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Commentaires de livres faits par Phil_33

Extraits de livres par Phil_33

Commentaires de livres appréciés par Phil_33

Extraits de livres appréciés par Phil_33

Il en a des choses à dire Monsieur Wohlleben, et d’autant plus qu’il n’est pas content, mais alors, pas content du tout, Monsieur Wohlleben ! Et il le fait savoir. D’ailleurs, il a écrit ce livre pour ça ! Pour « râler » contre la politique allemande d’exploitation et de gestion du domaine forestier.

Peter Wohlleben est né en 1964 à Bonn, capitale de l’Allemagne de l’Ouest. En 1983, il fait ses études à l’université des sciences forestières de Rottenburg. Après sa titularisation, en 1987, comme fonctionnaire de l’office forestier de Rhénanie-Palatinat, il travaille durant cinq ans comme directeur d’un bureau forestier. En 1991, il obtient enfin son premier travail comme forestier de terrain sur la communauté de Hümmel dans la région de l'Eifel.
La gestion forestière écologique de la forêt d’Hümmel reçoit la certification forestière Forest Stewardship Council, attestant d’une gestion forestière durable.
Il écrit en 2015 "La vie secrète des arbres", best-seller mondial qui lui permet de devenir "le forestier le plus célèbre de la planète", et de fonder en 2017 une Académie de la forêt, n’en déplaise à de nombreux détracteurs.
https://www.senscritique.com/livre/la_vie_secrete_des_arbres/23049961

J’avoue ne pas avoir lu "La vie secrète des arbres" auquel l’auteur ne cesse de faire référence. Peut-être le lirai-je car après avoir pris connaissance de la critique, dénuée de tout argument probant, du bucheron de service "robindestoits" (note 1/10), il semble intéressant de se faire une idée.

On ne voit plus dans les arbres que des « capteurs de CO2 », des fournisseurs de matière premières, de combustible au bilan carbone « nul » et on ignore complètement le rôle des forêts dans l’économie de l’eau et dans la régulation de la température, en ces temps d’échauffement climatique.
Et pourtant qui a dit : « La rareté ou l’absence de forêts augmente à la fois la température et la sécheresse de l’air, et cette sécheresse, en ce qu’elle réduit l’évaporation de l’eau et amoindrit la force de la végétation rase, exerce un effet en retour sur le climat local »
C’est très actuel, non ? C’est un savant contemporain ? Un lanceur d’alerte ? Un précurseur ?
Il était une fois, il y a deux siècles, un célèbre explorateur du nom d’Alexander von Humboldt qui avait longuement décrit l’importance de ces liens en 1831 dans ses Fragments de géologie et de climatologie d’Asie.
Alexander, baron von Humboldt, est un naturaliste, géographe et explorateur allemand né en 1769 à Berlin et mort en 1859 dans cette même ville. Il était membre associé de l’Académie des sciences française et président de la Société de géographie de Paris. Par la qualité des relevés topographiques et des prélèvements de faune et de flore effectués lors de ses expéditions, il a fondé les bases des explorations scientifiques modernes (Wiki)

Bon, alors c’est une vieille histoire… j’ai pris quelques notes des passages importants et c’est comme si je recopiais tout le bouquin… si cette histoire vous intéresse il vaudrait peut-être mieux lire le livre. Si vous voulez savoir pourquoi demain sera CHAUD, sec et en feu… c’est parce qu’on n’aura tenu aucun compte de ce livre ! Pessimiste ? Hélas non, fataliste… demandez donc à "robindestoits", je suis sûr qu’il va se taper sur les cuisses en riant un bon coup en citant "véganisme" entre deux côtelettes !

Trêve de plaisanteries. Quelles sont les idées, un peu utopiques, peut-être, de Monsieur Wohlleben ? Enfin, que nous propose-t-il notre ami Peter ?

Tout d’abord, je tiens à préciser que Peter (appelons-le par son prénom, c’est plus simple), Peter donc, critique fortement l’administration forestière allemande. Je n’y connais rien en gestion forestière, mais à partir du moment où elle est basée sur la rentabilité, je serais bien étonné que la gestion française soit fondamentalement différente.

Commençons par une pensée pour ceux qui doute encore de l’intelligence des arbres, sont-ils capables d’apprendre et de mettre en application ce qu’ils ont appris ? En effet : « Un changement de comportement consécutif à de nouvelles expériences : c’est la définition de l’apprentissage. » Et bien des arbres qui ont souffert d’un été particulièrement sec, sauront par la suite économiser leur consommation d’eau. Ce changement de comportement se voit notamment au fait que le diamètre des troncs ne croît plus aussi vite. Même si, à l’avenir, il n’y a plus de sécheresses, les arbres demeureront fidèles à la stratégie qu’ils ont adoptée à la suite de cet événement traumatique.
J’entends déjà des voix s’élever disant que ça n’a rien à voir avec l’intelligence… (la leur sans doute) !
[Wikipédia nous dit que : L'intelligence est l'ensemble des processus retrouvés dans des systèmes, plus ou moins complexes, vivants ou non, qui permettent de comprendre, d'apprendre ou de s'adapter à des situations nouvelles – Ah tiens !]

Un autre exemple ? Peter a pu remarquer qu’au cours des étés de sécheresse 2018 et 2019, de vieilles forêts de hêtres se révélèrent d’une étonnante robustesse. Mais la situation changea en 2020, lors du troisième été sec. C’étaient surtout les versants nord qui étaient touchés, c’est-à-dire les zones en principe les moins exposées, les plus humides. Or c’était là que les symptômes étaient les plus manifestes. Pourtant, le stress des arbres situés sur les pentes sud, visible à la coloration brune de leurs feuilles, fut moins marqué. L’été 2020 ne les épargna pas, mais ils avaient appris des années précédentes, ils se mirent en mode urgence au bon moment. Plongés dans une sorte de demi-sommeil, ils économisèrent de l’eau. Lors de la sécheresse de 2019, l’humidité du sol, au Nord, était restée suffisante, et c’était encore le cas en juillet 2020. Mais en août les ultimes réserves furent épuisées en un tournemain ; lors d’une chaude journée d’été, un hêtre adulte peut perdre jusqu’à 500 litres d’eau.

Alors, non seulement les arbres apprennent, mais ils transmettent une partie de leur savoir à leur progéniture ! Pour alléger le texte, je ne vais pas rapporter le détail des études, mais croyez-moi sur parole, les graines sont porteuses de l’apprentissage des parents (résistance à la sécheresse, au gel…). Vous voyez où je veux en venir ? Aux godets de pépinières en terres étrangères… Oui ? Non ? Pas encore branché ? Ça va venir…

On l’a dit, un hêtre adulte peut pomper jusqu’à 500 litres d’eau dans une journée d’été et pour évaporer de l’eau il faut de la chaleur que l’arbre prend dans… l’atmosphère ! S’il fait frais à l’ombre d’un arbre, ce n’est pas seulement à cause de l’ombre (qu’est-ce qu’il fait chaud sous un parasol !), c’est à cause de l’évaporation ! Les arbres apportent tant de fraîcheur que la différence de température entre une ville comme Berlin et une forêt ancienne est d’environ 15 °C. La campagne cultivée avec ses prairies et ses terres agricoles affiche environ 10°C. Mais le résultat le plus surprenant concerne les plantations de pins. Les études révèlent, en effet, que ces monocultures ne remplacent nullement la vraie forêt. La température y est jusqu’à 8°C plus élevée que dans les vieilles forêts de feuillus.
À grande échelle, cette baisse de température entraîne des modifications de pression barométrique et de pluviométrie (n’oublions pas que la vapeur d’eau distillée par les arbres ne disparait pas par l’opération du Saint-Esprit, elle rejoint l’atmosphère, se condense pour former des nuages et … de la pluie), ainsi, si l’on déboise et remplace les forêts par des herbages et des terres agricoles, les précipitations accusent une baisse qui peut aller jusqu’à 90 %. Voilà pourquoi, depuis le tournant des années 2000, les sécheresses sont de plus en plus fréquentes sur les bords de l’Amazone !

Bon, Ok pour l’effet climatiseur et arroseur. Mais le CO2, c’est important le CO2, on continue à brûler du pétrole, bon sang ! À produire ce satané gaz à effet de serre ! Le dioxyde de carbone, les arbres sont faits pour ça, pour le stocker !

Le diamètre du tronc d’un arbre augmente de façon continue avec le temps, le stockage de carbone s’accroît en conséquence. Cette croissance continue de l’arbre ne ralentit que bien après l’âge habituel de la récolte. De plus, sur toute sa hauteur (qui peut atteindre 50 mètres), un grand arbre stocke incomparablement plus de carbone sous forme de bois qu’un ensemble de petits arbres minces qui se trouveraient sur la même surface. Or les grands arbres se sont faits très rares dans les forêts, que ce soit au Canada ou en Europe. En raison des coupes et des reboisements, l’âge moyen des arbres en Allemagne ne dépasse plus guère 77 ans. Pourtant, nos espèces locales peuvent tout à fait atteindre 500 ans et plus. Eh ben non, on coupe, on coupe et en coupe encore et, éventuellement, on remplace par de jeunes plans qui mettront des décennies pour stocker le carbone.

Alors ? Les producteurs donnent comme argument la longévité de nombreux objets fabriqués avec ce matériau : quand on stocke le CO2 sous la forme de maisons ou de meubles, on peut dans le même temps faire pousser dans la forêt de nouveaux arbres qui emmagasineront à leur tour du dioxyde de carbone. Au total, on stockera donc davantage de gaz à effet de serre que ne le ferait une forêt naturelle non exploitée, où les arbres morts libéreraient leur CO2 en pourrissant. Or, nous dit Peter, les meubles bon marché tiennent 10 ans, les livres 25, et le bois de construction (par exemple pour les charpentes) 75. La moyenne de l’ensemble s’élève à 33 ans, ce qui, pour un stockage prétendument de longue durée, ne fait pas beaucoup. Par ailleurs, une fois transformé, le bois n’exerce plus d’effet rafraîchissant et ne favorise plus les précipitations.

Mais ce n’est pas tout ! Dans le sol de la forêt il peut se créer une accumulation progressive de carbone sous la forme d’épaisses couches d’humus. Quand cette couche protectrice garantie par les arbres disparaît, le sol se met à chauffer. En l’espace de quelques années, une grande partie de la précieuse couche disparaît, ce qui veut dire que le carbone est rejeté dans l’atmosphère sous la forme de CO2. Les chiffes accusent : dans les forêts éclaircies d’Allemagne, les sols ne montrent plus en moyenne qu’entre 2 et 8 % d’humus. En ce qui concerne le carbone stocké dans le sol, les grands arbres jouent visiblement un rôle important, ainsi que l’a découvert une équipe de recherche dirigée par l’Australien Christopher Dean. Ils protègent littéralement le carbone, et ce de manière si efficace qu’une partie en est presque passée inaperçue jusqu’à présent.
En outre, quand les grands arbres se décomposent de l’intérieur parce que leur bois n’est plus utilisé. Champignons et bactéries pénètrent par des blessures ou des branches mortes. Les substances nutritives qui avaient été conservées à l’intérieur du bois sont libérées par cet autocompostage. Cet humus contient de grandes quantités de carbone.
Extraire les arbres morts des forêts est une grossière erreur :
« Chaque tronc que l’on sort de la forêt est un rappel de l’échec des politiques de gestion forestière. Dans la forêt, il aurait accueilli d’innombrables micro-organismes, emmagasiné de l’eau et rafraîchi son environnement. Au terme de nombreuses décennies, il se serait décomposé et transformé en humus au bénéfice séculaire de tout ce qui vit dans le sol. Cette vision écologique de la forêt était et reste largement étrangère aux décideurs politiques. Sinon, comment pourraient-ils subventionner une vaste opération d’évacuation du bois défectueux (ainsi que l’on désigne cette précieuse biomasse) ? »

Puisqu’il faut bien en parler, on en arrive au bois de chauffage :

Soyons précis, rappelons que « Sur base des chiffres de l’année 2010 et en considérant les filières d’approvisionnement standards pour les applications domestiques, on peut approximativement compter que pour 1 kWh de bois-énergie, il faut 0.2 kWh d’énergie fossile pour des pellets et 0.1 kWh d’énergie fossile pour des bûches. En conclusion, l’impact en termes d’émission de GES n’est pas totalement nul, mais reste de loin meilleur que pour les énergies fossiles traditionnelles. »
https://energieplus-lesite.be/theories/bois-energie/combustion-du-bois/
Ajoutons que la contribution de l'étape de combustion à l'effet de serre est liée aux émissions de méthane (CH4) et de protoxyde d'azote (N2O). Le méthane a un potentiel de réchauffement global (PRG) égal à 25 fois celui du CO2. Le PRG du protoxyde d'azote est égal à 298 fois celui du CO2. Cette contribution représente une part notable du bilan effet de serre du bois-énergie pratiquement du même ordre que l’incidence de l’énergie fossile nécessaire.
En fait de neutralité de l’énergie-bois, vis-à-vis du réchauffement climatique, les bûches accusent un déficit (en supposant un remplacement systématique par plantations) de l’ordre de 20 % et les pellets de 40 % ce qui est loin d’être négligeable, mais reste inférieur à la plupart des autres sources énergétiques.

Bon, alors, c’est bien joli tout ça, mais qu’est-ce qu’il propose Peter ?
- Les arbres sont de « grands garçons », laissons-les faire !
- Limiter les coupes au strict minimum.
- Planter des essences autochtones, feuillues.
- Planter des feuillus et non des épicéas non adaptés.
- Laisser sur place le « bois défectueux » pour fixer le carbone et constituer la biomasse.
- Utiliser des chevaux de trait en lieu et place des lourdes machines d’exploitation qui détruisent le sol.
- Réduire la consommation de viande (exagérée) ce qui permettra de procéder à la reforestation des surfaces correspondantes actuellement consacrées à la production du fourrage !
- Etc. J’en oublie…

Pour terminer je vais vous expliquer comment Peter voit le reboisement de terres agricoles (gagnées sur les rumstecks) :
« De manière toute simple : en simulant le reboisement naturel en accéléré. Pour cela, il faut commencer par planter des bouleaux ou des trembles. Ces arbres pionniers sont parmi les premiers à s’installer. Et en l’absence de mères-arbres dans un vaste rayon, on peut donner un coup de pouce en plantant 500 arbustes par hectare. Avec une croissance pouvant atteindre un mètre par an, ils forment rapidement une petite forêt assurant de l’ombre et une bonne humidité du sol. Les hêtres que l’on peut planter quelques années plus tard se sentent bien dans le climat instauré par ces nourrices. Encore mieux, on peut utiliser des caisses de semences que l’on fixe sur des poteaux. On les remplit de faînes ou de glands, que les geais ou les corneilles des environs dissimulent à titre de réserves pour l’hiver. Les oiseaux aimant jouer la carte de la sécurité, ils cachent jusqu’à 10 000 de ces graines alors qu’ils en consomment à peine 2 000. Ce surplus important germe au printemps, assurant aux arbres une progéniture à bas coût. La dépense ne se monte qu’à quelques euros et les jeunes arbres grandissent avec des racines intactes presque comme dans une forêt naturelle. « Presque », parce qu’il leur manque les mères-arbres. Ces dernières peuvent être remplacées en partie par les bouleaux qui procurent ombre et humidité, mais pas quand il s’agit du transfert de nourriture et d’informations. »

Et voilà comment, sans gros efforts ni grosses finances on transforme, en quelques décennies, une terre agricole chaude et rébarbative en une forêt d’Eden « Presque » naturelle, fraîche et accueillante… Espérons qu’il aura pensé à dissimuler dans les "caisses à semences" quelques graines d’elfes, de farfadets et autres lutins, pour parfaire sa création…
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Commençons très fort !
Les Hominoïdes comprennent les Hominoïdés et les Hylobatidés (Gibbons)
Les Hominoïdés comprennent les Hominidés et les Pongidés (Orangs-outans)
Les Hominidés comprennent les Homininés et les Gorillinés (Gorilles)
Les Homininés comprennent les Hominines et les Panines (Chimpanzés)
Les Hominines comprennent les Australopithèques et les Homo…
Mais rassurez-vous, ce classement est TRÈS simplifié ! J’ai voulu l’écrire dès l’introduction, pour fixer les idées, car l’auteur parle tantôt des Hominidés (vieux terme, très galvaudé…), tantôt des Hominines, de quoi s’y perdre… enfin, moi, parce que je suis un primate primaire qui a des lectures quelque peu bizarres, non ?

Comme habituellement pour ce genre d’ouvrage, il ne s’agit pas, ici, d’un commentaire, encore moins d’une critique (pour qui me prendrais-je ?), mais d’un compte rendu à l’usage des curieux qui n’auraient pas le courage de lire le bouquin. Pour ceux qui n’ont pas envie de s’atteler à une longue chronique, inutile d’aller pas plus loin !

Antoine Balzeau est paléoanthropologue, chercheur au CNRS et au Muséum national d'Histoire naturelle, au sein de l'UMR 7194 (unité mixte de recherche) « Histoire naturelle de l'Homme préhistorique », et travaille au Musée de l'Homme à Paris. Spécialiste du crâne des Hommes préhistoriques, il étudie tout ce qui est caché à l'intérieur grâce à l'imagerie 3D. Il est ainsi spécialiste de l'évolution de la forme du cerveau.

Posez la question autour de vous : « L’humanité fait-elle partie du règne animal ? » Oh My God !
Et pourtant, c’est une fois acceptée l’idée que l’humanité faisait bien partie du règne animal, que les espèces humaines ont été considérées comme des groupes biologiques, comme pour tous les autres taxons du vivant.
Quant aux pauvres bougres qui refusent obstinément l’"évolution", alors que « L’évolution, elle, n’est pas une doctrine, c’est une théorie. Il n’y a pas de meilleure explication scientifique à ce qui s’observe dans la nature aujourd’hui », ils sont inconscients de leur ignorance, ils croient pouvoir opposer l’absence de fossiles qui devraient illustrer les étapes successives de cette soi-disant évolution, comme si celle-ci devait présenter des stades qui se seraient suivis les uns après les autres.
Or la fossilisation est un phénomène exceptionnel où les tissus sont remplacés par des substances minérales, pétrifiés au sein de la roche sédimentaire. Il s’agit d’un phénomène rare. La découverte d’un témoin préhistorique est toujours un événement. Il est stupide de croire que les fossiles de tous les individus qui se sont succédé sur Terre pourraient être trouvés. La plupart des corps disparaissent naturellement, et si par chance des restes se fossilisent, encore faut-il qu’ils échappent à la destruction, puis qu’ils soient découverts.

Enfin, il faut bien comprendre qu’il n’y a pas une mais de nombreuses espèces qui racontent aujourd’hui les débuts de l’histoire de l’humanité. Et ces espèces ne se succèdent pas : elles ont souvent cohabité.

« Une espèce ne voit pas le jour quand une autre disparaît. En réalité, il faut imaginer qu’au sein d’un ensemble biologique, un petit groupe peut se retrouver à l’occasion isolé du reste de la population […] c’est ainsi qu’une nouvelle espèce peut théoriquement naître.
Corollaire de cette explication, la nouvelle espèce ne "descend" pas de celle dont elle est issue. En effet, elle n’en représentait qu’une petite partie et elle s’est transformée pour finalement être distincte de la première. Autre implication, ces deux taxons peuvent toujours cohabiter. »

Et donc, si on comprend bien ce qu’a voulu dire Antoine Balzeau, la conséquence est sans appel : on ne peut plus parler de « chaînon manquant ». Il ne peut avoir de réalité paléontologique, « Le "chaînon manquant" ne sera jamais trouvé, que ce soit l’ancêtre commun aux humains et aux chimpanzés ou le tout premier primate. »

J’en demande pardon à toutes nos adorables compagnes… mais nous sommes tous des primates, « D’un point de vue génétique, l’ADN humain est similaire à 98,8 % à celui du chimpanzé. » Les chimpanzés utilisent des outils : des pierres comme marteaux, des brindilles pour récupérer des termites. Ils ont une compréhension approfondie de la pharmacopée qui les entoure. Lorsqu’ils sont malades, les individus sauvages ingèrent des plantes qu’ils ne consomment pas d’habitude et qui produisent de réels effets thérapeutiques. Enfin, ils enseignent ce qu’ils savent à leurs semblables par imitation. Peu de choses nous séparent de nos compagnons Homininés.

C’est là qu’intervient la théorie de l’East Side Story, si belle et si séduisante.
Il y a une dizaine de millions d’années (hier), à la suite de réchauffements climatiques (Promis, juré, on n’y était pour rien, cette fois ! On n’était pas là !), l’Est de l’Afrique se transforme, les forêts tropicales reculent, les savanes gagnent du terrain, à cause du rift, cet ensemble de failles, de montagnes et de vallées, qui forme une grande cicatrice Nord-Sud. Ainsi, les températures demeurent chaudes et humides à l’ouest, alors que le temps s’assèche à l’est. Les primates de l’Est se trouvent privés d’arbres ! « C’est ainsi qu’est justifiée l’apparition des hominines. S’ils deviennent humains en se redressant […] Être debout serait une protection contre les prédateurs et serait utile pour se mouvoir plus facilement. » C’est beau, c’est simple, c’est clair, c’est évident… mais voilà, la mariée était trop belle et c’est ce que j’aime dans la science, elle est toujours prompte à se remettre en question. Rien n’est écrit définitivement, il suffit d’un nouvel élément et tout est remis en cause.

C’est là que notre arrière-grand-ancêtre, vient mettre le bazar, il répond (façon de parler) au doux nom de Toumaï – espoir de vie, en langue gorane – son crâne fut découvert au Tchad à 500 km à l’ouest du rift (par Michel Brunet, paléoanthropologue à l’université de Poitiers), ainsi que quelques bouts d’os (on va en reparler), le tout âgé de 7 millions d’années… En 2001, Brunet et son équipe publient un article qui sonne la fin de la théorie de l’East Side Story et annonce le Sahelanthropus tchadensis, Toumaï. Ce spécimen a tous les signes d’un primate bipède, un hominine.

Alors là, ça me rappelle quelque chose… une polémique, une sombre histoire de fémur… « le fémur de Toumaï ! » (On parle bien du nez de Cléopâtre !) :
En octobre 2020 j’ai lu le livre de Eric Pincas, "La préhistoire - Vérités et légendes",
https://www.senscritique.com/livre/La_prehistoire_Verites_et_legendes/critique/231589253
Je viens de relire mon commentaire, je vous le recommande, il y est question du fameux fémur, un bel exemple de ce qu’il ne faut pas écrire…
En novembre 2020 Sciences & Avenir publiait un article mettant en cause la bipédie de Toumaï :
https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/une-etude-inattendue-suggere-que-toumai-marchait-a-quatre-pattes_149301
En août 2022, Sciences & Avenir publiait à nouveau un article rétablissant la bipédie de Toumaï :
https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/analyse-du-fossile-de-sahelanthropus-tchadensis-le-prehumain-toumai-etait-bien-bipede-et-grimpait-aussi-aux-arbres_165753

Bon, on laisse tomber le fémur. Après tout il n’est pas scientifiquement prouvé que ce soit celui de Toumaï ou de son frère. Et on revient à son crâne. Il a une drôle de tête, le camarade, complètement déformée et en miettes ! Chaque fragment a été numérisé et virtuellement reconstruit en 3D, puis recollé numériquement avec minutie pour obtenir un travail de haute précision qui laisserait ce brave Toumaï béat d’admiration ! Et… on n’a d’yeux que pour le trou… (Non, pas le trou noir, ça c’est dans un autre bouquin !) le trou de l’os occipital, le "foramen magnum" pour faire savant, c’est l'orifice de communication entre le canal vertébral et la boîte crânienne. « *Chez un primate bipède, un hominine donc, l’articulation est en dessous du crâne et une direction horizontale » et là ça change tout ! Ce qui fait dire à Antoine Balzeau :
« J’ai eu la chance de voir le travail de restauration effectué sur ce fossile. C’est un ouvrage de qualité, qui laisse peu de place au doute : la base reconstituée est indiscutablement celle d’un bipède, comme le reflète aussi la forme du cerveau.* »

Pas question de quitter les Australopithèque sans évoquer la Star tchadienne, celle que l’on a longtemps considérée comme notre très-arrière-grand-mère (-6 Ma), j’ai nommé Madame LUCY « C’est ainsi que s’est construite l’image de Lucy, haute d’à peine plus d’1 m et morte enceinte, noyée dans une rivière déchaînée. » Telle est sa légende…

Passons rapidement sur les Paranthropes (de -2,5 Ma à -1 Ma), encore des cousins, pas si éloignés que ça, du genre "robustus", si vous voyez ce que je veux dire…

Homo erectus, un sacré randonneur ! Entre -2 Ma et -100 000 ans, sans doute d’une plus grande adaptabilité que les Australopithèques et les Paranthropes, on le retrouve sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres depuis l’Afrique du Sud jusqu’à Java. Le plus fondamental, dans ce constat, est que ces humains sont les premiers à avoir conquis tout l’ancien monde au-delà de leur continent d’origine. Il faut évidemment relativiser l’importance des déplacements, il n’était probablement pas question d’un exode mais d’une simple expansion de leur zone de vie qui, de génération en génération, sur des milliers d’années, s’est traduit par des périples de plusieurs milliers de kilomètres.

Waouh ! C’est assez rigolo (!?), je veux dire, la paléoanthropologie est assez rigolote : pour définir l’espèce Homo heidelbergensis on cite une mandibule découverte à Mauer, en Allemagne en 1907 (-600 000 ans), un os pariétal dans les Pyrénées-Orientales, un fémur en Angleterre, un os occipital en Hongrie, un crâne en Allemagne, un autre os occipital (une pièce de rechange ?) en Angleterre et d’autres fragments en Espagne et en France… Voilà un drôle de particulier qui sème à tous vents des petits morceaux aux quatre coins du continent, parions qu’à l’arrivée il sera mal en point ! Un jeu de piste pour scientifiques méticuleux …

Aller, vous l’attendez depuis longtemps, il est partout, ou presque, là où mammouth "casse la croute" (plusieurs centaines de kilo de végétaux par jour), Homo neanderthalensis est présent ! De Gibraltar au nord de l’Allemagne, du centre de l’Angleterre à la Sibérie, D’Israël ou d’Irak à la Chine… un nomade qui se déplaçait au gré des conditions climatiques de -400 ou -300 000 ans à -30 000 ans environ.

