Commentaires de livres faits par Amaranth
Extraits de livres par Amaranth
Commentaires de livres appréciés par Amaranth
Extraits de livres appréciés par Amaranth
ne valait plus rien, que son autorité était morte, et cette preuve elle l’aurait chaque jour sous les yeux, chaque nuit, je n’étais pas mécontente de moi.
Jusqu'à présent, ils avaient la tâche facile. A moins qu'on ne s'oppose avec vigueur à leur déni, les souvenirs perdaient leur netteté avec l'âge, les voix s'éteignaient dans la mort, et les négationnistes finissaient par l'emporter. Les personnes du présent devenaient les exploiteurs des morts. C'est ainsi qu'on a toujours écrit l'histoire.
- Bravo, exprime-toi, exorcise ta peur ! Ejecte l'intérieur du placard de ton esprit !
Le jour où j'ai gribouillé la feuille en vert, elle a pleuré.
- Tu as retrouvé l'espoir ! Tu as retrouvé l'espoir ! elle répétait. Ben non, j'avais juste retrouvé un feutre vert qui marchait bien.
- Non. C'est mon coeur et ça n'a rien d'anormal.
- Je plaisantais.
Ses dents lancèrent un éclair blanc dans le noir.
- Tu es une automate, pas vrai ? Je n'en avais jamais vue d'aussi futée.
- Assez pour oublier que mon coeur fait du bruit.
Elles y étaient. Je vis Corinne qui allumait la lumière dans la cuisine et j'entendis le début de son hurlement. Je manoeuvrai à toute vitesse le break, mis pleins phares et traversai la cour en écrasant une table d'été et un vélo de gamin.
J'étais complètement glacé en arrivant à l'Alpine. J'avais beau me dire que Corinne ferait une veuve exceptionnelle, ça ne me faisait aucun bien.
Avec ses bagnoles maquillées, Jérémie les faisait vivre dégueulasse, mais vivre. Il avait juste un défaut : il était le seul à connaître mon adresse, mon nom, ma couverture. Tout, quoi. On peut mourir de ces choses-là. La preuve.
— Comment tu… tu t'appelles? souffla tout à coup l'inconnu.
Ah? On se tutoyait?
— Julie, Julie Dumont. Et vous?
— Ben… Benjamin Stein…
— Enchantée, Benjamin.
— Où… où va-t-on?
Je le scrutai un peu plus longuement dans le rétro. Merde. Comment un mec avec la tête défoncée à ce point pouvait-il encore être capable de parler?
— À l'hôpital. À moins que vous ne creviez en route, dans ce cas, je m'éviterais un détour.
Il tenta de sourire, puis gémit à cause de sa lèvre fendue.
— Charmant…
Ben quoi? Quand on est mort, on est mort, non?
— Alors, qu'avez-vous fait pour vous retrouver dans cet état?
Il soupira.
— Des types… me sont tombés dessus quand je sortais d'un club la nuit dernière…
Bizarrement, je n'étais pas plus étonnée que ça. La plupart des ploucs du coin aimaient se bagarrer sur les parkings des boîtes. C'était une sorte de «sport local», d'activité «détente». Toutefois, ils n'allaient jamais aussi loin et je ne me souvenais pas avoir déjà entendu dire qu'ils balançaient les gens des bagnoles et les laissaient pour morts sur le bas côté. Mais bon, évidemment, les mœurs locales pouvaient avoir changé depuis mon départ.