Commentaires de livres faits par ninon64
Extraits de livres par ninon64
Commentaires de livres appréciés par ninon64
Extraits de livres appréciés par ninon64
Je pense aux invités qui n’y assisteront pas, aux cadres sans photo, à la première danse qui restera silencieuse, au gâteau qui ne sera pas entamé, et tout à coup, je sens ma résolution fléchir. Mais je me ressaisis bien vite : ce n’est pas le moment de douter.
Quand on m’a pris mes affaires, l’équipe m’a assuré qu’on me les rendrait dès que je serais « installée ». Maintenant que je suis toute nue sous une robe légère qui ne ferme pas ‒ pourquoi ils appellent ça une « robe » ? C’est de l’ironie ? ‒, et allongée sur une couchette ‒ comme une plaque en fer mais moins confortable ‒, avec des petites rambardes sur les côtés ‒ pour m’empêcher de sauter ? ‒, j’ai découvert qu’on m’avait menti.
Je suis dans une chambre individuelle au service des urgences et ma porte doit rester ouverte en permanence. J’ai le choix entre l’obscurité la plus totale, ou un éclairage fluorescent fort sympathique qui me donne la migraine. En fait non, oubliez ça, je n’ai pas le choix : j’ai demandé aux surveillants d’éteindre la lumière, ils m’ont répondu qu’ils avaient besoin de voir dans ma chambre.
Un d’eux passe devant ma porte à intervalle régulier pour s’assurer que je ne me suis pas pendue avec mes cheveux. Je lui demande quand je peux espérer retrouver mes affaires, et l’anxiété monte dans mon estomac ravagé par l’ulcère quand celui-ci me répond sur un ton neutre qu’on ne me les rendra pas.
— Mais sans mon téléphone portable, comment mes proches sauront que je suis ici ? Comment vont-ils savoir que je vais bien ?
— Vous n’avez pas le droit d’utiliser votre téléphone ici.
J’avais fait mes adieux à mes habitudes ringardes de province, à mes fringues à bas prix, mes bières éventées et mes amis minables. J’avais fait une croix sur mon passé et je n’avais aucune intention de retourner au pays. J’en avais presque oublié le mépris que je décelais dans chaque regard qui avait croisé ma route. Pour tous ces gens, tous ceux qui m’avaient vu porter des caisses, je n’étais rien.
Presque. Parce que maintenant, c’était moi qui dominais le monde. À tout point de vue.
Un verre de cognac à la main, je savourai ma nouvelle vie. J’avais de l’argent, j’étais admiré, j’étais reconnu. J’allais de bars en boîtes de nuit, de tournages en interviews, de défilés de mode en soirées mondaines. Très honnêtement, je n’avais pas vu les rayons d’un supermarché depuis presque dix-huit mois. Une femme de ménage, une assistante et mon agent se chargeaient de ce type de mission ennuyeuse pour moi. Mon réfrigérateur était rempli, mon bar, garni, et les baies vitrées de mon appartement donnant sur le parc Monceau étaient parfaitement nettoyées.
J’avais tout et ne regrettais rien de ma vie d’avant. Pourtant, ma rage bouillonnait toujours, à fleur de peau, prête à s’enflammer à la moindre étincelle. Ma réussite fulgurante ne l’avait en rien éteinte ; toutes ces années à ruminer contre ma vie misérable avaient laissé des traces. L’adrénaline me manquait parfois et, même loin des caméras, j’aimais toujours me battre. Après deux scandales affichés dans la presse, mon agent avait vite trouvé la parade : une salle de boxe privatisée deux fois par semaine pendant quatre heures. De quoi évacuer mon énergie destructrice, tout en gardant la forme.
Quand la presse ne se régalait pas de mes coups d’éclat, elle s’émerveillait de ma détermination, de mon envie évidente de réussir, de mon talent inné. Peut-être. En fait, je voulais juste rester ici, à surplomber le monde, à dominer la foule et à faire mon choix parmi les femmes qui s’offraient à moi. Assis dans ce canapé en velours, avec un jean de créateur et une montre hors de prix au poignet, j’étais résolu à ne laisser ma place à personne.
— Laquelle as-tu repérée ?
Je pivotai vers la voix de Simon.
Jusqu’à présent, elle n’avait guère fait usage de subtilité, mais elle n’avait pas le choix. Le moment était venu de jouer ses dernières cartes. Peut-être que si elle en appelait à sa nature protectrice… Même les hommes les plus réservés rêvaient d’être un preux chevalier volant au secours d’une princesse.
— Il fait plutôt chaud ici, ne trouvez-vous pas ?
Elle agita son éventail près de son visage afin de capturer son attention.
— Extrêmement chaud, même, je dirais, insista-t-elle avec un sourire d’une adorable pruderie.
Lord Harold dardait des regards nerveux à droite et à gauche au-dessus de sa tête.
— Je me sens un peu mal, j’en ai peur…
Elle lui adressa un regard implorant par-dessus le bord de son éventail.
Il resta de marbre.
