentil" et "fin heureuse" des histoires contemporaines, se contentant de faire converger des femmes plus dégourdies que leurs homologues Dinseyesques pour en sauver une. Ça me semble de surface, incomplet. Pour un lectorat de 10-14 ans, moins connaissant des réalités sociales et des enjeux de genre, ça convient, mais pas pour du Jeune adulte ou de l'adulte. Mon avis, bien sur.


Un aspect qui était intéressant était la notion "d'amour étouffant". L'amour ne devrait jamais être un fardeau, autrement, il tend a devenir malsain. C'est ce qui arrive à Zinnia avec ses parents, qui plutôt que d'orienter leur énergie sur les besoins et les intérêts de leur fille, centrent sur leur besoins à eux. Plutôt que de considérer ce que Zinnia veut faire de sa vie écourtée, ils se mettent à accaparer son temps et lui mette des restrictions pour mieux la préserver. C'est humain, mais ça ne veut pas dire que c'est sain. Et ça prive Zinnia de vivre sa vie ( justement écourtée, alors raison de plus).


Zinnia et Charmaine ( "Charmant") ont une façon puérile de se parler. Ça me rappelle tous ces romans moches pour "ados" écrit par des auteurs qui pensent que les ados parlent mal et s'insultent pour mieux s'aimer. C'est moche et c'est peu crédible, surtout pour des jeunes adultes de 21 ans. Parfois, Zinnia nous parle à nous, Lecteurs et Lectrices, et ça aussi c'est pas toujours élégant. Et comme d'habitude avec les traductions françaises de France, on nage dans les termes pas très jolis du jargon parisien. J'aimerais qu'un jour les traducteurs de France aient la même délicatesse que les traducteurs du Québec: Utiliser le français international, c'est plus esthétique et surtout moins chiant à lire quand on n'est pas familier avec le jargon de Paris. Et puisque je traite de la forme, j'aurais aimé ne jamais voir autant de surlignage pour distinguer les textos, ça ressemble à un manuel scolaire plus qu'à un roman et c'est moche. Enfin, je déteste quand on place des premiers chapitre du tome suivant à même le roman. Les lire ne mène pas forcément à plus de garantit de lecture pour le tome suivant, pour ma part et qui plus est, prend de la place. Une place qu'on paie. Il y a donc 34 pages dans ce livre qui n'est pas en lien avec la présente histoire.


Donc, en conclusion, il y a du beau potentiel et de bonnes idées, mais servi par une écriture et une cohérence hasardeuses. Je suis tout-à-fait d'accord qu'on reprenne les contes pour mieux extirper les modèles désuets et débiles, tout en rafraichissant leur code morale questionnable ou leurs valeurs à la faveur des élites sociales et économiques. Mieux, il est bon de rappeler que les contes avaient différentes origines, dont certaines très sombres. En revanche, le tout tend beaucoup trop vers les clichés américains de base et se perd dans trop d'éléments, qui auraient eu ayant besoin d'être étoffés.


Pour un lectorat adolescent, second cycle primaire, 15 ans+
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Premier tome d'une nouvelle série policière, "Qui a volé les rayures du zèbre" constitue la première enquête de l'inspecteur O-O, un orang-outan, avec son nouveau binôme, Alcide Gouache, un caméléon. La série se compose de petits romans avec des enquêtes un brin loufoques pour le lectorat Intermédiaire.


Au Kenya, une star de la chanson s'amour, le zèbre Jean-Pierre Paul Mathieu, alias JPPM, s'est fait volé ses rayures. Ça tombe bien mal, car le chanteur a une tournée importante en Australie. L'inspecteur est mandaté par le SEIC ( Service des enquêtes Incroyablement compliquées) afin de trouver le voleur rapidement.

Attention, divulgâches.

Bon, entendons-nous, "incroyablement compliqué" est assez hyperbolique quand on achève l'histoire, mais ça a le mérite d'être bien monté. Dès que le personnage d'Inès, avec son rouge à lèvre invisible est apparue, j'ai pratiquement deviné la fin. Toutefois, cette histoire de remplacer JPPM était tirée par les cheveux, je me demande comment l'inspecteur a deviné ça, surtout en admettant lui-même que "son cerveau doit être un peu dérangé...". du coup, O-O aussi a le cerveau dérangé?


J'ai bien aimé que l'histoire soit au Kenya, on en a pas beaucoup des décors africains en littérature jeunesse. Les personnages sont d'espèces variées et cohérentes avec leur environnement, et ont des diète variées liés à leur espèce ( quoiqu'ils mangent des desserts typiquement humains). O-O mange des branches de céleri pour mieux ruminer ses pensées, ce qui fait écho à Sherlock Holmes et sa célèbre manie de fumer la pipe. La manie plus ou moins agaçante de Madame Gribiche de servir des adages ou proverbes foireux et insensés, ainsi que les titres de chansons de JPPM aussi mielleux que farfelus ajoutent une note un brin absurde à l'histoire.

Le tout contient de sympathiques illustrations.


C'est une petite série amusante pour les amateurs de polar tranquille, de ce style qui me rappelle les aventures d'hercule Poirot, où l'action n'est pas haletante et où il y a de la réflexion. O-O lui même est un personnage tranquille, posé et méthodique. Les prochaines aventures de O-O et Alcide se dérouleront au Pérou, ce qui me fait dire qu'ils vont nous faire voyager.


Pour un lectorat du second cycle primaire, 8-9 ans+
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date : 10-07-2023
Roman abandonné.


J'ai amorcé cette lecture il y a longtemps, mais j'ai décidé d'abandonner en voyant que je n'arrive pas à le terminer. Mes principaux soucis concernent le style narratif et la lenteur de l'intrigue.


Ce roman fait parti de la débutante série "noire" de la sous-maison "Parc d'en face" de la maison québecoise Les Malins. C'est d'ailleurs encore à ce jour le seul. Je m'attendais donc à un roman policier ou un thriller, quelque chose qui relève du suspense, mais pas autant de l'anecdote ou de la tranche-de-vie. Nous sommes quelque part près de Magog, au Québec, en été. Nous suivons Betty, qui quitte la métropole de Montréal pour Milton-sur-le-Lac, où elle sera sauveteuse à la page communautaire et connaitra un béguin pour Dylan, habitant du coin. Si on apprend que le père de celle-ci a des griefs contre la famille de celui-ci, ça reste vague et secondaire jusqu'au tiers du roman. En parallèle, on suit de manière très fragmentaire Megan, qu'on devine prostituée et qui veut se faire une place dans le monde des supra-riches, en accord avec ses goûts et son matérialisme gourmand. Ultimement, on va trouver un cadavre, mais à la page 80 ( sur 250), il n'est toujours pas arrivé ce cadavre.


Je me suis lassée de suivre les parties de pêches, les premiers ébats franchement pas très bien rendus et les querelles pas claires des adultes. C'était long et ça n'avançait pas.


Néanmoins le problème que j'ai rencontré et qui me fait abandonner est le style de la narration. Elle est extrêmement "hachée", je ne vois pas d'autre termes pour le définir. Les phrases cassent sans arrêts et les mots sont parfois seuls dans leur phrases. J'ai l'impression de lire du code morse. Voici des exemples:

P.37
" Betty prend une grande inspiration. Se sent bien. Zénitude."
"Les jeunes s'éclaboussent. Leurs parents, sécurisés par la présence de Betty, plongent dans leur lecture. Tablette. Magazines."
"Albert arrive à son tour. Il la complimente: elle scrute le lac avec talent. En rigolant, elle révèle fixer des lacs dans ses temps libres depuis sa tendre enfance. Une passion secrète! Complicité."

Et ça continue. Ces morceaux de phrases étaient agaçants et à mon sens, paresseux. On dirait qu'on voulait résumer à chaque paragraphe en un mot. Ça me rappelle les Acotar avec leur répétions maladives du genre "Beau. Très beau" ou "fort.Très fort". Quand c'est employé avec redondance, c'est horrible à lire. Je dois aussi dire que quand ça concerne le lectorat des jeunes adultes ( nos 17-25 ans), je suis toujours déçue si la langue n'est pas aussi ou plus soutenue que celle de la littérature ado. Or, ici, elle est pratiquement du niveau de la littérature intermédiaire des 9-10 ans, avec des dialogues sans supports de verbes, des phrases très courtes, des chapitres tout aussi expéditifs et un vocabulaire peu diversifiée, n'eût été de le présence des sacres et des termes plus "adultes". J'ai vu des romans Intermédiaires définitivement plus élégants en terme de qualité de français. Je ne demande pas d'écrire du Molière, mais minimalement, en jeune adulte, ce serait bien d'avoir quelque chose qui approche le niveau du Cégep/Université, comme son lectorat. C'est, bien sur, mon humble avis.


Enfin, j'ai trouvé les dialogues creux. De manière générale, je n'ai rien ressenti, hormis l'agacement pour les fragments de phrases. Il y a un béguin naissant entre Dylan et Betty, dont je ne saisi pas trop la nature et qui m'aura laissée totalement indifférente. Ils vont même coucher ensemble dans les premiers cent pages et comme 99% des scènes de sexe, est constitué d'une pénétration. Ça m'impressionne toujours de voir combien les scènes de sexe en ado et en jeune adulte sont ennuyeuses parce qu'elles sont toutes brodées sur le même éternel canevas: la pénétration. Quand on parle d'hétéro-normes, en voilà un exemple assez probant. Bref, j’extrapole.


Par ailleurs, j'ai passé 100 pages à confondre tous ces personnages secondaires. Il y a très peu de description des personnages et peu de travail autours de leur personnalité, expliquant peut-être pourquoi ils m'ont semblé si flous et impersonnels. Betty et Dylan, en leur qualité de personnages importants, seraient tout aussi difficiles à décrire. Au moins, je concède cela à Dylan, c'est pas de ces infectes Bad boys couillons qui gangrènent la littérature ado sentimentale et Fantasy.


Ce roman n'est pas un livre que je déteste, mais plutôt le genre que je vais oublier facilement. Peut-être des lecteurs plus versés dans le récit lent et tranquille préféreront ou des lecteurs qui apprécie le style tronqué et fragmenté, qui rend quand même le tout très accessible d'un point de vue de difficulté de lecture. Mais ceux et celles qui aiment les thrillers pourraient être déçus.


Comme le roman fait parti de la fratrie Parc d'en face, il est donc classé en jeune adulte, 17-25 ans+, mais peut convenir aux 15-17 ans du second cycle secondaire.


Catégorisation: Roman polar québecois, littérature jeunesse jeune adulte, Cégep/Université, 17-25 ans
Note: 4/10
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date : 08-07-2023
"Le Chant d'Achille" fait parti de mes lectures "incontournables à lire" du département adulte depuis un moment déjà - pas facile de caser les livres adultes dans un organigramme de lectures de libraire jeunesse! Franchement, ça valait la peine.


Le roman est une sorte de réécriture de L'Iliade, mais du point de vue d'un personnage considéré secondaire dans celle-ci: Patrocle, souvent décrit comme le compagnon le plus près d'Achille, le prince de Phtie et demi-dieu. Nous restons assez près de la version d'origine, quand aux évènements et sa durée, mais c'est le traitement qui va changer le plus, je trouve. Je croyais que la nouveauté résidait dans l'orientation sexuelle de Patrocle et Achille, mais même Wikipédia aborde dans le même sens que Mme Miller. Disons que L'Iliade était beaucoup moins explicite sur la question. Dans cette version, ils sont non seulement meilleurs amis, ils sont aussi des amants. Nous les suivrons depuis la naissance de Patrocle à son décès.


L'élément qui m'a assurément plu le plus est la "sanité" de leur relation. Alors que je peste contre toutes ces relations malsaines camouflées derrière le gros glaçage rose du sensationnaliste macho et ténébreux actuel, ici, on est pas dans une relation houleuse, marquée à la domination ou la superficialité. Ici, merci à leur autrice, Achille et Patrocle forment un binôme qui a toutes les qualités d'un couple en santé: la confiance, l’honnête, le respect, la complicité, la solidarité, la capacité de pardonner et de revenir sur les éléments irritants de leur quotidien ou de leurs mésaventures, leur communication efficace et partagée, leur égalité relationnelle et même leur compatibilité sexuelle marquée par la tendresse, le consentement et le plaisir. Franchement, je ne m'attendais pas à autant de force dans leur tandem, peut-être parce que d'ordinaire, Achille ressemble aux autres héros, c'est-à-dire macho, égocentrique et à l'orgueil mal placé. Quoique vers la fin, l’orgueil devient vraiment un enjeu, mais pas en rapport à leur couple. À bien des égards, ils sont donc un beau modèle de couple fonctionnel, complémentaire et attendrissant. Parmi les autres constants que je fais, je remarque aussi qu'ils évoluent ensemble, sans que l'un soit au détriment de l'autre. Achille, malgré ses devoirs et ses rôles, ne permet jamais que leur relation soit moins importante ou qu'ils doivent chercher à la cacher. Mieux, il trouve pratiquement toujours une façon d'avoir son partenaire près de lui, alors que nombre d'occasions étaient propices à l'oublier. Je constate aussi que loin d'être une passion irrationnelle, leur amour est au contraire progressif et repose sur de solides fondations. Bien loin du coup de foudre et de l’idolâtrement physique comme seul critère, Patrocle et Achille ont travaillé leur relation et si elle est confrontée comme tout couple normal à des turbulences, ils en ressortent plus forts et plus unis. Enfin, je remarque aussi qu'Achille, tout supérieur en titre et en ascendance qu'il soit, ne se place jamais au-dessus de Patrocle, il n'y a donc aucune forme de domination-ce qui est en soit fantastique. Patrocle et Achille étaient une équipe soudée, autant dans les bons moments que les moins bons.


Néanmoins, là où l'enjeu se profile, c'est sur la question de l'honneur d'Achille, prince et Héros de son état, qui se fait convaincre de finalement participer au conflit opposant Ménélas, roi de Sparte, à Troie, où le prince Pâris a amené Hélène, femme de Ménélas. C'était étonnant de voir à quel point Achille ne s'est pas jeté dans la mêlée comme certaines adaptations le suppose. Au contraire, il aura même été caché un temps par sa mère, la glaciale et rigide Néréide Thétis. Une prophétie promet gloire et renom à Achille à cette guerre, mais d'où il ne reviendra pas. Pour Patrocle et pour Achille, ils vivent donc sur du temps emprunté et rusent afin de ne pas rendre cette prophétie vraie. La guerre s'allonge, beaucoup plus que dans certains films sur ces évènements et on se demande quand l'épée de Damoclès s’abattra sur les deux personnages.