Retenons que le concept d’espèce n’est pas une réalité dans la nature, mais bien un concept inventé par l’homme, dans notre souhait d’étudier ce qui nous entoure. Rappelons que des animaux d’espèces distinctes peuvent se reproduire entre eux et avoir des petits fertiles. C’est le cas des ours polaires et des grizzlis, et même de primates de genres différents (tels le singe lion et le babouin olive qui sont dans la nature interféconds). Dans ce contexte, le cas de Néandertal est particulièrement intéressant « Certains argumentent que ces humains n’ont pas disparu puisqu’ils nous ont légué 2 % de leurs gènes. »
Et puisqu’on parle métissage, vous connaissez Denny ? Une toute jeune fille de 90 000 ans qui nous a laissé un bout d’os (la joie du paléoanthropologue !) dont l’ADN a révélé qu’elle avait une mère Néandertalienne et un père Dénisovien ! Une métisse de première génération qui remplit d’extase nos scientifique comblés…

J.R.R. Tolkien serait-il passé par là et invité Bilbo… Bilbo le Hobbit alias « l’Homme de Florès » alias LB1. Ses restes proviennent de la grotte de Liang Bua (95 000 ans), sur l’île de Florès, en Indonésie. Ils sont tellement particuliers qu’une espèce fut inventée pour lui, Homo floresiensis. Cette espèce, ses caractéristiques (toute petite stature – 1,06 m – et cerveau de la taille d’un pamplemousse) et ses compétences (fabrication d’outils élaborés et potentielle capacité de navigation) étaient totalement inattendues.
D’autant plus inattendues que l’île a toujours été une île et que sur un autre site on a découvert des restes humains de 700 000 ans très similaires à LB1 ce qui montre que des humains ont peuplé des zones difficilement accessibles bien avant l’arrivée d’Homo sapiens.

Est-ce qu’un jour de spleen vous vous êtes posé la question, apparemment stupide : "Pourquoi ai-je un menton ?"
« Il n’y a, semble-t-il, aucune explication biologique, fonctionnelle ou comportementale qui justifie à elle seule l’apparition du menton. »
Eh bien, il devrait, car c’est le fruit de l’évolution ! Malgré tout, il n’y a pas d’explication le concernant. Ainsi, un menton est bien une apomorphie (tout caractère dérivé, souvent considéré comme évolué) d’Homo sapiens au sein des hominines.
Dans la nature, il n’y a pas de progression, de perfectionnement, il n’y a que de l’adaptation. Ainsi, notre espèce n’est pas une version perfectionnée qui fait suite aux autres espèces humaines.

On va essayer de répondre à la question que "tout le monde" se pose : « d’où vient Homo sapiens ? »
Rendons cet hommage à l’auteur de signaler les deux scénarios généralement proposés : soit l’« Out of Africa », soit le modèle « d’évolution multirégionale ». Pour ne pas surcharger un texte déjà lourd on ne va garder que le premier schéma « Il propose qu’Homo sapiens est apparu entre il y a 300 000 et 200 000 ans en Afrique, puis s’est ensuite dispersé sur le reste du globe. » Ainsi a-t-on trouvé en Éthiopie des fossiles datés d’environ 200 000 ans dont la morphologie appartient incontestablement à Homo sapiens. Ce n’est qu’ensuite que l’espèce est documentée en dehors du continent africain.
En outre, cette conclusion est confortée par la génétique des populations d’aujourd’hui. La zone d’origine d’une espèce a la plus grande diversité génétique car les migrants n’emportent avec eux qu’un sous-ensemble de gènes, plus ou moins diversifié selon la taille du groupe. Il apparaît justement que les groupes humains en Afrique aujourd’hui ont une diversité génétique plus importante que les peuples des autres continents.

Avant de chanter COCORICO ! Répétons en chœur « Homo sapiens est une espèce d’hominine parmi tant d’autres […] Homo sapiens n’est pas plus évoluée que les autres taxons de notre famille proche. Elle est simplement celle qui occupe la surface de la Terre aujourd’hui. »

Rappelez-vous que, comme les "piétons" précédant, Homo sapiens n’est pas un envahisseur, il élargit seulement sa zone de vie. On trouve des traces en Israël (180 000 ans), aux Émirats arabes unis (125 000 ans), en Chine (70 000 voire 100 000 ans), en Australie (65 000 ans), en Amérique du Nord (30 000 ans), on sait même qu’Homo sapiens naviguait déjà il y a plus de 50 000 ans dans l’océan Pacifique.
Les premières traces indiscutables en Europe remontent à 45 000 ans (Bulgarie).
…Et sur la Lune le 21 juillet 1969, dans le cadre de la mission Apollo 11…

Je vous laisse découvrir le chapitre sur l’Art, sous toutes ses formes, qui pose plus questions qu’il ne donne de réponses. À méditer. Mais on y découvre une mauvaise idée reçue : on a certainement le grand tort d’ignorer l’Art néanderthalien…

Je laisserai à l’auteur le soin de conclure car son message sera infiniment plus pertinent que tout ce que je pourrais exprimer :
« Collectivement, nous sommes capables de faire Internet, de construire un immeuble, d’envoyer quelqu’un dans l’espace ou sur Mars. Mais aucun d’entre nous ne saurait seul fabriquer un ordinateur, faire rouler une voiture ou produire un hamburger. Personne ne pourrait fabriquer, assembler, faire fonctionner par ses seuls actes et connaissances ces objets. Je suis intimement convaincu qu’un Néandertalien d’il y a 40 000 ans, un représentant de notre espèce de la même époque, et moi avons des capacités intellectuelles similaires, une intelligence du même ordre. […] Nous ne sommes pas les êtres vivants les plus intelligents ayant existé. Mais aucun autre, pas une espèce humaine, n’a su développer une telle aptitude à emmagasiner le savoir et à le transmettre. Jamais les connaissances n’ont été aussi nombreuses et facilement accessibles […] Cela est probablement la principale et unique caractéristique d’Homo sapiens par rapport aux autres espèces humaines. »
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date : 20-11-2022
– Deux en Un ?
– Absolument.
– Vous voulez dire, Deux pour le prix d’Un ?
– Pas exactement, dans ce livre, il y a deux livres ! Celui de l’astrophysicienne Sara Seager, et celui de la mère de famille – et veuve – Sara Seager…
L’astrophysicienne, à l’affut des exoplanètes, s’interroge : pourquoi serait-on "Seuls dans l’univers" ?
La mère de famille qui revient sur Terre quand Mike, le père de ses enfants, meurt en lui laissant trois pages d’instructions et deux enfants, constate qu’elle est « Seule dans l’univers ».
Voilà deux livres qui s’entremêlent comme s’entremêlent vie privée et vie professionnelle, surtout quand cette dernière est une passion.

Sara Seager est née à Toronto, au Canada, en 1971. Elle obtient son diplôme de Bachelor of Science en mathématiques et physique à l'université de Toronto en 1994, puis décroche son Doctorat en astronomie de l'université Harvard en 1999. Elle rejoint le Massachusetts Institute of Technology (MIT) en janvier 2007 en tant que professeure associée en physique et en planétologie, obtient un poste permanent en juillet 2007, puis devient professeure titulaire en juillet 2010, année où elle obtient la nationalité américaine.
En 2013, elle se voit attribuée une bourse « au génie » de la Fondation MacArthur, d’un montant de 650 000 $ sur cinq ans (soit l’équivalent d’un petit coup de pouce d’environ 10 800 € par mois pendant 5 ans !...)


LIVRE I :


Surnommée « une Indiana Jones astronomique » par l’équipe du PlanetQuest de la NASA, "The astronomical Indiana Jones" n’en demeure pas moins une chercheuse acharnée, sa thèse de doctorat a pour sujet des modèles théoriques d'atmosphères des exoplanètes. En cette fin de XXe siècle on n’a encore relevé l’existence que d’une trentaine de ces planètes lointaines, et encore, sans les voir, seulement en supposant leur présence par l’effet gravitationnel induit sur leur "soleil" – grâce à la méthode des vitesses radiales. Et, en 1999 Sara arrive à la NASA qui place la barre très haut : non seulement l’agence voulait trouver une exoplanète, rocheuse, de taille raisonnable, mais gravitant autour d’une étoile semblable au Soleil, dans la zone habitable, ni trop chaude ni trop froide pour permettre la vie, mais « La NASA voulait également des preuves de l’existence de cette vie. »
Contrairement aux "Grandes Oreilles" (les radiotélescopes), Sara ne cherche pas des preuves de vies intelligentes mais les preuves organiques que laisse la vie dans l’atmosphère d’une planète, des biosignatures.
Alors, elle a l’idée qui, aujourd’hui, peut paraître simpliste et évidente, mais qui, à l’époque, ne l’était pas : puisqu’il n’est pas possible de voir la lumière émise par la planète car trop faible et trop proche de son étoile aveuglante (n’objectez pas qu’à l’œil nu, depuis la Terre, on voit très bien Mars ou Jupiter, la nuit… on ne les verraient pas si on était ébloui par le Soleil), et bien attendons une éclipse ! Ce qu’en langage d’astronome on nomme un transit (ne riez pas !), rien de plus visible qu’un point noir sur un disque de lumière !... Les planètes en transit n’ont pas tardé à être observées. Cerise sur le gâteau, en analysant les rayons lumineux émis par l’étoile et traversant l’atmosphère de la planète (s’il y en a une) on obtient des renseignements de la plus haute importance sur celle-ci : présence d’eau, traces éventuelles de vie…

Est-il nécessaire de rappeler qu’aujourd’hui le cap des 5000 exoplanètes confirmées est dépassé ?
https://www.sciencesetavenir.fr/espace/vie-extraterrestre/plus-de-5000-exoplanetes-decouvertes-et-forcement-quelque-part-une-forme-de-vie_162352

Alors qu’elle est à deux doigts de donner sa démission du MIT, parce qu’elle estime ne plus avoir le temps de faire ce qu’elle a à faire – et de s’occuper de ses garçons – et que le projet « Starshade » sur lequel elle travaillait dans l’équipe de Webster Cash avait été refusé par la NASA, voilà que celle-ci lui propose de faire partie d’une équipe de conception du système d’occultation externe des étoiles de type « Starshade »… et d’en prendre la tête (au grand dam de Webster Cash). Ce qu’elle accepte. Et ne croyez pas qu’au XXI° siècle, aux États-Unis, dans un domaine aussi innovant que les sciences et la haute technologie, il soit si facile de s’affirmer quand on est une femme, même couverte de diplômes et de réussites professionnelles – ou peut-être à cause de cela.
Pour mémoire, rappelons que le concept repose sur l'association d'un télescope spatial avec un grand système d'occultation (le fameux Starshade) placé dans l'espace à grande distance de celui-ci (plusieurs dizaines de milliers de kilomètres) et conçu pour bloquer la lumière de l'étoile afin d'observer ses exoplanètes sans être gêné par la luminosité de l’astre (on n’arrête pas le progrès !). Inutile de préciser que le défi consiste à le faire orbiter en formation avec le télescope qui l’accompagne, alignés avec une précision mathématique, l’occulteur se trouvant entre le télescope et l’étoile cible… et, comme si ça ne suffisait pas, ajoutons le déplacement du couple pour étudier d’autres systèmes stellaires ! « Le Starshade allait devoir exécuter l’une des chorégraphies les plus complexes de l’histoire de l’humanité. »
Une bien belle aventure !...

La conclusion pourrait être cette enquête de la Chambre des représentants en décembre 2013, à laquelle doit répondre Sara et deux autres scientifiques :
« Ce dont nous avions besoin, c’était qu’on continue à nous apporter du soutien. Que chaque enfant souhaitant devenir un scientifique ait l’opportunité de voir ses aspirations se réaliser. […] Que le Starshade soit reconnu d’utilité publique.
Ralph Hall m’a interrompue :
- Pensez-vous qu’il y ait de la vie ailleurs ?
- Faites vous-même le calcul, ai-je répondu.
Hall m’a fait savoir que, justement, il en était incapable. Que c’était là tout le problème.
Il nous a donc reposé la question :
- Pensez-vous qu’il y ait de la vie ailleurs ?
- Oui, a répondu Mary.
- Oui, a répondu Steven.
- Oui, ai-je renchéri. »


LIVRE II :


Le tact, la délicatesse, la discrétion… Sara ne connait pas, on veut nous faire croire qu’il s’agit « d’une franchise déconcertante », en fait c’est tout simplement un manque de savoir vivre, une ignorance totale des codes… "Mon mari est mort, foutez-moi la paix !" … « J’ignorais comment me comporter ». « J’essayais de garder mes distances, de me montrer plus repoussante que je ne l’étais déjà. » Pas commode à porter ce handicap, quand bien-même serait-on docteur en mathématiques…
Un jour, bien habillée pour un évènement professionnel elle avait demandé à son mari :
« – J’ai l’air normal ?
Il avait souri.
– Oui, jusqu’à ce que tu ouvres la bouche. »

Bon, d’accord, "Indiana Jones" vit tête baissée (levée ?) dans les étoiles… et leurs planètes… mais quand même, elle a voulu deux enfants – elle en aurait même voulu trois – heureusement, son mari a pris en charge presque toutes les charges domestiques inhérentes à la vie de famille : « Mike a accepté, dans les faits si ce n’est par obligation matrimoniale, de s’occuper de tout ce qui est ordinaire afin que je puisse me consacrer à l’extraordinaire. »

Franchement, j’ignore totalement si la description du lent, mais inexorable trépas de Mike, possède le panache nécessaire pour enrichir « Les plus " belles" agonies en littérature », mais rien ne nous y est épargné, depuis les erreurs de diagnostic, aux recherches poussées de la scientifique épouse qui délaisse ses exoplanètes pour les cancers entériques, depuis le déni farouche jusqu’à l’hyperactivité ante-mortem... Il est vrai qu’il ne s’agit pas, ici, de littérature.

Alors, pour subsister, Sara s’entoure d’une multitude d’aides, il y a celles qui accompagnent les garçons à l’école, celles qui les gardent lors des déplacements pros, celles qui font le ménage, la cuisine… Et puis il y a le Club des Veuves qui, comme son nom l’indique regroupe une demi-douzaine de veuves qui pleurent de concert, qui se conseillent mutuellement et qui se soutiennent à tour de rôle. Il y a aussi la "Chasse à l’homme"… qui se solde, systématiquement par un échec, car elles ne sont pas prêtes, ces dames, le fantôme du défunt est encore trop présent ! Et quand on cherche, on ne trouve pas, c’est bien connu. Et attention à la règle qui veut qu’une veuve trouve « chaussure à son pied » dans le courant de sa deuxième année de veuvage… avant, c’est trop tôt, au-delà, c’est fichu !

Et voilà ! Qu’à quelques jours du deuxième anniversaire de la mort de Mike, Sara est invitée à donner une conférence à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de la Société Royale d’astronomie du Canada que normalement elle aurait dû décliner – juste avant de prendre de nouvelles fonctions importantes à la NASA – mais ses toutes premières expériences astronomiques enfantines, elle les devait à la SRAC. Et c’est là qu’elle l’a vu pour la première fois : « Il était bronzé, comme s’il avait passé sa vie au soleil, et portait une chemise blanche qui lui donnait un teint encore plus rayonnant. Waouh, ai-je pensé. Qui est-ce ? Je devais faire sa connaissance. […] Je n’avais jamais été aussi attirée par un homme au premier regard. » Vous me croirez si vous voulez, mais ce beau gosse éblouissant (Charles Darrow) est tout simplement le Président de la branche de la Société Royale d’astronomie du Canada que Sara avait fréquenté plus jeune !...
Alors ? Alors… 880 km les séparent, c’est peu, et c’est beaucoup… Ainsi nait une amitié à longue distance faite de mails, de Skype, de SMS, de visites rapides à Toronto, et faite de mots que deux handicapés de la communication n’arrivent pas à prononcer : « Nous sommes faits l’un pour l’autre. »
Mais gageons que ça va s’arranger !

Alors, bien sûr, les deux livres n’en font qu’un, ils se mêlent et s’entremêlent comme l’est la vie… Bonne chance Sara !

Et c’est à la suite d’un portrait de la maintenant célèbre Sara Seager, paru dans le New York Times Magazine en 2016, que la femme d’un collègue (spécialiste de l’autisme) diagnostique des signes de troubles du spectre autistique chez Sara…
Une révélation qui expliquait pourquoi elle se sentait excentrique et bizarre, son enfance solitaire, sa passion pour la logique, ses difficultés à communiquer… Son acharnement à répondre à la question de sa vie : Y a-t-il une vie ailleurs dans l’Univers ? Mais elle a une meilleure question : « Qu’est-ce que notre recherche de la vie dit sur nous ? Elle dit que nous sommes curieux. Elle dit que nous sommes optimistes. […] Si nous voulons trouver une autre Terre, cela signifie que nous voulons trouver un autre nous. Que nous pensons valoir la peine d’être connus. […] Et, tant que nous continuons à nous chercher les uns les autres, nous ne serons jamais seuls. »
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date : 11-09-2022
Désolé Monsieur Lomax, contrairement à vous, je n’ai jamais été un fan des "dinosaures", je ne me suis même pas dérangé pour aller jeter un œil sur le phénomène du siècle, en 1993, à savoir le film que tout le monde se doit d’avoir vu « Jurassic Park » de Steven Spielberg. C’est tout dire !... Et les quelques extraits entraperçus ici ou là ne m’ont pas encouragé. Pas crédible !
Aussi, je n’ai jamais bien compris ce qu’on entend par "dinosaures". Tout s’embrouille dans ma tête… en vous lisant je crois comprendre qu’il s’agit d’énormes lézards, de monstrueux reptiles préhistoriques… mais voilà que certains ont des plumes, que les rouges-gorges seraient leurs descendants directs. C’est à n’y rien comprendre. Mais, après tout, l’Amérique précolombienne nous a bien réservé un "serpent à plume" !
En plus, "on" nous trompe ! Dans le film culte précité, un dinosaure terrifiant a subjugué le monde entier, parait-il, un Velociraptor monstrueux… mais si on interroge LE site spécialisé (https://www.jurassic-world.com/velociraptor – Le premier site d’information scientifique sur les dinosaures), le Velociraptor avait une longueur de 1,80 m pour une masse de 15 kg ce qui, d’après Monsieur Lomax est encore exagéré, car selon lui, le « vélociraptor n’était pas plus gros qu’une dinde. » (À moins que, pour Thanksgiving, il n’ait découvert un fournisseur exceptionnel !)
De même, il parait que dans le film en question, il y aurait un Dilophosaure cracheur d’acide… (je découvre) Eh bien, d’après l’auteur « Il est fort peut probable que Dilophosaurus (ou tout autre dinosaure, d’ailleurs) ait pu cracher de l’acide. » !...

Né en 1990, de nationalité britannique, le Dr Dean R. Lomax est un paléontologue de l'université de Manchester. Il est l’auteur de nombreux livres, médiateur scientifique et spécialiste célèbre des ichthyosaures (Les ichtyosaures sont des reptiles marins qui ont vécu au Mésozoïque entre -250 millions d'années et -90 millions d'années). Il coanime l'émission documentaire TV "Dinosaur Britain".

Encore une fois, et avant toutes choses, comme vous l’avez remarqué avec les ichthyosaures, on va devoir souvent parler de millions d’années, mais qu’est-ce que ça représente, au juste ? Imaginons qu’une année passe en une seconde… et comptons-les : pour compter soixante années (ou 60 secondes) il faut… 1 minute (Bravo), pour 1 000 secondes il faut 16,7 minutes, pour 1 millions de secondes il faudra 11,5 jours (sans s’arrêter) et 250 millions de secondes (correspondant aux 250 millions d’années du début des ichthyosaures) il faudra se relayer pendant… presque 8 ans ! Vu l’échelle ?

Comment s’y prend-on pour faire parler les fossiles ? Qui n’a pas regardé quelques séries policières à la Télé ? Et l’équipe de la police scientifique en action… C’est presque comme ça, sauf que c’est dans la vrai vie ! On cherche des preuves « Elles peuvent prendre la forme du contenu fossilisé d’un estomac ou d’une dent incrustée dans un os… » On compare ce que l’on sait de l’espèce disparue avec le comportement d’espèces contemporaines similaires. Les paléontologues utilisent les observations des éthologues pour interpréter les traces de comportement animal dans les fossiles (c’est la paléoéthologie).
Mais, en bon scientifique prudent et toujours prêt à se remettre en question : « gardons à l’esprit que tout ce que nous pensons savoir sur ces espèces disparues peut être remis en question du jour au lendemain par de nouvelles approches ou d’autres découvertes. » Ainsi va la science.

Et pour commencer, il semble bien que Pierre Perret, avec son zizi, ait négligé le "ptérygopode" (le zizi en question) découvert sur des fossiles de placodermes, ces poissons vieux de quelque 380 millions d’années et de mamans placodermes, vivipares, saisie dans la roche alors qu’elles portaient un embryon parfaitement formé. La preuve que les plus anciennes parties de "nageoires en l’air" datent d’au moins 385 millions d’années (rappelez-vous, ramenées en secondes, il faudrait plus de 12 ans pour les compter !).
Et si on commence par parler de sexe, ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un livre particulièrement érotique – n’allez pas croire que Papy donne dans le porno ! – mais tout simplement parce que la reproduction est fondamentale dans le cycle de la vie et que sans elle, nous ne serions pas là à commenter ce livre – qui, d’ailleurs, n’existerait pas.
Ensuite, dans l’imagerie populaire – en tout cas dans la mienne – quand on parle « dinosaure » on imagine des monstres mugissants, gueule ouverte, toutes dents dehors, prêt à dévorer tout ce qui passe à proximité ! Eh bien, ce sont aussi des animaux qui cherchent des partenaires sexuels, qui se reproduisent, nidifient, et s’occupent de leurs petits, les protègent et les éduquent…

On a voulu nous faire croire que les ichtyosaures étaient des dinosaures. Quelle erreur ! (Je me disais, aussi…) Les ichtyosaures, eux, étaient des reptiles équipés de membres semblables à des nageoires et vivaient exclusivement dans l’eau. Ils ont précédé les dinosaures de quelque 20 millions d’années (une paille !) et ressemblaient un peu à nos dauphins. Eh bien, vous me croirez si vous voulez, mais on a découvert récemment, en Chine, un fossile de maman ichtyosaure (une Chaohusaure, pour être précis), prise sur le vif, il y a 248 millions d’années, en train d’accoucher de triplés : « nous avons là, figé dans la pierre, le premier exemple connu d’une naissance vivipare chez les vertébrés. » (Peut-être un peu "voyeur" comme étude, mais c’est pour la bonne cause !)

Si des fossiles de parturition ne sont pas exceptionnels, par contre ceux de copulations sont nettement plus rarissimes, généralement réservés à des insectes piégés dans de l’ambre. Le fossile le plus ancien connu est celui de deux cercopidés (Famille d’insectes dont les adultes sautent de plante en plante – et pas forcément sur les femelles) piégés sous des roches volcaniques il y a 165 millions d’années !

Et les chevaux ? Il parait qu’on ne peut pas parler « fossiles » sans parler « chevaux » : les premiers fossiles de chevaux connus n’étaient pas plus grand qu’un chat et avaient plusieurs doigts à chaque patte (aujourd’hui, dans un centre hippique, Monsieur Lomax, on vous dira que les chevaux n’ont pas de pattes… Ils ont des jambes !). Ces premiers fossiles ont été découverts dans l’Ouest américain (le Wyoming) et datent de 56 millions d’années (bien avant l’arrivée des conquistadors !).
Mais ce sont surtout les fossiles allemands, plus complets et mieux conservés, qui ont fait le régal des chercheurs, comme l’Eurohippus, de la taille d’un renard (35 cm à l’épaule) dont une femelle portant un fœtus a été décrite en 1987. Les poulains observés mesurent 15 à 20 cm de long à la naissance. Le nombre de fossiles présent sur le site tend à prouver qu’ils vivaient en groupes, voire en troupeaux et qu’ils devaient s’occuper de leurs petits comme le font les chevaux d’aujourd’hui.

Je vous laisse découvrir le dinosaure (Enfin !) mal nommé Oviraptor philoceratops (le voleur d’œufs qui aime les cératopsiens) ! Dont un très proche parent l’oviraptorosaure Citipati osmolskae (dit « Big Mama » ou, qui sait ? « Big Dada ») fut découvert en 1993, en Mongolie, installé sur une quinzaine d’œufs de 16 cm sur 6.
Vous ne serez pas surpris si je vous affirme que la paléontologie est un métier de spécialistes, car la photo de Big Mama, qui suscite l’enthousiasme de l’auteur, même agrandie sur mon écran d’ordi, ne me permet pas de reconnaître quoi que ce soit… « un fossile extraordinaire » qui me laisse pantois ! (La date ? Entre 70 et 75 millions d’années)

Bon, les preuves sont là, gravées dans la pierre – c’est toute la force de la chasse aux fossiles – nos braves petites bêtes accouchent ou pondent, mais ensuite elles continuent à s’occuper de leur progéniture ! Et quand elles ne peuvent pas le faire elle-même, parce qu’elles sont occupées ailleurs (recherche de nourriture, rendez-vous, courses ou autres) elles font appel à des… baby-sitter ! Non ? Si ! Non…
En 2004 on découvrit (en Chine) un lit d’os fossilisés vieux de 125 millions d’années de tout un troupeau de Psittacosaures, des dinosaures bipèdes de la taille d’un labrador, et en particulier, un ensemble de 34 juvéniles groupés autour d’un individu plus grand (tous morts dans une coulée de cendres volcaniques). Comparé aux adultes environnant, ce grand dadais n’avait pas atteint sa maturité sexuelle au moment de sa mort, il était trop jeune pour se reproduire, il était manifestement là pour veiller sur les petits de plusieurs couvées (histoire de se faire un peu d’argent de poche).

Aller, pour amuser les enfants, on va organiser un combat de titans : à ma gauche Tyrannosaure Rex, avec ses crocs légendaires, à ma droite Triceratops avec ses cornes d’un mètre. Ils ont vécu côte à côte il y a 66 millions d’années et les combats de dinosaures étaient sans doute monnaie courante pendant la préhistoire… en tous cas les petits garçons du XXI° siècle, avec leurs figurines en résine adorent les faire s’entrechoquer… N’empêche, en 1971, au cœur du désert de Gobi, on exhuma un fossile de dinosaures morts au combat il y a 75 millions d’années ! Il s’agissait d’un Protoceratops andrewsi, de la taille d’un sanglier, et d’un Velociraptor mongoliensis (un vrai, pas échappé de Jurassic Park : de la taille d’une dinde). Il semble bien que le Vélociraptor avait pris le dessus mais s’est trouvé bloqué sous le poids de son adversaire.

"Mieux"… Qui est pris, qui croyait prendre : il y a 150 millions d’années, un Ptérosaure vole au-dessus d’une mer tropicale, plonge pour gober un poisson… et se fait embrocher par poisson prédateur (un Aspidorhynchus acutrostris) de 80 cm de long… (à qui le tour ?) et le tout tombe au fond, dans les eaux anoxiques, et meurt asphyxié, puis fossilisé (pour le plus grand plaisir de Monsieur Dean Lomax).

Et n’allez pas croire que seuls les dinosaures s’entre-dévoraient à qui mieux-mieux : un fossile de Repenomamus robustus, un mammifère de la taille d’un chat, a été découvert, l’estomac garni de dents et d’os de… bébés dinosaures ! Datant de 125 millions d’années. Non mais !