Pour un effet optimal, elle feignit de chanceler légèrement vers lui.
— Oh, mon Dieu ! lâcha-t-elle dans un souffle. J’ai vraiment peur de m’effondrer sans connaissance à vos pieds, avec cette chaleur.
Elle prit l’excuse d’une profonde inspiration pour porter la main à sa gorge, cherchant à attirer l’attention sur le renflement de ses seins perchés au-dessus du décolleté indécent.
Les efforts d’Amanda furent enfin récompensés. Lord Harold s’empourpra jusqu’aux oreilles. Dans ses yeux, elle ne lut ni surprise, ni choc, ni même de l’effarement. Non, la seule émotion que trahissait son visage était la terreur. Une terreur pure.
— Le discours de bienvenue et le feu d’artifice n’auront lieu que ce soir, l’informa sa guide. Tu devrais en profiter pour t’installer dans ta chambre et te reposer un peu. Ou peut-être essayer ton uniforme ? On se retrouvera plus tard.
Pendant qu’ils faisaient la queue tous les cinq pour s’inscrire au registre des arrivées, Binah avait sorti un magnifique ouvrage relié. Lottie reconnut le livret d’accueil de Rosewood Hall, bien que celui-ci soit jaune et non violet comme le sien.
— Quelle maison t’a-t-on assignée d’après ton test d’aptitude ?
Micky, Lola et même Anastasia relevèrent la tête, curieux d’entendre la réponse de Lottie.
En même temps que le dossier de candidature, elle avait dû remplir ce fameux test, composé de questions à choix multiples et de scénarios imaginaires. Le but était de déterminer quelle maison lui correspondait le plus.
— Florence Ivy.
Les autres échangèrent un regard amusé. Elle se demanda si elle avait dit quelque chose de stupide.
Binah lui tapota l’épaule, un geste qui aurait paru condescendant de la part de n’importe qui d’autre, mais que son grand sourire rendait amical.
— Désolée, désolée ! Nous n’appelons jamais les maisons par leur nom complet. Nous utilisons simplement Ivy, Conch et Stratus.
Lottie se sentit de nouveau rougir.
— Tu es à Stratus, n’est-ce pas ? devina-t-elle en désignant les cahiers jaunes de Binah.
— Oui, c’est n’importe quoi, déclara Anastasia en français.
Elle n’avait toujours pas retiré ses lunettes de soleil. Lottie ne parlait pas très bien sa langue, mais elle comprit l’idée générale.
— Binah est l’une des rares élèves à s’être vu proposer les trois maisons, continua la jeune fille, en anglais cette fois. Mais va savoir pourquoi, elle a choisi Stratus plutôt que Conch.
— Hé ! protesta Lola, vexée.
— Ne le prends pas mal, mais Conch est clairement supérieure aux autres. Comme le prouve sa couleur, le rouge.
— Toi, t’as un super petit ami, de bonnes notes à l’école et tout le monde t’aime, m’a-t-elle dit pour expliquer sa théorie. Et tu es blonde ! C’est normal que ta situation familiale soit un peu… compliquée. C’est la vie qui maintient l’équilibre.
— Et toi ? ai-je demandé. Qu’est-ce qui ne va pas dans ta vie ?
— Je galère en cours, a-t-elle répondu.
— C’est pas vrai. En plus, je ne suis pas une vraie blonde. On échange nos cheveux quand tu veux.
Sarah a de merveilleuses boucles noires. Elle tient leur couleur de sa mère latino et leur texture de son père (enfin, quand il avait encore des cheveux). Elle a hérité du meilleur de leurs gènes. Sa peau est d’une magnifique couleur olive. Elle se plaint beaucoup de son nez (pas assez droit), de ses sourcils (trop drus) et de ses cuisses (moins fines que dans ses rêves). C’est ridicule. Je la trouve super belle.
Mais elle n’a pas tort en ce qui concerne ma vie familiale. Ivy avait sept ans quand son autisme a été diagnostiqué. Pendant longtemps, mes parents n’ont plus parlé que de ça.
Puis mon père s’est mis à avoir des problèmes pour déglutir. Le cancer de l’œsophage se développe très vite : notre vie ne tournait plus qu’autour de ses soins médicaux.
Quelques années plus tard, mon père est mort et maman a craqué. Elle a plongé dans la dépression. Elle n’arrivait plus à se lever le matin et Ivy et moi avons dû apprendre à nous débrouiller toutes seules pour aller à l’école.
Une fois le pire passé, on ne savait plus si maman irait bien ou pas. Certains jours, elle était présente et voulait tout bien faire, et d’autres jours, une broutille la déstabilisait, un robinet qui coule, une vieille photo, les cris d’Ivy, alors elle replongeait. J’avais appris à apprécier les bons jours et à gérer pendant les mauvais. Elle s’inquiétait toujours de nos finances, papa avait une assurance-vie qui n’était pas énorme. Le travail de secrétaire médicale de maman lui permettait d’être tout le temps à la maison, mais pas d’avoir un gros salaire.