L'autrice reprend assez fidèlement beaucoup d'éléments de versions existantes de la guerre de Troie, mais même en la connaissant, on peut se demander où la réécriture va tenir cette fidélité. En conséquence de quoi je fus un brin stressée tout du long, en me demandant sans cesse quand les choses dégénèreront pour ce duo si attachant. Aussi, les Dieux et les créatures fantastiques existent dans cette histoire, comme en témoignent les interventions de Téthis, Appollon, Chiron et nombreuses calamités orchestrées par les Dieux. Une fois encore, les mortels sont peu de choses face aux caprices des dieux, et même certains divinités se retrouvent dans de fâcheuses positions sous les ordres d'autres divinités. Bref, c'est pas la joie en Grèce antique!


À partir d'ici, il peut y avoir des divulgâches.


Patrocle, notre narrateur, m'aura semblé un peu dans l'ombre d'Achille, au début. Néanmoins, quand on regarde son parcours, c'est tout-à-fait cohérent. Enfant d'un roi ayant épousé une femme ayant une déficience intellectuelle évidente, de constitution maigre et banale, Patrocle n'est ni réellement aimée et estimé par ses parents. Sans cesse ramené à la déception de son père et son physique un peu ingrat, difficile pour le jeune garçon de se bâtir une estime de soi solide. Il cherche la validation des autres tout en cultivant une certaine forme d'envie envers les autres hommes et garçons. Quand il commet un meurtre par accident, il est exilé en Phtie, royaume de Pélée, où Achille en est le prince. Sans nom de famille et sans statut, Patrocle se montre introverti, mystérieux et solitaire, au contraire des autres enfants exilés qui entourent Achille en quête de son attention. Ce tempérament semble pourtant plaire au prince blond, qui décide d'en faire son "therapon", son compagnon d'armes, qui ultimement fera donc parti de sa garde rapproché. "Une position de la plus haute estime", écrit l'autrice. "Parce qu'il est surprenant", expliquera Achille, à son père, qui se demande bien pourquoi l'avoir choisi lui, alors que tant d'autres garçons se bousculaient pour avoir ce privilège. Relation d'abord amicale, elle tourne peu à peu à quelque chose de plus profond et de plus intime. Ce ne sera qu'autours de 16 ans qu'ils en viendront aux relations charnelles, alors qu'ils vivaient sous l’enseignement de Chiron, centaure sage et savant, qui les a prit sous son aile durant trois ans. C'est aussi autours de cet âge que les prémisses de la guerre se dessinent. Patrocle va continuer à prendre en confiance en lui-même et ce n'est pas à aux armes et à la force qu'il sera de plus en plus estimé et apprécié, mais à son empathie, ses compétences médicales et son sens aigu de la justice. J'en venais même à le trouver plus intéressant et accompli qu'Achille. C'est de Patrocle que vient l'idée de "réclamer" les femmes et jeunes filles capturée pour servir d'esclaves sexuelles aux soldats grecs pour leur éviter ce calvaire. C'est également de Patrocle que vient les rappels continu sur le véritable concept d'Honneur, qui semble glisser de plus en plus vers l'égocentrisme têtu de la part d'Achille. Entre les lignes, on finit par comprendre que le titre de "meilleur des grecs" ne s'applique pas qu'à Achille, mais à Patrocle aussi, voir peut-être complètement, vers la fin de cette histoire. À bien des égards, Patrocle a su non seulement préserver la réputation de son amant, mais également offert un sens nouveau au mot "honneur". Tout un exploit pour un homme qui refus le combat et qui se moque de sa propre réputation, surtout à cette époque où les hommes ne jurent que par leur gloire et leur réputation.
Enfin, je remarque que contrairement à Achille, le temps passé en Troyade a fait ressortir de grandes qualités chez lui, tandis qu'Achille s’enfonçait dans son orgueil et son manque de maturité. Ironiquement, Achille serait resté un bien meilleur "humain" loin de la guerre, tout prédisposé soit-il de part sa nature divine.

Achille, toutefois, est aussi du genre nuancé, même si on serait tenté de le fourguer dans la classe des Gros Mâles Alpha couillons vers la fin. Amateur de chant et de musique, jovial et solaire, Achille était un enfant qui ne doutait pas ( pourquoi douterait-il, après tout?) et qui aurait pu être un sale petit enfant gâté et imbu de lui-même, puisqu'il a d'innombrables qualités physiques et vertus. Pas du tout en fait. On le voit traiter les autres enfants avers les mêmes égards, on le voit capable de changer d'avis et il est capable d'une grande tendresse. C'est un garçon sensible, joyeux et extraverti, le pendant contraire de Patrocle, finalement. Mais ils partagent aussi des éléments communs: leur curiosité, leur gentillesse et leur intérêts, comme les jeux, l'exploration et la musique . Il avait, en outre, étonnamment d'humilité pour un prince doublé d'un héros avec tous les talents. Son exécrable fils en est d'ailleurs exactement le contraire. Achille connait ses talents et ses forces, il n,en fait pas cachette, mais il ne s'en sert pas de manière à écraser les autres ou de manière condescendante. Achille est malheureusement aussi influençable, quand il n'est pas complètement arrêté sur une idée. Heureusement que Patrocle lui sert souvent de raison. Il ne cède pas facilement son espace ( sauf à Patrocle, bien sur) et semble détester la hiérarchie - ça je peux comprendre, surtout avec Agamemnon. Disons qu'Achille n'aime pas être sous l'autorité de quelqu'un. Il peut être un très bon camarade, cela dit.


Il y a bien sur toute la flopée de personnages qui sont connus de nom grâce à L’Iliade ou L'odyssée d'Homère, rois, guerriers, Divinités et créatures divines. Briséis y était présente, mais elle change encore une fois de statut. Dans cette version, c'est une jeune paysanne à l'esprit vif et la toute première femme "vendue" comme butin de guerre aux grecs. Récupérée par Achille à la demande de Patrocle, elle devient le troisième membre de leur petit cercle. Sa présence aura de sérieuses conséquences dans le déroulement du conflit et devient une amie proche de Patrocle. Elle aura apprit le grec et l'enseignera aux autres jeunes filles récupérée par le duo d'hommes. On est loin de la décorative et passive Briséis que j'ai vu dans d'autres versions. Chiron aussi m'aura plu, avec sa sagesse, son ouverture d'esprit et son calme. Il aura constitué, je trouve, la figure paternelle de confiance qu'il manquait cruellement à Patrocle. Ce dernier l'illustre bien quand il se choisit le pseudonyme "Chironides", "le fils de Chiron".


Cette œuvre est donc très fortement teintée de modernité, surtout quand je regarde la masculinité. Bon, évidemment, la question de l'honneur des hommes, qui les obligent à tuer et faire des guerres restera toujours absurde et fondamentalement toxique. Par contre, quand je vois deux hommes capables d'être tendres et respectueux ensemble, Achille se prêter avec enthousiasme au travestissement ( pour se cacher) et leur considération pour le viol des femmes, ça nous sort de plusieurs vieilles idées bien machistes ( et stupides). Aussi, Patrocle, même s'il parle "d"honneur", il traduit surtout une question "morale". Se servir d’autrui pour arriver à ses fins est pour lui immoral et n'arrive pas à imaginer que ce puisse être une action honorable à faire pour arriver à ses fins ( ou même servir sa réputation). Aussi, Patrocle illustre assez bien qu'on peut lutter et servir une cause sans employer forcément la violence, notamment en servant la Santé ou la Diplomatie. À sa manière, Patrocle constitue une façon assez différente d'être un "homme viril". En cela, c,est franchement intéressant.


Enfin, j'apprécie que l'autrice parvienne autant à illustrer combien laids et insensés sont les guerres, tout en abordant aussi ses réalités humaines. Non seulement elles sont menées par des hommes qui ne sont pas forcément impliqués directement dedans ( Agamemnon n'a pratiquement pas frôler le sol des conflits, alors se battre encore moins), mais elles amènent énormément de souffrances. Comme c'est un récit de "héros", on a tendance à y trouver Gloire, combats épiques et masculinité toxique, mais ici, on est dans quelque chose de plus réaliste. Aussi, on a un bon aperçu du quotidien un brin absurde des camps. Des hommes qui se découvrent des compétences manuelles comme la poterie ou l'agriculture, des esclaves qui deviennent des mères et épouses, des classes sociales qui se diluent et même des nations qui tissent des liens. Même guerriers, les hommes restent des hommes, qui ont une santé mentale fragile, qui ont des besoins de diverses natures à combler et une nécessité de normalité. C'est surtout vrai quand une guerre dure plus d'une décennie.


Côté plume, malgré une narration au "je", j'ai trouvé le tout poétique, avec une grande présence de nature, habilement décrite. Il y a aussi une belle présence pour le registre émotionnel, on a pas de mal à cerner le ressenti et les émotions que vivent les personnages. Enfin, j'apprécie les quelques nuances des termes grecs, qui sont présents, précisés par Patrocle, en bon narrateur, parce que dans certaines langues, il a de ces mots qui n'ont pas de référent français. Ces termes apportent donc des nuances importantes.


C'est sans doute pour cette plume efficace et ses personnages à leur façon rafraichissants que j'ai lu ce livre pratiquement en une journée. C'est définitivement une des romances que je vais garder en tête, il y a trop rarement de couples en littérature qui me semblent sains et véritablement aimants en littérature. De plus, j'aime beaucoup le traitement entourant ce mythe, plus que celui d'Homère et certainement plus que le dernier film, "Troie".


Pour un lectorat adulte **Mais qui peut convenir aussi aux vieux ados et jeunes adultes. Cette œuvre comportent des scènes de violence parfois soutenue et des scènes sexuelles explicites ( mais pas beaucoup).


*Pour ceux et celles qui se le demandent: Le "Chant" d'Achille fait sans doute référence aux "chants" du très long poème "L'iliade" , mais comme Achille chantait pour de vrai - et qu'il avait un certain talent en plus, il est aussi possible que la connotation soit littérale.


** La couverture, qui représente un jeune homme probablement décédé, la tête rejetée vers l'arrière, est peut-être inspirée d'un groupe de statues en marbres copiant une originale en bronze de l'époque héllenistique, "Groupe Pasquino", qui représentent soit Ménélas tenant le corps sans vie de Patrocle, soit Ajax tenant le corps sans vie d'Achille, et dont la pose est quasiment la même. Ça tombe bien, ce livre est leur histoire à tout deux!
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date : 02-07-2023
C'est un autre coup de coeur pour ce douzième album de cette série que j'affectionne particulièrement pour le lectorat de la maternelle, les 3 à 5 ans.


Dans ce livre, Martin va passer une fin de semaine chez son grand-papa, "Papy Ploc". Alors qu'il s'amusait au parc avec sa petite soeur Zoé, son amie Emma les rejoint. Quand il lui annonce sa sortie prochaine chez son papy, Emma prend un air catastrophé et le plaint ouvertement en disant que les grand-papas sont du genre à s'endormir devant la télé, manger des légumes et bavarder avec d'autres aînés. Dès lors, Martin se met en tête que sa fin de semaine sera longue et ennuyeuse. Il a donc intérêt à amener le plus de jouets possibles dans son sac! Maman, par contre, ne le laissera pas faire, ce qui le rend boudeur. C'est d'ailleurs dans cet état qu'il arrive chez Grand-Papa, qui le remarque tout-de-suite. Heureusement pour Martin, Papy Ploc est du genre dynamique. Entre deux gaufres, ils font des jeux de société et cerise sur le sunday, Papy Ploc lui confie avoir une surprise pour lui le lendemain. En effet, le jour suivant, tout deux se rendent au Cosmodôme! Au menu ( spatial) on a des films 4D, des planètes, des étoiles, des maquettes géantes, tout pleins de trucs fantastiques. Au final, Martin n'aura même pas jouer avec ses jouets.


Trois choses. Primo, les préjugés. Quand Emma exprime son avis sur le projet de Martin, elle émet aussi un préjugé quand aux grand-papas. Peut-être est-ce véridique dans son cas et que son grand-papa a elle est ennuyeux et désintéressé, mais affirmer que c'est le cas de tous les grand-papas est exagéré et non-fondé. Surtout, ça induit un stress chez Martin, qui, du haut de ses quatre ans, peut tout-à-fait craindre l'ennui. C'est donc important avec la petite enfance de traiter des préjugés et de parler tôt de toutes les diversités, justement pour favoriser la souplesse de l'esprit face aux généralisations, surtout les généralisations péjoratives et stigmatisantes. Dans le cas présent, Papy Ploc est tout sauf ennuyeux et stéréotypé. C'est un programmeur de carrière, qui aime la musique rock, en atteste son chandail qui évoque AC/DC, qui a de l'énergie, des idées et pleins d'enthousiasme. Il est, en outre, célibataire, ce qui le rend autonome. On est loin du papy grabataire et macho évoquant des souvenirs de guerre entre deux parties de pétanque, que j'ai croiser longtemps en littérature.


Secundo, on traite de la sortie hors du foyer sur une plus longue période. Pour les jeunes enfants, ce peut être un réel défi, car on sort de ce qui est connu. L'environnement est différent, le lieu pour faire dodo aussi et les parents ne sont pas là. Il y a de quoi être déstabilisé. C'est donc important d'être avec un adulte de confiance. Heureusement pour Martin, Papy Ploc est justement l'un d'eux! Et non seulement il l'occupe très bien durant les deux jours, il comprend aussi le sentiment qui anime son petit-fils, quand ce dernier se sent triste vers l'heure de dodo. Ses parents lui manque et c'est bien normal. Quoi de mieux que de les appeler pour les voir et leur souhaiter bonne nuit? Et puis, ce lit-fusée couvert de lumières de Noël est tout-à-fait charmant: Surprendre et faire autrement, c'est une super méthode pour distraire les enfants et leur amener positivement de nouvelles expériences. Les 4 ans sont des explorateurs, la nouveauté et les aventures, ça leur parle.


