Cercle vicieux

Il s’éveilla, mais ne bougea pas et n’ouvrit pas les yeux tout de suite. L’espace d’un instant, son instinct de guerrier reprit le dessus, évaluant la situation, à l’affût du danger. Puis il entendit un souffle, aussi doux et régulier que le bruit du ressac sur une plage lointaine, et perçut le parfum délicat qui se dégageait d’elle. Tout allait bien. Il sourit, ouvrit les paupières et tourna lentement la tête, pour ne pas la réveiller.

Jouant dans l’interstice entre les rideaux, le soleil matinal coulait un trait d’or au plafond et baignait d’une lumière intrigante le visage et la silhouette de la femme allongée à ses côtés. Elle reposait, nue, belle, abandonnée au sommeil, les draps qu’elle avait repoussés en dormant ne masquaient plus les boucles cuivrées de son mont de Vénus, légèrement plus sombres que ses magnifiques cheveux. A ce stade de la grossesse, ses seins avaient presque doublé de volume. Il laissa son regard s’attarder sur son ventre, dont la peau brillait, distendue par le précieux passager qu’elle dissimulait. Une légère ondulation révéla un mouvement de l’enfant à l’intérieur, et il eut le souffle coupé par la violence et l’intensité de l’amour qu’il ressentait envers ces deux êtres, sa femme et son enfant.