Puis Ron est arrivé et elle a eu l’impression d’être sauvée.
Moi, pas vraiment.
— Ria ! Je suis tellement contente que tu appelles, je hurle dans le combiné.
— Mi amiga ! Qu’est-ce qui ne va pas ? Je ne te reconnais pas.
Maria De La Torre est l’une de mes meilleures amies filles et ma colocataire. Toutes les deux, nous avons traversé l’enfer et tirons les mêmes bagages. Au fil des années, nous sommes devenues particulièrement protectrices l’une envers l’autre. Son amour et son soutien m’ont permis de survivre à de nombreuses nuits de larmes et de haine de moi-même. Et j’ai été son roc à peu près aussi souvent. Ensemble, et grâce à de nombreuses séances de thérapie, nous avons appris à gérer et à nous montrer plus ouvertes quant à nos sentiments. Je reste renfermée, mais il y a tout de même une poignée de gens soigneusement choisis dans mon monde à qui j’accorde ma confiance. Maria en fait partie.
— Meuf, j’ai rencontré un homme, je lâche dans un soupir, dégoûtée de moi-même.
Ma remarque la fait rigoler.
— Ben alors, pourquoi on dirait que ton chien vient de mourir ?
— Je ne sais pas. Il est différent. Très intense.
C’est un euphémisme.
Maria soupire au bout du fil.
— Gigi, ne me dis pas que tu as encore rencontré un de ces salauds qui n’ont qu’une idée en tête, coucher avec toi. C’est vrai, quoi, tu es tout à fait baisable, mais il faut que tu arrêtes d’attirer ces pedazos de mierda !
Elle me fait rire. Selon Maria, tous les hommes sont des merdes. Inutiles. Son usage intempestif de l’espagnol la rend incroyablement attachante. C’est une caractéristique unique, et qui m’en a appris pas mal sur sa langue maternelle.
— Il n’est pas comme ça. Enfin, à la vérité, je ne sais pas grand-chose de lui si ce n’est qu’il est torride. Et là, je te parle du niveau star de cinéma, « Homme le plus sexy de l’univers » du magazine People, tu vois le genre. Les femmes du monde entier doivent quitter leur culotte sans poser de question pour lui.
D’ailleurs, il doit le savoir, ce sale arrogant.
Maria glousse.
— Miam. Et donc, tu vas le faire ?
— Faire quoi ?
— Quitter ta culotte pour lui, bécasse, fait-elle en riant de plus belle, sur un ton qui dit aussi : « Mais qu’est-ce que tu peux être nunuche, ma pauvre fille ! »
La peur panique de la captive s’était muée en frustration intense.
— Combien de fois faut-il vous répéter que je n’ai jamais couché avec mon collègue ? Appelez-le comme vous voulez, mais s’il s’agit bien de Brent Thort, l’agent immobilier, on n’a jamais rien fait ensemble.
— Où est-il ?
Elle prit une profonde inspiration en priant pour que le blond cesse de lui poser les mêmes questions en boucle. Il était son seul interlocuteur depuis qu’ils l’avaient conduite dans cette pièce. Plusieurs heures s’étaient écoulées ; elle bâilla.
— Je n’en sais rien.
Puis, plus fort :
— Vraiment rien ! Inutile d’insister, mes réponses ne varieront pas. C’est la centième fois au moins que je vous dis que je n’ai pas couché avec ce type. On n’est même pas allés boire un verre ensemble ; je le croise au bureau, point barre. Pourquoi vous refusez d’appeler ma responsable ? Elle doit savoir où il vit. Ça doit figurer dans ses dossiers. (Sa colère enfla. C’était à Mel qu’elle devait ce cauchemar éveillé.) C’est elle qu’il fallait kidnapper !
Le blond soupira.
— Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
— Rien. On ne se parle pas, avec ce connard ! J’en peux plus, j’ai faim, je veux rentrer chez moi. J’ignore où il se trouve. Si je le savais, je vous le dirais, croyez-moi. C’est à peine si on a échangé trois mots sans s’engueuler depuis que j’ai débuté dans cette boîte, il y a trois mois. Je fais tout pour l’éviter, pigé ? Ce gros con raconte des blagues dégueu au bureau. À l’encontre de toutes les règles.
Je commence à croire que ce qu’il s’est passé entre lui et moi ne sera à jamais qu’un one-shot. Nous nous sommes croisés plusieurs fois depuis mon déménagement, notamment à la salle de son frère, mais cela n’a abouti à rien d’autre qu’à une série de regards furtifs. J’avais espéré que la fête donnée en l’honneur de Julian, la veille de sa compétition, nous permettrait de finir la nuit ensemble… Mais rien ne s’est passé comme prévu ce soir-là. Depuis qu’elle a fait la connaissance de Calvin Cooper, ma libido est survoltée. Je suis constamment dans la nécessité d’assouvir mes besoins primaires, au risque de finir coincée comme ma patronne.