Enfin, je retiens que ce grand-papa offre à son petit-fils quelque chose qui lui est spécifique. Les enfants n'ont pas que des parents requis à leur bon développement, il leur faut aussi des adultes de confiance. "Ça prend un village pour élever un enfant", comme dit l'adage. Chaque adulte amène son grain de sel, que ce soit en faisant des sorties différentes, en leur proposant de nouveaux centres d'intérêts, mais également en leur offrant un modèle autre que ceux des parents. Chaque adulte ( ou ado, tient!) est une contribution au développement. Ici, Grand-papa propose le lit-fusée, les jeux de société et la sortie au Cosmodôme à Martin. Il lui permet également de sortir de son milieu, ce qui permet d'apprivoiser le monde hors de son propre foyer. Surtout, son grand-papa est présent et impliqué auprès de lui, il n'est pas laissé à lui-même. C'est donc une marque bien réelle d'affection sincère.


Je suis ravie de voir un album où on table sur la relation entre Martin et son grand-papa, d'abord parce que c'est mon personnage préféré, mais également parce que ça modernise le regard qu'on porte sur la relation grand-papa-petit-fils. Je vois de plus en plus d'albums en faire de même, et c'est tant mieux. Je le réitère: Nos enfants se transposent dans leur littérature, elle sert d'outil autant que de source de plaisir et contribue à façonner leur vision du monde dans lequel ils vivent. Observez la littérature jeunesse et vous aurez une bonne idée de la société dans laquelle elle a été produite. À cet égard, la série Martin articule une réalité assurément moderne, inclusive et constructive. C'est pourquoi je l'apprécie autant.


Et les illustrations sont toujours aussi jolies.


À voir et à lire!


Une autre belle lecture pour le lectorat de la petite enfance, 3-5 ans.
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Tout comme le premier tome, on se laisse bercer par le quotidien à la fois paisible et effervescent du duo père-fils anxieux tentant de s'acclimater à leur nouvelle communauté. Entre deux angoisses, nos deux garçons découvrent la plage, essaient de nouvelles recettes locales et tentent de se faire une place dans leur milieu respectif. Pour Issei, c'est l'école, et pour Riku, c'est son salon de coiffure reconverti en salon ambulant le temps d'un après-midi.


Le tout est marqué par quelques victoires en apparence anodines, mais qui, pour un anxieux, relève de la réelle progression. On a entre autre Issei qui ose traiter son père de "bête" ( dans le sens "bêta") et qui se fait une amie en la personne d'une jeune fille très bavarde. Les contraires s'attirent, à ce qu'on dit!


Riku doit pour sa part apprendre à gérer son angoisse d'être loin de son fils et apprendre à lui laisser vivre ses propres expériences. Il est toujours aussi perfectionniste et maniaque sur les bords, mais il est aussi toujours aussi touchant dans son rôle de papa.


Les décors sont toujours aussi magnifiques, la mer comme les bosquets. La bouffe également. je suis toujours aussi impressionnée par les mangakas en matière de nourriture, ils savent rendre n'importe quel aliment alléchant!


Une autre bonne petite lecture tranquille qui rend serein et souriant.


Pour un lectorat de tout âge ( toutefois, il est classé "Josei" qui est traditionnellement destiné au lectorat des femmes adultes).
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"Le voyage" est le livre faisant suite à "Grand Panda et Petit Dragon" du même auteur. Il n'est pas obligatoire d'avoir le tome 1 au préalable, les deux livres sont indépendants l'un de l'autre.


Si j'ai trouvé le côté graphique très joli et poétique, quelque chose me manque du côté de l'histoire.


Alors qu'il semble vivre des insatisfactions ( qui ne sont pas claires, ce pourrait être de l'ennui, un vague-à-l'âme ou une recherche existentielle, possiblement) Petit Dragon se fait proposer par Grand Panda de faire un voyage. Comme ils partent pour une longue marche, il vaut mieux ne pas s'embarrasser du superflus. Petit Dragon doit donc laisser derrière lui sa maison et ses possessions matérielles, en ne gardant que son nécessaire à thé.


Cette partie m'a laissé croire qu'ils allaient faire un voyage, mais je ne pensais pas que ce "voyage" serait du type "on abandonne tout et on quitte son chez soi à tout jamais". Parce que c'est exactement ce qui arrive. Je ne comprenais d'ailleurs pas le deuil que semblait vivre Petite Dragon, parce que quand on part pour voyage, on ne repars pas à zéro. À moins bien sur que ce soit soit ce genre de voyage que font nos réfugiés migrants ou immigrants. Mais là, on n'est plus dans la même notion de "voyage", il s'agit bien plus d'un périple, voir un exil.


Par la suite, toujours en pensant que nos deux amis allaient simplement voir du pays pour gagner quelque sagesse que ce soit, on se retrouve dans une véritable enchainement d'évènements négatifs, marqués par le froid, la faim, la crainte et la dangerosité. Les deux amis se retrouvent sur un radeau de leur confection qui finit par dévier sur la mer, les laissant dériver des jours durant. Alors que Petit Dragon verbalise clairement sa peur, son angoisse et sa tristesse, Grand Panda tourne toujours ses réponses soit en minimisant la chose, soit en observant que la nature est belle. Il fait quelques remarques existentielles, mais qui me semblent pas franchement de circonstances, dans la mesure où Petit Dragon ne semble pas spécialement réceptif à ses remarques.


Il y a quelque chose qui me turlupine quand à ce genre de réponse que fait Grand Panda. Quelque chose de distant, peut-être? Un manque d'empathie? Mauvais timing? Je ne pense pas que ce personnage soit froid et insensible, mais je n'aime pas spécialement sa "sagesse". Sans tomber dans l'apitoiement, un peu d'empathie et de réconfort aurait été bienvenu. Heureusement, Grand Panda offre souvent ses bras réconfortants pour apaiser son petit ami. Au moins, se gestes sont constructifs et apaisants.


Ce qui me semble aussi un peu particulier, c'est que cette situation est de leur fait. Ils ont tout quitté - un tel degré de détachement était-il vraiment nécessaire? - maintenant ils sont en danger de mort. Une simple balade autours de leur région, visiblement, ce n'était pas suffisant. Donc, je suis un peu étonné de ne pas avoir vu de culpabilité de la part de Petit Dragon ou de Grand Panda, pour s'être retrouvé dans un tel pétrin pour un simple état d'âme. S'ils avaient été obligés de partir, le contexte aurait été différent, leurs souffrances auraient un sens, dans un sens, mais là, je vois deux personnages qui se sont donner un objectif vraiment audacieux sans vraiment de déclencheur d'intensité conséquente.


Ultimement, et là vient la leçon de cette histoire, la résilience fait son oeuvre. Petit Dragon survit à ses déboires, son ami est resté près de lui tout ce temps et il réalise peu à peu que si on se détache de certaines possessions matérielles, on peut gagner à mieux discerner les valeurs plus abstraites. Parfois, en quittant quelque chose, on trouve mieux ailleurs, ou du moins on trouve "autre chose" ailleurs. C'est inconfortable de changer, même notre cerveau n'est pas conçu pour apprécier les changements ( les neurones préfèrent les voies déjà tracées, ainsi elles n'ont pas a en créer de nouvelles). Mais sans un minimum d'inconfort ou d'initiatives, on ne voit pas de nouveauté, on reste ancrés dans les mêmes idées et le même environnement. On ne d'auto-actualise pas, en somme. En outre, dans un monde en constante évolution, avoir un certain degré d'adaptabilité ne fait pas de mal. La résilience permet non seulement de murir et développer de nouvelles stratégies d'adaptation, elle nous permet aussi de renforcer notre tolérance au changement.


Quelque chose me chicote aussi du côté de Grand Panda, qui lui est affranchit de toute forme d'attachement à quoique ce soit, sauf son ami. En fait, pour lui, j'ai l'impression que du moment qu'il est bien entouré, que monde change importe peu. Il se dit aussi plus expérimenté de la vie, je veux bien le croire. Mais, je trouve qu'il ne fait pas assez attention à une chose: les besoins de son ami. Nos besoins sont variables de l'un à l'autre. Pour certains, et Petit Dragon semble en être un, le cercle social, la maison ( par extension , le "foyer") et les objets ( comme son précieux service à thé) sont importants. Et ce n'est pas moins estimable. Grand Panda minimisait leur importance, peut-être parce que n'est pas important pour lui. Ça ne rend pas la peine de Petit Dragon moins grande, néanmoins, et en ami, il me semble que son rôle aurait été de compatir quand il dit que c'est important pour lui, pas de l'enfoncer dans l'idée qu'il faut s'en détacher. Grand Panda me donnait L'impression de transposer sa vision des besoins à son ami et ça, ça ne me plait pas.


Et puis, pourquoi cet impératif du non-retours? Pourquoi dire qu'on a tout perdu et qu'on ne reverra pas la maison et les amis? Ils sont simplement en voyage, pas en exil! Qu'est-ce qui les empêche de faire marche arrière ou revenir un jour? Cette partie là ne sera pas éclairée.


Je pense que de manière générale, j'éprouvais beaucoup de compassion pour le personnage de Petit Dragon, qui a manifester le désir de changer de routine ( ou quelque chose de similaire) et qui a tout perdu. Oui, au final il va sortir plus fort, oui, il avait un ami pour vivre ce périple avec lui et certes, il aura une nouvelle maison dans un nouveau lieu. Je me demande si tout cela était franchement nécessaire? Si un tel degré de changement était nécessaire?


Au final, il y a aussi quelque chose de triste à voir Petit Dragon rater les beautés de la nature. Grand Panda y est sensible, mais je reviens à mon constat sur les besoins: Sans attache pour le foyer, le cercle social et les objets, je ne suis pas très étonné qu'il soit plus serein face à leur situation et donc, plus réceptif à son environnement immédiat. Petit Dragon, pour sa part, jongle avec trop d'émotions pour y prêter attention et très franchement, c'est compréhensible. Quand le vide, la peur, le deuil et la déprime sont de la partie, c'est difficile d'être charmé par le concert de la mer, les symphonies de couleurs ou les tableaux du ciel. Dommage, car c,est aussi une des joies de voyager.


Ce que j'ai surtout vu, c'est deux amis complètement opposés sur leur état émotionnel et psychique.


Je concède que Grand Panda offre au moins une présence positive. Il n'accable pas de reproches, il sait utiliser les silences et offre certains besoins à petit Dragon, comme la chaleur, un abri ou un geste affectif, même quand celui-ci semble déconnecté du monde. Ça c'est une belle marque d'amitié. Donner sans retours, quand ça compte, de manière altruisme et sincère, c'est une beau gage d'amitié significative.


J'aime bien les histoire de voyages, car je connais et reconnais leur valeur. le voyage nous ouvre les yeux sur d'autres réalités, sur d'autres beautés aussi et met à mal nos rigidités qui s'installent parfois bien sournoisement. Surtout, le voyage nous met face à nous même, il permet de recentrer sur l'essentiel et il arrive même que que nous nous surprenions. On oublie que connaitre les autres est une chose importante, mais se connaitre soi-même est essentiel. Voyager, dépendamment de quel type nous conviens, permet de se placer dans des situations qu'on ne rencontre pas d,ordinaire, donc on a pas le choix de se questionner, se recentrer et introspecter. Il arrive un peu de tout ça à Petit Dragon. En revanche, je me demande bien ce que Grand Panda peut avoir apprit de ce voyage, ce n'était pas clair.


Plus j'écris, plus je réalise que je trouve que Grand Panda et Petit Dragon sont deux versants de médailles, mais pas dans le sens où je l'aurais trouvé réellement touchant. Grand Panda me semble trop détaché et Petit Dragon trop attaché. Ç'aurait été intéressant de les voir se compléter quelque part dans ce voyage, que les deux fassent des prises de conscience, mais Grand Panda est dépeint comme "la sagesse incarnée", il a donc toujours "raison". Ça m'agace, parce que ça laisse comme impression que Petit Dragon est dans le rôle de celui qui doit gagner en sagesse et n'a donc rien a apporter à Grand Panda. Je pense, mais c'est là mon opinion, que la sagesse a diverses formes et que nous en avons tous un peu en nous. Petit Dragon n'aura certainement pas semblé pouvoir partager la sienne. Et puis, certaines répliques de Grand Panda m'ont fait sourciller.


Les illustrations sont belles, variant entre crayon plomb avec un style de croquis, alors que d'autres étaient en aquarelle. La palette change, l'auteur nous en glisse d'ailleurs un mot à la fin, ce qui accentue le changement de décor. Les paysages sont agréables à regarder et j'aime le côté "estampe" des pages illustrées.


Je suis donc mitigée quand à cette oeuvre. Je sens la fibre philo que sous-tend le thème du voyage et très certainement le thème du deuil - inattendu - de Petit Dragon. Mais ce voyage fut pour moi surtout marqué par des désaccords avec la vision du personnage de Grand Panda, le fait que le point de départ de ce voyage contraste un peu trop fort avec le drame entourant ledit voyage et l'impression qu'il fallait atteindre le fond du baril pour trouver la résilience. C'est une histoire remuante, il y a de ça, mais ça reste léger pour ma part, comme si ça ne coulait pas bien.


Je pense que ce genre de livre est du type à provoquer ou non toutes sortes de réactions. Il y a un fond de pertinence, je le sens, je l'entends, mais le ressenti est resté vague pour ma part. Je pense cependant, avec mon expérience des livres, que ça reste le genre de lecture qui peut être intéressante pour extrapoler et philosopher. Ça ne veut pas nécessairement dire d'adhérer aux propose des personnages, pour preuve, j'ai des oppositions à ceux de Grand Panda, mais l'idée est que ça a soulever tout un pan de réflexion en moi, même avec ces désaccords. Il y a parfois de ces livre avec lesquels ont est plus ou moins en accord, mais dont on reconnait la pertinence. Pour moi, le voyage" est de ceux-là.


À voir.


Pour un lectorat du troisième cycle primaire et plus, 10-12 ans+.
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Incontournable Août 2023




Je remercie la maison D'Eux pour l'envoi de ce service de presse.




Je place d'ores et déjà ce roman dans nos incontournables pour le mois d'Août, puisque c'est durant ce mois qu'il sortira en librairie.




