C’est arrivé vite pour nous, continua-t-il, sans prévenir, mais l’amour se moque des conventions. Il ne se soucie ni des contingences humaines, ni du qu’en-dira-t-on. L’amour n’en fait qu’à sa guise et frappe comme il l’entend. Tu es ma femelle, Hope. Je suis ton mâle. Si tu me le permets, je t’aimerai jusqu’à la fin de nos jours.

Un ami vous aidera si quelqu’un vous fait tomber.

Un meilleur ami attrapera une batte de base-ball et dira : « Reste couché. Je m’en occupe. »

VÉRITÉ UNIVERSELLE

— « Si seulement j’avais fait ci, j’aurais dû faire ça, j’aurais pu faire ça… » Il lâcha un juron. — La vie est remplie de ces trois trucs-là. — Trois ? — « Si seulement, j’aurais dû, j’aurais pu. »

Cherche et tu trouveras.
Agis comme un con et tu ne verras que ton reflet dans la glace

J’enlève ma main du tableau de bord et je frotte la bosse qui vient de pousser sur mon crâne. Bizarrement, je me sens calme. Il faut que je me rende à l’évidence : je suis une junkie. Ma drogue ? L’adrénaline. Je pense que j’ai toujours été comme ça… Je refusais juste de l’admettre.

— Tu sens tellement bon… Ton odeur m’a manqué.

— Micha, je…

Son regard me fait taire. Comme toujours, il sait ce que je m’apprête à lui dire. C’est mon meilleur ami, mon âme sœur. Si nous vivions dans un monde parfait, un monde rempli de roses et de soleil, nous serions ensemble, Micha et moi. Mais notre monde à nous est rempli de familles brisées, de pères alcooliques et de mères qui baissent les bras pour un rien.

’essaye de me persuader que cela ne peut m’être arrivé. Ce n’est qu’un cauchemar dont je ne vais pas tarder à me réveiller. Oui c’est… un cauchemar ! Nate Calvin n’est que le fruit de mon imagination bien trop fertile. La preuve : il correspond juste trait pour trait à mon idéal masculin.



Ce n’est que fictif. Oui ! Logique.



De toute façon, une personne ne peut vivre autant de situations embarrassantes en un laps de temps aussi court. Les lois de la métaphysique le démontrent ! Aristote, Platon et même Socrate ont certainement écrit quelques livres à ce sujet, à n’en pas douter…

Le seul moyen de tout oublier et espérer avoir une vie normale dorénavant est d’avoir recours à la lobotomie – une pratique interdite depuis la fin des années 80 dans bon nombre de pays.

L’atmosphère autour de moi change, je développe subitement un sixième sens qui m’avertit de la catastrophe sur le point de se produire. Je recule précipitamment pour m’éloigner de l’horrible bête, m’enroule les chevilles dans les quatre mètres de ceinture, sautille sur mon pied pour éviter la chute, me rattrape de justesse à la double vasque. Mais mes pieds se posent sur le tapis de bain qui gît négligemment sur le carrelage. Comme si je venais de marcher sur la proverbiale peau de banane, mes jambes sont propulsées dans les airs en un mouvement circulaire. Mes mouvements saccadés me donnent l’attitude d’une parfaite schizophrène.

Je ramasse mes vêtements en laissant de côté ma lingerie que je me chargerai de laver à la main. Inutile de lui mettre entre les mains une culotte dépassant de loin la taille 32, il risquerait de confondre ça avec un filet de pêche géant.

La dernière chose dont j’ai envie, c’est d’imaginer ce qu’il doit penser de moi. Ma rencontre avec lui se transforme lentement, mais sûrement, en parfait remake de la Belle et la Bête avec une inversion des sexes. Et la conclusion finale de notre histoire sera bien différente de ce conte de fées.

En plus de me prendre pour une jeune femme potelée, sale et totalement irresponsable, il doit aussi penser que je suis la personne la plus stupide qu’il lui ait été donné de rencontrer. Et il a raison, c’est tout à fait légitime. Jamais je n’ai eu autant envie de m’évanouir dans un nuage de fumée. Jamais je n’ai eu autant envie de me terrer dans un trou de souris pour y mourir. Jamais je n’ai eu autant envie que le sol s’ouvre sous mes pieds et m’engloutisse toute entière.

- C’est amusant, on dirait presque le genre de statue qu’on donne pendant la cérémonie des oscars. Vous savez, celle pour les acteurs et célébrités en tout genre, reniflé-je sur un ton moqueur.



Je ne peux empêcher un sourire d’étirer mes lèvres. Un sourire qui commence à se figer quand je note le manque de réaction totale de Nate Calvin. Un silence où seuls les battements de mon cœur peuvent être perçus accueille ma dernière déclaration. Et à mesure que ce silence devient pesant, la suspicion s’installe puis grandit en moi. Je détourne la tête rapidement, si rapidement que j’en aie presque le tournis. J’observe alors avec minutie cette fameuse statuette, refusant de croire qu’il pourrait s’agir…



Non, non, non…

Et quand ses sourcils se froncent encore, je n’ai qu’une envie : que le sol s’ouvre sous mes pieds et m’engloutisse toute entière. Bien sûr, je ne suis pas encore devenue une folle furieuse, complètement schizophrène ou bipolaire.