Longtemps avant Moïse, dans ses pages de pierres, le Grand Livre de la Nature nous laisse son enseignement… C’est l’énorme Tyrannosaure Rex de 12 m de long et de plus de 8 tonnes, apparemment terrassé par un prédateur si minuscule qu’il ne pouvait même pas le voir : un parasite responsable de la trichomonose. C’est l’Edmontosaurus (genre de "petits" dinosaures herbivores « à bec de canard », de la taille d’un bus scolaire, qui vivait il y a quelque 85 millions d’années), atteint d’un cancer métastasique. C’est Mei long (le « dragon qui dort ») ce Théropode carnivore vieux de 125 millions d’années, fossilisé dans la position exacte des oiseaux modernes, endormis. C’est un groupe de 25 Metarhinus Brontothères (« Les brontothères s’apparentent aux rhinocéros – auxquels ils ressemblent beaucoup – ainsi qu’aux chevaux et aux tapirs. ») de tous âges et sexes, probablement morts en voulant traverser un fleuve tumultueux lors d’une migration (semblable à celle des gnous actuels), leurs corps, emportés, accumulés au même endroit, recouverts par le limon, il y a 40 millions d’années. C’est l’accumulation d’Anaschisma (genre de grands amphibiens ressemblant à des crocodiles) découverts dans des roches triasiques de 230 millions d’années, probablement victimes de la sècheresse… Etc.

Si ce livre présente des longueurs, parfois, des répétions, souvent, il a le mérite inestimable de remettre les choses et les animaux à leurs justes places. Loin des fantaisies Hollywoodiennes, romanesques et chimériques, on découvre que ces animaux disparus depuis des millions d’années, longtemps avant que les primates, ancêtres de l’humanité ne hantent la savane, s’ils étaient physiquement différents de ceux avec qui nous partageons la planète, leurs comportements, leurs interactions et leurs difficultés étaient bien semblables à ce que nous connaissons aujourd’hui…

Les dinosaures ? Des animaux comme les autres !...
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date : 20-08-2022
Après le premier confinement, tous les indicateurs de la santé psychologique ont montré que près d’un tiers des Français vivait une situation de détresse.
Alors qu’il était confiné dans son appartement parisien, le neuroscientifique Michel Le Van Quyen a décidé de creuser cette question devenue centrale à l’heure où la pandémie entamait sensiblement notre liberté de mouvement « Pourquoi avons-nous tant besoin de la nature pour aller bien ? »

Michel Le Van Quyen intègre en 1987 Sup Télécom Bretagne afin de travailler dans l'industrie, en tant qu'ingénieur. Mais c’est la science qui l’intéresse et il a la chance de rencontrer le neurobiologiste chilien Francisco Javier Varela qui va diriger sa thèse de doctorat et le former à la neurobiologie.
Michel Le Van Quyen a développé des méthodes mathématiques pour rendre intelligible le cerveau qui a une dynamique très complexe et chaotique, et permettre l'identification de certaines lois cachées, en particulier dans le domaine de l'épilepsie. En 2000, il a intégré l'INSERM (Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale) à l'hôpital de la Salpêtrière. En 2010, il a rejoint le nouvel Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) à la Salpêtrière où il dirige un groupe de recherche.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont :
- Les pouvoirs de l’esprit – Transformer son cerveau c’est possible ! (2015)
- Améliorer son cerveau – Le vrai pouvoir des neurosciences (2017) (2019 Poche)
- Cerveau et silence - Les clés de la créativité et de la sérénité (2019) (2021 Poche)
- Cerveau et nature - Pourquoi nous avons besoin de la beauté du monde (2022)

Monsieur Le Van Quyen est très sérieux, son livre est très sérieux. Il m’arrive, ci-après, de déraper et de ne pas être "très sérieux", c’est ma nature…
Poètes et sentimentaux, abstenez-vous de lire ce livre, et même, ce commentaire !

Alors, pourquoi ce besoin de « nature » ? La réponse serait simple : la nature nous « ressource », elle « infuse en nous son énergie »…
Attention aux fantasmes culturels. C’est le mythe d’un « état de nature » (Rousseau), d’une nature innocente et bonne qui remonte au début de notre histoire.

Dans notre civilisation de la consommation à tout va, la mode du retour à la nature peut pousser à des comportements excessifs dans lesquels marchands et industriels se sont précipités et pour remplacer la nature lointaine, on achète Bio, local, végan et on se fait chouchouter à prix exorbitant dans des centres de naturopathie situés en plein Paris.
Mais comme le précise l’auteur, indépendamment de la sincérité discutable de ces comportements, le bien-être éprouvé grâce à la nature est bien réel. Nul n’est besoin d’aller jusqu’en Sibérie ou au Tibet pour s’exposer à des paysages régénérants (tel notre ami Sylvain Tesson). J’en veux pour preuve le bien-être apporté par la contemplation quotidienne (lors de la vaisselle journalière) de mon olivier-perchoir-à-oiseaux planté devant ma fenêtre de cuisine, pendant le confinement de 2020. Privilège considérable eu égard aux occupants d’un deux pièces-cuisine-sur-cour, bloqués chez eux !

Alors, ça vient d’où ? C’est écrit dans nos gènes ! Homo sapiens a un passé vieux de 300 000 ans dans la nature alors qu’aujourd’hui 70 % de la population mondiale vit dans les villes, et que cet exode rural date de moins de 200 ans : « Notre environnement a brutalement changé, passant du vert au gris, mais pas notre cerveau. »
Comme avec mon olivier, les malades, à l’hôpital, récupèrent mieux lorsqu’ils occupent des chambres donnant sur un paysage naturel. De même chez les personnes incarcérées, celles occupant des cellules avec vues sur un cadre verdoyant sollicitent moins de demandes de soins.

Je vais vous faire une confidence, vous connaissez "Lireaulit" ? Ce gentil membre qui nous charme avec ses chroniques enflammées, généralement enthousiastes, primesautières et lyriques, marque d’une humeur joyeuse et d’une santé rayonnante. Oh, ce n’est pas elle qui va s’angoisser au sujet du Grand Vide intellectuel, supposé, de ses "petits" contemporains. Eh bien, elle affectionne particulièrement les randonnées pédestres dans la campagne et elle en fait profiter tout un chacun : elle photographie aussi bien qu’elle écrit ! Et, sur Instagram, on peut la suivre dans ses périples campagnards ou forestiers et admirer ses splendides compositions qui fleurent bon la nature normande, et s’imprégner d’une paix bienfaisante.
Bon, on la laisse à son bonheur innocent ou on fait intervenir Michel Le Van Quyen ?
Avec ses gros sabots, il va lui expliquer que, dans ses adorables petits chemins creux forestiers, l’atmosphère est particulièrement riche en « phytoncides », un mélange de particules organiques, odorantes, émis par les arbres : terpénoïdes, pinènes, bornéol, linalol, limonènes… (comme c’est poétique !) Autant de molécules qui protègent les végétaux cotre les attaques par de bactéries ou de champignons nuisibles, un vrai bain d’« antibiotiques naturels ». Mais ce n‘est pas tout, les phytoncides agissent sur une zone cérébrale proche de celui des émotions (lorsque « ça sent bon » le circuit de la tranquillité et du bien-être est activé). Les phytoncides ont une action directe sur le système parasympathique qui régule les fonctions de régénération et de détente du corps… et sur le système sympathique qui réagit au stress… et encore, je ne vous parle pas du bénéfice sur le système immunitaire dont il multiplie durablement les cellules NK (« tueuses naturelles » ou Natural Killers) !
Vous croyez qu’elle a conscience de tout ça, notre marcheuse-photographe, dans ses bois ? Je pense que non, mais elle s’y sent bien et elle nous le fait savoir !

Ô toi, Sulfure de Diméthyle, fait nous rêver !
C’est quoi ce truc ? Encore une drogue hallucinogène qui nous vient d’outre-Atlantique ?
C’est presque gagné : ça peut venir de l’Atlantique, ça peut provoquer des images-souvenirs… Voilà, vous y êtes, « une bonne odeur d’iode » … sauf que l’iode est parfaitement inodore, et, très prosaïquement, ce qui nous fait entrevoir des Golfs clairs où l’on voit danser la mer, le sulfure de diméthyle, n’est autre qu’une molécule issue de la décomposition des algues et du phytoplancton par une bactérie… pas très onirique, en effet !.. Et les fines gouttelettes des embruns, chargées de sulfure de machin-truc, s’engouffrent dans nos fosses nasales et activent directement le cerveau via la muqueuse olfactive qui contient les prolongements de millions de neurones… et c’est parti pour le Grand Jeu psychédélique qui va, suivant l’âge et la personne, du château de sable au Vendée Globe, du plateau de fruits de mer à l’ascension du Cordouan, ou tout simplement du bruit des vagues au cri des mouettes... une sacrée pirouette de notre hippocampe !
Et alors ? Alors, notre cerveau programmé depuis la nuit des temps pour guetter et réagir à un danger immédiat se calme devant l’image d’un golfe clair… En résumé : « La proximité de la mer favorise la santé mentale. » Et vous pouvez faire confiance à l’auteur, il est breton !

Et à part ça ? À part ça, il m’arrive souvent d’être complètement largué (ou sceptique). C’est qu’il va loin, notre ami Michel, depuis les bienfaits du bain – qui n’a jamais apprécié un moment de détente dans sa baignoire ? –, mais pas n’importe lequel, en remontant au liquide amniotique (vous vous souvenez, sans doute, des tous premiers mois de votre vie qui expliqueraient notre attirance pour l’eau. Et ceux qui n’aiment pas l’eau, étaient-ils en "cale sèche" ?…), en poursuivant par le « sentiment océanique » et la « flottaison thérapeutique ». Il donne le sentiment de « racler les fonds de tiroirs » des hôpitaux psychiatriques pour trouver des arguments, Michel.
On continue avec la lumière. La lumière bleue, tout d’abord, celle du ciel bien sûr, pas celle des écrans. Et la vue de l’aube qui nous met de bonne humeur, juste avant l’apparition du Soleil, en allant titiller le « noyau suprachiasmatique » qui va sécréter l’hormone qui annonce que la lumière paraît (debout là-dedans !) réglant l’horloge circadienne (la montre connectée de Sapiens).

Bon, aller, c’est l’été, vous êtes en vacances, c’est relâche, chassez les contraintes et comme l’a chanté le poète, "prenez le temps de vivre, d’être libre, sans projet et sans habitude…" En un mot, prenez-vous en main pour ne rien faire…
Ah ! Vous croyez que ça va se passer comme ça ? Vous avez oublié "la montre connectée de Sapiens" ? Elle, elle ne vous a pas oublié. Pas plus que clock, tim, bmal ou cry ! Qu’est-ce que c’est ? Des gènes horlogers ! Et oui, on a même ça dans nos cellules et qui régissent la sécrétion d’hormones : « Ainsi, la mélatonine […] commence à être sécrétée en milieu de soirée […] Au contraire, le cortisol est produit juste avant le réveil, au matin […] En début de nuit, c’est le moment privilégié, par exemple, de l’hormone de croissance… » Et je ne vous parle pas de « l’horloge alimentaire » qui vous dit que vous avez faim et qui met en branle le système digestif, ni des autres horloges qui régulent la température du corps, la circulation du sang et même la pousse des cheveux !
Alors, "farniente" ?

Nous y voilà ! Début du chapitre 9. « Croiser le regard d’un animal ». Photo en gros plan sur les yeux d’un primate (gorille ?), sous-titre : « Le regard d’un primate nous subjugue, car il illustre à sa façon que singes et humains ont quelque chose en commun. » Et c’est vrai que ce regard-là est troublant, interrogateur, je dirais même inquisiteur, triste aussi, un rien menaçant, presque humain.
Impossible de résister à une anecdote perso récente : j’attendais d’être servi, dans un magasin et j’avais devant moi un client qui tenait en laisse un chien de petite taille, de ces chiens au museau écrasé que, personnellement je ne trouve pas très beau. Il était particulièrement excité, ne tenant pas en place, tournant la tête de tous côtés, jusqu’au moment où… il a planté ses yeux dans les miens et s’est figé sur pur place. J’aime les chiens, en général, et les regarde toujours avec curiosité et affection, mais là, c’est la première fois, en quatre-vingts ans que j’ai vu un tel regard, une telle intelligence, un regard absolument humain, je n’aurais pas été surpris qu’il me parlât. Une présence à couper le souffle ! N’en déplaise à Monsieur Buffon…
Cela dit, vous aimez caresser votre chat ou votre chien, il est content, et vous aussi, vous procurant un sentiment de bien-être. En étant bien terre à terre disons que ce geste va permettre l’augmentation de la sécrétion d’endorphine, une hormone antistress et diminuer celle du cortisol, l’hormone du stress.
Mais il y a une autre hormone qui apparait quand… on croise le regard des animaux de compagnie (Ah, tient !), l’ocytocine.
Sécrétée par l’hypothalamus quand nous éprouvons de l’empathie pour quelqu’un (l’hormone de l’amour). Il semblerait qu’avec les chiens, ça marche dans les deux sens :
https://www.letemps.ch/sciences/une-dose-chimie-entre-chien-maitre
J’ai comme l’impression, qu’avec le petit chien, ci-dessus, nous avons eu… un coup de foudre !
Mais ce qui me trouble, pour autant que je me souvienne, c’est que ce jour-là, je portais des lunettes de soleil…

Contempler le ciel… Là, il y a quelque chose que je ne pige pas. Mes connaissances en astronomie (ma passion) sont des plus primaires, j’en suis resté au modèle standard de la cosmologie qui inclus la théorie du Big Bang (https://fr.wikipedia.org/wiki/Big_Bang ), et au rayonnement fossile ou Fond diffus cosmique dont la découverte fut récompensée par le Prix Nobel de Physique en 1978 et qui établit historiquement la preuve du Big Bang.
J’avais cru comprendre que ce rayonnement provenait de la naissance de l’univers et que son décalage vers le rouge permettait de déterminer son origine à il y a 13,8 Milliards d’années. Or, l’auteur parle d’astres dont on reçoit la lumière et qui seraient situés à … 45,6 Milliards d’années-lumière ! Autrement dit des astres trois fois plus anciens que l’univers… Mes compétences ne me permettent pas de débattre. Si quelqu’un peut m’éclairer, avec des mots simples, je suis preneur.
Alors oui, contempler le ciel… Je ne sais pas quelle hormone nous sécrétons à la vue d’un ciel étoilé – Michel reste muet sur ce point – mais pour ma part, je regrette de ne plus pouvoir le faire, ou du moins, de ne plus pouvoir contempler le ciel de mon adolescence. À l’époque (fin des années 50) j’habitais une maison coiffée d’une terrasse sur les hauteurs proches de Périgueux (pas particulièrement réputée pour être une ville-lumière) où je m’installais, certaines nuits d’été, pour me plonger dans le ciel. Ce furent les dernières fois où je pus admirer, à loisir, la Voie lactée, le ciel n’étant pas pollué. J’avais 17-18 ans et le sentiment de mon insignifiance devant l’univers ne m’a jamais quitté, comme le souligne l’auteur : « Le plus tragique est peut-être que non seulement l’homme n’est rien face au cosmos, mais que, en retour, le cosmos ignore même son existence, au sens où il est strictement indifférent à sa présence. »
Sauf que je ne trouve pas cela tragique du tout, ayant définitivement accepté ma petitesse au sein d’un univers indifférent.
Malheureusement, nombre de mes contemporains n’ont guère évolués depuis Aristote et Ptolémée et sont restés bloqués sur un géocentrisme qui flatte leur égo, en plaçant l’homme au centre de l’univers, mais au nom duquel on ne cesse de s’entretuer.
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date : 20-08-2022
À quoi ça sert un éclaireur ? À éclairer, Pardi !
Il y a quelques jours, l’un d’eux, parmi les plus discrets, l’a noté huit, sans commentaire. Qu’est-ce qui m’a poussé à aller voir de quoi il s’agissait ? Je l’ignore. Le résumé m’a interpelé, mais surtout, je suis tombé sur la chronique de "Lireaulit" qui m’avait échappé, à l’époque (ou je ne m’en souvenais plus – il a 6 ans). J’ai l’habitude des Grands enthousiasmes enflammés de Lireaulit, mais là, elle a fait fort, le Feu normand était devenu un embrasement incontrôlable attisé par les grandes sècheresses de l’été ! Il faut impérativement renforcer la flotte de Canadair !
Bon, c’était devenu une obligation, je devais le lire, point.
En plus, l’auteur, Laurent Mauvignier, je connais (un peu), j’ai lu « Histoires de la nuit » (tiens Lireaulit n’a pas aimé…), il y a deux ans (9/10).
Laurent Mauvignier est né à Tours en 1967, il est diplômé en arts plastiques (1991), il publie son premier roman Loin d'eux à 32 ans, en 1999. Suivront une douzaine de romans dont Continuer (2016) prix Culture et Bibliothèques pour tous 2017, et Histoires de la nuit (2020). Il a également écrit trois pièces de théâtre, cinq essais et divers textes et scenarii de télévision.
Poursuivons avec Continuer : (vous aurez remarquer que j’ai évité "continuons")

Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Eh bien voilà, je n’ai pas le bon livre… Mais j’ai le bon entretien !
Je n’ai pas le bon livre, car j’ai la version numérique de la réédition de poche 2018 (où ne figure pas la note ci-dessous), mais j’ai retrouvé le bon entretien de 2016, qui l’explique :
https://diacritik.com/2016/09/01/laurent-mauvignier-il-y-a-des-livres-qui-veulent-nous-soumettre-a-nos-peurs-plutot-que-de-les-interroger/#more-15008
Et donc, à la question : "Avant même que l’histoire de Sibylle et Samuel ne débute, vous indiquez en lisière de Continuer, par une note, que « L’idée de ce roman est venue de la lecture d’un article du Monde, en août 2014 ». Quel était le sujet de cet article et en quoi sa lecture a-t-elle pu faire naître chez vous le désir d’un récit ?"
Et Laurent d’expliquer : « Cet article, signé Pascale Krémer, raconte l’histoire d’un homme qui a emmené son fils, un adolescent en difficulté, faire une randonnée à cheval pendant trois mois au Kirghizistan. […] Cet article revenait sans cesse, il portait les germes d’une ouverture, d’un questionnement. […] Quand je me suis vraiment décidé à écrire ce livre, il était évident que je ne garderais de l’histoire originale que son ossature : j’ai très vite pensé que ce serait l’histoire d’une femme et de son fils, et non d’un homme. Le rapport père/fils m’intéresse, mais dans le contexte, je trouvais que c’était trop attendu – ce mélange de vie au grand air, des chevaux, de dépassement de soi et d’un rapport de transmission, tout ça avait une connotation « virile » qu’il fallait casser, assouplir, pour donner une matière plus malléable. »

Donc, c’est l’histoire d’un ado, Samuel, seize ans, qui a perdu tous les repères. Il est en rébellion contre tout et tous, et sans se l’avouer, contre lui-même, et qui accumule les bêtises, entrainé par quelques copains mal inspirés. Il est un peu caricatural, mais hélas il existe à des milliers d’exemplaires. Comment expliquer sa dérive sans dévoiler toute l’intrigue ? Car il est aussi victime. Victime de son père qui est un véritable connard… Mais n’a-t-il pas des raisons de se conduire en connard ? Et sa mère, Sibylle, est-elle si blanche ? Elle qui se débat contre ses propres fantômes. Qui n’a jamais aimé le père de Samuel. Qui s’est tu pensant protéger son fils alors que le mensonge, même par omission, ne peut qu’engendrer le déséquilibre. La chevauchée qu’elle s’impose, et qu’elle impose à Samuel dans les montagnes, "pour le sauver", ne participerait-elle pas à sa propre rédemption ?

« Il fallait que Samuel comprenne des valeurs qui étaient les choses simples et essentielles, les autres, le respect des autres, écouter les autres, la simplicité de la lenteur, du contact avec la vie, qu’on balance ce putain de monde qui nous sépare les uns des autres et qu’on arrête de prendre pour inéluctable ce qui ne l’était que par notre passivité, notre docilité, notre résignation. » Comme souvent, on ne dit rien et tout le monde en souffre. Par passivité, par docilité, par résignation, Sibylle se tait, et j’ajouterais, par erreur. Car ça lui vaut d’être l’incapable, la velléitaire de service, sujet de moqueries de son mari et de haine de son fils.
Il ne comprend pas. Il ne comprend pas la "punition" que sa mère lui impose, « Oui, ce que tout le monde regardait d’un œil émerveillé, lui trouvait ça complètement narcissique et délirant. Elle fait ça pour se donner le beau rôle. Elle fait ça pour se trouver formidable et sortir de sa propre merde, se disait-il, et si elle veut corriger des erreurs qu’elle a faites, eh bien, c’est trop tard, lui, il ne pardonnerait pas. »
Alors, comment faire, comment va-t-elle s’y prendre pour qu’un jour, comme le Phénix renaissant, devant son père ébahi, Samuel lui expliquera qu’il faut « Aller vers les autres, si on ne le fait pas un peu, même un peu, de temps en temps, tu comprends, je crois qu’on peut en crever. Les gens, mais les pays aussi en crèvent, tu comprends, tous, si on croit qu’on n’a pas besoin des autres ou que les autres sont seulement des dangers, alors on est foutu. Aller vers les autres, c’est pas renoncer à soi. » Mais aller vers les autres ne suffit pas, les autres se doivent de vous reconnaître.

Sans doute, la reconversion de Samuel a-t-elle été un peu brutale, mais il fallait bien finir le livre…
Je rejoins Lireaulit sur la beauté de certaines pages, mais je confirme que parfois on subit des longueurs et des lourdeurs dénoncées par 6nezfil. À vous de juger…
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date : 30-07-2022
Comme à l’accoutumée, dès les premières pages du livre j’ai voulu en savoir un peu plus sur l’auteur du bouquin et… tiens, c’est une autrice, Yaël Nazé. Il est vrai qu’en relisant l’article de Sciences & Avenir, qui en fait l’éloge et m’avait poussé à le télécharger, je me rends compte que tout y est, mais il remonte à avril 2021, j’avais oublié : Astrophysicienne, belge, vulgarisatrice... Ce qu’il ne dit pas c’est qu’elle est née à Baudour (Saint-Ghislain), Belgique, en 1976 et… qu’elle est adorable, qu’elle a un petit minois de collégienne rieuse, mignonne comme tout (https://www.futura-sciences.com/sciences/personnalites/astronomie-yael-naze-789/), qu’elle est titulaire d'un doctorat depuis 2004 et chercheur permanent FNRS (Le Fonds de la Recherche Scientifique) depuis 2009 (chercheur qualifié puis maître de recherches à l’université de Liège), qu’elle consacre une part de son temps libre à la vulgarisation (conférences, animations, expos, articles). Et que cela l'amène à écrire plusieurs ouvrages qui lui ont valu de nombreuses récompenses. Son travail scientifique a également été récompensé à plusieurs reprises.
Nous avons, là, son douzième opus dans lequel elle va nous conter toutes sortes de curiosités et de bizarreries liées aux hommes, à l’astronomie et à la conquête de l’espace. Je vais en sélectionner quelques-unes assez remarquables…

Tout d’abord, il y a les cosmonautes ou astronautes, comme vous voudrez, il y a ceux qui partent et ceux qui restent. Ceux qui meurent avant de partir, ceux qu’on "démissionnent", ceux qui ont un "pet de travers", ceux dont la mission est annulée, etc. Mais le pire des affronts c’est, en 2008, avec le Coréen Ko San décidément trop indiscipliné que les Russes remplacent par Yi So Yeon « qui devient le premier voyageur spatial coréen – au grand mécontentement des autorités coréennes car il s’agissait d’un être inférieur (une femme, autrement dit) … » Eh oui, l'espace est macho ! Parmi les astronautes ayant volé, on ne compte guère plus de 10 % de femmes !
Il semblerait que l’émancipation, aux States, soit redevable à la … télévision, et à la série Stas Trek diffusée entre 1966 et 1968 suivie de multiples rediffusions, pour faire évoluer les mentalités et faire en sorte qu’une femme dans l’espace ne soit plus si saugrenue ! Mais c’est sans compter avec les "Toilettes" !
Non, non, pas les toilettes affriolantes de ces dames, ni leurs ablutions, mais bel et bien "le petit coin" qui, bien évidemment, ne doit être mixte ! « Pendant des années, les ingénieurs mâles, tant soviétiques qu’américains, ont expliqué à grand renfort de schémas et de savants calculs qu’envoyer des femmes dans l’espace, non, sérieusement, ça n’était pas possible : si on dépassait quelques heures de vol, ça impliquait de dédoubler les toilettes… » Un vrai casse-tête, sans parler de menstruation et de bien d’autres choses propres au beau sexe…

Encore une idée reçue qui fait partie de ces croyances tenaces dont se bercent les crédules : Isaac Newton (1643-1727), vous connaissez ? La pomme qui chute et l’éclair de génie qui lui fait édicter la loi de gravitation universelle… Une belle histoire toute à la gloire du brillant homme… « Cette fameuse histoire est hélas contredite par les propres manuscrits de l’Anglais, qui montre divers tâtonnements, quelques égarements, et de nombreux calculs étalés sur plus d’une dizaine d’années avant d’arriver à cette fameuse gravitation. » Et le gentil génie se querelle avec tous ceux qui tentent de le contredire, Robert Hooke, Edmond Halley, Christian Huygens, Gottfried Leibniz, John Flamsteed … etc. Quel caractère ! « Newton pense être le seul dépositaire de la sagesse divine : si quelqu’un présente la même chose, c’est qu’il l’a volé, une découverte indépendante étant pour lui inimaginable. »

Quant à Fritz Zwicky (1898-1974), le champion Suisse de l’inventivité (un véritable couteau… Suisse !). En bon Suisse, il est né en Bulgarie et mort aux US ! Dès les années 30 il énonce des découvertes et propriétés en avance sur son temps : trou noir (qu’il appelle « objet Hadès »), les « lentilles gravitationnelles », plus de 120 supernovæ, etc. Il tire au fusil dans l’axe d’un télescope pour voir l’effet sur les rayons lumineux. Il énonce des propositions pour combattre le smog californien… Mais il a vraiment un sale caractère au point qu’un collègue propose d’utiliser son nom comme unité de rugosité, le « microzwicky » : "micro", parce qu’il ne pouvait y avoir qu’un Zwicky entier, lui ! Et pour couronner le tout, il a des idées très précises sur ses contemporains : « Il considère que les astronomes sont des « cons sphériques » (sphéricals bastards). Pourquoi sphérique ? Parce que quel que soit l’angle sous lequel vous les regardez, ce sont des cons, et la sphère est le seul objet qui donne la même impression de quelque manière qu’on le regarde… »
Vocable à ne pas retenir !... À moins que…

J’en apprends de belles sur mon ancien Maître.
Camille Flammarion (1842-1925), vous connaissez ? Comme vulgarisateur, on fait difficilement mieux ! (Pardon Yaël)
Eh bien, justement, son succès de vulgarisateur lui a valu d’être invité par un comte dont l’épouse, malade mais passionnée d’astronomie (ce n’est pas incompatible), souhaite le rencontrer. Arrivé sur place il constate qu’elle est jeune (28 ans) et jolie. À la fin du séjour elle promet au savant un cadeau qu’il ne pourra refuser sans l’offenser. Quelques mois plus tard, il reçoit un colis accompagné d’une lettre du comte lui annonçant le décès de son épouse et les dernières volontés de celle-ci : elle lui faisait don de… la peau de ses épaules (qu’il avait admirées) pour « que vous fassiez relier, dans cette peau, le premier exemplaire du premier ouvrage de vous qui sera publié après sa mort. » Ce qui fut fait !
Sans être superstitieux, ou je ne sais quoi, je me félicite d’être arrivé soixante-quinze ans plus tard avec mon édition de 1955 de l’Astronomie populaire, et qu’elle soit simplement reliée… "Pleine toile" !
https://www.senscritique.com/livre/Astronomie_Populaire/critique/246316970

Puisqu’on est dans "l’humour" (?!), j’ai gardé un titre d’article scientifique pour quelqu’un qui se reconnaitra :
The likelihood of GOD’s existence. Que l’on peut traduire par « La probabilité de l’existence de Dieu. » Seulement voilà, madame, si on lit l’article, on découvre que le GOD en question est lié à la gravitation (Gravity-Only Dimension).