Bernard était un jeune chien brun sous un banc de parc quand Marthe , vieille dame de son état, le découvre. C'est à elle que le chien doit son prénom et c'est avec elle qu'il va vivre dorénavant. Ils cultivent ensemble une routine douillette et une égalité attendrissante. Avec son regard canin et son côté hautain, Bernard observe le monde, mais il ne doute pas de ne plus jouir de sa vie confortable et remplie d'amour un jour. Cela est appelé à changer quand il fait la connaissance d'un groupe hétéroclite de chiens sauvages - ou à tout le moins redevenus sauvages - les "Sans Dieu, ni laisse" . Chiens ayant un jour connu la douceur d'un foyer pour la plupart, ils sont tous en commun d'avoir subit l'indifférence ou la maltraitance des Hommes. Certains en nourrissent même un véritable ressentiment, alors que d'autres sont amers. C'est auprès d'eux que Bernard entame une double vie. le jour, il mène sa vie avec Marthe et la nuit, il retourne auprès du groupe où il devient peu à peu membre, malgré son statut de privilégier. Avec eux, Bernard philosophe et apprend. Ça tombe bien d'ailleurs, car du côté de son amie humaine, Bernard se pose des questions. Marthe parle parfois dans une langue inconnue, désigne un certain groupe comme étant "Les miens" ( que Bernard entend "Lémiens") et chaque vendredi, des assiettes aux curieuses inscriptions sont sorties, avec un certain livre rouge. Que cache ce rituel? Qui sont les Lémiens? Pourquoi Marthe traite avec autant de gravité le fait de parler cette langue qu'elle seule parle, en plus de plaider pour la survie des mots dont l'usage se perd?




Il y a deux axes importants dans cette histoire, selon moi. L'identité et le Vivre-Ensemble.




Le premier concerne autant Bernard dans son essence que Marthe dans son Histoire. Bernard est déstabilisé de sa rencontre avec les chiens de rue car à travers leur regard désabusé, c'est sa nature de chien qui est questionnée. À la manière de Scamp, dans la Belle et le Clochard 2, Bernard est perçu comme un être docile, domestiqué et donc prisonnier des humains. Pour eux, c'est un "presque chien" qui dépend des humains, ce qui n'est pas pour lui plaire - Ouais, parce que notre Bernard fait un peu de narcissisme sur les bords. S'il montre parfois son fond en se demandant pourquoi il a été abandonné sous ce banc de parc, le reste du temps, il aime rappeler qu'il est beau, bon et intelligent. Il me donne l'impression de se valorise un peu exagérément pour occulter son inquiétude. Bref. Bernard est interpellé par le sobriquet dont l'ont affublé les chiens et ce qu'il sous-tend, ce "presque" qui sonne comme un vide, un handicap, une tare. Est-il trop "humain" ou pas assez "chien"?




Bernard se cherche dans son identité, certes, mais en parallèle, c'est aussi, largement, celle du "Chien". Décrit comme "le meilleur ami de l'homme", peut-on dire de l'humain qu'il est "le meilleur ami du chien"? La réalité qui fait mal à Bernard est que sa condition n'est pas celle de la majorité. Des chiens souffrent de l'inconstance, de l'indifférence, voir de la violence des humains. En revanche, tous les humains ne sont pas des insensibles et des égocentriques. Bernard est donc quelque part dans la zone grise, entre sa vie favorisée à lui et celle beaucoup moins de ses compatriotes canins. Et dans cette quête d'identité, celle de Marthe lui importe. Cette "presque humaine" qui s'avéra déracinée, privée des siens et endeuillée d'une culture discriminée se trouve dans les préoccupations de son chien. J'ai trouvé cette empathie merveilleuse, car Marthe et Bernard sont de réels complices, des compagnons de vie, et non un maître avec son chien. C'est en voyant ce personnage aussi soucieux du bien être de cette vielle femme qu'on comprend la profondeur de leur relation. Aimer quelqu'un sincèrement, ce n'est pas seulement être tendre et prévenant, c'est être empathique et d'oeuvrer à son bien être autant que le sien. En outre, Marthe perpétue le souvenir de ses proches grâce à sa culture et sa langue. Ça dénote à quel point culture, cercle social et langue sont interconnectés quand à notre identité.




À partir d'ici, il y aura des divulgâches.




Le Vivre-ensemble est un autre enjeu important. On apprendra vers la fin, mais on peut le deviner quand on connait son Histoire, que Marthe est juive et a survécu aux horreurs de la seconde guerre, mais au prix de son pays, de sa famille et sa langue. Elle ne se plaint jamais, mais le souvenir des siens demeure, ainsi que sa culture. le conflit de la seconde guerre, qui est bien des choses, est surtout un formidable échec de Vivre-Ensemble. En outre, les diverses situations des chiens tels que Ché, Nirvana ou Einstein sont d'autres exemples de Vivre-Ensemble déficitaire. Certains humains ont de piètres habiletés à coexister avec les autres, animaux inclus, les traitant même comme des êtres vivants de seconde importance. J'ai tendance à penser que la manière de traiter un animal est très révélateur de la façon des gens de considérer autrui. Il est intéressant, enfin, de voir comme les solitudes des chiens tout comme celle de Marthe se font écho.




À travers cette histoire, on voit également une forme de guérison et de résilience. Les chiens de "Ni Dieu Ni laisse" vont apprendre à surmonter leur abandon grâce à leur réunion et leur solidarité. Avec Bernard, ils auront l'occasion de faire un coup d'éclat en libérant des chiens de refuge, ce qui met en évidence leur pouvoir d'agir. En se faisant adopter par Marthe, ils redeviennent les chiens de foyer qu'ils ont été et renoue avec le quotidien douillet, où ils et elles peuvent donner libre cours à leurs passions. À bien des égards, ces chiens là sont très humanisés. Ils passent donc de cyniques et désoeuvrés à actifs et à l'opinion davantage nuancé. On gagne à s'intéresser aux autres, la preuve!




Toute cette histoire met en relief notre rapport aux animaux, surtout nos animaux domestiques. Nous sommes dans leur perspective, ce qui donne lieu à des expressions "canisées" et des besoins légèrement différents des humains. Surtout, on remarque assez bien qu'il leur en faut beaucoup moins que les humains pour être heureux. Un Chez soi, de quoi se nourrir et une famille aimante, c'est généralement ce à quoi ils et elles aspirent. Il y a donc un peu d'humilité à tirer de cette histoire. Bien sur, on retrouve l'abandon comme enjeu, qui n'est pas anodin quand on sait que les chiens sont tout-à-fait sujets à vivre le deuil lié à l'abandon. Également, il convient de regarder plus largement la manière des humains d'habiter le monde, avec les autres vivants. Pas facile de vivre avec les humains et leurs nombreuses contraintes. Il n'y pas beaucoup d'alternatives: Ou on est animal domestique et propriété de X humain, ou on est vagabond et indésirable. Bref, il y a de quoi cogiter sur les interactions entre humains et animaux, qui sont nuancés, bien entendue.




Enfin, côté texte, ça se lit vraiment bien. Il y a pleins de traits d'humour, un français élégant et même des illustrations. Elles ne sont pas dans ma palette de gout - je n'aime pas les couleurs qui bavent par dessus les traits, je trouve ça très brouillon - mais la couverture me revient plus que les illustrations en noir et blanc de l'intérieur du livre. Ça regorge aussi de mots sophistiqués et/ou vieillis, car Marthe aime employer des mots dont l'usage se perd. La narration est à la première personne, tenue par Bernard.




Il y a définitivement de la pertinence dans cette histoire. Elle finit d'ailleurs vraiment très bien, en ce sens où tout le monde y gagne, mais avec quand même quelques petits irritants de la part de chiens, qui n'ont plus une totale liberté ( dont la laisse) . Une fin que j'aime bien, vu son côté réaliste. Les situations parfaites n'existent pas. Comme le tout est accessible autant sur le texte que les enjeux, je le place en littérature intermédiaire, pour le 3e cycle, les 10-12 ans, mais les 8-9 ans habitués de la lecture et qui ont une âme sensible devraient apprécier aussi, je pense. C'est une histoire où les chiens et les humains ont des choses en commun et des choses à s'apprendre, où on gagne à s'ouvrir aux autres et s'y intéresser de plus près.




Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans+.




Catégorisation: Roman Fiction française, littérature jeunesse intermédiaire, 3e cycle primaire, 10-12 ans
Note: 7/10
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Incontournable Juin 2023


Je craque complètement pour ce superbe album sur la thématique de la ruche, qui est tout à la fois documentaire et fiction. C'est définitivement mon livre sur les abeilles préféré à compter de tout-de-suite! J'espère que madame Jouffroy aura envie de poursuivre sa carrière illustratrice encore longtemps pour nous donner ce genre d'univers riche et adorable aussi pertinent que dynamique.


Dans cet album, nous suivons des abeilles, elles nous parlerons, sur le ton de la conversation, de leurs divers rôles. Elles expliquent qu'elles auront toutes ces rôles durant leur vie, non, mais quelles petites polyvalentes! Les abeilles sont de notoriété connue pour leur travail et leur organisation sociale élaborée, mais je n'imaginais pas un tel nombre de rôles.


Fait intéressant que j'ignorais, les abeilles mâles n'occupent qu'un rôle, celui de reproducteur. En conséquence de quoi, en membres peu utiles et actifs, il arrive souvent qu'ils soient rejetés de la ruche à l'arrivé de l'hiver. Ils n'ont pas de dard, alors même pour assumer la sécurité de la ruche, ils ne sont pas aptes.

Voici les rôles que les abeilles nous décrivent:

Butineuse: Farfouilleuse de fleur, elle récolte les ingrédients du miel et permet du même coup la reproductions des fleurs. Elle récolte le pollen en lui donnant une forme de pelote, aspire le nectar des fleurs et ramène même de l'eau, le tout, à la ruche

Gardiennes: Contrôle les entrées pour éviter les intrusions et défendent la ruche en cas de danger.

Ventileuses: Battent des ailes pour créer des courants d'air afin d'aérer la ruche.

Magasinière: Récupèrent le nectar et le pollen. Elles gèrent leur conservation et "cuisine" le nectar, qui devient le miel.

Maçonnes: Fabriquent de la cire et construisent les alvéoles qui servent à conserver le nectar et le pollen.

Faux-bourdon: Mâles abeilles, ne font rien, tentent de se reproduire lors de l'envolée nuptial des jeunes reines, mais n'y parviendront pas tous.

Couvain: Zone où la reine pond des œufs toute la journée ( soit 2000 par jours ou 1 œuf par minute).

Nourrice: Fabrique la gelée royale, nourriture des bébés et des reines. Veillent sur les bébés abeilles, durant les quatre stades de sa vie, soit: œuf, larve, nymphe puis abeille.

Nettoyeuse: S'occupe de la propreté des alvéoles.

Nous suivons plusieurs abeilles pour chacune des catégorie de travail et elle s'expriment avec des bulles, quand dans la BD.

À la fin, on voit des abeilles dans leur chambres alvéolée parler d'apiculteurs, ses "géants en armure qui installe les abeilles dans des ruches en bois, veille sur elles, les protègent des prédateurs et des maladie en échange de leur miel.

À la toute toute fin, sur la page de garde, on a une petite troupe d'abeilles qui jouent de la musique avec d'autres insectes et qui se disent "avoir peut-être envie d'autre chose". Un petit clin d’œil davantage adressé aux petits lecteurs sur l'importance d'avoir ses propres projets, qui ne sont pas forcément ceux du groupe.


Les illustrations sont une grande partie du succès de sa formule. Les abeilles et leur ruche sont dépeint de façon humanisé. Il y a des cordes à linges, des jouets dans la garderie, des petits coins douillets, des décos de Noël, des vêtements et des accessoires un peu partout. On se croirait dans une grand maison très peuplée, mais tellement confortable et chaleureuse. Quand on est à l'intérieur, tout ce qui est externe à la ruche est noircie, sauf les abeilles, alors que lorsqu'on parle de l'extérieur, ce sont des champs des plans de ciels sous diverses saisons.


C'est bourdonnant de vie et d'humour, avec une reine un peu pet sec qui pond continuellement, des ouvrières toutes rondouillettes de diverses formes qui ont chacune leur petit accessoire de tâche et le tout est superbement vulgarisé. J'adore les pages de garde du début, une véritable toile de photos de toute formes, de dessins, de pamphlets, d’instantanés et de macarons, tel un babillard collectif pour les abeilles.


Un gros coup de cœur que j,espère voir se multiplier car cette formule hybride entre le documentaire et l’histoire est facile à suivre, réellement intéressante et plus ludique que le strict profil informatif que je vois d'habitude en doc jeunesse.


À mettre joyeusement dans toutes les petites mains sur ces exceptionnelles petites créatures que sont les abeilles.


Pour un lectorat débutant, 6-7 ans, en lecture accompagnée et intermédiaire, 8-9 ans pour lecture seule.
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date : 24-06-2023
Incontournable Album ado Avril 2023


Je viens de réaliser que je n'ai pas encore fait la critique de ce nouveau membre paru en Avril de la fratrie Griff, une collection d'albums de la maison De L'isatis que je suis assidument, et pour cause! Il s'agit d'une des rares série pensée et dessinée pour nos ados. Qui plus est, cette fratrie n'a pas froid aux yeux: Nombre de sujets qui y sont abordés sont percutants, sensibles et tellement nécessaires. Je ne réitérerai jamais assez que nos jeunes ne sont pas stupides et ils me semblent même conscientisés de plus en plus tôt. Nous gagnerions et nous gagnerons à les prendre pour ce qu'ils sont, en réalité: Des acteurs sociaux, de plus en plus actifs, curieux et déjà si impliqués.


Cet album-ci, pour le résumer, propose une idée, celle où les hôpitaux ne sont pas des endroits tristes et déprimants, mais surtout des lieux de combat, de lutte peuplés d'optimistes. Ce sont, au-delà de la douleur et des diagnostics, des fabriques de résilience, d'espoir et d'expériences. Bien sur que nous ne souhaitons à aucuns jeunes, enfants, ados et jeune adultes, de se retrouver en ces lieux, mais il y en aura toujours. La Santé n'est pas affaire de classe sociale ou d'ethnies, elle touche tous les groupes. Mais n'est-il pas alors opportun de revoir notre vision des endroits où la lutte pour la santé sera menée? De voir les efforts déployés, les victoires et l'extraordinaire empathie qui se déploient dans les hôpitaux? Changer le paradigme, pour porter un message davantage constructif? Peux-être qu'ainsi, notre peur de la maladie et de la mort sera moins dommageable pour ceux et celles qui vivent avec une maladie? Pas seulement dans les hôpitaux eux-même , mais aussi dans les endroits du quotidien comme les écoles? Peux-être se sentiront moins exclus, moins stigmatisés, eux, ces "malades"? Malades, oui, mais "combattants", "rebelles" et "courageux". Ne sous-estimons pas la puissance des mots. Ils sont porteurs de vision. Il serait temps que notre vision des hôpitaux, de la maladie et des gens qui la vivent, change et évolue.