Un clic plus tard et je suis déjà en train de faire la difficile. Tous les profils que l’application me propose aujourd’hui n’ont droit qu’à des swipe à gauche3. Je ne suis pourtant pas si difficile… Bon, allez, je fais un petit effort, histoire de. Et ça marche ! En quelques secondes à peine, je matche avec un certain Leeroy, qui ne perd pas de temps pour m’écrire :
De Leeroy :Salut, ça va ?
De Erin : Très bien, merci. Et toi ?
De Leeroy : Tu suces ?
Mais mince, à la fin ! D’où sortent tous ces types qui manquent cruellement de respect ? À chaque connexion, j’ai droit à ce style d’obsédés. Est-ce qu’il y a vraiment des femmes qui continuent la conversation avec ces gars-là après de tels propos ? Il m’est arrivé plusieurs fois d’avoir envie de leur filer un rencard juste pour les émasculer. Ma sœur est toujours paniquée à l’idée que j’aille à un rendez-vous avec un homme de Tinder. Elle a entendu tellement d’histoires glauques à ce propos que ça l’a rendue parano. Amy et sa tendance à voir le mal partout…
— Excusez-moi, mais qu’est-ce que vous voulez ?
— Je… je…, balbutia-t-elle, étranglée par l’émotion.
— Bon ! Soit vous nous dites ce que vous voulez, soit vous partez ! lui lança un des avocats du cabinet.
— Je… je voulais que vous voyiez ce que vous avez fait, nous cracha-t-elle en montrant la photo de l’enfant sur la table.
Elle continua en me pointant du doigt.
— Je vous ai vue hier ! C’est vous qui avez fait acquitter ces criminels ! Oui, vous !
Des larmes de rage coulaient le long de ses joues empourprées par la colère.
Nous avons beaucoup marché, beaucoup visité. Pendant la quasi-totalité du temps que nous avons passé là-bas, j’ai réussi à me tenir à l’écart de la télévision et de la Coupe du monde. Je préférais franchement contempler par la fenêtre de notre chambre d’hôtel la vue magnifique sur la Porte de Brandebourg, qui compte parmi les plus belles de la ville, ou lire un livre. Je me suis quand même installé devant le petit écran pour voir le tirage au sort de la Champions League sur Al Jazeera. Ça, c’était pour le travail.
Comme d’habitude, ce tirage au sort avait lieu à midi au siège de l’UEFA à Nyon, en Suisse. Le président de notre club, Phil Hobday, était dans le public qui paraissait un peu perplexe et je l’entrevis brièvement, l’air de s’ennuyer ferme. Je ne lui enviais certainement pas cette mission bien particulière. Alors que le moment du tirage approchait, j’appelai Viktor sur Skype, dans son immense suite située au dernier étage du Copacabana Palace, à Rio. En attendant de voir notre petite boule surgir d’une des vasques en plastique et l’invité de l’UEFA la dévisser pour en lire le contenu – une procédure laborieuse et franchement risible –, Viktor et moi discutions de notre dernier transfert : Prometheus.
Difficile de commencer une lettre pour un inconnu qui n’en est pas vraiment un. J’ai mis une heure avant de me décider pour le « cher papa »… Pourtant, il faut bien que je me jette à l’eau. Si tu me voyais en maillot, tu comprendrais pourquoi cette expression me fait grimacer.
Cher papa donc…
Oui. Tu as bien lu ces quatre lettres : PAPA. Ce doit être un choc pour toi que je t’appelle comme ça puisque tu ne m’as jamais entendue prononcer ce mot.
Évidemment ! Tu n’as même pas attendu que je sois née avant de t’enfuir ! Du moins c’est ce que maman affirme. Mais elle dit tellement de choses différentes sur toi que je ne sais plus ce qui est vrai ou faux.
En réalité, tu es peut-être resté quelques mois, juste le temps de voir ma tête. Ensuite, tu es parti car la vie à trois, ce n’était pas ton truc… À moins que tu attendes que je sois devenue presque adulte pour me rencontrer ?
Moi, j’ai envie d’y croire. Même si maman répète que tu n’es qu’un lâche qui a pris ses jambes à son cou juste avant ma naissance. C’est comme ça qu’elle parle quand elle est en colère.
Et elle est souvent en colère !
Treize ans que tu es parti. Treize ans pendant lesquels j’ai grandi sans père.
Je ne me souviens pas que tu m’aies vraiment manqué quand j’étais petite. Il y a eu une longue période pleine de « beaux-papas ». Maman n’aimait pas trop être seule… Je me rappelle vaguement quelques visages masculins. Mais parmi eux, aucun dont j’ai envie de me souvenir. Ils sont partis, les uns après les autres.
Je crois que c’est vers dix ans que j’ai commencé à penser à toi de plus en plus. C’est aussi la période où ma silhouette a complètement changé… Dans la rue, j’essayais de deviner à quel homme tu pouvais ressembler. Je me demandais où tu habitais, ce que tu faisais de ta vie. J’ai questionné maman, bien sûr. Mais de ce côté-là, c’était le silence ou les cris.
