- Elle a cette manie de mettre le feu aux immeubles, dit Beezle. Elle paraissait pourtant normale, enfant. Je ne sais pas d'où lui vient cette obsession.

Je me mis debout, puis découvris que l'épée avait volé quelque part et que je ne la voyais pas. Alors que j'essayais de lever le bras pour lancer du noctifeu sur l'araignée, je m'aperçus d'autre chose. Mon bras droit me faisait un mal de chien et pendait bizarrement.
- Épaule déboîtée. Génial, dis-je entre mes dents.
Bon sang, c'était douloureux.

Mon regard se fixe au sol et je me crispe quand je comprends ce que cela signifie également.
- C'est cher payer mon bonheur, je murmure en pensant à ce qu'elle fera dès qu'elle aura toutes les cartes en main.
- L'égoïsme n'est pas un si grand péché que ça Azrazël, et je te promets de ne pas tous les massacrer. Juste ceux qui ne se plieront pas! se lance-t-elle avec un grand sourire.
Il y a un dicton humain qui dit que lorsqu'une femme se venge, le Diable s'assied et prends des notes. Mais ils disent ça parce qu'ils ne savent pas que le Diable en personne est une femme!

-Parfois, je me demande si J.B n'as pas raison quand il dit que c'est un coup de chance que je m'en sorte dans la vie, dis-je à voix haute.

Une fois que tout le monde fut remis sur pied - et la reine sur son trône-, l'heure de faire réellement connaissance arriva.
- Non, je ne me suis pas évanoui, grommelait Clovis, tandis que Jaouen lui riait au nez. J'ai fait le mort, c'était une tactique de diversion!

C'est ainsi qu'ils terminèrent leurs chemin vers la haute muraille d'enceinte, côté nord, du temple d'Amon-Rê, et passèrent devant des gardes estomaqués par leur attitude. Oui, car enfin, Isabelle et Dorian étaient censés être les élites de la reine-pharaon Hatchepsout! Ils devaient avoir de la prestance, du charisme, d'en imposer, quoi! Et ne surtout pas ressembler à un duo de baladins!

Ca pour une surprise. Je savais que Lucifer avait un faible pour moi parce que j'étais la dernière descendante directe d'Evangeline, mais ce n'était pas franchement affectueuse. La plupart de nos échange semblaient comporter des ordres et des menaces.

- Qu'est-il arrivé au visage de Nathaniel?
- Tu pleurais dans ton sommeil, expliqua Beezle. Et tous les hommes dans la voiture ont su interpréter ces pleurs... Enfin, Gabriel et J.B., en tout cas. A mon avis, Samiel s'est dit que ça avait l'air amusant de frapper Nathaniel vu que tout le monde le faisait.

Je soufflai un grand coup.
- C'est un truc énorme, n'est ce pas?
Beezle hocha la tête.
- Ouais.
J'entendis le bruit de plusieurs membres qui faisaient des remous dans l'eau.
- Est ce que c'est tout spongieux et plein de tentacules?
- Ouais.
- Je déteste ma vie, dis-je, et, me retournant, je matérialisai une boule de noctifeu et lançai.

Bien entendu, elle avait paru beaucoup moins bouleversée par leur rencontre que lui, même s'il avait nourri quelques espérances. Et des tendances à la suivre. Au cours de la semaine écoulée, il était resté traîner dans la demeure plusieurs nuits d'affilée, dans l'espoir de l'apercevoir au cours d'une de ses visites pour servir la Confrérie. Car, oui, rien ne proclame mieux "Je veux sortir avec toi" que des charges de harcèlement.

J'avais donc réuni une équipe composée d'un stagiaire photographe, d'un légiste qui représentait la plus grande autorité française de sa discipline, d'un scientifique éperdu d'amour avec une machine à fantôme, d'une copine prête à prétendre qu'elle pratiquait le vaudou, et une femme-qui-n'avait-plus-dix-ans richissime qui comptait faire le mur pour aller passer la nuit dans un château hanté.
J'avais surement déjà vécu des choses beaucoup plus étranges. C'était juste que, là, je me rappelais pas bien quoi.

Mais elle appuya, évidemment. Une demi-seconde vint à bout de son hésitation pleine d'amertume. Elle appuya fermement, presque férocement. Dès qu'elle eut ainsi joué son va-tout, elle n'eut pas le temps de se demander si quelque chose allait se passer: le gros haricot blanc qui était appelé à devenir le visage de Tom apparu aussitôt.

La honte de ce qu'il avait fait.
L'humiliation d'avoir été châtié devant tout le clan et de devoir porter un collier de loyauté.
La résignation devant le futur qui se profilait.
La colère d'être forcé d'obéir à des gens qu'il considérait comme des inférieurs.
La souffrance d'un amour qui ne serait jamais payé de retour.
L'ignominie que tous connaissent à présent son homosexualité, qu'il n'assumait vraiment pas.
Et par-dessus tout, la peur de croiser le chemin de Faolan, ou pire, de Blodwyn...

En théorie, il aurait dû se réjouir de savoir que celui qui l'avait ainsi repoussé allait en quelque sorte le payer, et c'était bien ce qu'il avait éprouvé pendant un instant lorsque son père avait prononcé la fausse sentence. Pourtant, au moment où Igor avait immobilisé son ancien garde du corps et qu'Ivan s'était approché, les poings déjà serrés, un tout autre sentiment l'avait envahi...

Les iris turquoise se baissèrent. Seulement alors Nikolaï remarqua qu'en effet, des tâches rougeâtres parsemaient son costume clair, qui était de plus râpé et chiffonné en plusieurs endroits. Il fronça les sourcils:
- Je n'ai pas été touché, pourtant.
- Si, par le trottoir.

- On se séparer, décida Alexandra sur un ton qui n'admettait aucune réplique. Bastien et Sixtine, vous prenez les étudiants. Melchior et moi, on s'occupe des assistants. Joseph et Léonard...
Les deux anciens la fixèrent avec avidité. la directrice de l'observatoire plissa les paupières, puis laissa échapper un soupir découragé.
- Essayez de ne pas finir en prison, c'est tout ce que je vous demande.