Ce que j'ai vu dans cet album, je l'ai vu aussi dans la vraie vie. La maladie transforme. Elle fait murir, elle ramène à l'essentiel et sollicite des forces qu'on ne se croyait pas détendeurs. Il y a des trésors insoupçonnés de force et de résilience en ces jeunes. Ce n'est vraiment pas facile, cela va de soi. Tous ne gagneront peut-être pas la guerre contre leur maladie. Mais j'estime que nous gagnons à apprendre de ces jeunes, de leur histoire et de leur philosophie. L'autrice signale d'ailleurs à la fin de l'album à quel point la rencontre avec le jeune homme qui a inspiré cet album fut marquante. Je trouve émouvant de voir son héritage passer par un livre pour les ados. C'est bien l'une des grandes richesses que nous avons de pouvoir garder en mémoire et en papier les histoires enrichissantes et les personnalités inspirantes.


L'histoire présente est aussi teintée de cieux constellés. Je me faisais la réflexion en regardant la couverture: Le cerveau humain possède encore à ce jour plus d'espace et de performance que le plus puissant des ordinateurs. Un microscopique univers, finalement! Dans l'album la présence du thème spatial est liée à cette "Étoile noire" qui vit dans la tête du personnage. C'est une allégorie pour parler du cancer malin qui récidive et menace. Pour les amateurs de Star Wars, on peut dire aussi que les combattants contre le cancer sont "les rebelles contre l'Étoile Noire".


Dans un autre ordre d'idée, le regard des autres a son importance. Face aux malades, le regard des autres peut être une source de stress. Comme nous parlons peu de comment faire face aux malades et souvent évitons aussi d'aborder le sujet, la maladresse est assez inévitable. Comment parler d'une maladie aussi grave? Comment se montrer supportant? Est-ce normal de vivre un malaise face aux gens atteint de maladie, surtout les plus graves? Que dire? Que faire? Comment employer notre regard sur ceux qui portent des stigmas? Est-ce que sont réellement des stigmas ou plutôt des marques de guerre? Des preuves que le combat se poursuit? Est-si difficile à regarder parce que ce qui est a priori invisible prend soudain une forme visible? Des questions qui demandent des discutions et donc, de l'éducation.


En sciences sociales, on dit souvent que la première étape nécessaire pour traiter un enjeu social est sa reconnaissance. Il lui fait un nom reconnu et surtout, il lui faut une tribune. La maladie a toujours été un enjeu social ( et de santé) , mais quand il s'agit de maladie à haut potentiel de décès, il devient alors souvent tabou. Là est le problème, je pense. Moins nous en parlons, moins nous comprenons et de facto, moins notre attitude et notre soutient envers ceux et celles qui vivent des situations de maladies graves est adéquate. Plus nous craignons tout ce qui s'y rattache et plus l’isolement de ces gens est à craindre. Par ailleurs, faire comme si la maladie n'existait pas ne le fera jamais disparaitre. Il importe donc de parler de maladie, que cela via la fiction comme ici, que dans les milieux, comme les écoles et les foyers. Le simple fait de le voir dans les romans et les albums jeunesse augmente sa tribune et donc sa reconnaissance.


Enfin, l'album met en lumière les gens "autour": Les parents, les intervenants de la santé et sociaux, les amis, les bénévoles, pourquoi pas? Ces gens qui vivent la maladie en parallèle, pour qui la souffrance est bien réelle et qui vont mener la lutte aux côtés de ceux et celles qui vivent la maladie en question. La force que ces gens trouvent est admirable. Bien sur, il y a des moments difficiles et des moments de découragement. Cela dit, imaginez combien il doit être moins ardu pour les malades de se sentir soutenus et aimés à travers l'adversité? Imaginez combien, par amour pour leur proche malade, des gens sont capables de surmonter des moments aussi éprouvants? Imaginez maintenant si plus d'acteurs sociaux soient capable de bienveillance envers eux, en dehors des hôpitaux. Qu'on parle d'eux non pas comme de victimes, mais aussi comme des combattants? Quand aux médecins, infirmiers, travailleurs sociaux, spécialistes, chercheurs, tous ces professionnels qui ont fait le choix de travailler à lutter contre les maladies, ils y "croient". Alors, eux aussi, ce sont des "rebelles", qui ne se contenteront pas d'un "il n'y a rien à faire" défaitiste ou " on y peut rien". Ils ne se contenteront pas d'un statu quo. Il y a tout un univers de gens en lutte contre les maladies et pour la santé.


Bref, je trouve cet album inspirant, optimiste et teintée d'une certaine poésie, avec toutes ses étoiles et ce vocabulaire rafraichissant. J'aime beaucoup cette idée "D'antres de rebelles", bien mieux que "lieux déprimant pour mourants".
Changer les choses passe aussi par un changement de mentalité et de perception et c'est cela qui est touchant de cette histoire. Nos jeunes qui vivent malades méritent bien qu'on aborde collectivement cet inconfort que nous avons face à la maladie et que nous aillons une meilleure compréhension de leur situation. Nous aussi pouvons devenir un peu plus "rebelles", pour eux. Nous en sortirons grandis et briserions du même coup un vieux, mais tenace, tabou.


Une autre belle œuvre pour la collection Griff, aux illustrations aussi sobres que poétiques.


Pour un lectorat adolescent, premier cycle secondaire, 12-15 ans+
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"Plus de peur que de mal" est un recueil de nouvelles qui, sans être ouvertement "épouvante" ont tout-à-fait une inclinaison en ce sens. Ces histoires courtes sont malaisantes et n'en déplaise à la 4e de couverture, si le livre ne fait pas de mal, les personnages auront très certainement mal. Quel étrange petit livre. Sa couverture bleue marine, sur laquelle pose un oiseau ( apaisé ou mort?) ne laisse pas non plus réellement sentir sa fibre "épouvante", mais après lecture, ces histoires sont parfois sordides, parfois angoissantes et d'autres frissonnante. J'estime donc qu'on a de quoi intriguer nos amateurs et amatrices des romans "sombres".


Voici quelques précisions sur les nouvelles ( qui contiennent certains précisions légèrement divulgâchantes):

"Pop citrouille", narration au "il". Une femme amatrice d'Halloween taille un peu malgré elle une citrouille au sourire angoissant, comme si le crayon et le couteau utilisés pour l’apprêter obéissait à une volonté étrangère. Ce légume se met à changer de place dans la rue de Manon, notre personnage, et plusieurs autres personnages subissent d'étranges, mais désagréables manifestations. Sifflements grossiers, grabuge, invectives, le légume maléfique semble animé par autre chose...mais de combien, exactement?


"Le crâne", narration au "je". Une enfant va chez sa tante pour y être gardée. Elle regarde la télévision au sous-sol, mais elle est malaisée par le crâne humain placé juste au-dessus. L'enfant perçoit que ce crâne est affamé et se met à lui faire offrande de ses collations. Cela fâche sa tante, maniaque de la propreté. Maintenant sans ses petits encas, la jeune fille craint son courroux. Alors, imagination infantile ou vérité?


"Grand-mère et l'oiseau" ( qui a inspiré la couverture, j’imagine), narration au "je". Une adolescente reçoit un cadeau quelque peu fantasque de la part de son père, qui ne la ravie pas du tout: un canari. Si le pauvre oiseau subit la négligence des habitants de la maison, c'est aussi parce que la grand-mère est venu habiter avec la famille et qu'elle monopolise beaucoup de temps et d'énergie. Megan observe sa grand-mère changer de personnalité, se tromper, oublier, s'égarer. Elle qui d'abord était dégoutée par la présence du canari semble maintenant l'observer d'un peu trop près jusqu'au jour où...son dégoût devient "goût". Littéralement.


"Oiseaux de malheur", narration au 'il". Daniel Fortin est un "gagnant", à entendre pleins d'argent, snob, égo-maniaque et indubitablement enfoncé dans ses obsessions. Un type qui veut toujours plus et qui se croit supérieur de ce fait. Il met la mains sur un daguerréotype qu'il estime être le portrait d'un homme important. Il se met à obséder sur son identité secrète. Dans l'entre-fait, des oiseaux, des corbeaux, semblent tenir conciliabule sur les branches qui jouxtent sa fenêtre. Pour ceux qui connaissent leurs classiques, peut-être y verrez-vous la fin venir du fait de la présence des corbeaux. Car L'homme sur la photo connait bien ces oiseaux: un des classiques de la littérature qu'il a écrit porte son nom. Une chose est sur, sa précieuse découverte, l'homme narcissique n'en jouira "jamais plus!".

"Le sens de l'humour", narration au "il". Véronique est une jeune femme dynamique, appréciée, belle et célibataire. Il est temps pour elle d'aller sur la marché à viande des réseaux sociaux de rencontre. Elle a des critères strictes - après tout, elle mérite ce qui se fait de "mieux" - et quelque temps après, elle a un "Élu" qui se dégage des autres. Il est beau, il est séduisant, il a le sens de l'humour. Comme c'est d'humour dont il est question, il s'avère que "le marché à viande" est tout à propos dans son cas, car son prospect noctambule, étrangement trop beau et qui a passé sa soirée à s'inquiéter de la présence d'ail dans on plat, a un sens de l'humour pour le moins...mordant.


"Quelques ennuis domestiques", narration au "il". Gilles Laporte vit avec sa conjointe, qui le supporte de moins en moins, et pour cause! Il peut se montrer incroyablement agacé pour des broutilles. . Cette fois, il s'agit de la présence d'un chat roux qui fait son territoire à coup de jet d'urine sur les terrain des alentours. Tellement à son obsession pour ce chat, auquel il prête des intentions narquoises, Monsieur Laporte ne se rend pas compte qu'il y a un autre chat, au sens figuré, qui ne souhaite que sortir de son sac.


"Tout inclus", narration au "il". Madame Fournier s'achète un "gratteux" ( un billet de loterie à gratter) et gagne un prix: Un voyage dans les caraïbes, pour un séjour "tout inclus" d'un genre nouveau. En effet, l'endroit à la fine pointe de la technologie propose un univers écoresponsable pour les retraités exclusivement. Fini les enfants , mineurs ou majeurs, encombrants. On propose des repas ultra-copieux, avec des viandes d'une extrême tendresse et incroyablement assaisonnées sur des buffets de plus en plus généreux. On propose des séances de barbotage aux clients dans des boues aromatisées, suivis de massages. Seulement, les visites hors du Resort sont absentes. Les orgies de nourritures deviennent rapidement excessives et les touristes se sentent gavés, mais le personnel insiste. Les "boues" semblent laisser sur eux des odeurs impossible à retirer et les massages sont quasiment douloureux tant ils pétrissent la chaire. Vous le voyez venir? Si si, lisez entre les lignes. ^^ Les mots à retenir: "pas de gaspillage". De quoi devenir végétariens.


Je remarque, après avoir élaborer ces résumés, qu’une certaine récurrence des traits obsessifs reviennent sous diverses formes, ainsi que des traits égocentriques. En tout cas, ils en ont payé le prix, certains très chèrement! Il est intéressant de voir le matérialisme, la futilité et l’impulsivité se retourner contre ces personnages. Certains ont même des idées pas très glorieuses comme cette ado dans la première nouvelle qui croyait s'être fait siffler par un gars de la construction ou la femme en quête d'un époux qui parlait de ses années antérieures comme étant "gaspillées". À bien des égards, ces personnages ont des "travers" très typiquement humains dont nous serions bien avisé de ne pas développer.


Hormis la nouvelle de la citrouille machiavélique, qui était amusante dans un sens et celle sur le chat roux n'était au final qu'un aveuglement qui tourne au jeu de forme et couleur, les autres finissent mal. La dernière nouvelle coupe carrément l'appétit. Si j'ai pu en deviner quelques unes - mais relativisons le fait que j'ai des milliers de livres au compteur, cela aide un peu à entrevoir certains indices - je pense que le lectorat ado ne pourra pas deviner facilement certaines de ces histoires. Le propre d'une nouvelle étant généralement de surprendre, je pense que l'autrice y parvient bien. Certaines laissent planer le doute jusqu'à la fin. La plupart se servent des décors pour planter le malaise, mais certaines se servent de la personnalité du personnage pour articuler la fin: L'ado négligente qui va devoir vivre avec la mort de son oiseau et l'homme cupide, qui ne pourra jamais se vanter de sa découverte puisqu'un oiseau lui a volé sa trouvaille ( et donc se fait voler "sa victoire"). La plupart sont des fins ouvertes dont on peut deviner la suite. Seule la dernière est si ouverte qu'on ne saura pas exactement la suite - quoiqu'elle ne promet pas d'être heureuse.


Sur un autre ordre d'idée, j'ai eu du mal à cerner son lectorat. Les personnages sont presque tous adultes. Il est parfois question de sujet ou de contexte typiquement adulte. Sa maison d'édition le place néanmoins en littérature jeunesse, alors je le place en littérature adolescente, ne serait-ce que pour les sujets traités, les références aux classiques littéraires et le niveau de violence de certaines histoires. Néanmoins, une part de moi apprécie le degré de sérieux du livre. Il y a des traits de personnalité peu glorieux, des finals réellement perturbants et des choses qui, avec une deuxième lecture, prennent alors un sens nouveau.


Je réitère ici quelques petites indications que je traite souvent: Les livres ayant des format petits ont un avantage pour certains lectorat comme les étudiants allophones en processus de francisation et les lecteurs ayant des défis en lecture ou sont raccrocheurs en lecture. La formule de nouvelles a aussi cet avantage. Une histoire plus courte est perçue moins "difficile", ce n'est peut-être pas forcément vrai, mais cette perception influence certains groupes de lecteurs. Donc, pour mes profs et parents qui se cherchent des idées de livres pour ados pas trop gros, avec plusieurs histoires, bien écrites et surprenantes ( avec en prime un certain deuxième degré sur lequel on peut formuler des réflexions), voici de quoi vous intéresser.

