Les derniers rois de Thulé : avec les esquimaux polaires, face à leur destin

Les derniers rois de Thulé est une ethnographie polaire, menée par Jean Malaurie au Groenland.

Bien qu’ayant l’habitude de lire des ethnographies et des descriptions datées dans lesquelles les groupes étudiés sont considérés comme des « sauvages », vivant à l’état de « nature » parfois menacés par la « civilisation », j’ai quand même été interpellée par plusieurs passages du livre, notamment les descriptions parfois assez intrusives des femmes et de leurs corps. Cela vient peut-être du fait que le livre n’est pas si ancien (c’est relatif), le début de l’expédition ayant lieu en 1950, et a été relu et modifié par l’auteur au cours des différentes rééditions. Pourtant l’auteur souligne (un peu lourdement parfois) à plusieurs reprises sa supériorité par rapport à des explorateurs comme Paery, qui n’ont eu aucune reconnaissance, aucun respect et aucune curiosité vis-à-vis des Inuits qui ont pourtant été la clé de leur succès dans la quête du Pôle. On peut dire que l’auteur est bien intentionné : posture d’ethnographe (d’une autre époque, certes), certitude que les autres ont quelque chose à lui apprendre, vision pas trop paternaliste, volonté de respecter ses interlocuteurs, de les comprendre, de faire ses preuves… Pour autant on retrouve des traits spécifiques à l’ethnographie d’une époque, notamment le fait de tirer la sonnette d’alarme sur les menaces qui pèsent sur les populations étudiées (occidentalisation qui se traduit par une perte de la culture et une intégration des classes les plus défavorisées) mais on ne peut que le comprendre au vu du contexte. La force de ce livre est dans les ajouts (Retour à Thulé), qui offrent un regard plus éloigné et apportent des solutions issues de politiques canadiennes.

Ce livre n’en est pas moins une ethnographie détaillée, qui permet d’avoir un aperçu de nombreuses questions relatives à la vie quotidienne (chasse, alimentation, légendes, relations sexuelles, fécondité, sociabilité…), même si certaines ne sont qu’effleurées (mais il faut bien faire des choix). Je regrette que l’auteur se mette parfois trop en avant, sans que cela apporte beaucoup au lecteur en compréhension des conditions de vie inuit (par exemple quand il part seul en expédition, ou les passages qui sont vraiment centrés sur ses propres ressentis).

Finalement, le livre manque aussi un peu d’angle : l’auteur a souhaité faire une description travaillée, peut-être plus axée sur la chasse, mais qui a du mal à hiérarchiser les problématiques. La partie critique en fin d’ouvrage, qui aurait pu apporter du recul (et qui était par exemple très bien dans Chronique des indiens Guayakis de Pierre Clastres, dans la même collection) est d’ailleurs plus un recueil d’éloges qu’autre chose. Si ce n’est la dernière partie, qui ouvre plus sur la question des droits et de la construction de systèmes adaptés à ces sociétés, on ressort de ce livre avec l’impression d’en avoir vu beaucoup au sujet de conditions de vie concrètes mais d’en avoir appris très peu sur le plan théorique.

Un livre qui plaira peut-être plus aux amateurs de romans d'aventures que d'anthropologie.

C'est vraiment un très beau livre et une belle surprise étant donné que j'ai du le lire dans le cadre de l'un de mes cours.

Les descriptions sont détaillées et agréables, bien que l'auteur s'attarde trop sur l'aspect "disgracieux" des Inuits dans la première partie du livre. Exemple récurrent: le postérieur imposant des femmes dont il est fait référence à maintes reprises.

Je me suis vraiment sentie dans la peau de Jean Malaurie et j'ai vécu avec lui son voyage à travers ces terres gelées. Certaines scènes ont été un peu dérangeantes pour la pauvre qraslounak que je suis Spoiler(cliquez pour révéler) exemple: l'esquimau qui tue son chien en lui tirant plusieurs fois dessus et en ne le touchant délibérément pas mortellement uniquement parce qu'il est excédé de le voir boiter... mais d'autres m'ont vraiment éblouies.

Je recommande vraiment ce livre aux mordus d'évasion palpitantes!

J'ai également lu ce livre, quelles descriptions, j'avais vraiment l'impression de partager l'existence de ce peuple ou de me trouver sur place dans cet univers glacial mais grandiose.

"Les derniers rois de Thulé" est un livre écrit par le directeur et fondateur de la collection Terre Humaine: Malaurie.

Ce fut le premier opus d'une superbe collection.

Combien de mots inouit pour désigner la neige? Un vingtaine!

Que l'on offre sa femme au voyageur de passage afin de lui permettre de se réchauffer!

Rafraichissant.

Très beau au niveau de la rencontre de Malaurie avec les Inuits ; la vie qu'il va mener pendant cette periode, et les gens qu'il va découvrir. De l'aventure aussi, de la crainte, et finallement, une réflexion sur l'"apport" de nos civilisations occidentales, avec l'arrivée des américains, et la vision du monde tel qu'il est transformé par la suite.

Ce récit autobiographique raconte comment cet homme est allé aux confins du monde, ce qu'il a vu sur place, et comment, pendant des mois, il a vécu lui aussi avec ces hommes, ces inuk (inuits) ; les dangers qu'il a partagé, comment il a appris à vivre avec et comme eux. Il décrit leur vie, leurs histoires, et les personnes qu'il a rencontré. Il raconte les voyageurs, et lui même va traverser des lieux et vivre des aventures avec eux.

Dans une seconde partie, le temps a passé, et on voit alors l'arrivée de la civilisation par l'intermédiaire d'une base américaine sur le sol inuit. On voit les changements, brutaux, dont témoignent certains qui connaissent toujours Jean Malaurie. Mais lui, qui est revenu après plusieurs années, voit la transformation comme un choc.

La destruction d'un peuple, peu à peu ravagé par l'arrivée de la dite "civilisation". La perte de ce qui était précieux. La dénaturation d'un monde.