La vérité… la vérité c’est que je ne… Je ne souhaitais vraiment pas avouer ça à qui que ce soit et encore moins ici…



Mais la vérité, c’est que je ne suis pas épilée. Et sincèrement, je n’ai aucune envie que l’homme le plus beau et parfait de la Terre me prenne pour une hobbit tout droit sortie du Seigneur des Anneaux ! Je n’ai franchement pas non plus envie de lui confirmer le stéréotype français le plus répandu sur Terre, à savoir que les Françaises aiment avoir du poil sur la jambe.

... je veux que tu me fasses confiance. Et tu ne le fais pas. Pas encore. Mais tu pourrais un jour. »

Je respire si fort que je me sens comme si j’avais couru un kilomètre. « Je te fais confiance, » dis-je.

Il secoue la tête. «Non, c’est faux. » Il me sourit et mon cœur bascule. « Mais tu pourrais un jour. »

« Je ressens le besoin de te dire quelque chose, » dit-il. Il pense à ses prochaines paroles, et parle très lentement, comme si leur poids lui était très lourd.

« D'accord, » dis-je hésitante.

« Je te veux plus que j’ai besoin d’air, » dit-il. Mon cœur commence à battre à un rythme fou dans ma poitrine.

Tout mon passé. Tout ce que tu voudras savoir, je te le dirai. Mais seulement si tu me promets de me consacrer ton avenir.

– Si tu m’aimes plus aujourd’hui qu’hier,
j’ai hâte de voir demain, répond-elle.

Mes lèvres tombent sur les siennes et je l’embrasse.
Pas parce que c’est permis mais parce que
j’en ai vraiment besoin.

– Je crois que j’ai trouvé la règle que j’aimerais nous fixer, dis-je. Ne me donne aucun espoir d’avenir. D’autant que tu sais, au fond de toi, qu’il n’en existe pas.

– Je refuse de retomber amoureux, Tate. À jamais. Tout ce que je veux, particulièrement, c’est toi.

– Je ne connais aucune manière facile ni même polie de te dire ça, Tate, mais je n’ai répondu que la vérité à Corbin. Jamais plus je n’aimerai quelqu’un. Je trouve que ça n’en vaut pas la peine. Sauf que ça me rend injuste envers toi. Je sais que je te blesse, et je le regrette. Parce que j’aime être avec toi ; seulement, chaque fois, j’ai peur que tu y attaches trop d’importance.

– L’amour, ce n’est pas toujours très joli. Parfois, on passe son temps à espérer que quelque chose arrive. En mieux, de préférence. Et voilà que, tout d’un coup, on se retrouve à la case départ, sauf qu’on a perdu son cœur au passage.

Vaincue, je poussai un grognement.

— Bon, d’accord. C’est merdique.

— Qu’est-ce qui est merdique ?

— Tellement de choses. (J’écartai mes cheveux de mon visage. Après tout, il fallait que je me dévoile maintenant.) La grossesse, c’est merdique. « C’est naturel. » Tu parles ! J’ai enfin arrêté de vomir, mais je suis exténuée tout le temps. Arrêter le café a été super dur. Aucune de mes fringues ne me va à cause de ces foutus seins qui me font mal constamment. Il faut que j’aille aux toilettes toutes les trente secondes et, pour couronner le tout, je pleure chaque fois que je vois la pub Healthy Hound. C’est ridicule.

De petits sillons se dessinèrent de chaque côté de son nez.

— Tu pleures devant une pub de bouffe pour chiens ?

— Oui. Les petits chiots sautent partout pour atteindre leur mère, ils sont tellement mignons avec leurs petites queues qui frétillent.

Il me regarda sans rien dire.

— Je sais que c’est bizarre, Ben. Crois-moi, j’en suis consciente.

— Dis bonjour à tata Elizabeth, lança mon nouveau beau-frère en me tendant un chiot noir et blanc.

Une petite langue mouillée me léchouilla les lèvres et une haleine canine empestant le biscuit pour chien m’assaillit. Bof, bof.

— Ouah, fis-je en me reculant franchement, m’efforçant de contenir la nouvelle vague de nausées qui m’envahissait – un vrai plaisir, la grossesse. Salut, Killer.

— Donne-le-moi, dit Anne. Tout le monde n’a pas forcément envie de rouler une pelle au chien, Mal.

L’homme blond aux multiples tatouages eut un grand sourire et tendit à Anne le petit bébé en fourrure.

— Il embrasse super bien, pourtant. C’est moi qui lui ai tout appris.

— C’est malheureusement vrai, confirma Anne en coinçant l’animal sous son bras, lui gratouillant le dessus de la tête.

Il aimerait bien lui clouer le bec. Pourquoi est-ce que les gens heureux se croient toujours obligés d’étaler leur bonheur au grand jour ? Qu’est-ce qui les pousse ? Le plaisir sadique de mettre les autres encore plus minables qu’ils ne le sont déjà ?