À voir.

Pour un lectorat adolescent, premier cycle secondaire.


**Même si les histoires sont "Horribles", vous ne trouverez pas de violence graphique, de sexe explicite ou de passages scabreux. On reste dans l'inférence.
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Incontournable Juin 2023


La maison québecoise Planète rebelle a décidé récemment de se lancer dans les romans. Ce petit recueil en fait parti, il s'agit de mon second livre de cette maison. Monsieur Fortin nous propose une incursion dans les histoires de peur qui ont des airs de légendes campagnardes, inspirées des récits d'épouvante que se racontent les scouts de différentes villes ( autours d'un feu, bien souvent et préférablement une nuit sans lune) . Non seulement elles sont variées, elles sont aussi étonnamment à la page, notamment en matière de technologie. Fait notable, la narration alterne entre les récits au "il" et les récit au "tu", sur le ton de la confidence et de la mise en garde.


Il y a un peu de tout dans ce recueil. On a des histoires d'esprits et de fantômes, des histoires où d'affreuses coïncidences convergent ensemble, où des cellulaires deviennent des outils de mort, où des êtres surnaturels utilisent les mortels à leurs fins et où des lieux en apparence anodins deviennent des scènes de crime.


Le tout se lit aisément et il est facile de se faire une idée de ce qui se déroule dans chaque histoire. Les décors sont divers et les situations variées également. le ton de connivence de certaines histoires laisse davantage de proximité avec le lecteur, car c'est à lui qu'on parle. Il y a aussi, à la fin de chaque histoire, le nom de la "meute" ( les scouts étant des "Louveteaux", groupes des 9 à 11 ans) est inscrit avec le nom de leur ville.


J'aime bien ce petit livre au petit format, qu'on peut lire sans souffrir d'interruptions puisqu'il y a plusieurs histoires courtes ( quelques pages). Bien sur, j'aurais tendance à confier ce livre aux initiés du genre, moins aux néophytes. Ce sont des histoires suffisamment terrifiantes pour rendre mal à l'aise. C'est le but, après tout.


Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans.
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date : 12-06-2023
La maison d'édition québécoise D'Eux fait entrer un nouveau classique dans sa collection de romans, après "Le Cygne", de Roald Dahl et "Sudie", de Sara Flanigan. La nouvelle "Matin brun", de Franck Pavloff, est publiée pour la première fois en décembre 1998. Les illustrations de cette version de 2023 sont de Barroux.


Deux amis sirotent leur café en échangeant des paroles sans vraiment s'écouter. Mais quand Charlie avoue avoir fait piqué son chien, le narrateur est quelque peu surpris. Il y a un mois, il avait fait de même pour son chat, qui "avait eu la mauvaise idée de naître blanc taché de noir". Les scientifiques donnent tout un tas de raisons pour expliquer pourquoi il fallait garder que les chats buns. Que les bruns. Et maintenant, voilà que Charlie a du faire de même avec son labrador, parce qu'il "ne pouvait pas le faire passer pour un brun". Au début, le malaise est léger. Bah, ils doivent savoir ce qu'ils font. Un journal ferme pour de bon. Ils allaient à l'encontre des mesures nationales et remettaient en cause les résultats scientifiques. Bah, là, fallait pas jouer avec le feu...mais quand même, qu'allait-on lire maintenant? Les "nouvelles brunes", parce qu'il n'y a plus que ça. Puis, ça été les bibliothèques, dont certains ouvrages proposaient des histoires où le mot "brun" n'était pas mentionné après "chien" ou "chat". On se donne des raisons, on change notre dialecte. Le mot "brun" est partout. Et puis, à un moment donné, on lorgne d'un mauvais œil ces gens qui ont déjà eu un animal qui n'était PAS brun. Oui, parce que "C'est pas parce que qu'on aurait acheté un animal brun qu'on aurait changé de mentalité, ils ont dit"...


"Ils", cette entité sans nom qu'on devine politique, qui lentement, mais surement, impose leur façon de voir et leur façon d'être. Ce "ils" qui s'invite d'abord sur la scène publique, mais qui sournoisement, s'infiltre sous les toits des maisons et dans la tête des gens. On encourage à dénoncer. On musèle les contestataires. On restreint sous couvert de préserver la paix sociale. On se donne des motifs scientifiquement prouvés ( mais à quel point le sont-ils?). D'une petite restriction ,on atteint progressivement l'étouffante dictature.


Mais que pensez ce ces citoyens, qui sont restés silencieux? De leurs raisons? De leur façon de conforter dans leur certitudes? Oui, mais il y a le rythme de vie, la routine, on n'a pas le "temps" d'y penser. Et puis, "ils" ont des raisons recevables, fallait pas chercher inutilement le trouble. La malheureuse vérité des régimes totalitaires à travers l'Histoire, c'est que la population était en grande partie complice, que ce soit par sa passivité soumise ou sa participation active. Derrière ses mouvements, il y a des mécanismes bien huilés qui endorme la vigilance, alimente la pensée collective en sabotant doucement la pensée individuelle, des mensonges sous couvert de science et d'études, des stratégies malhonnêtes. Et il y a de la peur. Beaucoup de peur.


Ce qui m'a semblé particulièrement fort dans cette œuvre troublante, mais pertinente, alors que beaucoup d'autres œuvres s'intéressent aux dictatures déjà imposées dès le début du livre, c'est qu'ici, nous la voyons grandir. Nous la voyons par le prisme du citoyen lambda, nullement tyrannique ou vendu, mais comme nombre de gens dans l'Histoire, incapable de concevoir qu'on puisse atteindre une dictature. Il sans doute humain de ne pas anticiper au pire, mais il serait aussi important de cultiver une saine méfiance ou un esprit critique pour ne pas devenir si facilement exploitables. Les deux personnages ne se remettent pas en question, ils banalisent et minimisent les changements dont ils sont témoins. Sans le vouloir, ils se rendent complices de cette lente progression totalitaire. Ce n'est pas grave tant que ça ne les concerne pas. Il est là le danger. Du moins, un des dangers.


Je pense qu'un des malaises qu'on peut développé avec une lecture pareille est le suivant: Et si c'était nous? Si ça arrivait chez nous, ferions-nous mieux? Serions nous critiques du système ou indifférent? Ou serait notre limite?


Je trouve remarquable qu'un si petit livre puisse contenir en quelques pages autant de profondeur et de mise en garde. On parle de censure, on parle de résistance, on traite d’Homogénéisation, d'effet de groupe et de différence ostracisée. Et je trouve amusant que ce soit pour une question aussi banale que celle d'une couleur, puisque c'est souvent pour des motifs en apparence banale que des décisions ont été prises par des entité politiques aux aspirations totalitaires. Reste que pour les animaux qui ont été euthanasiées pour une stupide question de couleur de pelage, ça n'a rien de banal. Les deux personnages n'ont d'ailleurs pas eu l'air si désolé de donner la mort à leur animaux. D'entrée de jeu, cet élément est perturbant.


Comme quoi les petits pots contiennent souvent de bons onguents, ce petit livre illustre à quel point la taille d'un livre ne devrait jamais être un critère d’excellence. J'ai déjà hâte de le promouvoir à mes lecteurs moins habiles pour qui la taille est justement un enjeu, tout comme mes jeunes amateurs de dystopie.


Les illustrations ne sont pas trop dans mes goûts personnelles, mais elles servent bien le roman et j'apprécie que des romans destinés aux ados commencent à en avoir. Il va bien falloir qu'on cesse d’oblitérer les illustrations pour les lecteurs plus vieux, alors que les lectorats plus jeunes en ont systématiquement.


Une belle trouvaille, remise au gout de jour par la maison D'Eux.


Une idée de roman à mettre dans les écoles secondaires? À voir.


Pour un lectorat du premier cycle secondaire, 12-15 ans+
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Incontournable Mai 2023


Il fallait bien que ça arrive un jour: je veux dire, après son moment de gloire au cinéma, merci à Tom Hiddleston pour l'avoir incarné de manière si divertissante, voici que débarque en littérature jeunesse en tant que premier personnage, le "Primo Personae" ( aucune idée si ça se dit, mais ça sonne bien!), la Diva du moment et le protagoniste anti-héro par excellence, le sublimissime, l'incontournable et le moins modeste d'entre tous les Asgardiens, j'ai nommé: Loki, Dieu des calamités, de la ruse et du chaos ( entre autres appellations), Dieu D'Asgard de son état. Il n'en faut pas moins d'une introduction en règle pour un tel personnage.


Une fois est définitivement coutume dans son cas, Loki commet une action fâcheuse sur la personne de la déesse Sif en lui coupant les cheveux ( entre autre, certains détails ne seraient pas appropriés pour les chastes oreilles du lectorat intermédiaire, tout de même). Odin décide que c'est la goutte qui fait déborder le pichet de bière et imagine une punition "mortelle". Loki deviendra, le temps de sa punition sur Midgard ( notre monde de "mortels), un presqu'ado de 11 ans, dans un corps ingrat plutôt môlasse qui ressemble vaguement au sien, en beaucoup moins classe. Je ne l'invente pas, c'est en page 14, illustration à l’appui.


Le roman est donc le carnet magique dans lequel Loki devra consigner ses actions et ses pensées durant le mois à venir, qui peut lui répondre et apporter des modifications au besoin, en cas de mensonges surtout. En début de chapitre, vous trouverez le "pointage" de Loki, qui est situé à -3000 et qui va passer la majeure partie du carnet à décroitre au rythme des conneries que fait Loki. Afin de garder un oeil sur son enfant terrible, Odin mandate Heimdall, le Dieu protecteur du pont arc-en-ciel et entrée d'Agard, qui déteste Loki, ainsi que Hyrrokkin, une géante qui possède un char dont les reines sont deux serpents. S'ajoute à leur "famille" le très tape-à-l'oeil et proto-Mâle Alpha en personne, Thor, Dieu de la foudre et des éclairs et accessoirement frère adoptif de Loki. Durant son séjour, Loki passe la majeur parti de son temps à faire la mauvaise chose ou s'apitoyer sur l'injustice de sa situation. Tout-de-même, s'il ne parvient pas à passer à un score de +3000 d'ici la fin du mois, son sort consiste à passer l'éternité en compagnon d'un serpent ( Ce supplice est "véridique" et implique même la femme de Loki, Sygin, qui utilise une coupe pour cueillir le venin qui goutte vers son époux, mais comme il faut la vider une fois de temps en temps, forcément, Loki en reçoit sur le visage dans l'intervalle, dont les hurlement de souffrance font trembler la terre. On rigole tous les jours à Asgard!).


C'est une lecture conçu pour être drôle et même un peu satyrique sur les bords. J'y ai vu beaucoup de contre-psychologie, des réalités humaines moqués ( comme notre dépendance maladive aux écrans et nos codes sociaux parfois débiles) et il contient des références amusantes. Bien sur, il existe donc un degré d’absurdité dans ce récit, ce serait-ce que par la bêtise des personnages, pourtant figures mythologiques des vikings et donc normalement violent, rusés et sur-puissants. Rien de tout ça ici. Même les géants des glace, traditionnellement des ennemis des Asgardiens, sont assez tartes, employant des plans de kidnapping foireux impliquant des sacs à patate et des ruses d'enfants. Il ne faut donc pas espérer y trouver quelque chose de très concordant avec la réelle mythologie nordique, on est pas trop dessus. Néanmoins, l'univers rappelle celui qu'en ont fait Marvel avec les super-héros Avengers, dont Loki en est le premier antagoniste. On a le même duo Thor/Loki chamailleurs, incapable de travailler en équipe sans se faire des crasses ensuite, mais dont on sent la cordre fraternelle résonner légèrement. Tout comme dans les Avengers, Thor est dépeint comme le beau gosse puissant, mais bêta, alors que Loki est roublard, mais trop diva. Ils sont ici dépeint comme des frères en rivalité, mais dont les frustrations de Gros Mâle Alpha traduisent surtout une incapacité à verbaliser leur ressenti et communiquer de manière efficace. En cela, Loki et Thor sont assez typique de certains gars dans le monde réel, je trouve.


Thor, parlons-en, c'est l’archétype bien connu du Duch-Bag blond à carrure de joueur de football américain, soit le "beau" gars qui muscle son corps, mais pas sa tête, se trouve drôle avec son humour anal et pour une raison étrange ( là dessus je comprend Loki) ça plait à moult humains, garçons comme filles. D'ailleurs, merci à l'autrice de donner aux gars la chance de baver sur Thor au même titre que les filles, ça fait changement! Thor n'est peut-être pas un benêt pur et dur, mais disons qu'il manque de stratégie et de clairvoyance. Il a clairement de la colère pour son frère égocentrique et chroniquement machiavélique, mais on sent qu'il ne déteste pas vraiment son frère. Lui donner le rôle de la vedette de l'école sportive et populaire, c'était prévisible, mais cohérent.


À ses côté, Loki est son pendant contraire. Maigre, le cheveux foncé, le sourire narquois aux lèvres, Loki complote, conspire, ruse et réfléchit. Il se voue beaucoup trop d'importance, en bon narcissique, qui a défaut d'avoir de l'estime personnelle, s'en invente à outrance. En conséquence de quoi il manque de modestie, amplifie ses exploits et se hisse sur tous les podiums, avant de se faire remettre à l'ordre par le carnet ( Grand bien lui fasse, d'ailleurs). Le monde tourne autours de lui et quand il n'est pas un être génialissime, il est une victime. Loki est drôle pour toutes ses raisons. Il se fait souvent des réflexions dans le fond censées, mais la forme, immorale. Ce qui le sert LUI est forcément estimable. Il voit en noir ce qui est en blanc, prend pour "bien" ce qui ne l'est pas. Il me rappelle Megamind ou encore Dark Lord ( trilogie de romans jeunesse intermédiaire qui a fait sensiblement comme ce roman, mais avec une version ado de Sauron, Seigneur des anneaux de Tolkiens). Bref, un anti-héro qui doit tendre vers la bienveillance. Tout un paris! Je remarque aussi un élément de Loki que j'apprécie: La question du genre. Loki est un métamorphe, il a donc déjà été animal ou autre dans les DEUX genres. Pour lui, la question d’attitrer des choses aux genres ou pire, de "viriliser" le genre masculin est absurde. Aussi, Loki observe des choses des humains sur lesquelles il voit juste. N'oublions pas que s'il a une notion du mal clairement déphasée, il reste généralement malin.