Alors je me suis construit mon propre père. Comme un kit à monter avec plein de pièces qui manquent.
De surcroît, la longue histoire de l’espèce humaine, sans doute plus souvent confrontée à des situations de manque que d’abondance, aurait pu contribuer à la sélection des individus disposant des caractères génétiques favorisant les capacités de stockage. Or, voilà qu’en situation d’abondance cette caractéristique, qui fut longtemps un avantage adaptatif, se retournerait contre l’espèce. L’inégalité génétique des individus en matière de rendement énergétique et de capacité de stockage expliquerait le développement différencié de l’obésité. La génétique est donc candidate à la compréhension du phénomène. Cela dit, la vitesse à laquelle l’obésité se développe exclut les explications de type « tout génétique ». Les contextes sociaux et économiques, les modes de vie apparaissent donc a minima comme déclencheurs.
Une théorie de l’influence
Un docteur sait, un médecin soigne, un thérapeute applique une thérapeutique. Si les mots « docteur » et « médecin » découlent d’une sorte de parti pris de prudence, relèvent d’une philosophie où le savoir serein prévaut sur l’activisme aveugle, « thérapeute » n’est qu’un euphémisme mou, une tentative de contourner le paradoxe fondamental de celui qui fait métier de guérir. Car guérir est toujours un acte de pure violence contre l’ordre de l’univers. Et nulle thérapeutique n’est plus violente que celle qui entreprend de guérir l’âme. Car dans les désordres psychiques, ce dont souffre le patient exprime la vérité la plus profonde de son être. Le guérir consiste à l’expulser de ses choix, à lui interdire ses stratégies d’existence décidées dans un moment crucial de sa vie et appliquées systématiquement depuis. Guérir consisterait alors à exercer une influence démiurgique et à se penser par là même l’égal du dieu monothéiste : tout-puissant et transcendant. Mais au nom de quoi, et à partir de quelle certitude ?
Ce livre est né d’un moment de perplexité – un temps d’entre-deux – où faisant retour sur moi-même, je me suis demandé si j’exerçais une telle influence sur mes malades, si je me croyais véritablement capable de les transformer – seulement en surface, ou véritablement, en profondeur ? Cette transformation, si elle existait, était-elle toujours pour leur bien ? Ou bien étais-je inoffensif, voulant leur bien, comme sans doute bon nombre de leurs proches, et assistant, aussi rempli d’illusions que démuni de pouvoirs, à leurs tentatives d’autodestruction ou d’autoguérison ?
D’abord formé à la sociologie et à l’anthropologie, puis à la psychologie et à la psychanalyse, j’ai exercé mon activité thérapeutique dans la plupart des types d’institutions de soins psychiatriques existant en France : en hôpital psychiatrique, en dispensaire d’hygiène mentale, en Centre médico-psycho-pédagogique, en Centre hospitalo-universitaire, en Centre de protection maternelle et infantile. Partout, j’ai trouvé des docteurs (au sens de ceux qui savent) agissant sur des patients et, comme on dit vulgairement, ne « faisant pas dans la dentelle ». Aujourd’hui, je sais que, du moins en psychiatrie, le plus puissant ressort de leur action est avant tout le prestige de la médecine. Mais ils agissent aussi par la magie des molécules – ô combien actives –, par des dispositifs de prise en charge, des relais sociaux, la force aveugle des institutions – et Dieu sait si elles sont contraignantes –, par leur parole enfin, qu’ils prétendent toujours « de vérité ». Et partout où je suis passé, j’ai vu les docteurs prétendre tout de même « laisser s’exprimer la vérité du malade », son « désir ». Ils disaient l’aider sans violence, sans contrainte, l’accompagner dans la découverte de sa nature profonde. Et ces bons docteurs, ces psychanalystes lisses, ces thérapeutes aux mains propres, je les ai toujours vus armés jusqu’aux dents, armés d’une pensée d’abord – qu’ils prétendaient scientifique, démontrée, définitive –, d’une théorie qui toujours justifiait cette idée étrange selon laquelle leurs actes, les torsions qu’ils imposaient au monde concret du patient, n’étaient qu’émanations de ses propres souhaits. Et s’il ne connaissait pas ses désirs secrets, si sa famille se débattait avec une fausse idée de lui-même, c’était, disaient-ils, que des processus morbides, voire l’obscur travail de l’inconscient, les rendaient tous aveugles.
Entendons-nous ! Je sais combien la pratique de la psychanalyse par un véritable professionnel et selon les règles de l’art peut être bénéfique au patient dans une relation contractuelle, librement consentie. Mais lorsqu’elle règne en idéologie maîtresse dans un service de psychiatrie ou dans une consultation médico-psychologique, elle devient, comme tant d’autres prétendues théories scientifiques, un galimatias de causalités naïves et, en dernière analyse, un outil d’autojustification destiné à des apprentis sorciers – quelquefois, mais si rarement – inspirés.