Un domaine où les astronomes s’en donnent à cœur joie, c’est pour créer des acronymes désignant des instruments, des projets, des logiciels… voyez un peu (un petit échantillon) :
CHIPS..............Cosmic Hot Interstellar Plasma Spectrometer
INTEGRAL.......INTErnational Gamma Ray Astrophysics Laboratory
MAMBO...........Max-planck-Millimeter-BOlometer
MARTINI.........Multi-Aperture Real Time Image NormalIzation system
PINOCCHIO...PINpointing Orbit-Crossing Collaosed HIerarchical Objects
VOIR...............Venus Orbiting Imaging Radar
Etc., etc…

STOP ! 2 minutes !
Alors là, les copains, je ne sais pas si vous avez remarqué mais « SensCritique nouvelle version », ça débloque pas mal ! Ils ont encore du boulot, pour que ça tourne rond !
Alors, je vous donne le tuyau d’une éclaireuse-éclairante :
Connectez-vous sur l’ancienne version !
https://old.senscritique.com/notifications
Du coup, j’ai mis en favori la nouvelle version sur « Firefox » et l’ancienne sur « Edge ».
Je vous dis ça… juste comme ça, en passant !
Revenons à nos moutons… célestes.

Laissons les hommes se débrouiller entre eux (Tiens ! On n’a pas rencontré beaucoup de femmes jusqu’à présent !) et venons-en aux objets bizarres.
L’univers aime les rondeurs, c’est bien connu, les cercles, les ellipses, les sphères, les ellipsoïdes, à causes des lois de physiques fondamentales (et les hommes, alors ! À cause des lois de physique naturelle…).
Alors voilà que des sondes Voyager passent près de Saturne en 1980 et 1981 et découvrent près du pôle nord une tempête de 32 000 km de diamètre de forme hexagonale, et d’année après année, la forme persiste, une sorte de jet stream caracolant à 360 km/h. Plusieurs hypothèses sont avancées mais il reste de nombreuses questions en suspens.

Alors, Mars… Là, l’imagination va tellement bon train que trop, c’est trop ! Signalons quand-même que de « temps à autre, l’équateur se retrouve à un pôle », histoire d’être original.

Vénus, alors ? Ah ! VÉNUS … Elle est si belle à l’horizon…
Ne nous emballons pas ! Elle n’est pas particulièrement accueillante, la belle, avec une pression atmosphérique égale à 100 fois celle de la Terre, sa température d’environ 460°C et ses pluies d’acide sulfurique, pas vraiment le Paradis ! Mais il y a plus étrange : des mesures radar, américaines et soviétiques, ont montré que Vénus tournait sur elle-même en 243 jours… alors qu’apparemment les nuages en font le tour en… quatre jours environ. Une sacrée tempête !
Ce n’est pas tout ! La lumière cendrée, vous connaissez ? La face obscure de la Lune éclairée par la Terre, elle-même éclairée par le Soleil… Une sorte de « lumière cendrée » a été remarquée, par moment, sur Vénus ! Mais là, pas de planète réfléchissante ! Alors quoi ? Toutes sortes d’hypothèses ont été formulées depuis plusieurs siècles… l’une des dernières serait l’airglow, une lueur émise par l’atmosphère vénusienne et qui dépendrait de l’activité solaire. Mais rien de prouvé.

Allo, E.T. ?...
Ah, les LGM… (Little Green Men !) Comme on les cherche, comme on les attend, comme on sera bien embêté le jour J !
Le 6 août 1967, Jocelyn Bell, étudiante, découvre un bip-bip-bip radio qui l’intrigue, qui disparaît et resurgit en novembre. Elle l’enregistre et prévient son patron. Il s’agira non pas de bavardages de LGM, mais d’étoiles moribondes qui se comportent comme des phares, que l’on appellera « pulsars », découverte pour laquelle son patron recevra le Prix Nobel ! Merci Jocelyn !

En 2011 l’observatoire de Parkes (Australie) annonce la détection d’un nouveau type de signal radio, bref et intense, baptisé le « pérytio ». Les détections se succèdent, le débat fait rage dans la communauté astronomique ! Mystère céleste ? Jusqu’au jour où, à force d’enquête, Sherlock Holmes découvre le pot aux roses : des fours à micro-ondes dont on interrompt le cycle en ouvrant la porte, dans le voisinage !...

Ça rappelle les éruptions potassiques observées sur trois étoiles, en 1962 à l’observatoire de Haute-Provence. Éruptions tout à fait inhabituelles et incompréhensibles qui, finalement furent imputées à un opérateur… fumeur de pipe, qu’il fallait réallumer fréquemment (la pipe) en craquant une allumette !...

Si on ne laisse pas les hommes tout gâcher, tout tourne bien rond dans l’univers – exception faite de l’hexagone saturnien – tout est bien huilé depuis le temps que tout roule en suivant des orbites elliptiques bien sages…
ATTENDEZ ! Attendez un peu, HYPÉRION, vous connaissez ? (C’est un Titan dans la mythologie grecque, fils d'Ouranos et de Gaïa. WIKI) Plus prosaïquement, c’est le nom donné à une lune de Saturne découverte au milieu du XIX° siècle. Elle a une forme allongée d’environ 200 sur 400 km. Son orbite n’est pas ronde, à cause de Saturne et d’une lune massive voisine (Titan), les perturbations gravifiques combinées à sa forme et a son orbite allongée conduisent à une rotation chaotique, mathématiquement parlant, quand Titan fait quatre tours autour de la planète, Hypérion en fait trois sur une trajectoire allongée, en outre elle ne possède pas de pôles ni d’équateur, car ça change tout le temps, impossible de définir une journée ! Et quand la sonde Cassini passe à proximité, ses caméras révèlent « une gigantesque éponge patatoïdale, unique en son genre… »

Et à part ça ? Disons que le Soleil est une étoile célibataire – bien sous tous rapports – et que cet état n’est pas si répandu parmi les étoiles. Eh oui, plus de la moitié d’entre elles vivent en couple, voire en trio, en quatuor ou sextuor (Il n’y a pas de morale, dans le ciel !). On pense même connaître un septuor ! Je vous laisse deviner la complexité des mouvements…

Avec Epsilon Aurigae, je voudrais montrer une autre curiosité – et pas celle voulue par l’auteure ! –, ɛ Aurigae se trouve dans la constellation du Cocher, près de Capella, une étoile très brillante. En 1821 l'astronome allemand Johann Fritsch constate que l’éclat d’Aurigae diminue de moitié puis reprend sa luminosité. Le phénomène se renouvelle en 1848, 1875 et 1902… soit tous les 27 ans : l’explication est évidente, l’étoile a un compagnon qui l’éclipse ! Oui, mais non ! "L’éclipse" dure deux ans ! Alors les astronomes s’arrachent les quelques cheveux qui leur restent… Ils imaginent « une super-étoile très très froide (donc difficile à repérer car émettant peu de lumière visible) mais surtout très très grande (pour faire une loooooogue éclipse) ? Ou une (voire deux !) étoile(s) chaude(s) entourée(s) d’une grande coquille de matière ou d’un gros disque ? »
On finit par découvrir, en 1985, la signature d’un disque de matière opaque, dans l’infrarouge, chauffé à 1000°C par un astre bien caché. En 2010, en combinant les télescopes (interférométrie), on arrive à distinguer la silhouette du disque. Enfin, toutes ces observations montrent un très gros disque dont le rayon atteint quatre fois la distance Terre-Soleil ! Et comme le système est vu par la tranche, cela explique la durée des éclipses.
Une "étoile double", dont l’une est sombre et entourée d’un disque de matière, n’est ni étrange ni rarissime, apparemment. Ce qui m’a interpelé, dans cette histoire exemplaire, c’est l’acharnement des astronomes qui se sont relayés pendant deux siècles, en utilisant l’évolution des connaissances et des techniques, pour finalement résoudre l’un des mystères de l’univers (distant de quelque 2000 années-lumière de notre canapé) !

Ces astronomes-là se sont acharnés, non pas à défendre une croyance, mais à découvrir la vérité et à la prouver méthodiquement et scientifiquement. Dans l’histoire des hommes, ce n’est pas toujours le cas. Entre ignorance et orgueil, l’acharnement est souvent mal employé.
La Terre est ronde, et ce n’était pas si facile à prouver, avant les vols spatiaux. Pourtant en 205 Avant J.-C., Ératosthène l’a fait : en utilisant les rayons du Soleil et la distance entre deux villes, il en a déduit une longueur de circonférence terrestre proche de le la taille réelle ! D’autres observations le prouvent : le bateau qui disparait sous l’horizon, le ciel nocturne qui change suivant la latitude, etc.
Malgré tout, il y a toujours des récalcitrants comme Saint Augustin qui brandit quelques versets bibliques, ou plus près de nous Samuel Rowbotham qui publie en 1845 un pamphlet platiste, parsemé de citations bibliques également (voir https://www.terre-plate.org/terre-plate/rowbotham/), ou encore plus près, et encore plus ahurissant, Samuel Shenton qui fonde en 1956 l’International Flat Earth Research Society, lire l’extravagant article : https://stringfixer.com/fr/Samuel_Shenton.
Après quelques périodes de mise en sommeil, le platisme n’a jamais été aussi populaire que depuis l’invention des réseaux sociaux… La bêtise est bien plus contagieuse que la Covid-19.

Je ne sais pas ce qui se raconte, sur les réseaux sociaux, comme âneries au sujet de la Lune – et ne veux pas le savoir – mais ce doit être gratiné ! D’une façon générale « c’est elle qui réglerait quand il faut se couper les cheveux, prendre des médicaments, faire des enfants ou en accoucher, entrer en crise psychotique, etc. » Eh bien, NON ! NADA ! ZÉRO ! NÉANT ! Si on accumule tous les chiffres : accidents de la routes, suicides, meurtres, urgences, consultations médicales, crimes divers, arrestations, overdoses, crises d'épilepsie et même cours du Dow Jones… RIEN ! Aucun lien avec les phases de la Lune en utilisant de grands échantillons, sur de grandes durées et sans sélection de données… juste si l’on excepte les incidents, ou accidents, liés à la lumière – ou manque de lumière – lunaire ! Par exemple, les accidents de la route avec les cervidés plus fréquents à la pleine lune : les cerfs, élans et rennes se déplaçant davantage lorsque leur chemin est éclairé.

Eh mec ! Tu oublies un truc !... (C’est bien les mecs, ça !) Et les FEMMES ! Et leurs cycles !... En 1980 une étude a été réalisée sur 312 étudiantes pendant… 3 mois ! (Un peu peu, un peu court !) : 61 % ont des cycles réguliers mais pas de durée « lunaire » (elles ont leurs règles à n’importe quelle phase). « Plus récemment, l’échantillon de femmes étudiées s’est sérieusement agrandi : l’application Clue a en effet étudié les 7,5 millions de cycles de son million et demi d’utilisatrices, trouvant de très légères différences (moins de 1 %) d’un jour à l’autre et aucune cohérence avec la phase lunaire. […] Aucun lien spectaculaire entre femmes et Lune, donc. »
Bon, OK pour les règles. Mais pour les accouchements, alors là, c’est bien connu, on se bouscule, à la pleine lune ! Le gynécologue de service vous le soutiendra « dur comme fer ! ». L’analyse de 24 000 naissances en Espagne entre 1810 et 1929, 500 000 en Caroline du Nord entre 1997 et 2001, 6 000 000 en France entre 1968 et 1974, 50 000 000 aux États-Unis sur une décennie, 61 000 000 en Allemagne entre 1920 et 1989, etc. Et ?... RIEN ! Moins de 1 % de corrélation décelable… et pourtant on continue d’y croire ! Ça fait partie des vieux trucs irrationnels que l’on se traîne de générations en générations.

Ça y est ! On l’a ! On la tient la responsable ! Le 11 octobre 2019, une étoile filante très brillante a été signalée dans le Nord-Est de la Chine, renforcé par la présence d’un minima solaire, propice aux arrivées extraterrestres, conjointement à un affaiblissement du champ magnétique interplanétaire, facilitant l’arrivée des rayons cosmiques accompagnant la matière vivante en goguette ! Et c’est comme ça qu’a débuté la pandémie de SARS-Cov2 (connu également sous le nom de Covid-19) et son arrivée « soudaine » dans la province de Wuhan… (Limpide explication gracieusement offerte par Monsieur Wickramasinghe et son équipe) https://fr.wikipedia.org/wiki/Chandra_Wickramasinghe
Eh, Monsieur Wickramasinghe ! Et la variole du singe ? Astéroïde ? Comète ? OVNI, peut-être ?…

On a pensé à tout (?!), il faut bien. Dans la Station Spatiale Internationale, si un Italien tue un Japonais dans le module Russe (en voilà une drôle d’idée), c’est l’Italie qui doit juger la chose, mais le Japon a un droit de regard et peut (toujours) protester s’il n’est pas content (pourquoi il serait content ?), mais si on remplace l’Italien par un Émirati (qui c’est celui-là), dont le pays n’a pas signé l’accord (v’là autre chose), alors c’est à la Russie de s’en occuper ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Et ça se complique encore avec la venue des touristes de l’espace…

Puisqu’on est dans le « droit spatial » et le « judiciaire sidéral », il y a de quoi être sidéré, parfois !
En 1997, lors de la mission Pathfinder sur Mars (https://fr.wikipedia.org/wiki/Mars_Pathfinder), trois Yéménites exigent la suspension immédiate des activités, en appellent au tribunal, arguant qu’une ancienne tradition indigène les ferait héritiers de la planète !...

En 2005, l’envoi d’un impacteur par la sonde Deep Impact vers la comète Tempel 1 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Deep_Impact_(sonde_spatiale)) provoque la colère de Marina Bai, une astrologue russe qui assigne la NASA en justice pour modification de l’équilibre naturel des forces de l’univers et réclame (en vain) 300 millions de dollars de dommage pour l’altération de son destin personnel !...

En beaucoup plus modeste, citons la bonne ville de Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse), célèbre dans le monde entier pour son vin, qui s’est illustré en 1954 par un arrêté municipal autoritaire concernant les OVNI (très à la mode à cette époque) : « interdisant le survol, l’atterrissage ou le décollage de tels engins depuis le territoire communal, et si l’un d’eux s’y risquait quand même, le garde champêtre a pour mission de le mettre en fourrière ! » Sacré Lucien Jeune, tu peux dire que tu as de l’humour (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teauneuf-du-Pape).

Je crois bien que je vais m’arrêter là, dans des parfums de terroir, de bon vin et de soucoupes en fourrière… Une belle tranche de pain, un saucisson charnu et un verre de Châteauneuf-du-Pape… il me semble que tout est dit ! MERCI, Yaël !
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date : 12-07-2022
Tu vas ADORER… « Un thriller réaliste à couper le souffle ! », « Une intrigue qui fait froid dans le dos ! », une avalanche dithyrambique dans les médias… Un mélange de Professeur-Tournesol-Junior, le cul bien au chaud, à la DGSE, et de Rambo-en-jupon, le cul bien au chaud, sous le soleil d’Afrique !

Je dois humblement reconnaître que les hauts fait de guerre ou d’actions clandestines ne sont pas ma tasse de thé !

Alors, mon vieux, que viens-tu faire dans cette galère ?

C’est la récrée ! …

Après chaque bouquin-prise-de-tête j’essaie d’en lire un qui me repose, ou du moins qui ménage mes neurones mis à mal. J’ai besoin de me recharger, je me fais vieux. Et celui-ci était particulièrement recommandé par "L’Homme Qui Lit", lorsqu’il nous gratifiait encore de ses critiques :

https://www.senscritique.com/livre/Face_mort/critique/240241495

Au point de préciser « J’ajouterais une sixième étoile si je le pouvais ! Quel thriller de dingue » (Pour un blog qui limitait à cinq étoiles !). Alors je l’avais mis sous le coude pour le déguster au bon moment.

Nul doute que Stéphane Marchand se soit bien amusé !

Stéphane Marchand est né à Paris en mars 1960 (on serait jumeaux… si vingt ans ne nous séparaient, lui du 23 mars et moi du 22, et tous deux à Paris. Hi, hi !), il est diplômé de l'École polytechnique (pas moi) et de l'École nationale de la statistique et de l'administration économique (ENSAE). En 1987 il est reporter au service Étranger au journal Le Figaro. En 1990 il est correspondant du Figaro à Washington, où il couvre la fin du mandat de George Bush et le premier mandat de Bill Clinton. De retour en France, il est rédacteur en chef du service de Macroéconomie, et en 2006 directeur adjoint de la rédaction du Figaro qu’il quitte en 2008 et fonde, puis dirige jusqu'en 2009 le journal économique en ligne E24. En 2018, il crée et dirige le magazine économique Pour l'Éco. En 2020, il est délégué général de l'Institut du capitalisme responsable.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont neuf enquêtes et essais. « Face Mort » est son quatrième roman.

De quoi s’agit-il ?

D’un côté, vous avez un jeune stagiaire, fraichement émoulu de l’École Polytechnique (tient donc !), dans des locaux de la DGSE, à qui on a demandé de paramétrer "Face Mort", un logiciel de reconnaissance faciale extrêmement sophistiqué, qui jusqu’à présent faisait un peu n’importe quoi, par manque de données. Et voila que le bidule, une fois nourri, détecte sur une vidéo un fragment de tatouage, sur un quidam, qui va mettre le feu aux poudres en déclenchant une alerte : le mec en question n’a rien à faire là ! Branlebas de combat, il faut en savoir plus !

Et, de l’autre côté nous retrouvons notre Rambo en jupon, à savoir la capitaine des forces spéciales, Maxime Barelli qui, avec son équipe, traque dans le plus grand secret les djihadistes français pour les neutraliser (le terme d’assassinat est rigoureusement prohibé, nous sommes entre gens civilisés !). Et cet "autre côté" se trouve sur l’autre rive de la Méditerranée, en Libye, où vous repasserez, pour les jupons : elle se déguise en mec, pour passer inaperçu... Ma parole, on tombe dans le féminisme déclaré ? Mais non, « elle n’était qu’une chienne de guerre pour les missions trop dangereuses. » Et c’est son groupe qui a été choisi pour repérer l’homme au tatouage, car c’était le plus proche, le plus efficace et le plus disponible.

La suite va faire froid dans le dos ! On a beau se dire qu’il s’agit de fiction, que ce n’est même pas très crédible, qu’on joue à se faire peur – il y en a qui aime ça, les films d’horreur ! – mais, malgré tout, si c’était vrai ? Si c’était vraiment ce qui se prépare dans l’ombre ? Après tout, moi, le pacifiste, l’antimilitariste, qui n’aime pas la guerre parce qu’elle est horrible, parce qu’elle sème la mort et la ruine (voir l’Ukraine), parce que je suis né à Paris en 40 et que je me souviens toujours des bombardements – amis – (même si je n’avais pas encore cinq ans) et des courses pour se réfugier dans le Métro le plus proche… Eh bien, malgré tout, pendant trente ans, j’ai étudié et développé des moteurs de missiles, porteurs de mort. On se donnait bonne conscience en disant qu’il s’agissait de dissuasion, mais pour être dissuasive l’arme devait être terrifiante : une œuvre de Paix ! ! ! A-t-on généralement vu fabriquer un outil pour ne jamais servir ? … Mais mettez ce type d’armes entre les mains de fous fanatiques ou mégalomanes et on ne donnera pas cher de l’avenir de l’humanité… Il n’y a pas si longtemps encore nous assistions au combat de coqs "Donald Trump/Kim Jong-un", se défiant à qui aurait le plus gros bouton (Nucléaire)…

Alors, accrochez-vous, vous allez gravir la montagne par la Face Nord ! Terrain glissant et particulièrement dangereux…

C’est la récrée… de l’épouvante !
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date : 20-06-2022
Dans les montagnes des Catskills, au nord de New York. Un jeune homme se promène sur un pont lorsqu'une voiture se dirige droit sur lui et le percute.

Bon, eh bien ça, c’est ce que dit la quatrième de couverture. C’est le point de départ – ou d’arrivée – de l’histoire que nous raconte Benoit D’Halluin. Un fait-divers, me direz-vous. Un fait-divers que Benoit D’Halluin va développer sur 340 pages…

Benoit d’Halluin est un auteur Franco-Canadien. Il est né à Toronto en 1985. Il est arrivé en France à l’âge de dix ans. A grandi à Reims et à Paris. Il vit entre Paris et New York où il travaille comme directeur marketing pour la marque de cosmétique de luxe "Estee Lauder" mais revient souvent en France et notamment à Nice. Il se sent aussi à l’aise dans la culture européenne que dans la culture américaine.

Parallèlement à des études de commerce (ESCP Europe), il a suivi une formation d’histoire de l’art à l’École du Louvre.

"Une nuit sans aube" est son premier roman.

Je suis sensé ne rien révéler de l’intrigue pour vous laisser le plaisir intact de la découverte. Mais là il me semble que je dois faire une petite entorse à la règle.

Ce livre a été recommandé dans la revue "VERSION FÉMINA" du 30/05/22 me donnant l’envie d’en savoir plus : « Dans ces pages que l’on tourne à toute vitesse, le jeune romancier nous plonge dans une intrigue palpitante et émouvante autour des secrets de famille et d’amour interdit. » En regardant sur la FNAC s'il existe en version numérique, je découvre que 31 lecteurs l'ont lu et noté 5/5 ! Ce qui a emporté mes dernières hésitations.

Alors, de quoi s’agit-il ?

Une précision s’impose. Je n’avais spécialement noté la mention « d’amour interdit » du commentaire. Je ne pense pas être particulièrement prude et intolérant mais certainement d’une génération "hors course".

Dans ce livre, la normalité des relations sentimentales et/ou sexuelles, sont celles entre garçons homosexuels. On a droit un peu à tout, depuis l’acte pédophile jusqu’à l’amour fou et exclusif, en passant par les amours adolescentes et les plans cul des adultes désabusés, voire au suicide du grand désespéré. S’en suit par moment de la lassitude et un sentiment de saturation assez pénible. Est-ce uniquement dû à l’orientation sexuelle ? Au risque de paraître ringard, je reconnais ne rien savoir des habitudes sexuelles des homos, mais la description de la frénésie des "plans cul" et des "coups d’un soir", laisse particulièrement songeur et renvoie au livre de Karine Tuil, "Les choses humaines" (côté hétéro).

À part ça (comme dirait le chroniqueur sportif) l’auteur nous fait profiter amplement de sa double culture franco-canadienne ou plus exactement d’européen/américain du nord. Et la culture États-unienne en prend pour son grade :

Marc, l’un des protagonistes observe le monde depuis son bureau au 48e étage de son gratte-ciel à New York : « Le ciel est d’un grand bleu, l’air doit être doux et fleurer bon le printemps, surtout aux abords du parc. À l’intérieur, on ne sent rien – les vitres ne s’ouvrent pas – et il fait froid – parce que, bien sûr, la clim est poussée au maximum. Bienvenue aux États-Unis. Il frissonne et contemple les feuillages du parc, les toits hérissés du Plaza et surtout les gens qui font la queue pour acheter le dernier iPhone chez Apple. Comme si ça pouvait les rendre heureux … La société de consommation est une société de consolation. »

Toujours Marc, il passe à table, enfin… « Il s’assoit en face de l’habituel bol en plastique. Il n’en peut plus de ces foutues salades. Ici personne ne déjeune : on mange. »

La Floride, Miami, le rêve : « Les touristes, les rouleurs de mécaniques, les vieillards cubains aux visages crevassés par le soleil et quelques vieilles Cadillac ralentissant devant des femmes qui invitent à la débauche. Vus de loin, les hôtels semblent encore rivaliser de flamboyance ; mais dès qu’on s’en approche, le soleil intraitable ne laisse aucun droit à l’erreur. Les pastels sont fatigués, les frontons fissurés. Le futur merveilleux qu’ils annonçaient n’est jamais advenu et, dans le mirage de cette douceur caribéenne, la décadence à pris le pas sur l’indolence. » Etc.

Alors je suis bien ennuyé pour mettre une note, partagé entre la saturation des scènes de sexe hygiénique ou enflammées et l’approche psychologique des personnages, entre l’étude de la société et le suspens de la situation, pris entre l’empathie pour les personnages et l’envie de connaître le dénouement on ne sait plus ce qui trop lent ou pas assez. Ce livre n’est, en fin de compte, pas banal, et parmi toutes les leçons données je retiendrai celle qu’a retenue Marc : « Il ne veut plus réussir dans la vie, il veut réussir sa vie. »
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Hypersensible, impulsif, révolté, hyperconnecté, inconstant, apathique, en meute, déconcertant, incompréhensible… vous l’aurez reconnu : c’est v(n)otre ado !
J’en ai presque un à la maison : c’est le toujours ado (19 ans) de mon ex-ado. Alors je connais un peu, même si moi j’ai quatre fois l’âge d’un grand ado.

Au cas où vous ne verriez pas de qui il est question, c’est celui – ou celle – qui est mal réveillé, qui met trois alarmes à son réveil, qui dépasse 1,80 m et chausse du 45 (ça c’est le mien), qui prend son p’tit dèj avec la capuche sur la tête, à qui il ne faut pas tenter de parler, qui passe des heures dans la salle de bain, qui ne veut plus aller à la cantine, qui une fois seul ne perd pas le contact avec les copains, qui se met à ses devoirs quand les parents rentrent à la maison, qui va en soirée chez un copain, qui prévoit un sac en plastique pour les situations qui dérapent, qui raccompagne les mal-en-point ou qui dort sur place, qui a eu la bonne idée de prendre des photos de l’appart’ avant, qui donne un coup de main pour tout remettre en ordre le matin, qui aime la nouveauté au point d’ouvrir un nouveau jus de fruits plutôt que de finir celui qui est ouvert, celui qui laisse des miettes partout, ses assiettes et couverts sales sur le lave-vaisselle, qui n’éteint jamais les lumières, qui inonde la salle de bains, qui ne fait jamais son lit, qui ne range pas sa chambre, qui a une gueule d’ange et étudie Baudelaire, qui est une pro du maquillage (fille), qui veut sauver la planète et aime les animaux mais ne change jamais la litière du chat, qui fait du sport mais appelle ses parents s’il doit se déplacer sur plus de dix mètres, qui est foudroyé s’il ne retrouve plus son portable, qui ne connait pas d’autres chaussures que les baskets, enfin, c’est celui (ou celle) que l’on aime plus que tout !