Je glisse un mot sur Valérie, personnage féminin secondaire de son état, qui croit aux extra-terrestre, trippe équitation et trouve nos deux héros louches. Elle est du genre marabout et détonne par arpport aux autres, mais c'est cette différence qui la rend attachante. Attention, elle n'est pas méchante, elle n'a pas de traits particulièrement communs à Loki ( ce que j'aurais trouvé de mauvais gout), mais elle a en revanche cette faculté à ne pas sombrer dans le fanatisme facile face aux vedettes comme Thor et compères. Bref, je devine assez bien le rôle qu'elle tient face à Loki, c'est-à-dire celui de "modèle positif" et "complice potentielle". Mieux encore, elle ne tient pas le rôle de la "petite amie". Petit détail important pour la représentation de la communauté LGBTQ+, Valérie a deux mamans.


Il m'a néanmoins semblé "facile" la prise de conscience de Loki vers la fin. Il aura passé tout le roman a faire de travers et là, dans une révélation digne d'une épiphanie, il comprend qu'il a merdé.
Mais bon, on s'y attend un peu, car il faut bien que Loki reste dans ce monde pour qu'il ait d'autres tomes, pas vrai? Ce n'est pas un roman qui propose tant un contenu d'action qu'un contenu de contexte: Il y a beaucoup de travail sur la perspective de Loki sur sa situation, sa vie et son identité. Il parle beaucoup et détaille abondamment, ce qui laisse peu d'action au final. Ce n'est pas un constat négatif, au contraire, c'est justement l'idée que de cotoyer le personnage ambigu et complexe qu'est Loki.


Le tout est illustré comme le sont moutl romans de ce genre, tels que Dark Lord, Kate mène l'enquête, Journal d'un dégonflé, etc. Je suis convaincue que mes amateurs et amatrices de journal intime humoristique vont adorer. Les personnages sont drôles, dans un registre graphique simple de traits au feutre noir. Loki a toute sorte d'expressions qui lui vont assez bien. Quand le carnet "parle", le texte est dans un encadré à la bordure sophistiquée et toute sorte d'ajouts graphiques viennent meubler le roman.


Bref, un bon livre pour rigoler et brasser quelques vieux clichés ringards, le tout dans un français qui s'en être poétique, est quand même de bonne qualité. Avis aux amateurs d'histoires déjantés et loufoques qui aurait envie de tâter de la mythologie viking en passant!


Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans ( mais les 9 ans habitués de la lecture peuvent s'y risquer sans problèmes).

Catégorisation: Roman Fantasy anglais, littérature jeunesse intermédiaire, troisième cycle primaire, 10-12 ans
Note: 7/10
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date : 05-06-2023
Incontournable Documentaire Avril 2023


Drapeau rouge: "Ce livre pourrait heurter la sensibilité de certains lecteurs. Nous préférons vous en avertir." P.2


Un nouveau membre pour la fratrie Griff de la maison de l'Isatis et cette fois, il s'agit d'un forme de dictionnaire et abécédaire de 34 mots ( donc il y a plusieurs fois certaines lettres) qui sont des termes "sensibles" ou "coup de poing", dont la charge peut être lourde, mais dont la présence même dans la langue permet d'en parler. Ces termes font généralement frémir les parents en librairie jeunesse et peuvent même constituer des tabous, dans certaines régions du monde. Ils renvoient à des concepts racistes, sexistes ou âgistes, des discriminations donc, des éléments historiques, des théories, des pratiques et des comportements qui font niveler l'humanité vers le bas.


Comme le formule bien l'autrice: " Les mots de ce livre ont de la gueule, peut-être même un peu trop. Ils pèsent lourd dans notre monde moderne et veulent vivre longtemps tout en s'affirmant. Ils peuvent entraîner une foule de maux. [ ...] Aujourd'hui, les mots n'ont jamais autant percuté l'actualité. Qu'ils soient aimés, adorés, maudits ou vilipendés. J'aimerais qu'on se serve de ceux présentés ici pour débattre et échanger. Pour refaire le monde au moyen de discussions animées mais respectueuses. Plus que jamais, nos mots ont le haut du pavé. Ils veulent avoir le dernier mot." P.4


Voici ces 34 mots qui sont aussi des maux:

Âgisme
Avortement
Colonisation
Consentement
Discrimination
Égalité homme/femme
Esclavage
Excision
Vitriolage
Exploitation
Travail des enfants
Fascisme
Féminicide
Homophobie
Génocide
Grossophobie
Harcèlement
Intimidation
Islamophobie
Mariage forcé
Mariage d'enfants mineurs
Minorités visibles et invisibles
Peuples autochtones
Profilage racial
Le mot en "N"
Religions
Sexisme
Incel
Terrorisme
Violence
Violence conjugale
Violence de rue
Violence sexuelle
Xénophobie

Le moins qu'on puisse dire est qu'il y a un sacré rassemblement de mots chargés dans ce petit livre. Néanmoins, je me réjouis de voir des autrices et des auteurs oser ce genre d'oeuvre. Bien sur, ça nous rentre dedans, le contraire serait étonnant. C'est néanmoins ce qu'il faut pour prendre conscience des enjeux auxquels nous faisons tous face, indépendamment de notre pays et de notre culture. le noeud de la guerre est la dénonciation, premier élément important. Tant que le silence persistera et que les gens mal intentionnés persisteront à enfoncer les autres dans leurs délires malsains et leurs croyances contraignantes, nous ne progresserons pas, en tant qu'humanité.


Aussi, un second élément important est la reconnaissance des enjeux et cela passe invariablement par les mots, le "nom". Nommer une chose la rend concrète et permet le dialogue, l'échange et le débat. C'est le premier jalon de sa reconnaissance. C'est toutefois un problème quand les gens ne s'entendent pas sur son existence, comme le racisme systémique, dans ma province, dont certains politiciens et acteur sociaux persistent à nier son existence, ou encore ne savent pas reconnaitre un enjeu, comme le consentement en littérature, trop souvent rendu flou par les romans érotiques et New Romance qui vendent le "non" comme un "non, mais au fond je veux dire oui ". Ce qui mène à un troisième élément primordial: L'éducation. Et c'est justement ce que les livres ont de bien, on peut les employer à l'école comme à la maison, et on peut s'éduquer à travers eux. La littérature jeunesse, quand elle n'est éhontément sujette à censure, peut constituer un formidable moteur de changement social, par l'exposition, la dénonciation ou la diversité des idées.


L'album contient aussi des illustrations aussi symboliques que percutantes - J'ai un faible pour cette pieuvre cagoulée qui jongle avec des armes, représentation du terrorisme. Après tout, son influence a quelque chose de "tentaculaire" et multidimensionnel. La mise en page est aérée et les mots plus "imposants" ou importants sont en couleur.


Enfin, j'apprécie que les textes couvrent large, en ce sens où on ne fait pas de fixation. Je vous donne l'exemple de la "violence", qui est certes très importante du côté féminin, mais qui est vécue par tout le monde, hommes inclus. Même son de cloche pour le mot "terrorisme", qui n'inclut pas que les factions islamiques radicales, mais bien l'ensemble des cellules terroristes, qui si elles n'ont pas la même cause, ont la même vocation. J'apprécie ce genre de nuance, puisque le monde est nuancé.


Il est possible que cela choque certains lecteurs, il faudra donc que le lectorat soit intéressé ou s'il l'est moins, accompagné. Toutefois, j'apprécie les auteurs et autrices qui prennent l'initiative de risquer des œuvres au contenu sensible pour nos ados. On infantilise encore trop ce groupe d'âge ( une forme atténuée d'âgisme ici?), mais la réalité est que nos jeunes, exposés aux écrans et ancrés dans un monde interconnecté, savent de plus en plus tôt quels enjeux sont ceux de notre époque. Vaut-il mieux, alors, que nous sachions les guider à travers ces concepts complexes et nuancés, ou les laisser seuls à écumer Internet, au risque de se désinformer ou pire, se radicaliser? Je suis chaque jour impressionnée par mes lecteurs ado, dont une large part est conscientisée et intéressée. Il serait bon que nous, adultes, en prenions acte. C'est mon humble et impertinent avis, bien sur.


Pour un lectorat adolescent, premier cycle secondaire, 12-15 ans+
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Incontournable Album Mai 2023


Dans la veine des albums se réappropriant les stéréotypes de contes, en voici un autre. Il était vraiment temps de brasser la cage de toute cette mouise qu'est l'univers de contes, avec ses gros mâles alphas, ses princesses cruches et ses gros méchants systématiquement perdants. Donc, qu'avons-nous?


Un loup adore la lecture. Il connait moult choses et passe son temps à la bibliothèque. Il est cependant quelque peu découragé de constater que les représentations de son espèce sont éternellement peu flatteuses dans les histoires. Les loups sont pratiquement toujours des antagonistes ( des "méchants"). Un jour, un bucheron entre en catastrophe dans la bibliothèque pour quérir de l'aide. En effet, sa hache n'a plus son tranchant. Heureusement pour lui, notre loup a une solution. Une chevalière arrive ensuite, en portant son cheval dans ses musculeux bras. Ce dernier n'a plus rien à manger et se porte pâle depuis. Notre loup aide donc la chevalière. Enfin, un charmant prince arrive presque en larmes, portant à bout de bras son chapeau, dont la plume tristounette à perdu de son élégance. Une fois encore, le loup se montre astucieux et aide le malheureux prince à se confectionner une nouvelle plume. Alors que la journée semble se terminer, un quatrième individu entre en scène, à la grande surprise des personnages. Il s'agit d'un géant en mal d'histoires. Comprenez-le, une personne de son espèce vit longtemps et des histoires, il en a eu son lot. Maintenant, il en cherche des nouvelles et ça tombe bien! Notre loup a justement une histoire qui n'a pas encore été racontée: La sienne!


L'archétype du "héro" a longtemps été le très bel homme courageux, épée à la mains, combattant des ennemis et doté d'un grand coeur à toute épreuve. Un archétype qui excluait bon nombre de groupes, néanmoins, les femmes les premières. Il est donc intéressant de malmener ce vieux profil de nos jours. Ici, notre loup n'est ni un homme, ni un prince, ni un adonis. C'est même la figure de l'antagoniste de prédilection des contes et même des albums jeunesse des littératures préscolaires et du premier cycle. Il a toutefois un nouveau profil de "héro": Il est astucieux, débrouillard, savant, empathique et créatif. Un profil bien mieux, je trouve et surtout beaucoup plus réaliste que celui du prince-chevalier-valeureux. C'est un personnage qui est altruiste, c'est-à-dire que ses bonnes actions ne sont pas motivées par le gain ou la reconnaissance. Elles sont motivées par sa sincère empathie pour les autres. Et puis, quand on a un bagage aussi rempli d'informations en tout genre, c'est valorisant et motivant de s'en servir pour aider les autres.


J'aime également qu'il décide d'écrire son histoire, au même titre que les minorités le font dans la vraie vie. Je constate chaque jour, en librairie jeunesse, que ce sont mes auteurs et autrices issus des minorités ethniques, sexuelles et sociales qui bien souvent osent sortir des chemins battus ( voir carrément asphaltés) en matière d'archétypes de personnages, de sujets nouveaux et de traitement innovant. Il ne faut pas, je pense, attendre que ce soit la majorité qui ouvre la voie: On risque d'attendre longtemps.


Dans les personnages secondaires, je remarque un traitement différent également. Nous avons une chevalière très forte ( physiquement), un prince très soucieux de son apparence et sensible, ainsi qu'un ogre qui n'a rien de malicieux. Ça fait du bien de voir les choses changer en matière de personnages, car j'estime que la diversité de nos société de doit d'être retrouvée dans notre culture littéraire.

Pour les profs: Cet album contient donc des traits de personnalité qui peuvent vous être utiles.


Enfin, c'est richement coloré et graphiquement dynamique, donc très plaisant à regarder. Il y a présence de diversité ethnique également.

Une belle trouvaille pour la maison Circonflexe et un troisième membre pour leur collection "Album-Personnalité".

Le livre peut être lu dès 5 ans, mais je pense que le lectorat des 6-7 ans saura plus traiter les enjeux de différence et de réécriture de conte.


Pour un lectorat du premier cycle primaire, 6-7 ans.
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Incontournable Roman jeunesse Mai 2023


Ô maisons d'éditions de mon coeur, vous qui nous abreuvez de livres et de marque-pages, de grâce, entendez votre humble libraire jeunesse qui vous demande ceci: Quand vos auteurs font des suites...FAITES UNE TOMAISON! C'est la troisième fois que je retrouve à lire un tome 2 sans le savoir, parce qu'il n'y a pas de tomaison. C'est agaçant, à la fin! Enfin, bref. Voici un sympathique petit livre de la tout aussi sympathique collection de livres intermédiaires "Dacodac" de la maison Rouergue. Et comme vous l'avez sans doute finement observé, il s'agit du tome 2. Je peux d'ores et déjà répondre à cette question: Doit-on lire le 1 impérativement? Nope!


Pauline est une petite française qui, dans le premier tome, a vu sa famille ouvrir la porte à une famille de réfugié syriens. Disons que pour ce qu'elle en dit, ça ne lui a pas fait plaisir de partager sa chambre, son chien et ses pokétrucs- le DRAME, mes amis! Finalement, il semble que notre demoiselle se soit attaché à sa soeur d'accueil, Zein, car elle trépigne maintenant de joie à l'idée de lui rendre visite en Égypte. Ce qui peut sembler à priori comme des vacances est en réalité un peu plus sombre que ça. le père de Zein, la soeur d'accueil en question, a été emprisonné en Égypte pour des motifs douteux. Les parents de Pauline vont donc soutenir sa conjointe, Farah. Pour Pauline, c'est surtout l'occasion de voir Zein, jouer les touristes, apprécier les succulentes glaces à la mangues mentionnées dans le titre et faire apprécier à tous son sens de l'humour si "délicieux".