Et jusqu’aux psychanalystes (j’en suis un) se voulant au-dessus de la mêlée, les pires en ce domaine lorsqu’ils travaillent en institution, qui ont même – chacun s’en souvient – clamé un moment qu’ils n’avaient aucune intention thérapeutique et prétendu que leur action n’était thérapeutique que « de surcroît ». Est-ce à dire à leur insu ? de mauvaise grâce ? contre leur gré ? Qui sait ce qu’ils voulaient dire par là ?
La théorie des docteurs
En deux décennies d’activité clinique intense, j’ai vu changer bien des fois les théories des docteurs, mais malgré les petites différences, toutes celles que j’ai rencontrées comportaient un certain nombre de prémisses – toujours les mêmes – encore présentes dans les théories de ceux que je côtoie aujourd’hui.
D’après toutes ces théories, il existerait une nature des faits que décrit et analyse une discipline s’apparentant peu ou prou à la médecine : la psychopathologie. Cette nature, tout comme par exemple la structure de la matière, serait indépendante de l’observateur et susceptible de descriptions systématiques – peut-être même d’expérimentations. Cette discipline porterait sur le sujet, c’est-à-dire l’« individualité psychologique » superposable à l’individualité biologique, la personne (et moi qui depuis toujours me demandais : « Et pourquoi pas le village, la lignée, les ancêtres ? »). Certains éléments constitutifs de la personne, tels que son « identité culturelle » ou « ethnique1 » (sa langue, ses coutumes, ses systèmes de représentation), sont toujours représentés comme extérieurs à sa nature, comme les vêtements pour le corps propre ou son terreau pour une plante.
Mais comment les psychopathologistes appréhendent-ils cette prétendue « nature » ? De quels instruments supérieurs disposent-ils pour la percevoir ? De scanners à psyché, de microscopes électroniques à inconscient, de télescopes à libido ? Non ! Simplement d’une certaine forme de conversation ! Car, en psychopathologie (on l’oublie si souvent !), aucun recueil de faits ne peut être obtenu sans entretiens avec le patient, fussent-ils codifiés, standardisés, guidés à distance par un ordinateur. Or, il faut le souligner, un entretien psychiatrique n’est jamais un relevé innocent d’éléments objectifs. C’est toujours une véritable procédure d’influence dont on peut parfaitement décrire les déterminants. Un patient (seul, c’est-à-dire délibérément isolé, et non au sein de sa famille, un patient considéré comme une totalité, c’est-à-dire coupé de sa lignée, de ses appartenances initiatiques, de son village), un docteur (généralement savant, c’est-à-dire armé d’une pensée théorique, d’une éthique, d’une morale de groupe, voire de caste, qui lui n’est pas isolé) et une raison (naturellement universelle, alors qu’il existe d’autres types de rationalité, j’y reviendrai tout au long de cet ouvrage) construite a priori pour saisir, décrire, analyser, bref, prendre possession de l’objet, toujours autre, toujours figé dans son externalité.
Un exemple : qu’est-ce qui différencie la lecture du marc de café, ou, comme au Maghreb, du plomb fondu ou de la pierre d’alun fondue, de l’interprétation d’un test de Rorschach réputé fiable ? Dans tous les cas, ne s’agit-il pas d’interpréter des tâches produites au hasard ? Avant tout, pourra penser un observateur extérieur, ce qui les distingue, c’est la méthodologie, supposée rigoureuse, qui a présidé à la fabrication du test. Le sait-on seulement ? Le test de Rorschach, comme d’ailleurs la plupart des tests dits « projectifs », est fondé sur deux prémisses qui sont, je dois le dire, d’une naïveté accablante. On a d’abord fait passer ce test à des malades rangés dans certaines catégories nosographiques et on a noté les réponses les plus fréquentes par type de patients. Puis on en a tiré des conclusions statistiques sur l’occurrence de telles réponses. Première prémisse donc : la classification préliminaire, les catégories nosographiques qui la fondent, sont valides. Et si elles ne l’étaient pas (ce que, de plus en plus, on a tendance à penser aujourd’hui) ? La seconde prémisse, beaucoup plus grave sur le plan de la méthode, c’est qu’il serait possible d’appréhender de manière objective, c’est-à-dire comme s’il s’agissait d’un objet extérieur à l’observateur, quelque chose qui, nous le savons bien, est un simple modèle théorique : le fonctionnement psychique. Il serait même possible de saisir l’état de cette chose en franchissant ses travestissements comme un appareil à rayons X traverse la peau pour donner une photographie de ce qui reste invisible à l’œil nu, les os. Et si cette substance qu’on prétend saisir ainsi n’existait pas ? ou pas sous cette forme ? Et si elle n’existait pas ailleurs que dans les représentations du clinicien ? Et si les représentations du clinicien, qu’il a besoin de penser vraies afin de maintenir la cohérence de son monde interne, n’étaient que des outils lui permettant d’établir un certain type d’interaction thérapeutique ?