C’est celui (ou celle) qui a ses codes : TKT (t’inquiète pas) ; LOL (trop drôle) ; OSEF (on s’en fout) ; CV (ça va ?) ; JTM (je t’aime) ; OKLM (au calme, en train de chiller) ; Chiller (passer du bon temps à la cool) ; PK (pourquoi ?) ; TFK (tu fais quoi ?) ; TRKL (tranquille, chiller) ; MDR (mort de rire) ; PTDR (péter de rire) ; JSP (je ne sais pas), etc.

Bon, aller, ne soyons pas relou ! Avec ce livre, on rit, on rit même beaucoup, et puis on reconnait certains traits de SON ado. Et puis on réfléchit, et puis on comprend mieux, et puis on devient plus indulgent ou, en tous cas plus compréhensif et ça ne peut qu’améliorer les relations.

Un livre plein d’humour et de vérités à mettre entre les mains de tous les parents et … des ados qui le voudront bien !
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Non sans humour, ce livre de la "GENÈSE" compte sept chapitres principaux (soit un par jour) intitulés : Le Premier jour, Le Deuxième jour, etc. … Mais là s’arrête l’allusion à son lointain ancêtre. En racontant à nouveau les sept premiers jours du monde, l’auteur l’explique « cette fois de manière plus crédible. Guido Tonelli le fait dans ce livre avec une grâce désinvolte et sereine » (Préface de Carlo Rovelli, physicien théoricien de l’Université d’Aix-Marseille).

Guido Tonelli est né en Toscane, Italie, en 1950. Il a reçu son diplôme en physique en 1975 à l'Université de Pise, où il devient professeur en 1992. C’est l’un des principaux protagonistes de la découverte du boson de Higgs pour lequel il a reçu des prix prestigieux comme le « Prix Spécial pour la Physique Fondamentale » en 2012.

Avant toutes choses, il est particulièrement important d’avoir conscience, pour apprécier "La grande fresque" dessinée par l’auteur, du caractère provisoire de nos connaissances : « Pour ceux qui cherchent une vue d’ensemble de l’histoire de l’univers, […] "Genèse" offre une version détaillée et articulée. Elle ne prétend pas être définitive, et Tonelli en a pleinement conscience. Ce n’est pas le point d’arrivée, c’est une histoire en cours d’écriture » (Carlo Rovelli).

La question sur les origines a traversé les millénaires. Dès que les humains, sur Terre ont pris conscience de leur existence, ils se sont posés la question inéluctable « D’où tout cela vient-il ? »
Je vous fais grâce du grand Mbonbo des Kuba du Congo, ou du héros Doondari des Fulani du Sahel, ou encore de la tortue des Pygmées des forêts d’Afrique équatoriale… Tous ces récits mythologiques tendent à expliquer comment l’état chaotique originel voit l’ordre s’instaurer grâce « au héros ou au créateur qui sépare le Ciel et la Terre, le Soleil et la Lune et donne vie aux animaux et aux humains. »

Ce livre a pour ambition de faite un point sur les connaissances actuelles de l’origine de l’univers, et Guido Tonelli y parvient avec brio alors que la tâche n’est pas aisée. Bien sûr il essaie de se mettre au niveau du lecteur béotien, mais soucieux de précision et du détail – pour lui, tout juste pittoresque – on n’est pas toujours qualifié pour assimiler les démonstrations ou explications scientifiques, mais je pense que nous pouvons lui faire confiance et retenir l’essentiel.
Je ne saurais trop conseiller de suivre avec lui cette merveilleuse aventure contée avec humour et exaltation.
Pour conclure, je laisserai lui ce soin :

Dans son épilogue, l’auteur relate qu’en février 2018, il est invité à Modica, ville du Sud de la Sicile, pour une conférence sur l’origine de l’univers. Y sont également invités Shalom Bahbout, le grand rabbin de Venise et le père jésuite Cesare Geroldi. Le 15 août 1474, la ville de Modica fut le théâtre d'un terrible pogrom anti-juif, le massacre de l'Assomption, où 360 juifs furent massacrés dans le quartier juif de la ville.
Après avoir pris la parole et expliqué la naissance de l’univers telle que la décrit la science, c’est le tour du père Cesare Geroldi, un jésuite et théologien de Crema qui a vécu de nombreuses années à Jérusalem. Celui-ci remercie Tonelli pour ses explications scientifiques sur la naissance de l’univers tout en précisant qu’il s’agit d’une histoire vieille de plusieurs milliards d’années, alors que lui allait parler de la Genèse, un livre qui parle du futur. Et que, pour le comprendre il fallait partir de l’époque et du contexte dans lequel il avait été écrit. « Nous sommes à Babylone, au VIe siècle avant notre ère. Nabuchodonosor II, après avoir conquis Jérusalem et détruit le Temple, a déporté l’élite religieuse sociale et intellectuelle du peuple juif. C’est le plus terrible des malheurs, et pour l’ancienne religion d’Abraham et de Moïse, la dernière heure semble avoir sonnée. » Confrontés à la civilisation de l’écrit développée par les Assyro-Babyloniens, les sages hébreux décident alors de recueillir pour la première fois dans un texte écrit l’histoire des origines du peuple juif. En racontant l’origine du monde, ils cherchent leur avenir, ils rêvent de retourner à Jérusalem et de reconstruire le Temple et leur glorieuse civilisation. C’est de là qu’est né l’idée d’écrire ce livre et de l’appeler Genèse.
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Il y a trois ans, j’avais beaucoup aimé Surface et les aventures de Noémie, dite No, la Gueule-cassée, capitaine des stups en mission dans l’Aveyron, https://www.senscritique.com/livre/surface/critique/193568306. Un peu par crainte de rompre le charme persistant, j’ai négligé Impact à sa sortie l’année suivante… mais voilà que "Riquet à la Houppe" lors du magazine de la santé de la Cinq du 29/04/2022 dans la rubrique "Des livres et moi", présente le dernier Norek, Dans les brumes de Capelans, contrairement à son habitude car il ne présente généralement pas des auteurs connus. Mais il a fait une exception pour ce livre-ci qu'il trouve vraiment exceptionnel !

Olivier Norek est né à Toulouse en 1975, après avoir été bénévole chez Pharmaciens sans frontières durant trois ans, il s'engage pour deux ans au 33e Régiment d'infanterie de marine, en 1995. Puis en 1997 il entre dans la police, comme gardien de paix d'abord, puis comme lieutenant à la Section des enquêtes et recherches du SDPJ 93. Quinze ans plus tard, peu après son premier succès littéraire, il se met en disponibilité pour se consacrer à l’écriture.

Entre 2013 et 2016, il publie trois romans constituant la série du Capitaine Coste :

1. Code 93, 2013.

2. Territoires, 2014.

3. Surtensions, Paris, 2016 — Prix du polar européen 2016.

En outre il publie :

Entre deux mondes, 2017 ; Surface, 2019 — Prix Maison de la Presse 2019 ; Impact, 2020. Ainsi que plusieurs ouvrages collectifs et scénarios.

Le présent ouvrage, Dans les brumes de Capelans, 2022, vient compléter la série du Capitaine Coste.

Bon alors, que dire des brumes de Capelans ? Rien ! Parce que ce serait tout déflorer.

Ou plutôt si : l’action se passe entre Paris et Saint-Pierre (-et-Miquelon), et sur Saint-Pierre un phénomène météorologique particulier – dû au Gulf Stream – appelé les brumes de Capelans se manifeste à chaque printemps, elles envahissent totalement l’île pendant trois semaines, empêchant de voir à plus de deux mètres devant soi. L’auteur va utiliser ces ténèbres pour faire s’affronter ses personnages et intensifier le mystère de son intrigue.

À part ça, comme vous l’avez vu dans la bio de l’auteur, entre 2016 et 2022 le Capitaine Coste est sorti des radars, ou presque, car en 2021 est édité Trilogie 93, un volume qui rassemble les trois romans du dit Capitaine. Donc, pendant six ans notre ami Coste s’était retiré à Saint-Pierre, au large du Canada, petit bout de France du bout du monde, pour essayer de se reconstruire après ses mésaventures de Surtensions. Et c’est là que nous le retrouvons pour une mission très spéciale… que je vous laisse découvrir !

Je ne vous en dirai pas plus, d’ailleurs, je ne peux pas ! SILENCE ! Toutes ses missions sont classées « SECRET DÉFENSE » … il vous faudra obtenir l’habilitation ! Sur l’île il passe pour un planqué qui n’en fout pas une rame… Alors quand ça va "péter", ça va en surprendre plus d’un !

Enfin, je dirais que Monsieur Norek progresse "sacrément", il nous offre des pages admirables, des descriptions sublimes et une intrigue parfaitement maîtrisée dans sa gradation, son suspense et son addiction. Prenez vos dispositions ! Pendant le dernier tiers du livre, impossible de le refermer avant le point final !
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date : 12-05-2022
Hé ! Les amoureux de Littérature, je vais vous dire un truc : la BD, ce n’est pas toujours pour les nazes, ça peut aussi être "du lourd", et avec humour, en plus !

Pour celle-ci, ils s’y sont mis à deux, mais pas n’importe qui…

Tout d’abord, Christophe Blain, auteur de bande dessinée, né près de Paris (Argenteuil ou Gennevilliers, faut se mettre d’accord) en 1970. Il s’est formé à l'École municipale supérieure des arts et techniques (EMSAT) de Paris puis à l'École supérieure des beaux-arts de Cherbourg-Octeville. Il s’est fait connaître avec ses séries : Hiram Lowatt et Placido, Donjon Potron-Minet, Isaac le pirate, Socrate le demi-chien, etc. Avec ses nombreuses illustrations ou ses one-shots (publications en un seul volume) dont Le monde sans fin.

On ne compte plus ses distinctions qui vont du Prix Jeunesse Gabier du Salon du Livre Maritime de Concarneau en 1994 pour Carnet d'un matelot, au prix Diagonale de la meilleure série pour Gus en 2017, en passant par l’Alph-Art en 2002 et le Fauve d'or en 2013, qui récompensent un meilleur album au festival d'Angoulême.

Et pour couronner le tout, il reçoit en 2016 la décoration de Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres.

En 2019 il contacte Jean-Marc Jancovici pour lui proposer un projet qui deviendra l'album Le Monde sans fin sur les enjeux climatiques et l'addiction des humains aux énergies, dont le pétrole.

Jean-Marc Jancovici est un « modeste » ingénieur, enseignant et conférencier français. Il est né à Paris en 1962.

Accrochez-vous : il est ingénieur de l'École polytechnique, diplômé de l'École nationale supérieure des télécommunications, il est le créateur du Bilan carbone qu'il a développé au sein de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). Il a cofondé en 2007 avec Alain Grandjean Carbone 4, un cabinet de conseil qui vend des bilans carbone aux entreprises, ainsi que l'association The Shift Project (qui œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone) en 2010. Depuis 2008, il est enseignant à l’École nationale supérieure des mines de Paris. Il est connu pour ses conférences de sensibilisation et de vulgarisation sur les thèmes du réchauffement climatique et de l'énergie, il bénéficie d'une notoriété croissante à partir des années 2010, au point d'être parfois qualifié de « gourou » et qu'il « fait le buzz ». Depuis 2018, il est membre du Haut Conseil pour le climat auprès du Premier ministre. Quant à sa bande dessinée Le Monde sans fin, publiée en novembre 2021, c’est un réel succès de librairie avec plus de 250 000 exemplaires vendus à la mi-mars 2022…

Tout d’abord, un peu partout, la BD est référencée sous le titre de « Le Monde sans fin, miracle énergétique et dérive climatique ». J’ai eu beau chercher partout, tourner les pages précautionneusement, je n’ai pas trouvé trace du sous-titre, du moins sur l’édition en ma possession (Dépôt légal : octobre 2021 ; achevé d’imprimé janvier 2022).

Ils se sont mis à deux, donc, l’un dit ce qu’il a à dire, l’autre le met en forme, pour le rendre digeste, voire rigolo, sous forme de bande dessinée en mettant en scène nos deux personnages. Évidemment, l’un joue le candide et l’autre le professeur… Et de quoi nous entretient-on ? D’un sujet des plus sérieux : « Le gaz à effet de serre et ses conséquences sur LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ».

Et pour commencer Jean-Marc, le Professeur, nous introduit dans l’intimité de cette chose étrange dont on ne peut plus se passer et dont on est de plus en plus affamé « L’ÉNERGIE » : Qu’est-ce que l’énergie ? C’est un flux physique : « L’énergie, c’est ce qui quantifie les changements d’état d’un système… »

Sans nous en rendre compte, nous en sommes devenus complètement dépendants, et ce, d’autant plus que jusqu’à présent elle était abondante et qu’il nous suffisait d’appuyer sur un bouton ou de remplir un réservoir pour pouvoir profiter de ses bienfaits. Tant et si bien qu’aujourd’hui, en moyenne un terrien en consomme environ 22 000 kWh par an ! C’est-à-dire, comme si chaque terrien avait pratiquement 200 esclaves qui travaillaient pour lui en permanence !... Ces 200 esclaves, c’est tout le parc de machines et de véhicules qui ronronnent au service de chaque individu.

Mais 200, c’est une moyenne, très inégalement répartie (Island : 2250 ; Canada : 1100 ; USA : 800 ; France : 600 ; Grande-Bretagne : 400 ; Portugal : 300 ; Égypte : 100 ; Inde : 50) et rien qu’en faisant 15 000 km dans votre voiture dans une année, ça correspond au travail de 82 esclaves chaque jour, sur l’année ! Et n’oublions pas que nous approchons les 8 milliards de terriens !

La dépense énergétique humaine représente donc l’équivalent du travail de quelque 1600 milliards d’individus !... Exagérément colossal ! Pas étonnant que les approvisionnements énergétiques mondiales, qui semblaient inépuisables au début du XX° siècle soient remis en cause aujourd’hui. Grosso modo, ils sont constitués pour un quart de charbon, un quart de pétrole, un quart de gaz, le quart restant étant constitué de l’hydraulique, du nucléaire, de la biomasse, de l’éolien, du solaire et autres. En gros, les trois-quarts des sources d’énergies disponibles sont des énergies fossiles qui restituent, sous forme de dioxyde de carbone, le carbone fixé il y a quelques millions d’années, pour former un excellent gaz à effet de serre qui participe au réchauffement climatique.

Moralité : entre l’épuisement de l’approvisionnement énergétique et l’échauffement climatique qui va provoquer de plus en plus de grandes catastrophes naturelles : on va dans le mur !

Alors que propose notre maître à penser ?

Après avoir montré que l’éolien et le solaire sont peu intéressants parce que non pilotables et intermittents, et estimer qu’ils ne sont pas le moyen le moins onéreux de produire une énergie décarbonée : à investissement égal, la décarbonation serait, selon lui, meilleure avec les pompes à chaleur, les poêles à bois et le biogaz. Que l’hydraulique perturbe les écosystèmes fluviaux, etc. IL affirme qu’il n’y a que le nucléaire qui a ses faveurs, c’est propre et efficace. Il défend sa position en soulignant que le nucléaire émet peu de gaz à effet de serre, produit à la demande, occupe une surface de territoire réduite pour fabriquer un maximum d’énergie. En plus son « EROEI » (50) est plutôt bon !

Qu’est-ce que c’est que ça, le EROEI ? Oh, vous ne connaissez pas ? C’est l’« Energy Returned on Energy Invested », une sorte de retour sur investissements. C’est-à-dire que 1 kWh investi dans une centrale nucléaire va permettre d’obtenir 50 kWh. C’est le taux pour l’hydroélectricité, alors qu’on n’est plus qu’à 10 pour l’éolien et 4 pour le gaz de schiste.

Donc notre ami Jean-Marc prône l’électricité, la voiture électrique et… le vélo électrique (pour les petits trajets, quand-même). Pour les grandes distances, ce sera le train (électrique, bien-sûr). Il veut réduire au maximum les voyages en avion et prêche la décroissance.

Pour ce faire il appelle à l’aide un autre camarade polytechnicien, Sébastien Bolher, auteur des livres Le bug humain et Où est le sens ? Il va utiliser ses arguments pour appuyer les siens. J’en profite pour faire de la PUB et vous renvoyer vers mes critiques :

https://www.senscritique.com/livre/le_bug_humain/critique/214496100

https://www.senscritique.com/livre/Ou_est_le_sens/critique/247031113

Curieusement il ne fait aucun cas de l’ouvrage d’Aurélien Barrau, Le Plus Grand Défi de l'histoire de l'humanité, il est vrai qu’Aurélien n’est pas polytechnicien mais astrophysicien spécialisé dans la physique des astroparticules, des trous noirs et en cosmologie.

https://www.senscritique.com/livre/Le_Plus_Grand_Defi_de_l_histoire_de_l_humanite/critique/194990835

J’ai été relativement surpris de ses prises de positions franchement marquées et déterminées en faveur du nucléaire (même si personnellement je partage un grand nombre de ses idées). Habituellement les auteurs sont plus nuancés, voire plus prudents.

Aussi, je ne suis pas étonné des réactions d’agacement où carrément négatives lues ici ou là.

Ainsi le journaliste et écologiste Hervé Kempf affirme qu'il s'agit d'« une vision du monde imprégnée d’un mépris pour les gens et de l’aspiration à un gouvernement fort des experts [qui] repose sur une théorie si lacunaire de la démocratie qu’elle est mensongère », et qu’il « rêve d’un régime décroissant et nucléaire qui serait structuré par un ordre autoritaire, un capitalisme familial qui penserait le temps long, une élite de polytechniciens supposée rationnelle et désintéressée. » Toujours selon Hervé Kempf « Jancovici néglige des aspects cruciaux, comme les déchets radioactifs […] mais aussi les conséquences des accidents nucléaires ». Et en effet, si ces points sont vaguement abordés, ils sont négligemment balayés d’un revers par une sortie du genre « C’est peut-être arrivé ailleurs, mais ça n’arrivera pas chez-nous ! ... »

De même, rien à signaler côté EPR…

En conclusion, le portrait de Jean-Marc Jancovici qui transparait sous le crayon de Christophe Blain est des plus complaisant, on sent un homme intelligent, dynamique et déterminé. Ses propos sont clairs et convaincants et tout à fait dans la droite ligne d’un Aurélien Barrau ou d’un Sébastien Bolher. Mais son attitude un peu trop dirigiste et sûr de lui me mettent mal à l’aise. J’ai dans ma famille un polytechnicien, tellement sûr de lui, autoritaire et intolérant qu’il en devient parfois grotesque et extravagant au point de perdre tout sens commun. Il m’a semblé le reconnaître, parfois, au cours de ma lecture…
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date : 12-05-2022
Oh ! Il n’est pas content, l’ami Chanee, il serait même carrément en colère que ça ne m’étonnerait pas ! C’est par un sacré coup de gueule qu’il commence son livre !
« On était biberonné de discours alarmistes concernant les forêts… mais aussi sur la couche d’ozone ! J’ai vraiment cru à un moment qu’on allait tous griller. […] Aujourd’hui je dis « mensonge ! ». Je vous ai écoutés, je vous ai crus, et vous avez menti ! » Et page après page, il continue à vider son sac.
Humm ! Ça doit lui faire du bien… Il a dû se sentir mieux, après !

Mais c’est qui, cet impertinent ?
Chanee ? Alias Aurélien Francis Brulé est né en 1979 à Fayence, dans le Var. Très jeune, il tombe amoureux des singes, comme d’autres ne rêvent que de leur voisine. À 17 ans il publie son premier livre (Le Gibbon à mains blanches, aux Éditions Presses du Midi, 1996). Remarqué par Muriel Robin, elle l’aide pour aller étudier les gibbons dans leur milieu naturel, en Thaïlande. En 1998, il s'installe à Bornéo où il fonde l'association Kalaweit qui se consacre à la protection des animaux chassés de leur espace naturel. Depuis 2011, Kalaweit achète (grâce à des dons) des parcelles de forêts à Bornéo et Sumatra pour les transformer en réserve et offrir à la faune sauvage un habitat sécurisé. Il dénonce le rôle des propriétaires de palmeraies, qui détruisent l'écosystème indonésien pour produire de plus en plus d'huile de palme. En 2012, il acquiert la nationalité indonésienne, ce qui lui permet d'acquérir des terres pour constituer une réserve naturelle.
Un sacré bonhomme, non ? Qui ne se contente pas de crier Haut et Fort, il fait partie de ceux qui savent retrousser les manches !
"Hâte d’être à demain" est son septième ouvrage : c’est un homme de terrain, mais c’est un homme de plume, aussi, sa plume est son « Porte-voix ».

Alors, pourquoi râle-t-il, Aurélien Francis, dit Chanee ? Parce que c’est un homme d’action et que l’on nous dit que tout va mal, que c’est la faute de Monsieur Tout-le-Monde, qu’il faut « réduire, recycler, ne pas bouger, consommer saison, élever des poules, dire non [aux] enfants, ne pas en faire si possible, faire du vélo… » Parce qu’au lieu d’agir, on écrit des rapports et des publications qui font du vent avec notre argent. On finance des études pour créer des effets d’annonce. On parle de « biodiversité », de gestion « d’écosystème », de nombre d’oiseaux disparus dans l’hexagone, de nombre de poissons dans les océans. On monte en épingle des chercheurs en mal de sujets de thèses, et… les réunions et colloques font leur plein de petits fours !

Un exemple ? Le PANDA (une méga ONG). Vous tapez "panda" et obtenez : https://www.wwf.fr/, avec le fameux logo et la définition : « Le WWF œuvre pour préserver les régions et espèces sauvages menacées. Ensemble, agissons pour mettre fin à la dégradation de la nature. » Un modèle d’altruisme, que Chanee dénonce :
« Qui n’a jamais vu un documentaire avec le logo du panda sur un 4 x 4 ou sur une façade ? […] Et c’est ainsi que les associations de malfaiteurs naissent. L’argent de la déforestation finance le WWF, via la table ronde pour l’huile de palme durable, dont il est à l’initiative avec… UNILEVER. Les grands groupes d’huile de palme financent le WWF. Les palmiers prennent la place de la jungle. »

Vous savez quoi ? Face aux lobbyings de l’huile de palme et au nombre de morts déjà comptabilisé, je suis surpris que notre amis Chanee ait atteint l’âge canonique de 43 ans ! …

Alors, en Indonésie, c’est qui ces vilains qui veulent couper des arbres ?
1 – Les grandes compagnies pour le bois, la pâte à papier, le charbon, l’huile de palme, j’en passe et des meilleures…
2 – Les grands propriétaires terriens. Agissant en leur nom, les contraintes légales sont minimes, mais ils sont financés par les grandes compagnies alentour.
3 – Les villageois. Ils y cultivent le riz, des hévéas, pratiquent le brûlis au milieu de figuiers et d’hévéas sauvages

Pour arranger le tout, le Gouvernement indonésien a une relation « spéciale » avec les populations qui vivent dans ses forêts, du genre « Je t’aime, moi non plus ». Les villageois n’ont pas été dédommagés, ils n’ont pas été expropriés non plus, ils ont été rayés de la carte. Leurs activités sont devenues illégales…
Que celui qui se plaint de notre administration se lève !...
Alors, dans ce Micmac, que fait notre franco-indonésien ? Il collecte des fonds-achète des terres-les protège ! C’est simple, non ? Il suffisait d’y penser ! Oui mais voilà, en Indonésie, rien n’est si simple…
En fait il – ou plutôt Kalaweit – achète le droit d’interdire : les villageois empochent l’argent de la parcelle mais en conserve l’usufruit, mais interdiction de couper des arbres ou de chasser. Et alors ?
Alors ? Alors, on l’accuse de déposséder les populations, on l’accuse de colonialisme, de la conservation par les compromis… Les « bobos écolos » ne comprennent pas que c’est la seule façon d’éviter la déforestation et couper l’herbe sous le pied des compagnies !

Bon, d’accord, on comprend qu’il a de bonnes raisons pour rouspéter, le mec, mais au bout d’un moment on se dit qu’il n’est pas le seul à en avoir, de bonnes raisons. Il a survolé la forêt de Dulan (Photos à l’appui), un océan d’arbres millénaires qu’il faut sauvegarder à tout prix, cette forêt primaire doit abriter une faune exceptionnelle… On nous montre tous les jours des vues aériennes de Marioupol, ce n’est plus qu’un champ de ruines, plus rien n’est debout, les quelques êtres vivants qui subsistent crèvent de faim dans les souterrains d’une usine…
Circulez, il n’y a plus rien à voir !
Aucun lien entre les deux, me direz-vous. Ce livre a été écrit avant le conflit. Il n’y est pour rien, et ce n’est pas une raison pour que les orangs-outangs disparaissent pour de bon ! mais ce n’est pas une raison, non plus pour subir les récriminations à n’en plus finir de monsieur Chanee. Tout le monde en prend pour son grade, et il arrive un moment où ça devient insupportable. En tous cas, arrivé à la moitié du livre, je ne supporte plus ses accusations. Je passe à autre chose !
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La vie extraterrestre ?!... Quelle rigolade ! Nous voilà revenu aux années 50 et aux fantasmes des OVNI, le ciel en regorgeait, il y avait des petits bonshommes verts partout. Je m’en souviens, j’y étais…

Allons, soyons sérieux ! Tout le monde sait ça : « Nous sommes seuls dans l’univers ! ».
Et vous savez pourquoi nous sommes seuls ? Parce que si on ne l’était pas… ce serait ÉCRIT dans le Livre !
Il n’y a plus qu’à s’incliner.
Et le Paradoxe de Fermi, c’est écrit... Et le système de Ptolémée, c’est écrit…

Bon, aller, je blague, je blague ! Je vais m’attirer quelque foudre, dont je n’ai rien à foudre…

L’auteur de ce livre ne se laisse pas influencer par ce qui a été écrit il y a quelques milliers d’années par des gens qui détenaient le savoir d’une époque. Il se base sur ce que l’on sait, aujourd’hui. Et ce que l’on sait aujourd’hui c’est que des systèmes solaires semblables au nôtre, on en a dénombré des milliers, dans notre petit coin d’univers, et que la plupart abritent des planètes. Et qu’au « 21 mars 2022, la barre symbolique des 5000 exoplanètes formellement identifiées venait d’être franchie » (https://www.sciencesetavenir.fr/espace/vie-extraterrestre/plus-de-5000-exoplanetes-decouvertes-et-forcement-quelque-part-une-forme-de-vie_162352). Et qu’il n’y a aucune raison pour que le compteur s’arrête, vu que nous n’avons examiné qu’une toute petite partie de notre galaxie et qu’il existe des milliards de galaxies semblables à la nôtre.