Il n'y a pas de quête à proprement parler, ça ressemble plutôt à un très court carnet de bord de voyage sans dates. Nous suivons les divers péripéties de nos deux héroïnes avec de très courts chapitres, ponctué d'illustrations amusantes. À travers les éléments très légers, il y a en trame de fond l'inquiété et l'injustice dans le monde , alors que la famille de Zein subit un second traumatisme avec l'emprisonnement arbitraire du papa.


Il y a une opposition intéressante entre Pauline et Zein. La première se place assez facilement en situation de victime d'injustice ( on peut se sentir facilement interpellés quand on entend les enfants se sentir injustement traités pour des choses somme toutes mineures) , tandis que Zein possède une maturité comme en développe bien souvent les enfants traversant des situations difficiles. Alors que Pauline a encore une grande naïveté ( touchante, il faut dire), Zein est plus pragmatique. Ils se complètent bien, maintenant que j'y pense.

Zein a un français cafouillant vraiment mignon. Ce doit être un sacré défi de passer de l'arabe au français, surtout avec deux alphabets différent! Ça me rappelle nos nombreux immigrants en librairie, qui sont souvent très heureux de pratiquer leur français avec nous. Voir des gens apprendre la langue qu'on parle a quelque chose d'estimable, c'est faire honneur à cette langue et ça traduit une grande ouverture d'esprit. Alors quand je lis "Je suis content toi viendre", ça me touche.


Pauline aura changé durant ce voyage, pas de manière outrancière et quasi magique, plutôt à la manière des gens qui voyagent pour explorer, et qui se découvre une certaine prise de conscience. Pauline aura cerné que le monde ne garanti pas les Droits de tous, que des enfants peuvent se faire voler un parent pour des motifs déraisonnables et que parfois, le meilleur baume qu'on puisse apporter est sa présence et son écoute. On le voit plusieurs fois, notamment quand elle fait une "prière" pour le papa de Zein. La prière elle-même importe peu au fond ( pour les athées du moins) , c'est surtout le fait de l'avoir fait qui a apaisé Zein. C'est un gage d'empathie et de solidarité. Tout ça pour dire que contrairement à ce qu'on peut penser, les petits changement, les petites prises de conscience et les petites empruntes que laissent les gens sur nous ont autant d'importance que les grandes révélations. le personnage de Pauline autant que le personnage de Zein en sont de bons exemples.


Je réitère que la littérature intermédiaire fait souvent ce genre de petit miracle: celui de traiter un sujet qui peut sembler lourd et " mature" avec juste ce qu'il faut d'humour et de tendresse pour que le sujet passe son message malgré tout. On peut aborder bien plus de choses que l'on pense avec nos 8 à 12 ans. Ils sont bien plus alertes et sensibles qu'on le pense. Je remercie les auteurs et les autrice qui l'ont compris.


"Mon chien, la liberté et les glaces à la mangue" c'est le croisement de deux mondes d'enfants, différents, mais semblables, remplit de folies quotidiennes et de partages culturels, linguistiques et social . le genre de livre qu'on déguste comme un sorbet à la mangue: C'est frais, plaisant et joyeux. Ça laisse un sourire au visage et de petits pincements au coeur, nous rappelant du même coup notre privilège d'être des occidentaux de pays en paix. Bon ça y est, je me sens quétaine/gnangan. Tant pis! Ce livre le mérite bien.


Pour un lectorat à partir du second cycle primaire, 8-9 ans
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date : 30-05-2023
Incontournable Roman hybride Mai 2023


Après "Le voleur de sandwich", devenu une petite célébrité en littérature intermédiaire, puis de "L'alerte au feu", voici le benjamin de la fratrie "La classe de madame Tzatziki": Moka a disparu.
Comme des deux grands frères, ce livre est un hybride entre le roman graphique et le roman. Et fait cocasse, il est illustré par une troisième illustratrice.


Depuis la rentrée, la classe de Madame Tzatziki héberge un hamster nain nommé "Moka". Marie, notre protagoniste, est de fort bonne humeur ce matin là, car elle est responsable du hamster cette semaine. En arrivant dans la classe, c'est la consternation: Moka a disparu! Marie décide de mener l'enquête. Dans ses suspects potentiels, il y a Manon, qui adore prendre des photos du hamster, et qui a fondu en larme en voyant la cage vide. En même temps, peut-être l'a t-elle kidanppé por l'avori avec elle constamment? Marin était l'ancien responsable de l'animal, aussi faisait-il un suspect potentiel si c'était sa négligence qui avait permis à Moka de sortir de sa cage. Enfin, il y a Mustafa, dont les réactions semblent suspectes. Seulement, le lendemain, le hamster est de retours! Mais attention, ce n'est pas Moka...


Comme ce dut le cas avec les tomes antérieurs, nous suivons un détective en herbe à travers son milieu, avec une brochette de suspects. Il y a du quotidien à travers cette enquête, donc nous avons aussi des détails sur des évènements en parallèle de celle-ci.


Deux éléments m'intéressent particulièrement. En premier lieu, on remarque que l'état des lieu est pour le moins miteux. Il y a des craques dans les murs, des déchets au sol et les pupitres rempli d'autocollants. C'est triste à dire, mais cela colle avec l'état des lieux de certaines écoles publiques du Québec, qui sont vétustes et ont besoin d'être restaurées.

Le second élément que j'ai drôlement apprécié de voir est la présence d'une jeune adulte en situation d'analphabétisme fonctionnel. Il s'agit des gens avec une incapacité ou difficulté partielle d'écrire et lire du très souvent à une scolarité courte ou déficitaire. J'apprécie sa présence, car c'est une situation qu'on ne voit guère en littérature jeunesse, mais qui existe bel et bien. Et c'est un personnage qui a la volonté d'améliorer ses habiletés en écriture et lecture, une belle figure de persévérance.


Sans dire que j'ai été emportée dans l'histoire, je dirais que c'est une histoire mignonne et une enquête d'une relative complexité qu'on se plait à suivre. On a un amalgame de bulles en dialogue et de textes, ainsi qu'une alternance entre images pleines et cases BD. Il y a présence de contre-stéréotypes et une diversité ethnique comme je les apprécie toujours.


J'ai enfin un personnage intellectuel qui a un look de sportif sans lunettes, yeah! Et je trouve que Moka ressemble à une patate poilue.


Attention, divulgâche.


Au final, il s'avère que Moka est décédé et que c'est madame Tzatziki elle-même qui a déplacé le corps de l'animal pour ne pas traumtiser ses élèves. Elle a voulu ensuite le remplacer par un autre hamster nain de même couleur, mais l'animalerie n'en ayant pas, elle en a trouvé un près d'un jour plus tard. le corps du hamster a été retrouvé dans un réfrigérateur, parce que la professeur n'avait pas le coeur de déposer la petite dépouille aux ordures comme un vulgaire déchet. Au final les élèves ont fait une petite cérémonie pour le hamster ( et aussi pour faire craquer Mme Tzatiki qu'ils soupçonnait en fin de récit). Il fut enterré dans la cours.


Compte tenu du succès des deux précédents livres, j'anticipe que celui-là aura son moment de gloire aussi. J'ai de plus en plus de jeunes lecteurs qui se retrouvent dans les formules hybrides tel que ce livre, naviguant entre les formats de l'album, de la BD et du roman. Il faut dire aussi que nombre de jeunes lecteurs apprécient l'apport des graphismes dans un récit.


Petit détail qui peut avoir sa pertinence: les lettres sont en lettres majuscules, mais pas en gros caractères.


Pour un lectorat du second cycle primaire, 8-9 ans+


Catégorisation: Hybride Roman graphique-Roman Policier québecois, littérature jeunesse intermédiaire, deuxième cycle primaire, 8-9 ans
Note: 7/10
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date : 30-05-2023
Incontournable Album jeunesse Mai 2023


Un grand frère s'adresse à son petit frère, qui dors dans sa bassinette. Pour le moment, il ne fait que dormir et boire du lait. La maman dit à son ainé d'être patient, alors en attendant, il raconte à son petit frère toutes les expériences qu'il souhaite partager avec lui, un jour, quand il sera plus grand. Ensemble, ils partageront des aventures à travers des forêts, des territoires glacés et des plages ensoleillées. Ensemble, ils se raconteront des histoires pigées dans les livres racontées à la belle étoile. Et quand ils affronteront des périples ensemble, celui qui est à l'eau trouvera la mains de l'autre pour lui porter secours. Tout ça, quand le petit frère sera plus grand. Pour l'heure, ils sont coucher l'un contre l'autre sous une tente, à faire la sieste.


L'amour fraternel et/ou sororal mériterait d'être célébré au même titre que l'amour conjugal. Ce sont des relations qui peuvent être d'une grande richesse et d'une grande profondeur, marqué par des expériences communes et un environnement partagé depuis longtemps. Dans une fratrie, c'est l'apprentissage du partage, du compromis et de l'entraide. C'est une relation non pas moins complexe que celle des amoureux, qui exige beaucoup de travail et de temps. Ultimenent, quand on vit dans une fratrie saine, on peut bâtir son identité également. Bref, je prône une plus grande valorisation de la fraternité et sororité, puisque ce sont des relations qui nous définissent dès notre prime enfance et peut engendrer de formidables amitiés.


J'aime bien ce petit "roi", cet enfant unique devenu "grand frère", qui n'est plus "maitre du royaume". Il a un intérêt manifeste pour son bébé frère et voit déjà tout le potentiel de leur relation, les choses ludiques, les choses pratiques, mais surtout, une chose essentielle: l'entraide.


Il faut dire aussi que les décors de cet albums sont époustouflants. Ils sont très chargés, puisque la plupart des éléments ont leur propre motif, certains cubiques, certains floraux, d'autres texturés. J'adore la page avec la forêt, où les deux frères se sont cachés sous un arbre. Les couleurs sont riches, parfois vives, parfois transparente comme de l'aquarelle. Il y a foison d'animaux et il y a un chien qui les suit tout du long. L'illustratrice emplois les hachure de coup de pinceau pour donner du mouvement aux vagues et du relief aux glaciers. c'est dynamique et on peut se perdre en contemplation devant ses illustrations.


Ce peut-être un bel album à offrir aux futurs grands frères et grandes soeurs pour leur parler de leur nouveau rôle. Cela permet aussi de donner une perceptive d'avenir quand aux choses qu'ils peuvent partager et vivre avec leur fratrie. Enfin, ça donne aussi une aura positive à la relation entre fratrie, qui ont tout de même beaucoup de points en commun avec les amitiés non-filiales.


Un très bel album touchant et coloré, pour célébrer la fraternité dans ce qu'elle fait de plus beau.


Pour un lectorat à partir du préscolaire, 4-5 ans+.

Catégorisation: Album fiction australienne, littérature jeunesse préscolaire, 4-5 ans
Note: 8/10
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date : 28-05-2023
J'avais découvert l'illustratrice grâce au livre en tout-carton "Ils ont de la chance ma mamie et mon papi !", qui est super drôle et moderne, c'est donc mon deuxième livre de cette illustratrice.


Lucas rêve d'avoir une poupée, si bien qu'après l'avoir demandé à sa fête, à Noël et même d'avoir sacrifié quelques pièces de monnaie à la fontaine à souhait, il l'obtient enfin! Maintenant, quand sa meilleure amie viendra avec sa poupée, ils pourront avoir chacun la leur. S'ils sont envie d'y jouer, parce que les deux amis ont pleins d'autres jeux. Un jour, alors qu'ils vont au parc avec leur poupée respective, une copine les interpelle en leur demandant s'ils jouaient "à la maman". Lucas répond qu'il joue plutôt "au papa", ce qui, de l'avis de la copine, est logique en fait. Mais soudain, Téo s'approche et enlève la poupée de Lucas. Il se met à appuyer dessus si fort que l'inévitable arrive: un des yeux de la poupée est expulsé de son orbite et dans un "plop!", est éjecté au loin. Alors que les deux filles consolent Lucas, qui est en larme, Téo s'en veut, car son intention n'était pas d'abîmé la poupée. le lendemain, Téo rejoins le groupe au parc avec une petite boite. Lucas, d'abord méfiant, pense que Téo veut le jouer un mauvais tour, mais dans la boîte, il y trouve un cache-oeil pour la poupée. Cet après-midi là, les quatre amis jouent à cache-cache, au football et à faire la cuisine. Bien sur, ils jouent à la poupée... à la poupée-pirate!


Je suis vraiment heureuse de voir de plus en plus d'albums jeunesse traiter la contre-genrification des jeux et jouets. Après tout, c'est une pure construction ces histoires de jeux "pour garçons" ou "pour fille", très employée au tournant des années 50 pour engranger de gros profits de la part des compagnies, il n'y a rien de biologique là-dedans. Là seule chose qui devrait importer, à mon avis, ce sont les intérêts des enfants eux-même.


Dans cet album d'origine espagnole, la déconstruction se fait dans les deux sens et n'a aucune vocation moralisatrice. On a juste des enfants qui aiment partager leurs jeux et leurs intérêts communs. Parfois, on a des enfants jouant aux poupées, parfois avec des camions, d'autres fois à cache-cache. Lucas désirait une poupée et l'a obtenu sans chichi de la part des parents.

Un petit détail que j'ai trouver mignon est le commentaire des deux filles, Éva et Ana au sujet de la poupée ayant perdu un oeil:
-Ne inquiète pas.
-On l'aimera toujours autant.
Ça me rappelle ma jeunesse quand un certain membre de ma famille que je ne nommerai pas arrachait des bras et des têtes à nos poupées masculines pour le fun. On avait alors le réflexe de leur faire des plâtres et des collet cervicaux avec du gros adhésif beige parce qu'on refusait de les jeter. On avait tellement peu de poupées-garçons qu'on refusait de les jeter, alors on les aimaient avec leur état "handicapé", un peu comme ici.


Les dessins sont mignons et les personnages ont des têtes rigolotes. Mention à la poupée qui a des cheveux bleus et à la présence de diversité ethnique. Il y a pléthore d'expression du registre émotif, ce peut être intéressant pour l'identification des émotions avec le lectorat préscolaire et primaire.


Un bel album pour traiter des stéréotypes de genre et aussi des actes de réparation quand on blesse quelqu'un, même psychologiquement.


À voir!


Pour un lectorat préscolaire, 4-5 ans+.
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