En fait, le marc de café possède une supériorité méthodologique considérable sur le test de Rorschach. Naturellement, il s’agit aussi d’une sorte de test projectif, mais qu’on fait passer au clinicien – il s’agit bien sûr dans ce cas d’un voyant – et non au sujet. Et comme on l’administre en présence du sujet ou d’un objet qui le représente (une photographie, un vêtement), la lecture du marc de café ne peut donner des informations que sur l’état de l’interaction entre clinicien et sujet, et non sur l’hypothétique nature cachée d’un prétendu sujet. La lecture du marc de café serait donc une procédure strictement technique destinée à contraindre le clinicien à ne produire du discours que sur l’interaction qu’il vient d’établir avec une personne, par conséquent à fabriquer du matériel clinique utilisable. Si j’avais quelque pouvoir en ce domaine, je préconiserais une utilisation comparable du test de Rorschach, j’y soumettrais volontiers le clinicien plutôt que le malade, mais en la présence de celui-ci.
Malgré la percée psychanalytique incitant à l’analyse du contre-transfert2, malgré l’effort héroïque de Ferenczi pour saisir cette part d’hypocrisie inaugurale du clinicien qu’est sa prétendue connaissance a priori de l’autre, je n’ai trouvé aucune théorie conséquente partant de l’action du thérapeute et non de la prétendue nature du patient. Peut-être tout simplement parce que sa propre activité reste imperceptible au clinicien – qui dit se borner à décrire, qu’il n’entreprend que de savoir.
Aujourd’hui, Louise a compté les francs, rendu la monnaie, offert un petit pain à un jeune garçon portant en lui une tristesse qui ne peut échapper à aucun regard. Le sourire de la boulangère n’a pas rayonné derrière son comptoir. Elle a remercié les habitués plus volontiers qu’à l’habitude, glissant des gentillesses comme on jette ses dernières forces dans l’arène. Quand madame Pichaut, la voisine du quatrième étage, lui a demandé des nouvelles de son mari, Louise a ravalé ses larmes et bégayé une réponse inaudible. Quand deux grands escogriffes portant fièrement l’insigne nazi ont passé le pas de la porte de la boutique, elle a senti monter en elle une immense et intense bouffée de chaleur. Une angoisse soudaine. Une inquiétude sourde et révoltante.
Les mots, qu’ils soient écrits ou parlés, de même que les pensées, cachent une quantité d’informations et d’énergies énormes, car l’Ego de l’auteur mais aussi les énergies (plus élevées ou non) qui l’ont inspiré sont des chemins invisibles qui conduisent à des histoires sans fin. Ainsi un livre, lorsque que je le lis, m’emmène sur des voies étonnantes et dans des mondes étranges, de même que le discours d’une personne m’emmène également bien loin de ce qu’il croit, vers les intentions cachées derrière les mots.
Et d’un coup c’est l’explosion : j’ai l’impression d’avoir été branché sur une centrale nucléaire.
Lorsque j’étais jeune, j’ai mis les doigts dans une prise : j’ai reçu une sacrée châtaigne. La sensation physique n’était rien comparée à celle que je ressens maintenant. C’est comme si un courant électrique d’une puissance indescriptible avait jailli de mon bas-ventre pour s’élancer vers le sommet de mon crâne. J’ai l’impression de brûler vif tout en étant traversé par un courant qui devrait m’anéantir sur place, et pourtant la sensation dépasse tous les plaisirs que j’ai connus avant. C’est plus que sexuel, et plus que toute jouissance qu’on puisse ressentir. Un bruit assourdissant et bienfaisant, comme celui d’un torrent, m’emplit les oreilles. Je suis une prise électrique qu’on a enfin branchée : je sens à l’intérieur (et à l’extérieur !) de moi toute une série de câbles, petits et grands, avec des ramifications infinies qui conduisent naturellement ce courant qui me traverse tout en entier et au delà.
Et de ce point de vue, l’analyse de ce qui s’est passé pendant la campagne électorale, des valeurs et des thèses qui se sont affrontées, de certaines méthodes utilisées par la droite mais aussi, il faut le dire, de l’indéniable capacité de l’adversaire, tout cela peut être utile aux combats d’aujourd’hui. Car aujourd’hui il faut combattre. De préférence les yeux ouverts.
Mais d’abord quelques questions comme des leitmotive baroques qui revenaient à intervalles réguliers et qu’il n’y a aucune raison d’esquiver.
Mais comment en est-elle arrivée là ? Je suis issue d’une famille de la classe moyenne. J’ai connu un itinéraire hors du commun, par rapport à mon origine familiale. Et c’est peut-être parce que j’ai été élevée assez rudement, au milieu d’une famille nombreuse qui a connu des épreuves que j’ai, aujourd’hui, quelques qualités de caractère que l’on veut bien me reconnaître. Ouf ! Pour le coup, comme les compliments sont chichement accordés, cela ne doit pas être loin de la vérité... ainsi qu’une solidité et une stabilité intérieure qui ont surpris mes adversaires. J’espère que dans l’avenir elles les inquiéteront. En fait je suis une femme du milieu, pas dans le sens criminologique du mot, s’entend. Milieu d’une famille de huit enfants, la quatrième. Milieu de la France, rurale dans l’enfance puis urbaine. Milieu des Français, classe moyenne, je l’ai dit. Et, si je suis arrivée là, c’est en travaillant dur, très dur. C’est grâce à l’école. Et aussi, parce que j’ai reçu, du passé, tout un bagage que j’ai le souci de transmettre, à mon tour, à la génération qui se lève. Malgré des épisodes chaotiques que connaissent toutes les familles, j’ai été aimée de mes parents, de mes grands-parents, de mes frères et sœurs. Et cela, ça reste la clef.