« La vie existe ailleurs dans l’univers ; le contraire serait impensable. » C’est par ces mots que débute l’introduction du livre d’Arik Kershenbaum.

Le Dr Arik Kershenbaum est zoologiste. Il a obtenu son doctorat à l'Université de Haïfa en Israël. Il a étudié la communication vocale animale au cours des 10 dernières années et a publié plus de 20 publications académiques sur le sujet. Il s'est concentré sur la communication vocale chez les loups et les dauphins. Il est chargé de cours et membre du Girton College de l'Université de Cambridge. Et membre du conseil consultatif international de METI.org, un groupe de réflexion sur le thème de la Messagerie Extraterrestre Intelligence. Apparemment, il n’a rien d’un hurluberlu…

Partant du principe que les lois de l’évolution régies par la sélection naturelle sont tout aussi universelles que celles de la physique ou de la chimie, l’auteur montre pourquoi l’examen des exemples liés à la Terre sont utiles pour comprendre la vie sur d’autres planètes. En partant de là, il imagine comment les extraterrestres sont sensés se déplacer et communiquer. Comment ils effectuent les échanges d’informations. Puis viennent des réflexions sur la vie artificielle (robots, ordinateurs) qui pourrait peupler certains mondes, et enfin quel est le propre de l’homme et comment définir notre humanité ?
Vous voyez, un vaste programme ! Mais ne vous attendez pas à un portrait-robot du parfait alien, à son aspect physique détaillé, à savoir comment il se reproduit, s’il fait l’amour ou s’il a une vie de famille…
À vous de jouer, si la lecture vous tente. C’est du sérieux, on ne s’ennuie pas et on en ressort sacrément moins bête, je ne vous en dirai pas plus.

Si, par contre, vous souhaitez un peu plus de détails, sans pour autant vous atteler au bouquin… Alors, soulevez le "Spoiler" (après la conclusion), je vais vous faire une sorte de compte-rendu, dans la mesure de mes moyens… (Et non, je ne vous demanderai pas de vous abonner à mon Blog pour lire la suite ! ...)

En conclusion, nous savons déjà que le nombre d’exoplanètes est incalculable et qu’il est quasi impossible que la vie ne soit pas apparue sur nombre d’entre-elles. Que cette vie ait évolué au point d’atteindre ce que nous appelons « vie intelligente » permettant d’entrer en communication est une hypothèse déjà plus incertaine.
Mais si cette intelligence est orientée vers des résolutions de problèmes similaires aux nôtres, alors humains et extraterrestres auront quelque chose en commun, ils pourront avoir un aspect physique différent du nôtre, mais leur comportement – façon de se déplacer, de se nourrir et de se sociabiliser – sera semblable au nôtre. Les lois de l’évolution qui font ce que nous sommes pousseront les êtres vivants sur d’autres planètes à nous ressembler.

Mais nous devons nous ouvrir à la diversité. Sur Terre, la vie a évolué en suivant des directions incroyablement diverses. Les autres animaux ne sont ni « moins évolués » ni inférieurs aux humains. Ils ont évolué pour s’adapter au mieux à leur environnement sans avoir besoin de notre technologie et sans ce langage qui nous différencie tant des autres créatures terrestres.
Laissons le mot de la fin à l’auteur :
« La découverte de planètes habitées aura de profonds impacts sur notre vision du monde. Et si nous découvrons que nous ne sommes pas la seule espèce intelligente de l’Univers, notre perception de qui nous sommes et de la raison pour laquelle nous sommes ici sera complètement bouleversée. »

Spoiler(cliquez pour révéler)
Si vous dévoilez le « spoiler », c’est que vous souhaitez en savoir davantage, sans vous confronter à la lecture du livre. Alors je vais essayer de le faire pour vous et d’extraire la substantifique moelle de ce qu’a voulu dire l’auteur, bien que je ne sois ni zoologiste, ni biologiste mais simplement un amateur de rationalité. Mais avant toute chose, je tiens à préciser qu’il s’agit de la quatrième "mouture" de mes notes (qui au départ comptaient plus de 7000 mots) qui ne me donne toujours pas satisfaction. L’ouvrage est si riche que je vous conseille vraiment de le lire.

Reprenons tout depuis le début. Où Arik Kershenbaum s’attache à montrer que les lois de la biologie sont les mêmes pour tous les êtres vivants, ici et ailleurs. Et quelles sont ces lois ?

Et, tout d’abord, nous l’avons vu en introduction, les planètes extérieures au système solaire sont innombrables et, même si nous ne savons pas encore expliquer comment la vie est apparue, elle a éclos au moins une fois dans l’Univers ; nous en sommes la preuve. Et aucune raison ne permet d’affirmer que nous soyons une exception.

Le monde scientifique est quasi unanime pour considérer que les lois de la physique et de la chimie sont univoques et universelles. Pourquoi la biologie, plus que les autres disciplines, ne le serait-elle pas ? Les lois de la nature, physiques, chimiques et biologiques, ne sont-elles pas communes à tout l’Univers ? Pour quelle raison la Terre serait-elle exceptionnelle au point que les règles y soient radicalement différentes des autres planètes ?
Mais alors, quelles sont donc ces lois universelles de la biologie ? La première, et la plus importante, est que la vie évolue par sélection naturelle.

La vie commence par quelque chose de simple (organisme monocellulaire). La complexité doit émerger progressivement par elle-même. La sélection naturelle est la réponse universelle. « Elle est incontournable pour expliquer le fait que la vie sur Terre est plus complexe aujourd’hui qu’elle ne l’était lors de son apparition, il y a 3,5 milliards d’années. »

La sélection naturelle induit l’évolution, or, l’évolution aboutir à des résultats similaires dans des environnements similaires. C’est ainsi que des espèces très différentes ont évolué vers la capacité au vol, par exemple : « Face à des défis environnementaux analogues, les réponses avantageuses sont similaires. En effet, il est fort probable qu’un problème donné ne possède qu’un nombre limité de solutions. Si tel est le cas, il n’est pas étonnant à ce que les oiseaux, les chauves-souris, les ptérosaures et les insectes soient parvenus à des fonctions similaires, bien que sous des formes différentes. »

300 ans avant J.-C., Aristote a essayé de classifier les créatures vivantes en suivant une échelle de perfection allant des plantes à l'homme. Il pose comme distinctions de base le genre et l'espèce, l'espèce étant une subdivision du genre. Pour lui, les espèces sont fixes et immuables. Avec Darwin la classification des organismes vivants prend une nouvelle orientation : la classification est fondée sur la lignée et non plus sur la forme ou la fonction. La question n’est plus de savoir si le dauphin se comporte comme un poisson, mais s’il est apparenté à un poisson. Une classification fondée uniquement sur la lignée, et non sur la forme ou la fonction, exclurait tous les extraterrestres de la catégorie des « animaux ». D’où la question éthique :
Devrons-nous traiter un extraterrestre comme un « animal » ?

Trois paragraphes plus hauts, on a vu que la vie a commencé par des organismes monocellulaires, qui n’avaient pas forcément la bougeotte, mais à partir du moment où certains ont trouvé que le Soleil leur fournissait moins d’énergie que s’ils "dévoraient" l’organisme voisin, le jeu du prédateur et de la proie était lancé. Et donc les prédateurs se déplacent pour atteindre les proies, lesquelles se déplacent pour échapper aux prédateurs : « les animaux se déplacent non pas parce qu’ils en ont la possibilité, mais parce qu’ils y sont forcés. »

Comme on l’a vu plus haut pour le vol, la plupart des animaux vont développer des pattes qui vont leur permettre de bouger, mais les membres des mammifères n’ont absolument rien à voir avec ceux des araignées, par exemple : « Les pattes de vertébrés sont comme elles sont parce que les poissons ont des os, et non parce qu’elles constituent la meilleure façon d’aboutir à un guépard capable d’atteindre 100 km/h. Les pattes d’arthropodes sont ce qu’elles sont parce qu’un exosquelette évite à l’animal de se dessécher sur la terre ferme, et la capacité à ne pas se dessécher a été la clé du succès phénoménal de ces animaux. »
De sorte que les formes de vie extraterrestre seront très probablement munies de pattes, mais dont la structure dépendra de leur propre histoire évolutive.

Quand nous rencontrerons nos voisins intersidéraux, comment pourrons-nous communiquer ?
Observons comment font les animaux, sur Terre. Ils utilisent des signaux sonores qui semblent tout indiqué pour n’importe quel type de communication, indépendamment de l’histoire évolutive d’une planète, mais « sur une planète à l’atmosphère très ténue telle Mars, le son ne se propage pratiquement pas. »
Il y a six millions d’années, nos ancêtres communiquaient principalement par signaux visuels. Mais si la lumière présente l’avantage de l’instantanéité, nous ne pouvons pas voir au travers d’obstacles opaques ou lors d’absence d’éclairage.
Sur Terre la communication à l’aide d’un langage olfactif est fréquemment utilisée chez les animaux pour marquer un territoire, attirer un partenaire, identifier un membre de la communauté ou marquer le chemin vers une ressource comme chez les fourmis.
Quant à la communication électrique, elle semble presque idéale pour l’évolution d’un langage chez diverses espèces de poissons observés sur Terre. Mais c’est un système qui n’est susceptible d’évoluer que s’il existe une pression évolutive très forte, c’est-à-dire si les animaux n’ont pas d’autres choix.

Bien. Les exoplanètes sont innombrables. C’est un fait. Il serait absurde de penser qu’aucune d’elles ne pourraient accueillir la vie (sauf la Terre !). Ces êtres vivants évoluent pour être toujours mieux adaptés à leur environnement, ils se déplacent pour chercher leur nourriture ou éviter les prédateurs, ils ont les moyens de communiquer, et pourquoi ne seraient-ils pas intelligents ? « Il serait terriblement orgueilleux et nombriliste de penser que l’intelligence humaine est une fin en soi, et que l’évolution aurait tourné à plein régime pendant 3,5 milliards d’années dans le seul but de produire ce fruit tant attendu ! »

Néanmoins, si l’intelligence est une capacité générale, et donc universelle, qui ne varie qu’en niveau, et non en qualité, alors celle des extraterrestres sera similaire à la nôtre. Mais si elle est liée aux problèmes particuliers qu’un animal doit résoudre, alors il est fort possible qu’elle repose sur des expériences si fondamentalement différentes des nôtres que la compréhension, voire la reconnaissance de l’intelligence extraterrestre soit utopique.

Nous l’avons vu, les animaux terrestres échangent des signaux, mais il ne s’agit pas à proprement parler de langage. Il s’agit principalement de prévenir les membres du groupe de l’imminence d’un danger, de la découverte de nourriture, d’un appel vers un partenaire, etc.
Sur Terre, seule l’espèce humaine possède un langage complexe, « Quelque chose s’est produit, quelque chose de spécial, pour pousser nos ancêtres sur la voie de l’évolution du langage. Nous ne savons pas quel est le déclencheur, mais il doit s’agir d’un évènement rare, puisque la plupart des espèces ne l’expérimentent pas. » Ce qui pose la question du langage extraterrestre…

Nous voici arrivés pratiquement au terme du voyage, j’évoquerai juste pour la forme les deux derniers chapitres. Celui sur l’intelligence artificielle : imaginons que des civilisations extraterrestres, très avancées, aient créé des plantes et des animaux artificiels s’autoreproduisant à tel point que les extraterrestres « autochtones » se retrouvent dépassés et remplacés par leurs créations « On aboutirait alors au scénario de civilisations uniquement composé d’organismes artificiels qui se nourrissent, se reproduisent, se battent et coopèrent, aucune des créatures de ces mondes n’ayant évolué "naturellement". »

Et le dernier chapitre sur « L’humanité est-elle le propre de l’homme ? » pour lequel je prierai les curieux de se référer au chapitre du livre, car la question « Les extraterrestres sont-ils des personnes ? » est à traiter différemment de « Les extraterrestres sont-ils des êtres humains ? ». Ici le concept de « personne » ayant une signification essentiellement juridique et philosophique.
Franchement, je ne suis pas certain que, si un jour nous recevions une délégation des « Envahisseurs Galactiques », nous ayons l’occasion de brandir la Déclaration « universelle » des droits de « l’Homme » des Nations-Unies de 1948 !...

Alors que j’aurais souhaité rendre-compte de la richesse de ce livre avec plus de brio, j’espère que vous pardonnerez ma maladresse et, peut-être, voudrez-vous avoir plus d’éclaircissements en allant à la source. Alors, n’hésitez pas, lisez le livre, vous ne le regretterez pas.
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date : 29-03-2022
Un roman ? Non.
Une nouvelle ? Peut-être.
Une récréation ? Certainement.
Et c’est tant mieux parce que je suis en train de lire un livre passionnant, mais qui me prend la tête…

Alors là, c’est l’histoire d’un mec qui claque sa porte en laissant ses clés à l’intérieur – je n’ai jamais compris ces portes à la c… qui ont un malin plaisir à vous enfermer dehors ! – et évidemment, l’imbécile a, en plus, oublié de mettre ses chaussures. Ça vous arrive souvent d’oublier de mettre vos chaussures pour sortir ? Qui plus est, le jour où vous oubliez de prendre vos clés ? Eh bien le copain de Luc-Michel Fouassier, c’est peut-être la première fois que ça lui arrive, mais ça lui permet d’écrire un petit bouquin, à Luc-Michel !

On apprend que Luc-Michel Fouassier est né en mai 68, non loin des pavés, en région parisienne. Ses premiers livres sont parus en Belgique. Au contact de nos amis wallons, il a acquis la conviction que l’humour bien troussé et bien chaussé reste le moyen de lutter le plus efficace contre les fâcheux de tous poils. Pas étonnant que ses bouquins débordent d’esprit. Il est l'auteur de quatre recueils de nouvelles publiés aux éditions Quadrature : "Histoires Jivaro", "Les hommes à lunettes n'aiment pas se battre", "Deux ans de vacances et plus" et "Petites foulées au bord d'un canal".
Pour compléter la présentation, je dirai que "Les pantoufles" furent présentées avec enthousiasme par "Riquet à la Houppe" (Alias Gérard Collard) dans sa rubrique "Des livres et moi" du magazine de la Santé de la Cinq du 18/03/2022.

Donc, notre étourdi se retrouve à la rue, sans ses clés, et en pantoufles. De superbes pantoufles "Charentaises", pure laine, en tissus écossais, à la semelle de feutre lui donnant une douce sensation de moquette moelleuse, douillette à souhait !
« Je n'étais pas devenu l'homme invisible, mais l'homme silencieux. Je ne foulais plus le même sol que mes congénères, j'avançais en marge. A côté de mes pompes, en quelque sorte. »
Le voilà confronté à toutes sortes de situations qui, en d’autres circonstances eussent été banales, mais en pantoufles… un brainstorming au bureau, la société marchande, le monde de l’art, la police, les amis, la famille…

Bon, il ne donne pas de leçons, mais quand-même…
Quel beau rôle ont ses pantoufles lors de ce vernissage dans le Beau Monde intellectuel très mondain qui l’interroge sur le sens profond de ses pantoufles : « J’expliquais à mes interlocuteurs que l’artiste devait se positionner. Faire son choix. Créer, c’est choisir. Et choisir, prendre un risque. L’œuvre ou l’acte. L’exaltation de la beauté plastique ne me suffisait plus. Je privilégiais l’acte, mais en l’affranchissant du devoir de fabrication manuelle pour concentrer la création dans le travail de conception. Il fallait se départir des canons esthétiques et conceptuels. » Et devant les regards émerveillés et conquis de l’assistance, d’ajouter, pour faire bonne mesure : « Je voulais laisser mon empreinte dans l’histoire de l’art, et j’insistais sur le fait qu’il me seyait assez qu’elle eût la forme d’une semelle de charentaise. » L’auditoire, subjugué, aurait applaudi à tout rompre… s’il n’avait pas eu entre les mains une coupe de Champagne !…

Vous aurez compris qu’il s’agit, là, d’un gentil divertissement, à ne pas mettre entre toutes les mains. L’humour est une manne réservée à des esprits ni trop compliqués ni trop exigeants. Quand bien-même le texte serait-il généralement conjugué au passé simple, voire, à l’imparfait du subjonctif…

Les pantoufles ?
Des chaussons de grand-père ? Allons, donc ! C’est « la quintessence de la sublimation de l’objet, la dérive de celui-ci dans le champ du réel le plus trivial pour l’amener à quitter ce réel et parvenir au statut d’œuvre d’art. »
Ah. Mais !
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date : 06-03-2022
C’est dingue, ça conspire, ça graffite, ça écrase, ça tague, ça hurle, ça casse, ça incendie… Hélène Laurain nous immerge au cœur d’une bande d’activistes dans laquelle, malgré ses sept années d'études dans une école de commerce, milite Laetitia simple employée dans l’établissement thermal de Thermes-les-Bains.

Hélène Laurain est née à Metz en 1988, a étudié les sciences politiques ainsi que l’arabe en France et en Allemagne, puis la création littéraire à Paris-VIII. Elle vit dans le Grand Est avec sa famille et y travaille en tant que traductrice de l’allemand. Elle anime actuellement un groupe de lecture au Fonds régional d’art contemporain de Lorraine autour du thème de l’émancipation. Elle s’intéresse notamment à ce qui a trait au vivant, au féminisme, à la maternité, et s’attache à trouver des formes qui disent le contemporain.

Tout d’abord, ce qui frappe, c’est la forme :
« l’un de nous doit inaugurer la piste de danse
une 1664 dans une main une roulée dans l’autre
les yeux mi-clos j’y vais
feins l’indifférence
j’ondule m’efforce de croire à mon détachement
le fais mien
même quelques secondes ça compte
continue même seule sur la piste »

Des vers libres ? Pas très courant ça. Et pourquoi, s’il vous plait ?
Hélène vous expliquera que « Écrire en vers libres était au départ un accident, même si j’avais dans l’idée d’écrire dans une forme particulière. J’ai commencé par écrire un échange de sms entre la narratrice et un de ses amants, et du coup, le style télégraphique s’est imposé, et en filant ce retour régulier à la ligne, je me suis rendu compte qu’il y avait là une urgence, quelque chose d’haletant qui traduisait parfaitement l’état psychologique de mon personnage. Aujourd’hui, on écrit des sms, des emails, et les smartphones modifient totalement notre façon de voir et de penser le texte, ainsi que le rythme avec lequel on le lit. J’avais vraiment envie d’intégrer cette contemporanéité à mon texte et ainsi trouver un écho entre le contenu et la forme. »

Bon. Va pour la forme, on finit par s’y faire – à la moitié du livre on n’y fait pratiquement plus attention – mais de quoi s’agit-il ?
C’est donc l’histoire d’une bande de potes, activistes-anarchistes-écologistes, racontée par l’une d’entre eux, Lætitia, BAC + 7, obsédée par la catastrophe climatique en cours, et qui voit d'un mauvais œil la décision de l’État d'enfouir les déchets radioactifs dans sa région de Lorraine.

Mais pourquoi le feu ?
Encore une fois, Hélène vous expliquera que lorsque « j’ai écrit "Partout le feu", il y avait le mouvement des Gilets jaunes, il y avait des violences policières, des incendies de bâtiments insalubres, et j’avais le sentiment que le feu était omniprésent. De même, dans l’écriture, on s’empare du feu pour parler de la passion amoureuse ou de ce qu’il y a d’incandescent et de beau : j’ai voulu en évoquer ces deux aspects. Il y a le feu de l’intensité du rapport au monde de mon personnage, de sa rage et de sa colère. Le feu peut détruire, mais il peut également nous illuminer et c’est cette beauté-là que j’ai voulu convoquer. »

Il y est question de deuils également, liés notamment aux catastrophes écologiques. Il y en a tant que lorsque ces chiffres deviennent trop importants, on ne peut plus se représenter ce qu’ils disent et qu’ils deviennent une abstraction difficile à exprimer. Mais quand la mort touche un proche elle revêt toutes sa cruelle et troublante réalité comme l’évocation du décès de Mémou, la mère de Lætitia – du vécu ? – :

« il y a des jours où Mémou
sans le savoir
a fait les choses pour la dernière fois
son dernier mail
sa dernière clope
son dernier pas
la dernière fois où elle s’est coiffée
[…] j’aurais aimé être le détective
de ces dernières fois
avoir noté et consigné ces choses
leur heure d’arrivée
avoir la preuve que nous avons bien existé
ensemble
[…] la seule preuve de son corps est
trop précieuse ou pourrie
déchet
sous terre comme nucléaire
j’aurais aimé
manger sa poussière dans les tomates
la goûter
tout plutôt que ça
cette omniprésence inodore
sans elle la maison est
comme emplie de vent »

Peut-être qu’après cette lecture certains groupes de défense, certaines manifestations, ne sont plus vus tout à fait de la même façon par le bon peuple. Comme, par exemple l’occupation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes montée par les opposants au projet d'aéroport du Grand Ouest dans les années 2010 à 2020

Pour en savoir plus :
https://diacritik.com/2022/01/07/helene-laurain-offrir-des-contre-recits-aux-recits-dominants-est-un-puissant-levier-de-changement-partout-le-feu/
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Et voilà !
Il y a à peine trois mois, je terminais mon commentaire sur le livre "Suzuran " d’Aki Shimazaki par ces mots : « Je ne pense pas poursuivre avec "Sémi", ni chercher, coûte que coûte, à renoncer à mon impardonnable incompétence en culture de l’empire du Soleil Levant. » Comme quoi, il ne faut jurer de rien ! Car voilà que j’ai bel et bien continué le cycle avec "Sémi".

Rappelons que Aki Shimazaki est une autrice québécoise, qui écrit en français des romans japonais !...

Elle est née en 1954 à Gifu au Japon, en 1981, à 26 ans, elle a immigré au Canada où elle enseigne dans une école japonaise, tout en étudiant l'anglais et le français. En 1994, à l'âge de quarante ans, elle apprend le français dans une école de langue.
Elle commence ensuite à écrire en français de courts romans.
Son œuvre se déploie en pentalogies : cycles de cinq romans construits autour d'une même histoire, telle que vécue par cinq personnages différents et pouvant se lire indépendamment.
Suzuran entamait une nouvelle série, après clôture des trois cycles précédents :
• Premier cycle : Le poids des secrets.
• Second cycle : Au cœur du Yamato.
• Troisième cycle : L'ombre du chardon.
• Le Quatrième cycle comprend Suzuran (2019) et Sémi (2021).

Personnellement, après quatre-vingts ans de pratique, je serais bien en peine d’écrire un roman dans ma langue maternelle…

Suzuran mettait en scène Anzu, une céramiste d’Art. Quant à Sémi, il est surtout centré sur les parents d’Anzu, retraités, retirés dans une résidence pour personnes âgées, Tatsuo et Fujiko, laquelle montre depuis quelques temps les signes de la maladie d'Alzheimer. Elle ne reconnait plus ni ses enfants ni son mari qu’elle prend pour son fiancé…

Le style est toujours aussi simplissime et naïf que dans le précédant roman, avec des phrases et des paragraphes courts et factuels : « Nous sommes dimanche. Ce soir, Fujiko et moi dinons chez notre fils. La famille habite en banlieue. Nous y allons en autobus. » Fin du paragraphe.

L’intrigue est d’une ingénuité touchante et d’une puérilité confondante. Ce n’est pas une surprise, Aki reste semblable à elle-même… Si j’ai souhaité revivre l’expérience de Suzuran, c’est uniquement pour voir comment l’auteure approche le douloureux problème de la maladie d'Alzheimer. Je crains d’y être confronté.
Je ne m’étendrais pas d’avantage.

Aussi j’aborderai deux points relativement secondaires dans le livre : les cigales (en couverture, en titre et souvenir bien présent dans la mémoire malade de Fujiko) et les tests ADN ethniques, dont il est question.

On y apprend, en particulier, que les cigales vivent le plus clair de leur vie dans la terre, quelques années pour certaines (cinq à six pour l’abura-zémi) et même dix-sept ans pour la cigale de New York et un à deux mois à l’air libre, pour se reproduire.
Sans doute un symbole sur la brièveté de la vie…
En "grattant" un peu, j’ai appris qu’elles ne stridulent pas, comme on le dit généralement, mais qu’elles "cymbalisent" avec un organe ventral. Et qu’il n’y a que les mâles qui font ce raffut… pour attirer les femelles, bien sûr !
Il semblerait même que la fameuse cigale de New York, la Magicicada septendecim, n’apparaitraient en multitude que tous les dix-sept ans provoquant l'abondance cyclique d'une grande quantité de cadavres de cigales à l’origine de ce que les anglosaxons appellent les « ressources naturelles pulsées ».
Cette impulsion se traduit par un accroissement rapide de l'azote dans les sols forestiers ; s'ensuivent des effets indirects sur la croissance et la reproduction des plantes forestières.


Autre interpellation donc, lorsqu’un personnage, après avoir annoncé que son père est américain de souche irlandaise et sa mère japonaise, déclare avoir fait un test ADN (chose interdite en France, passible de 3750 € d’amande, car un test génétique ne peut être réalisé que sur demande d’un tribunal dans le cadre par exemple d'une recherche de paternité, ou d’un médecin à des fins médicales ou de recherche scientifique) et obtenu des résultats surprenants : « Je suis à trente pour cent coréen, à vingt pour cent chinois, à quarante pour cent juif ashkénaze, à cinq pour cent russe et autres slaves. Bref, mes origines ne sont ni irlandaises ni japonaises. »
Je confesse volontiers être particulièrement nul en biologie mais j’avoue que les rudiments de logique que je croyais posséder sont anéantis en découvrant que la religion est lisible dans l’ADN ! Ashkénaze, admettons, c’est-à-dire originaire d'Europe centrale et orientale. Mais juifs… Bon, les juifs, chassé d’Égypte s’y sont rendus en grand nombre, mais de là à inscrire leur foi dans leur ADN…
D’où ma recherche, et un article intéressant de Grégoire Fleurot du 28 novembre 2013 :
http://www.slate.fr/story/80323/origine-geographique-ethnique-test-adn
Où l’on découvre, non sans humour, « que le dictateur allemand [Adolf Hitler] était porteur de l'haplo groupe E1b1b, un marqueur caractéristique des Berbères, dont la fréquence peut atteindre 80% dans la population masculine de certains groupes au Maroc. Il est aussi présent en Somalie et au Moyen-Orient et chez les populations séfarades et ashkénazes.
Il n'en fallait pas plus pour que le tabloïd britannique The Daily Mail titre "Hitler descendait des juifs et des Africains qu'il détestait". »
Enfin, il y est souligné qu’il « n'existe pas de gène français ou éthiopien, seulement des marqueurs que l'on retrouve plus souvent chez les habitants de ces pays. »
Du coup, je me sens un peu moins bête, et rassuré.

