Fabian Risk, Tome 5 : 36 façons de tuer

Il essaya à nouveau d’atteindre l’emplacement qui le gênait et de le sentir avec ses doigts, mais il lui manquait toujours quelques centimètres. Il réussit à se gratter à l’aide d’une brosse à dents, mais ne fut pas plus renseigné. Finalement, il prit une photo par-dessus son épaule avec le portable. Il zooma sur l’image et identifia plusieurs bandes de Steri-Strip collées sur une légère excroissance.

C’était forcément l’œuvre de Molander. Fabian ouvrit l’armoire à pharmacie à la recherche d’un instrument plus efficace que la brosse à dents. La râpe plantaire de Sonja fit l’affaire. Il arracha le sparadrap et prit une deuxième photo.

Sur celle-là, il vit une petite plaie au-dessus de l’excroissance, une coupure d’un centimètre environ, refermée par trois points de suture.

Molander avait dû l’opérer pendant qu’il était inconscient. Mais pour quoi faire ? Et pourquoi est-ce que ça le démangeait à ce point ?

Il devrait probablement aller voir un médecin, mais Ingvar avait trop d’avance sur lui pour qu’il puisse se permettre de poireauter aux urgences.

Alors il prit une longue pince à épiler, la désinfecta à l’alcool à 90° et la glissa avec précaution dans son dos. Au bout de plusieurs essais, il parvint à faire passer le bout de la pince sous le premier fil et, tirant d’un mouvement sec, l’arracha dans un éclair de douleur.

Le sang coulait le long de sa colonne vertébrale et en temps normal, il n’aurait jamais trouvé le courage de continuer. Mais il était si déterminé à comprendre ce que Molander lui avait fait qu’en enfonçant à nouveau la pince dans la plaie à la recherche du deuxième point, il ne sentait plus vraiment la douleur.

C’est alors que son mobile, posé sur le lavabo, vibra. Un message de Molander.

Réponds et dis que tu as eu une panne de réveil, mais que tu es en route.

Il n’eut pas le temps de comprendre le sens du texto que son portable vibrait à nouveau. Cette fois, un appel vocal.

« Fabian, c’est toi ? s’enquit la voix de Tuvesson. C’est Astrid. Allô, tu m’entends ?

– Je suis là.

– Qu’est-ce que tu fous ? On attend ton rapport sur ce qui s’est passé cette nuit sur le Sund !

– Je suis désolé, j’ai eu une panne de réveil, s’entendit-il répondre docilement. La soirée a été dure et j’ai…

– OK, je comprends, le coupa Tuvesson. Mais dépêche-toi. On a du boulot, et surtout on est impatients de savoir.

– J’arrive, dit-il. Le plus vite possible.

– Parfait. Et au fait, j’ai trouvé un avocat pour ton fils. Une femme, Jadwiga Komorovski. D’après Högsell, ce serait l’une des meilleures avocates du pays et, si j’ai bien compris, elle est sur place, à Helsingør.

– C’est merveilleux. Merci. Merci beaucoup. » Fabian se sentit soulagé de l’un des nombreux poids qu’il portait sur les épaules. Il eut à peine le temps de raccrocher que son téléphone vibrait une troisième fois. Un nouveau texto de Molander.

Parfait. Tu vois, ça s’est très bien passé. Et au fait, ce serait peut-être une bonne idée de mettre de l’alcool pour que la plaie ne s’infecte pas. Et un gros sparadrap au cas où elle se mettrait à saigner. Ne t’inquiète pas. Je t’ai juste équipé d’un petit émetteur GPS, pour savoir où te trouver.