Au lieu des six mois de cure lourde et incertaine prescrits par des docteurs aux mines recueillies, cette herboriste a dissipé mon mal en six jours de diète et de conversations emplies d’une joie rentrée.
Vera parlait à mots légers et rares, comme déposés sur une coquille d’œuf. Sa consultation s’était rapidement transformée en une suite de paraboles. Je ne pensais plus à cette boule, au-dessus de l’aine, qui me comprimait les entrailles.
Je me suis emparé d’un marteau de charpentier qui n’avait encore jamais servi et dont l’acier poli luisait brillamment, son manche gainé de caoutchouc afin d’assurer une bonne prise et d’amortir les chocs. Je l’ai élevé au-dessus de ma tête et, après l’avoir laissé deux secondes suspendu, je l’ai abattu, avec toute la force et la précision possibles, sur le pied froid, pâle et blanc. D’abord le gauche, puis le droit. Et à nouveau plusieurs fois de part et d’autre, et encore, jusqu’à ce que les pieds ne soient plus parfaits, même plus reconnaissables mais explosés, dépecés, pulvérisés, éparpillés dans toute la pièce.
Une poussière livide flottait dans l’air autour de moi. Des débris blancs jonchaient le parquet, que j’ai ramassés et effrités entre mes doigts. Il n’y avait évidemment pas de sang, pas de chair, pas d’os fracturés, pas de tissus déchirés. Tout ce que je venais de faire était de détruire les moulages en plâtre des pieds de Catherine. Les autres, les vrais, restaient intacts, et parfaits, même si désormais je n’y avais plus accès.
Téléphone (1986-1996) ne résista pas à dix années d’ usure, passées sur les routes et dans les plus grandes salles européennes. Même si Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka se retrouvent parfois pour d’ éphémères rencontres, le premier poursuit brillamment l’ aventure solo, le second, indétrônable « french guitar hero », après quelques tentatives avec Les Visiteurs, puis en solo, a surtout fait parler de lui en tant que producteur du premier disque de Carla Bruni et est revenu au sommet de l’ actualité récemment avec son nouvel album Grizzly (Ça c’ est vraiment moi).
Trust, qui vit le jour en 1977, se produit encore de nos jours, épisodiquement, mais sa carrière fut entrecoupée de très longues périodes de silence, chaque membre du groupe se consacrant à d’ autres occupations ; Nono officia un temps comme sideman de Johnny Hallyday, Bernie Bonvoisin se tourna vers le cinéma.
Croyez-vous en vos potentiels et souhaitez-vous les utiliser à bon escient ?
Ou considérez-vous plutôt qu’il « suffit » d’avoir des compétences et d’attendre que la chance vous sourie ?… Voyons cela :
Question n° 1. Un talent, c’est :
a. Un don qui me distingue.
b. Quelque chose que je sais bien faire et refaire.
c. Une « grâce » réservée à une élite.
d. Une compétence que j’ai développée.
Question n° 2. Vous estimez qu’un talent…
a. Concerne une aptitude à faire quelque chose et peut intervenir dans plusieurs domaines différents.
b. Peut être utilisé dans un autre domaine si on s’y applique.
c. Intervient au « hasard » dans un domaine quelconque.
d. Se cantonne à un domaine et à un seul.
Le concert ne commencerait pas avant plusieurs heures et, là où elle se trouvait, il n’y avait personne, mais elle savait qu’elle ne se ferait pas refouler. En effet, cette fois, elle ne faisait pas partie de la foule surexcitée qui attendait devant les grandes portes que celles-ci s’ouvrent. Non, elle avait obtenu le sésame qui lui permettrait d’entrer dans l’intimité du groupe : le passe all-access que Jeremie Morell lui avait fait expédier à la suite de leurs derniers échanges.
Comme elle l’avait espéré, les clichés qu’elle avait envoyés au manager de Spiderz avaient produit l’effet escompté, et si elle n’en avait pas retiré d’argent – puisqu’elle les avait offerts – cela lui avait permis de nouer une relation de confiance avec Jeremie Morell, qui lui avait proposé d’avoir l’accès exclusif au groupe avant et après les concerts pour les photographier dans l’intimité.
Alice avait sauté sur l’occasion – après avoir sauté de joie devant son ordinateur en lisant le mail – et pris deux jours de congé pour monter à Paris afin d’assister à cet unique concert.