On s’éloigne du livre d’Aki ?
Un peu, c’est vrai, mais je ne tiens pas à dévoiler toute l’histoire, néanmoins influencée par ces deux sujets. Reste que c’est quand même écrit avec beaucoup de délicatesse – japonaise – et que, même si tout n’est pas résolument crédible et ne répond pas à toutes mes attentes, c’est un bien joli conte…

Aller, encore un petit lien pour la route : https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/roman/semi-la-maladie-d-alzheimer-sous-un-jour-inedit-par-la-romanciere-japonaise-aki-shimazaki_4636991.html
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date : 24-02-2022
Dans l’amitié, il n’y a pas de promesse, pas d’engagement, pas de serment, c’est un sentiment muet même s’il unit deux bavards…
Ainsi commence – et finit –, pratiquement, le recueil de Bernard, sur l'amitié...
Je me permets de l’appeler Bernard… il me semble que c’est un ami, que je l’ai toujours connu… en outre, il a l’âge qu’aurait mon frère…

Est-il besoin de présenter Bernard Pivot ? Peut-être…
Pour faire court, Bernard Claude Pivot est un journaliste et écrivain français, né en 1935 à Lyon. Après le lycée, le voilà étudiant en droit, à Lyon, puis il s’inscrit à Paris au Centre de formation des journalistes en 1955 et en sort vice-major de sa promotion en 1957.
Ensuite on le trouve au Figaro, puis au Point, au Journal du Dimanche… Sur Europe 1 et RTL, de 1973 à 1974 il anime "Ouvrez les guillemets" sur la première chaîne (ORTF), et de 1975 à 2001, c’est "Apostrophes" puis "Bouillon de culture" sur Antenne 2. En 2002 il a fait partie du jury du prix Interallié et de 2004 à 2019 du prix Goncourt dont il assurera la présidence de 2014 à 2019.
Les consciences évoluent… En 2019, il sera critiqué pour son attitude dans l'émission Apostrophes du 2 mars 1990, lors de laquelle il interroge négligemment l'écrivain Gabriel Matzneff, qu'il qualifie, rigolard, de « professeur d'éducation sexuelle », alors que Matzneff, se vante dans son livre de pratiques pédophiles et notamment de « sodomiser des mineurs » (https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/1990-quand-denise-bombardier-denoncait-gabriel-matzneff). Bernard Pivot déclare qu'à cette époque « la littérature passait avant la morale ». Face à la polémique qui enfle, il déclarera quelques jours plus tard qu’il n’a pas eu les mots qu’il fallait, ajoutant : « Il m’aurait fallu beaucoup de lucidité et une grande force de caractère pour me soustraire aux dérives d’une liberté dont s’accommodaient tout autant mes confrères de la presse écrite et des radios. »

Que tout cela ne nous fasse pas oublier "l’Éloge de L’AMITIÉ" !

Dans un crescendo très étudié, notre ami Bernard, nous dresse une sorte de liste (presque à la Prévert) de toutes les amitiés possibles et imaginables, et pour commencer, une petite citation de circonstance, adaptée au cadre :
« L’amitié qui commence par des prêts ou des échanges de livres ira loin. Les impressions de lecteurs installent vite un dialogue dont on perçoit la rareté, puis une connivence fondée sur la part de subjectivité confiée à l’autre. L’amitié par le livre n’est pas donnée à tout le monde. » Non mais alors ! Pourquoi croyez-vous que je m’échine à écrire, systématiquement un commentaire, après chaque bouquin. Hein ? Si ce n’est par amitié pour tous ces amis que je n’ai jamais rencontrés. Hein ?

Mais ne nous y trompons pas, si les amis sont toujours des camarades, les camarades, eux, ne sont pas toujours des amis (rappelez-vous l’histoire du carré et du quadrilatère). En outre l’amitié est exigeante, elle a faim : « Il faut la nourrir. D’appels téléphoniques, de textos, de confidences, de rendez-vous, de jolies surprises, d’anniversaires, de petits cadeaux, de sorties au resto ou en boîte, de gestes chaleureux, de mots agréables… »

Les occasions de se faire des amis sont multiples, au lycée, à la fac, sur le lieu de travail, aux spectacles ou sur les gradins des stades… mais parfois c’est plus difficile. J’ai gardé un exemple pour une "amie" que je n’ai jamais vue, mais qui se reconnaitra (un clin d’œil) : « On ne connaît pas les amis d’enfance de Jésus. S’il en a eu, il ne les a pas gardés durant sa vie publique. Jésus n’avait pas de potes. Les disciples, les apôtres n’étaient pas des potes. Ils avaient la conviction d’être bien au-dessus. »

Bernard est un joyeux luron, il célèbre gaiment le long fleuve tranquille au-dessus duquel, dit-il, s’élève de solides ponts construits par sympathie et affection, où on organise des fêtes, des vins d’honneur, des réveillons de jours de l’An, car les amis aiment triquer à l’amitié !

Il est des amis, sans doute trop éphémères pour que Bernard les nomme, ce sont ceux qui se rencontrent dans cet univers mystérieux et impalpable, à la fois proches et lointains, à la fois présents et absents mais qui font toujours si chaud au cœur lorsqu’on les croise, quand bien même ont-ils des convictions ou des idées différentes aux nôtres. Je veux parler des ami(e)s virtuel(le)s qui nous inquiètent tellement dès qu’on reste quelques jours sans un signe de ces internautes préféré(e)s…

Enfin l’amitié subit les contraintes de la vie. Bernard nous le dit, ils étaient dix à se réunir autour d’une bonne table, les années passant, ils ne sont plus que deux à se partager une bouteille de grand cru qui, un jour n’aura plus d’amateur…

Enfin, le 31 décembre 2017, quand son grand ami Jean-Claude Lattès à rechuté, c’est avec du caviar et une bouteille de Montrachet que Bernard est allé le voir à l’hôpital, mais il a compris que c’était vraiment grave quand il a vu que son ami avait non seulement perdu l’appétit mais surtout, la gourmandise (Il est mort le 27 janvier 2018).

Oui, ce livre est bien un Éloge de l’amitié, un peu lent comme un long fleuve tranquille, un peu nostalgique comme un livre de mémoires, le bilan de toute une vie d’un homme qui a aimé la vie et la compagnie des hommes, qui se retourne sur son passé et qui contemple une vie bien remplie d’amour et d’amitié pour son semblable, mais qui se retrouve de plus en plus seul avec ses souvenirs…
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date : 18-02-2022
À Paris-Austerlitz, « Le départ de l’Intercités de nuit n° 5789 est prévu à 20 h 52. Il dessert les gares de Valence, Crest… Briançon. »
Quand j’étais enfant, juste après la guerre, en 1946, mes parents ont quitté Paris pour s’installer à Périgueux, j’avais six ans, il nous arrivait régulièrement de faire des aller-retours, en train de nuit, entre la capitale et la Dordogne. Le souvenir qui reste gravé dans ma mémoire c’est la halte en gare de Limoges, au retour, avec une bonne heure d’arrêt, en pleine nuit, attendant le raccordement à une autre rame de wagons (venant de je ne sais où) avant de continuer le voyage. Cette heure d’attente plongeait le train dans une atmosphère très particulière, un lourd silence succédant au tintamarre de plusieurs heures de trajet, à peine troublé par les conversations sourdes, étouffées ou chuchotées de quelques voyageurs, maintenant une apparence de vie suspendue, comme en marge d’un évènement singulier, mystérieux et irréel. Plus de soixante-dix années plus tard, j’ai toujours cette ambiance, légèrement angoissante, dans l’oreille. Nostalgie, nostalgie…
Donc, à 20 h 52, pétante, avec son vingt-troisième roman « Paris-Briançon », Philippe Besson, nous entraine sur les voies (ferrées) tragiques de la destinée …

Philippe Besson est né en 1967 à Barbezieux-Saint-Hilaire (Charente). En 1984, il suit une classe préparatoire HEC à Bordeaux. Il est reçu en 1985 à l'École supérieure de commerce de Rouen et est diplômé de cette école. En 1988-1989, il retourne à Bordeaux pour suivre des études à la faculté de droit. Il obtient un DESS de droit social. À cette époque qu'il fait la connaissance, alors qu'il a 22 ans, de Paul âgé de 25 ans, étudiant à l'université, personnage de son roman Un certain Paul Darrigrand (2019).
Anciennement directeur des ressources humaines en entreprise, il est écrivain, dramaturge et scénariste. Il a été également critique littéraire et animateur de télévision. Il se fait connaître en tant qu'écrivain avec le roman En l'absence des hommes en 2001, qui reçoit plusieurs prix. Il totalise 23 romans, dont plusieurs ont été adaptés pour le cinéma ou le théâtre, et il a participé à l'écriture du scénario de plusieurs téléfilms.

On va faire la connaissance d’une dizaine de passagers qui prennent place, pour des raisons diverses, dans les voitures couchettes du train de nuit qui relie Paris-Austerlitz à la gare de Briançon, dans les Hautes-Alpes. Un genre de train qui n’attire plus guère les voyageurs depuis les années 80 et l’arrivée des trains à grande vitesse. Ce train-là n’est rempli qu’à moitié lorsque le coup de sifflet du départ retenti. « Tant et si bien qu’on se demande si les cent et quelques qui prennent place à bord ce soir sont de doux rêveurs, d’incurables nostalgiques, ou tout simplement des gens qui n’ont pas eu le choix. »
Nul n’est besoin de se voiler la face : dès le prologue on est averti qu’un drame va venir ternir cette jolie image un peu démodée : « Bientôt, le train s’élancera, pour un voyage de plus de onze heures. Il va traverser la nuit française. Pour le moment, les passagers moment à bord, joyeux, épuisés, préoccupés ou rien de tout cela. Parmi eux, certains seront morts au lever du jour. »
Mais pour l’heure, le train roule dans la campagne obscure et cette obscurité extérieure accentue le sentiment de huis-clos, ce qui rapproche les êtres et délie les langues.
Une sorte de vague communauté se forme, tous embarqués dans un espace réduit, désœuvrés, autant faire connaissance et peut-être créer des liens amicaux, même éphémères. Ainsi Alexis, le médecin, la quarantaine ; Victor, vingt-huit ans, le hockeyeur et moniteur de ski ; Julia, trente-quatre ans, assistante de production TV, et ses deux enfants ; Jean-Louis et Catherine, la soixantaine, retraités ; Serge, quarante-six ans, V.R.P. ; Manon, Leïla, Hugo, Dylan et Enzo, dix-neuf ans, étudiants… Tout ce petit monde qui n’avait aucune raison de se côtoyer se retrouve là, le temps d’une nuit, pour un voyage à petite vitesse dans la campagne française.
Ainsi, pour la première fois de sa vie, Serge, le baratineur, s’adresse à Julia, sans arrière-pensée « Voyez, c’est ça que j’aime dans les trains. C’est qu’un type comme moi n’aurait jamais rencontré une femme comme vous sinon. » Des liens se forment. Des confidences se font. Des complicités apparaissent…

Mais le Destin guette, combien se sont-ils retrouvés dans ce train tragique par un concours de circonstances malheureux ? « Victor est soudain songeur. Il fait le compte de ce qui s’est produit pour qu’il arrive là, le rendez-vous qui s’éternise à la clinique, la panne de métro, le TGV qui part sans lui, et cette solution de remplacement… »
Combien se demandent si ces concours de circonstances malheureux sont une fatalité ?
Combien croient que « ce qui arrive serait déterminé à l’avance » ?
Que certains évènements seraient inéluctables…
Qu’il existerait une nécessité échappant à notre volonté…
Qu’une force occulte déterminerait notre devenir…
Et pourquoi ne pas faire intervenir Dieu, tant qu’on y est…

Deux parties dans ce livre, la première, que j’ai bien aimée, psychologique : le rapprochement des personnes suivant leur sensibilité, leur force et leur faiblesse. La nuit et l’intimité poussent aux confidences et aux rapprochements. En développant un peu, le livre pourrait en rester là, avec des ouvertures sur des promesses d’avenir.
L’auteur en a voulu autrement.
Je ne trahirai rien en dévoilant que la deuxième partie est un drame. Un accident du rail comme il en arrive parfois. Aussi terrible qu’il soit, l’auteur a, heureusement, évité le mélodrame.
Je ne sais si l’auteur est parti d’un fait divers dramatique auquel il a ajouté des rencontres fortuites de passagers, ou s’il a voulu traiter ce type de rencontres dans un huis-clos et y ajouter un drame en apothéose.
En fait, peu importe son intention… Personnellement, je suis resté un peu spectateur, extérieur à cette deuxième partie la ressentant quelque peu superfétatoire. Il s’agit d’un point de vue tout à fait subjectif.
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date : 13-02-2022
Oh, là, là… Quel chahut, mes enfants ! Et quelle rigolade ! Ah, ce n’est pas Lourdes, non ! Quand on est du Sud-Ouest, pèlerinage égal Lourdes… Recueillement, mine contrite, eau bénite, Sœur Sourire et Ave Maria !...
Ici, c’est tumulte, bousculade, bonne humeur et fanfare … Mais ici, c’est l’Amérique latine, sous la fournaise de l’Équateur… Michel Julien nous entraine dans un pèlerinage échevelé où chaque pèlerin, pendant « une grande journée d’octobre, une journée qui en durerait deux, le samedi et le dimanche réunis en un jour, une entorse à l’année », s’accroche à son vœu sur le chemin de la Sainte miraculeuse.

Michel Julien est né en 1962 près de Paris. Après une formation de tourneur-fraiseur, il entreprend des études littéraires ce qui lui permet de transformer son "service militaire" en mission de coopération à l’Université fédéral du Pará, à Belém, non loin de l’embouchure de l’Amazone. De retour en France, il fait ses premières armes dans l’édition. En marge des livres, en marge de l’édition, il s’adonne à sa plus grande passion : la montagne. Il cesse l’escalade à quarante-cinq ans et se consacre à l’écriture. Il vit aujourd’hui à Paimbœuf, en Loire-Atlantique.
Andrea de dos est son onzième ouvrage (Lire "Andrea vue de dos").
L’histoire est inspirée d’une fête religieuse catholique du nord du Brésil : Le Círio de Nossa Senhora de Nazaré (« Cierge de Notre-Dame de Nazaré »), ou Círio de Nazaré qui rassemble plus de deux millions de personnes chaque année dans la ville de Belém, dans l'État du Pará. C'est l'une des plus grandes fêtes catholiques au monde.

Spoiler(cliquez pour révéler)
https://www.mariedenazareth.com/encyclopedie-mariale/la-vierge-marie-remplit-le-monde-sanctuaires-marials/ameriques/bresil/belem-notre-dame-de-nazareth/

L’histoire raconte qu’au début du 18ème siècle, Placido José de Souza, un habitant de la périphérie de Belém, la grande cité amazonienne, trouve une statue de Notre Dame de Nazareth (Nazaré en Portugais) près de la rivière Murucutu. Il l’emporte chez lui, mais le lendemain matin, la statue a disparu. Elle est retournée au bord de la rivière. La scène se reproduit inlassablement jusqu’à ce que Josè entreprenne de bâtir une chapelle sur le lieu où se trouvait la statue [...]
Le Círio
Chaque année, le deuxième dimanche d’octobre, une procession est organisée en son honneur : le Cirio. La fête dure deux semaines.
La première, organisée en 1793, a été suivie par quelques centaines de fidèles.
Au XXI° siècle, ils sont un ou deux millions, selon les années et les sources.
Quand le deuxième dimanche d’octobre arrive, préparez-vous pour connaître un véritable acte d’amour et de foi [...]
La procession du Círio commence à 7 heures du matin, et parcourt 6 km de rues dans la ville de Belém, depuis une petite chapelle jusqu’à la cathédrale et basilique de Belém. Pendant 4 heures, au son des prières et de chants monocordes, de saluts avec des pluies de papier et de roses et beaucoup d’émotion, la multitude accompagne le char orné qui transporte la Vierge.
Parallèlement, deux cents embarcations organisent la procession sur les eaux brunes du fleuve avec des bateaux ornés de fleurs et des feux d’artifice.
La Trasladação. A 6 heure du soir, un cortège très impressionnant s’organise : la statue de Notre Dame de Nazaré est placée dans une berline tractée par une corde longue de 350 mètres tirée par les pèlerins. Représentation du lien avec la Vierge, cette corde revêt un caractère sacré.
Les pèlerins sont parfois souffrants, et parfois exultant. Certains entreprennent de suivre la procession en portant une croix, ou en se déplaçant à genoux. On allège la peine des premiers en leur offrant à boire car la chaleur est accablante et des seconds en disposant des cartons sur le trajet. Le sentiment religieux s’exprime de façons différentes : en se surpassant pour la Vierge et en appuyant les efforts d’autrui [...]


Alors ?
Dans un entretien – à lire absolument APRÈS lecture du livre – (https://diacritik.com/2022/01/13/michel-jullien-le-personnage-central-du-roman-cest-la-foule-la-multitude-andrea-de-dos/) l’auteur nous confie que « Ce court roman est passé par bien des états, réécrit quatre ou cinq fois. Une première version de quelque trois cents pages mettait en scène quatre personnages principaux attelés à la corde. Le résultat pêchait, la dynamique clochait. […] Il fallut tout reprendre encore, ramener l’ensemble à deux personnages, finalement la bonne mesure. Certes ces deux personnages sont antithétiques mais parfaitement complémentaires. »

Deux personnages ? Les deux sœurs Ezia et Andrea, « une ethnologue et une championne de fer ».
Ezia est l’étudiante en ethnologie, elle s’occupe de dévotion populaire – les médailles miraculeuses, les reliquaires, les ex-voto –, quant à sa cadette, Andrea, elle sera kinésithérapeute, c’est une athlète, une lanceuse de poids, de marteau et de disque… « Deux sœurs coffrées, plus que mûres de poitrine sans vrai partage d’un sein à l’autre, un grand bossoir au buste, des seins peu situés, très haut et très bas à la fois, de consistance indéfinie. »

Où l’action se passe-t-elle ? Quelque part en Amérique du Sud, sous l’équateur, dans « un pays où le crépuscule est avalé d’un trait, tôt le soir, à l’instant de la minuterie équatoriale, comme s’il était soudain minuit au passage de dix-huit heures ; un pays au chauvinisme exaspérant, dispensé de fuseaux horaires, exonéré de solstices, de mer, de marées, d’application des lois, un pays d’une pièce et « sans bavures » sorti des années de poix, où l’intimidation agraire reçoit le blanc-seing du népotisme institutionnel résumé en une initiale – "Bible, Bakchich, Barillet" –. » Ou encore "Balles, Bœufs, Bible", autrement dit les militaires, les grands propriétaires terriens et les Églises évangéliques…

C’est sous cette triade torride qu’a lieu, chaque année, début octobre, le grand pèlerinage de la Vierge de Jabuti Queimado, dont l’origine remonterait au 25 septembre 1801 où la statuette de la Sainte serait apparue dans les filets d’un pêcheur pour disparaître le lendemain et réapparaître dans le filet, et ainsi de suite, d’où la corde pour empêcher ses vagabondages… la fameuse corde – qui mesure, maintenant, trente-trois kilomètres – que doivent cramponner les pèlerins durant tout leur pèlerinage votif… Trente-trois kilomètres de corde à suivre en ne la lâchant pas pour atteindre la Sainte, « une statuette polychrome, en bois, cinquante centimètre de haut, couronnée, un bras en moins, un œil délogé, un autre en verre, une bonté répondant au nom complet de Nossa Senhora Aparecida do Jabuti Queimado. C’est à ses pieds qu’on rendra son vœu, les bouts de papier et les répliques en plâtre peint. Elle l’exaucera, elle comble chaque prière à condition que les doigts du pèlerin soient restés sur la corde tout au long du chemin, sans jamais lâcher. Un relâchement, le moindre écart, une fatigue regrettable et c’est perdu pour cette année, la sainte est stricte, charitable autant que tatillonne. »

C’est dans cette aventure quasi picaresque que se sont lancées les deux sœurs Ezia et Andrea, porteuses de vœux pour la guérison de leur mère, malade. Les voilà plongées dès le début dans un tourbillon bruyant de kermesse grouillante : « On l’entendait, un orchestre lancinant au débouché de la gare, une musique vautrée. On l’entendait de loin, l’harmonique donnait la mesure du pas, de la masse, elle grossissait à l’oreille, des notes grasses, une mélodie de goudron frais, espèce d’estomac musical dissimulé par la cohue. La fanfare enchaînait la même partition, potelée, des notes au cholestérol. Debout à l’estrade, une trentaine de musiciens jouaient un rythme digestif, avec des instruments à gros pavillon, beaucoup de laiton et de cames nickelées, d’énormes touches en boutonnière lustrées par les doigts… » Il faut du bruit, du raffut, du mouvement, de la bousculade, c’est un pays démonstratif qui raffole des frasques, de l’exotisme, un pays aux furieux enjouements, au tapage sans frein, haut en couleur, aux mouvements saturés et au "grand rire national". « En plus des saveurs exotiques, des variétés juteuses, des musiques empilées, en plus de l’inflation, des mysticismes, des stupéfiants, des cultes animistes, des églises évangélistes, en plus des armes illicites, des trafics charnels, des viols, des pots-de-vin et des réseaux frauduleux jusque dans les arcanes du Congrès (surtout là), il faut au pays une touche perpétuelle d’excès festif. » Mais en plus de tout cela, ou à cause de tout cela, la violence est toujours prête à éclater au moindre déclic…
Alors, les sœurs parviendront-elles à déposer leurs vœux aux pieds la Sainte ?...

Mesdames et messieurs les fins lettrés, amoureux des Belles Lettres, passez votre chemin, je crains fort que cette littérature ne soit à votre goût – ou à votre portée –, bousculés, chahutés hors des routes glorieuses de la belle rhétorique j’augure quelques nausées intolérables dues à un dépaysement beaucoup trop brutal…
Quant à moi, j’ai adoré, abasourdi, mais adoré !
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date : 30-01-2022
« L’adjudant Cédric Delmas a perdu la vie lors d’une embuscade dans le cadre de sa mission au Levant. C’est arrivé hier aux alentour de quatre heures du matin… » Et voilà, nous étions des veuves de guerre, une expression qui était « d’une laideur archaïque non dépourvue de noblesse. Nos hommes étaient des héros, ce qui faisait de nous des héroïnes. »

Voila une difficile et troublante entrée en matière pour le second roman, « L’Embuscade », directement inspiré de l’expérience militaire de son auteure, Émilie Guillaumin… et, malheureusement, de la plus triste et terrible actualité trop souvent renouvelée.

Après des études de lettres à la Sorbonne, de criminologie à New York et une expérience de journaliste sur Radio Classique, Émilie Guillaumin s’est installée à Miami où elle a exercé plusieurs métiers : journaliste encore, mais aussi professeur de français, agent d’assurance, serveuse, livreuse de journaux… Entre temps, elle a passé deux ans au sein de l’Armée de Terre française, aventure qui lui a inspiré "Féminine", son premier roman publié en 2016. Depuis, elle travaille de nouveau au Ministère des Armées, et continue à écrire.

Alors quoi ? Tout d’abord, pour le bordelais que je suis, un très fort parfum d’authenticité ! De réel et de vécu. Pourquoi ? À cause des noms de lieux : Martignas-sur-Jalle, Saint-Jean-d’Illac, Saint-Médard-en-Jalles, ou encore, le camp de Souge, l’usine Dassault Mérignac… autant d’endroits qui me sont familiers, non seulement dans la proche banlieue bordelaise, mais situés à l’Ouest de l’agglomération, là où je travaillais, là où j’habite… je suis chez moi, dans ce livre (à défaut d’être chez moi chez les militaires).
Communiqué de presse : « Le 29 août, quelque part au nord de la Syrie, dans une zone tenue secrète, un groupe de soldats français était tombé lors d’une embuscade tendue par des djihadistes de l’État islamique, qui avait tourné à l’affrontement. Quatre étaient morts au combat, deux avaient survécu. » Terrible. Laconique… et faux. Mais ça, le "pékin" qui lit le journal n’a pas besoin de le savoir.
Mais c’est ce "FAUX" qui plonge Clémence, l’épouse de l’adjudant Cédric Delmas, dans le plus profond désarroi. La plus grande incertitude. Et la pousse à découvrir la vérité sur la disparition de son compagnon. Qu’est-il réellement arrivé à son mari ?

Lors d’un entretien en septembre 2021, Émilie Guillaumin confie : « L’Embuscade s’inspire de deux évènements qui ont eu lieu ces quinze dernières années. Il s’agit de l’embuscade d’Uzbin, en Afghanistan (2008) pendant laquelle dix soldats de l’armée française ont trouvé la mort, et la prise d’otage d’un agent de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure) du nom de Denis Alex, en Somalie (2013) par des shebabs. » Pour ce qui concerne les faits.
Quant aux protagonistes et plus particulièrement Clémence : « À l’origine il y a une rencontre avec une femme, une veuve de soldat. Avant de la rencontrer, je ne projetais pas forcément d’écrire sur ces femmes, mais sa force de caractère, son courage et l’amour et l’admiration qu’elle portait à son mari m’ont convaincu de la matière romanesque qu’elle constituait. Alors j’ai rencontré d’autres femmes comme elles. J’ai découvert des héroïnes. »

https://portrait-culture-justice.com/2021/09/portrait-du-jour-emilie-guillaumin-tombe-en-embuscade-chez-culture-et-justice.html

Je l’ai dit, les noms de lieux donnent au texte une sonorité tangible, surtout pour les gens du cru, mais le tour de force de l’auteure c’est de transformer son roman en « témoignage ». Comment y parvient-elle ? Principalement par l’emploi constant de la première personne. On est vraiment dans la peau du personnage central, Clémence, et son expérience passée en tant que lieutenant de l’armée de terre lui a permis de trouver le ton juste et de mener une enquête des plus crédibles.
Un magnifique portrait de femme, un livre tragique et bouleversant… Gare à la chute !...
Juste un bémol : la gloire militaire n’est pas exactement ma tasse de thé.
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Ben oui, ce sont des choses qui arrivent : je n’avais encore jamais lu un ouvrage de Joyce Carol Oates ! Tous ses bouquins, depuis 70 ans, me sont passés sous les yeux sans que je les voie. On va corriger cette lacune, avec son soixantième roman "La nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles". Une grande saga familiale autour d’un drame : la disparition brutale du chef de famille laissant une veuve et cinq enfants (adultes) complètement désemparés.

Faut-il la présenter ? Joyce Carol Oates est née en juin 1938 à Lockport dans l'État de New York, c’est une femme de lettres américaine, poétesse, romancière, nouvelliste, dramaturge et essayiste. Elle a également publié plusieurs romans policiers sous les pseudonymes de Rosamond Smith et Lauren Kelly.
Elle sort diplômée de l'université de Syracuse en 1960, puis obtient une maîtrise universitaire en Lettres de l'université du Wisconsin à Madison en 1961. Elle commence à enseigner brièvement à Beaumont, au Texas, puis, en 1968, à l'Université de Windsor, en Ontario, au Canada. Dix ans plus tard, elle décroche un poste de professeur en création littéraire à l'université de Princeton, dans le New Jersey. Elle enseigne dans cette institution jusqu'en 2014.

Peu prolifique, elle n’a rédigé que :
- 62 romans (dont 11 sous pseudonymes),
- 11 nouvelles,
- 42 recueils de nouvelles,
- 9 pièces de théâtre,
- 10 recueils de poésies,
- 9 recueils pour la jeunesse,
- 18 essais et mémoires.
- J’ai oublié la suite…
Sur SensCritique, j’ai dénombré 120 ouvrages signés ou cosignés Joyce Carol Oates.

Que nous raconte-t-elle cette chère Joyce (Vous permettez que je vous appelle Joyce ?). L’histoire d’une famille américaine, de nos jours, vivant dans l’État de New York, à Hammond. D’après le livre, il semble que ce soit une ville de taille moyenne (dont le lycée du "district scolaire riche de North Hammond" accueille au moins huit cents ados). Alors que d’après Google, la Ville de Hammond (The Town of Hammond is in the northwestern corner of St. Lawrence County) serait plutôt une agglomération d’à peine 1200 âmes, à proximité du fleuve Saint-Laurent et du lac Ontario.
Peu importe, nous sommes dans la fiction pure.

La famille comprend le père, John Earl McClaren, 67 ans, dit Whitey, la mère Jessalyn, 61 ans, et leurs cinq enfants (trois filles et deux garçons) par âges décroissants : Tom (39 ans), Berverly, Lorene, puis Virgil et Sophia (28 ans).
Chaque personnage est tracé avec précision, détails et authenticité, c’est toi, c’est moi, c’est quelqu’un que l’on connait. Nous ne sommes plus dans la fiction mais dans la vraie vie, quand bien même chacun serait-il un peu trop caractéristique, un peu trop typé, un peu trop exagéré. Voire caricatural. Et pour ce faire, l’autrice a pris son temps, s’est mise à l’aise en s’allouant plus de 920 pages pour bien traquer chaque personnage. Ce qui entraine, inévitablement, des longueurs.
Whitey, l’ancien maire de la ville de Hammond, est le notable aimé, craint et respecté par tous. Il vient de mourir des suites d’un AVC dramatique plongeant la famille dans la tristesse et le désarroi le plus absolu.
Sa veuve, Jessalyn, a toujours vécue dans l’ombre de son mari « Jessalyn était depuis si longtemps l’épouse et la mère parfaite, invisible. Si heureuse de vivre pour les autres qu’elle n’avait quasi pas de vie. » Oui, mais… « Elle avait épousé l’homme qui l’aimait. Elle s’était réjouie de l’amour de cet homme, s’était laissé adorer comme une femme autre qu’elle était, et était devenue cette femme pour plaire à l’homme qui l’aimait. »
Quant aux rejetons, Tom est l’aîné, l’héritier, « le tyran, dont vous pouviez trouver les sarcasmes drôles quand ils ne vous visaient pas », mais, sans l’appui paternel, ne serait-il pas un peu lâche et désorienté ?
Beverly, la mère de famille, envieuse, hystérique, belle et gourde : « Fais comme si tu avais un cerveau, Maman, d’accord ? »
Lorene, la maîtresse d’école sardonique, "Mme Gestapo", proviseur de lycée « aussi dure et asexuée qu’un navet. » Prétentieuse, despotique, intransigeante, jalouse et rancunière, névrosée et paranoïaque, sans cœur et sans âme…
Et que pensent ces trois aînés des deux derniers ? « En tout cas, il est évident que Sophia était un accident. – Et Virgil. À la façon d’aînés certains d’avoir été voulus par leurs parents, ils rirent comme des conspirateurs. – Virgil n’est pas seulement un accident, il est une aberration. » « Un trouble neurologique, voilà ce qu’a Virgile. Il lui manque une partie du cerveau. »
Oh, la belle fratrie …
Après relecture il apparait qu’il faille quand même souligner le thème principal du livre, même si initialement je voulais le laisser découvrir : il s’agit pour les enfants, bouleversés par la disparition brutale du chef de famille, de "protéger" leur mère qui, la pauvre, doit être la plus détruite, la plus dévastée par ce deuil subit...

En toute honnêteté, je me suis demandé ce que je fabriquais là ! Tout le monde à l’air de trouver merveilleux cette sombre chamaillerie familiale. Je n’ai aucun goût pour ces trucs qui trainent en longueur et racontent des histoires qui ne nous concernent pas, où bons nombres de protagonistes sont débiles ou hystériques (ou les deux à la fois). J’ai eu le sentiment de me trouver devant une mauvaise série TV que j’aurais dû abandonner depuis longtemps mais que je persistais à regarder par négligence ou, malgré-tout, pour savoir comment ça allait finir. Il parait que « Joyce Carol Oates est cette énigme, une autrice qui marque, décennie après décennie, l’histoire littéraire et échappe, aussi régulièrement au prix Nobel qui aurait pourtant dû, depuis longtemps, couronner son œuvre (*) », je serais surpris que ce livre-là le lui confère.

Néanmoins un passage a retenu mon attention évoquant, pour moi, la leçon d’un professeur de peinture que j’ai eu, en tant que peintre amateur, qui nous martelait que « lorsque vous peignez une pomme, vous ne peignez pas une pomme… vous peignez un tableau ! ». Ainsi lorsque Jessalyn, visitant une exposition de photographies d’art, a vu celle, troublante, intitulée "Veuve", représentant la silhouette d’une femme éplorée, penchée sur une tombe, elle a trouvé cette œuvre tout à fait pathétique et extraordinaire, jusqu’au moment où, tout à coup, horrifiée, elle s’est reconnue dans le personnage photographié. S’en ouvrant à Virgil, la seule personne un peu sensée de la famille, celui-ci lui a expliqué qu’« une photo est une œuvre d’art, Maman. Une photo n’est pas la vie. Aucune œuvre d’art ne devrait être confondue avec la vie. […] Cette silhouette sur la photo n’est pas toi. […] La photographie représente "une veuve", pas toi. » Une notion généralement difficile à admettre. Serait-ce aussi difficile s’il s’agissait d’une huile ? (Même peinte d’après photographie ?)

Enfin, bien sûr, on ne peut passer sous silence le message de l’auteure pour dénoncer le racisme des forces de police aux États-Unis, et la lutte des classes, plaçant le lecteur devant les contradictions de la société américaine. Le suprématisme blanc omniprésent, faisant ainsi le portrait d’une nation en pleine crise identitaire, encouragée en permanence : une interrogation sur Wikipédia donnera pour Hammond les inévitables en pourcentages raciaux de la population (The racial makeup of the town was 97.18% White, 0.50% Black or African American, 0.66% Native American, 0.17% Pacific Islander, 0.25% from other races, and 1.24% from two or more races. Hispanic or Latino of any race were 0.33% of the population.). Pas évident de faire des comparaisons avec des villes françaises, par exemple… Où, malgré tout, le racisme n’est pas absent.
Il est amusant de voir l’érosion de la note attribuée au fil de la lecture, heureusement limité à quelque neuf cents pages… au premier quart, j’étais gaillardement à neuf sur dix ; au tiers, à huit ; à la moitié du livre, j’envisageais un sept, bien payé ; aux trois quarts j’hésitais entre cinq ou six tant la lassitude se faisait sentir. Enfin, arrivé au point final, un quatre ou un cinq me paraissait encore bien suffisant, ayant trébuché, à mon tour, sur le dernier chapitre. Il m’a fallu relire le papier de DIACRITIK (*) pour me convaincre de ne pas être trop sévère et d’attribuer, généreusement, un six, malgré la fatigue et mon désamour.
Je suis certainement passé à côté de ce long fleuve, pas toujours tranquille.

(*) https://diacritik.com/2021/12/10/joyce-carol-oates-la-mort-transforme-le-connu-en-inconnu-la-nuit-le-sommeil-la-mort-les-etoiles/
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Je croyais être de culture « Occidentale », il semblerait que non…
« En 2018, Michaeleen Doucleff (de culture occidentale, elle), est au bord du burn-out. Cette Californienne, maman d’une petite Rosy, n’arrive plus à canaliser sa fille, « très entêtée », selon elle. Jusqu’au jour où son métier de journaliste la pousse à s’intéresser aux pratiques éducatives des Mayas, dont les enfants font preuve d’une attention et d’une concentration singulière. Une révélation ! Et s’il s’agissait de repenser la relation parents-enfants dans nos sociétés occidentales sous le prisme des chasseurs-cueilleurs, communautés parmi les plus vénérables du monde ? ... » (Sophie Carquain, Version Fémina – août 2021).

Michaeleen Doucleff est correspondante pour la branche Sciences de NPR (National Public Radio), radio de service public aux États-Unis. En 2015, elle est membre de l’équipe lauréate d’un Peabody Award pour sa couverture de l’épidémie du virus Ebola en Afrique de l’Ouest. Avant de rejoindre NPR, Michaeleen Doucleff était rédactrice en chef de la revue Cell, où elle écrivait des articles sur la science dans la pop culture. Elle est titulaire d’un doctorat en chimie de l’université de Californie à Berkeley et d’une maîtrise en viticulture et en œnologie de l’université de Californie à Davis.

Alors, quoi ?
Je ne suis pas un expert en matière d’éducation. En quatre-vingts ans, je n’ai eu qu’une fille dont je me suis moyennement occupé comme de nombreux pères, malgré les changes, bains et autres biberons. Et puis, comme beaucoup, j’ai un égo si haut placé que je suis sûr de détenir LA vérité, et que MA manière d’élever les mômes est la bonne. Alors qu’on ne vienne pas me faire ch… avec une théorie de plus et, cerise sur le gâteau, une théorie qui aurait plutôt tendance à me désigner comme un fieffé imbécile !

J’en veux pour contre-exemple que, plus tard, en l’absence d’un père malade, c’est un petit-fils qui a retenu toute mon attention. Il a aujourd’hui 18 ans et, sans jamais avoir été l’enfant parfait tant espéré par l’auteure du présent ouvrage, il nous a toujours donné satisfaction. Ni serviable, comme chez les Mayas, ni sage et émerveillé comme chez les Inuits ni autonome comme chez les Hadza.
Mais en moins de trois mois il s’est parfaitement intégré à sa nouvelle école (d’Ingénieur), devenant rapidement animateur de groupes de travail et organisateur d’une cellule sportive… Il est vrai que nous n’avons jamais eu de portes qui claquent, ni de chaussures qui volent, ni de meubles renversés à la maison… On ne lui a jamais demandé, non plus, de faire la vaisselle, le matin en se réveillant. Mais pourtant, aujourd’hui, spontanément, il débarrasse la table à la fin d’un repas (Et/ou met le couvert le moment venu) … Et je crois qu’il est bien parti pour devenir un "homme agréable à vivre" tout en étant un "pur jus" de la culture occidentale, me semble-t-il, appelé à vivre, très probablement, au sein de cette Culture Occidentale et non des Chasseurs-Cueilleurs. Sauf catastrophe planétaire apocalyptique.

Cela n’enlève rien à la sagesse ancestrale de ces cultures millénaires ni aux dérives néfastes des mauvaises habitudes contemporaines. Si ce livre peut apporter quelque réconfort à des parents débordés, tant mieux. Mais avant le bonheur et la tranquillité des parents, l’éducation a quand-même pour but de préparer et de former les futurs femmes et hommes de demain.
Alors, parents, vous avez une responsabilité qui va au-delà du coït, quittez des yeux votre nombril et essayez de réfléchir…
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Le début de mon « aventure nippone » remonte au 2 octobre 2020, date à laquelle Gérard Collard (que j’ai baptisé Riquet à la Houppe) – le libraire de La Griffe Noire à Saint-Maur-des-Fossés, qui présente une sélection de livres tous les vendredis dans Le Magazine de la santé sur France 5, lors de sa rubrique « Des livres et moi ! » – est venu présenter, entre autres, Le Restaurant de l’amour retrouvé d’Ito Ogawa, avec une telle ferveur que mon épouse m’a demandé de le lui commander. Elle l’a dévoré en quarante-huit heures… Malgré mes efforts, je ne suis pas parvenu à apprécier "La Carte" (du restaurant !). Sans doute une conséquence de ma profonde méconnaissance de la culture japonaise.
Sur les instances de "Brune Platine" qui m’encourage à persévérer dans mon apprentissage de la culture nippone, et impressionné par les TTT de Télérama (n° 3697 – 18/11/2020 – malgré mes mésaventures avec les 3T, comme avec le « Banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs ») j’ai décidé de combler mon gouffre culturel avec ce livre d’Aki Shimazaki. Sa critique étant tellement élogieuse et alléchante que je ne pouvais pas ne pas succomber.

Aki Shimazaki est une écrivaine québécoise, née en 1954 à Gifu au Japon. Depuis qu’elle a 11 ans elle rêve de devenir romancière, et commence à écrire des histoires qu'elle invente. Elle a d'abord travaillé au Japon pendant cinq ans comme enseignante d'une école maternelle et a également donné des leçons de grammaire anglaise. En 1981, à 26 ans, elle a immigré au Canada où elle enseigne dans une école japonaise, tout en étudiant l'anglais et le français.
À partir de 1991, elle s'installe à Montréal où, en plus de son activité littéraire, elle enseigne le japonais. Elle suit un cours de composition dans une école de français pour immigrés.
En 1994, à l'âge de quarante ans, elle apprend le français dans une école de langue.
Elle commence ensuite à écrire en français de courts romans.
Son œuvre se déploie en pentalogies : cycles de cinq romans construits autour d'une même histoire, telle que vécue par cinq personnages différents et pouvant se lire indépendamment.
Suzuran entame une nouvelle série, après clôture des trois cycles précédents :
• Premier cycle : Le poids des secrets.
• Second cycle : Au cœur du Yamato.
• Troisième cycle : L'ombre du chardon.
• Le Quatrième cycle comprend Suzuran (2019) et Sémi (2021).

Alors, Suzuran, de quoi s’agit-il ?
Tout d’abord, on apprend que ce mot désigne, en français le "muguet", cette petite fleur du 1er mai qui orne la couverture du livre. Ensuite, pour ceux qui l’ignoreraient, comme moi, que c’est une plante très toxique, voire mortelle ! C’est bon à savoir – j’en ai tout un carré dans mon jardin.
Enfin, comme le résume la quatrième, c’est l’histoire d’Anzu, une céramiste d’Art qui vit seule avec son fils depuis son divorce et qui se donne entièrement à son art de la poterie, dans une petite ville au bord de la mer du Japon et au pied du mont Daisen.
L’histoire est si simple que je n’en dévoilerai pas d’avantage, un mot de plus et tout suspense disparait.
Tout y est cousu de fil blanc, discret, ouaté, prévisible et doux… Est-ce cela l’exotisme extrême-oriental ?
Dans mon commentaire pour Le Restaurant de l’amour retrouvé d’Ito Ogawa j’écrivais :

« Les trois premiers quarts du livre sont factuels : je fais ci, je fais ça… C’est froid, c’est plat, c’est banal, c’est “hors émotions”. À quoi est-ce dû ? Il me vient à l’esprit le souvenir, dans un cabaret parisien au spectacle international désopilant, d’un groupe de touristes japonais (un car ?) dont les visages sont restés d’une impassibilité effrayante pendant toute la représentation. Je ne connais pas la culture japonaise, était-ce de la timidité ? De la pudeur ? De la retenue ?... »

Ici, c’est exactement la même chose, l’écriture y est concise, les phrases sont courtes, les paragraphes courts et les chapitres courts. Le tout est strictement factuel et froid.
À titre d’exemple, voici un paragraphe type, d’une cinquantaine de mots (quand-même), où l’auteure réussit le tour de force d’y inclure deux phrases comptant au moins une douzaine de mots chacune :
« Je me réveille vers dix heures. Je me sens très bien, ayant dormi profondément après une semaine chargée. C’est dimanche. Aujourd’hui, je vais déjeuner chez mes parents, ensuite j’irai à la plage me promener. Mon fils rentrera vers huit heures ce soir. Il fait beau, j’en profiterai tout l’après-midi. » (Fin du paragraphe)

Même si, comme me l’a rappelé si judicieusement "Brune Platine" : « Quant à ce que vous soulevez d’absence d’émotion chez les Japonais, c’est ne rien connaître à leur culture et à leur psyché … » je l’admets volontiers, il n’en demeure pas moins que cette absence d’extériorisation me laisse sans voix et me rebute.

Je ne pense pas poursuivre avec "Sémi", ni chercher, coûte que coûte, à renoncer à mon impardonnable incompétence en culture de l’empire du Soleil Levant (Il trouvera bien le moyen de se lever sans moi).
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Lorsque j’ai dit à ma femme que l’une de mes prochaines lectures serait un livre, signalé par Diacritik (https://diacritik.com/2021/10/04/nicolas-richard-je-traduis-en-mamusant-par-instants-le-sol-penche-bizarrement/), qui traite de l’art et des difficultés de la traduction, son sang et sa mémoire n’ont fait qu’un tour : elle s’est revue quelque soixante-dix ans plus tôt, feuilletant son Gaffiot, à la recherche de la bonne formule, sur les bancs de l’Institution pour Jeunes Filles de bonnes Familles qui a cloîtré sa jeunesse. Combien de fois m’a-t-elle détaillé ses corps-à-corps avec de longs textes latins, fleurons de ses études classiques, de quoi époustoufler un mari qui ne pouvait lui opposer que des maths, physique-chimie et autres dessins industriels, le tout, bassement primaire et matérialiste …
– J’aimerais bien le lire, ton livre sur la traduction !
Je lui propose la liseuse de notre fille ou de notre petit-fils, qui, une fois synchronisées sur mon fonds de biblio se retrouveront pourvues. Ah mais non ! Madame est aussi réfractaire au numérique que d’autres, à la vaccination anti-Covid. Ce sera donc une version papier, pour Madame…
Seulement voilà, entre les discours de Caius Julius Caesar et les polars américains, il y a vraiment un Grand-Écart !...
Bon, je plaisante parce qu’elle s’est amusée, aussi, avec des textes espagnols, anglais, allemands et même italiens… une vraie encyclopédie… mais quand-même, je ne suis pas certain qu’il corresponde à son attente. Et qu’elle y retrouve ses anciens copains Cervantès, Shakespeare et autres Goethe…

Nicolas Richard est né en 1963 à Bois-Colombes, c’est un traducteur et un écrivain français. Il étudie à Orléans, puis à l'École supérieure de commerce de Lyon. Il traduit de l'anglais et de l'anglais américain vers le français depuis 1990.
Il est régulièrement chargé de traductions réputées particulièrement délicates, que ce soit pour Russell Hoban, pour Thomas Pynchon ou pour Woody Allen. Il a également traduit en français les dialogues de films.
Il a écrit deux romans, un traité, un recueil de nouvelles, son ouvrage « Par instants, le sol penche bizarrement - Carnets d'un traducteur », récit et essai, parait chez Robert Laffont en septembre 2021. Il y fait l'éloge de ce métier de traducteur, où chaque texte provoque son lot d'interrogations pour la langue et la littérature.

De la plume même de l’auteur, le livre est un « catalogue des auteurs » qu’il a traduit. En trente ans, il en a traduit cent vingt et « chaque traduction a sa propre histoire, son contexte particulier, son cortège d’anecdotes. »
À titre d’exemple, voici une anecdote assez représentative de ce qui peut arriver à notre traducteur :
Un jour, il accompagne James Crumley dans une librairie à Bruxelles à l’occasion de la sortie de son livre « Un pour marquer la cadence. » Après quelques mots de présentation, un auditeur ayant lu le livre demande à l’auteur ce qu’il a contre les Belges… Devant l’incompréhension de l’auteur, l’auditeur lit la formule incriminée : « Suce c’est du belge ! » en précisant que l’expression correcte devrait être "Fume c’est du belge". Crumley explique qu’il n’a pas pu écrire ces mots, vu qu’à l’époque de la rédaction du livre, il ignorait jusqu’à l’existence de la Belgique. Tout le monde s’est donc tourné vers le traducteur… qui s’en tire en s’accusant de s’être laissé emporter dans l’action en introduisant une formule dérivée de « Fume c’est du belge » interprétation personnelle de la version anglaise de « …so we said to the world in general : suck. Suck to the good folks of Fayetteville, North Carolina… » (…on balançait au monde entier : suce c’est du Belge ! Sucez, bonnes gens de Fayetteville en Caroline du Nord…). Ainsi suck serait devenu « suce c’est du Belge ». Mais suck pourrait être l’abréviation de suck it qui signifie quelque chose comme « fait chier » ou « rien à foutre » et en fin de compte, il semblerait que ce soit Frédéric Dard, alias San-Antonio, qui aurait inauguré l’expression dans son numéro 108 de la collection avec la formule « Tiens, fume c’est du belge. » (Et dans la bouche de San-Antonio, ce ne devrait pas être une déclaration d’amour…) Ce qui aurait laissé des traces dans le cerveau du traducteur.
L’auteur apprendra ultérieurement que l’expression renvoie à l’époque de la contrebande de tabac entre la France et la Belgique, entre la fin du XIX° siècle et l’entre-deux-guerres, expression vantant les mérites d’un tabac de bonne qualité, d’origine belge, lourdement taxé à la frontière française.

Il peut arriver que notre traducteur ait un cas de conscience très existentiel… Ainsi lors de la traduction d’un texte d’Alysia Abbott, au sujet de ses « gay parent » et de sa « queer history » traduits initialement en « parent homo » et « histoire gay », mais les années passant et réflexion faite, le traducteur se tracasse et questionne Alysia car elle a écrit queer et non pas gay au sujet de l’histoire… problème… cette question le taraude… et s’en suit une discussion (ésotérique) où il est question des militants LGBT autobaptisés Queer Nation, prônant dès 1990 un « nationalisme queer » avec des slogans tels que « We’re Here, We’re Queer, Get Used to it ». En fin de compte, si Nicolas Richard avait à refaire la traduction, aujourd’hui, il opterait pour le franglais : gay deviendrait "gay" et queer deviendrait "queer" !... (Très loin des traductions classiques).

Spoiler(cliquez pour révéler)
Intermède…
Le livreur Colissimo vient de déposer l’exemplaire « papier » de Madame…
Coup d’œil en coin et moue méprisante pour la couverture assez "vulgaire" :
– C’est ça le livre sur la traduction ?
Sous-entendu : N’y aurait-il pas une erreur ? Il est moche ce bouquin. PFFF !
Et au lieu de le feuilleter avidement… on le pose sur la pile.
… C’est mal barré, les mecs !


OK, l’humour n’est pas international, mais là…
« I have been poisoned by a fladdler, man... Etc. » J’ai été empoisonné par un… ? un quoi ? Fladdler…
Inconnu au bataillon. Réponse de l’auteur (William Kotzwinkle) : Nous devons supposer que "to fladdle", c’est mal jouer du violon, d’une manière pénible… (mais c’est aussi « tripoter, trafiquer, magouiller… »). Alors ça va donner :
"Empoisonné par un vieux loneux, mec." Et "C’est le genre de plan auquel il faut s’attendre avec les vieux loneux, mec." Ou encore "Le son du vieux lon leur gondole l’esprit, mec." (On est loin de Samuel Johnson ou de Chateaubriand, mais au moins, c’est drôle).

Mais tout cela n’atteint pas le haut niveau métaphysique que représente le bruit d’un parapluie qui s’ouvre selon Tom Wolfe : « Cling ! » en anglais. Les parapluies français, qui n’ont pas l’accent british, font quel bruit en s’ouvrant ?
– « Floc ! » comme les gouttes d’eau ? « Cling ! » malgré tout ? « Swock ! » d’après les tests ? ou « Sploing ! » selon celui de Bécassine ?
Voilà une question fondamentale, que dis-je, primordiale, susceptible de mettre en ébullition l’élite intellectuelle du site pour lequel j’écris ces lignes (J’espère toutefois ne pas atteindre des sommets comme on l’a vu récemment avec 165 commentaires en 4 jours à une critique de livre, qui ont illuminé ces lieux d’une controverse passionnée !...).

Et, pour stimuler les conversations dans les salons de bonnes tenues n’hésitons à citer Megan Abbott : « Your ass is your ticket but that rack won’t hurt either. » Où your ticket sous-entend « ton ticket d’entrée », « ton point fort ». Quant à rack, il présente de nombreux sens : « casier », « porte-bagage », « égouttoir », « bac à légume », « râtelier ». Mais ici, c’est de l’argot, alors lorsqu’on entend she has a nice rack… on parle de poitrine. Et donc la belle tirade devient :
« Ton atout à toi c’est ton cul. Et le fait qu’il y a du monde au balcon ne peut pas nuire non plus. » De quoi mettre de l’animation autour des petits-fours.

Bon on l’aura compris, on passe en revue quelque quatre-vingts auteurs traduits, de Richard Brautigan à Barack Obama, en passant par Woody Allen et Bob Dylan… avec leurs lots de difficultés, d’anecdotes, de péripéties et de méticuleux travaux de recherches.
Moi qui ai toujours été nul en langue, j’ai une profonde admiration pour les traducteurs, ces travailleurs de l’ombre que l’on a trop souvent tendance à oublier. Pourtant lorsque le texte fait preuve d’humour et d’esprit ou plonge dans une atmosphère particulière, rien n’est moins facile que de les transposer dans une autre langue, voire dans une autre culture. Or voilà un traducteur qui parle de son job avec humour et amour. Dont le plaisir est de contribuer à faire connaître "Un Tel" à ceux qui bientôt l’aimeront… Nicolas Richard n’est pas ici pédagogue ou donneur de leçons de traduction, il s’amuse, il nous amuse, il nous enrichit. Voilà un domaine que je soupçonnais, mais pas à ce point. Nicolas nous fait découvrir toute la profondeur et l’importance de son métier plaçant quasiment le traducteur sur un pied d’égalité avec l’auteur. Chapeau !

Néanmoins, pour un non-lettré, comme moi, après avoir satisfait ma curiosité sur ce difficile et ingrat travail de traduction, je trouve rapidement son livre répétitif dont intérêt s’émousse prématurément. Je regrette sincèrement de ne pas être un fin connaisseur en gymnastique des mots pour apprécier à sa juste valeur celle du traducteur.

P.S. : D’un point de vue très terre-à-terre, j’ai repéré page 77, ce qui a toutes les apparences d’une faute de frappe, un « Bleak Book / Blake Book » dans lequel il manque un "l" à "Book" (Blook). Comme je dispose des versions numérique et papier, je constate que la même erreur figure sur les deux versions. La version numérique est donc issue informatiquement d’une même version-mère. Ce que j’ignorais. Ou alors je me fourvoie complètement et le Blook, qui abonde dans les parages, est brusquement et inexplicablement devenu localement un Book…
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