"Je les sentais avant de les voir, tièdes petites étincelles le long de mes bras. Et puis les voilà, lucioles s'allumant et se déployant en hurlements et en tourbillons au moment d'abandonner leur chair humaine."

"Mon amour est Hiroshima. Voyez les dégâts que peut causer la passion : on en vient presque à citer Marguerite Duras."

"Il est exact qu'ils ont une fâcheuse tendance à vouloir d'abord la basculer n'importe où pour effectuer sur elle une palpitation mammaire, voire globale."

"Après quelques semaines de scrupules et de tortures, j'en vins à la conclusion suivante : si votre femme est en train de devenir une amie, il est temps de proposer à une amie de devenir votre femme."

"Exactement mon type : je n'aime rien tant que la contradiction entre un visage angélique et un corps de salope. J'ai des critères dichotomiques."

"C'est donc cela, la vie d'adulte : construire des châteaux de sable, puis sauter dessus à pieds joints, recommencer l'opération, encore et encore, alors qu'on sait bien que l'océan les aurait effacés de toute façon ?"

"Le mariage, c'est du caviar à tous les repas : une indigestion de ce que vous adorez, jusqu'à l’écœurement."

"Comment ai-je pu laisser les apparences dicter ma vie à ce point-là ? On dit souvent qu'"il faut sauver les apparences". Moi je dis qu'il faut les assassiner car c'est le seul moyen d'être sauvé."

Personne au monde sauf un camé ne peut savoir ce qu'est le contraire parfait de la dépression.

"Mais la scène devant la porte n'était pas mal non plus, mon amour. J'ai déjà vécu beaucoup de bonnes scènes de câlins sur le palier. (La plupart au cinéma, c'est vrai). J'en ai rarement vu une si belle, qui dire si longtemps. Et elle n'a souffert d'aucune longueur. J'avais l'impression d'avoir 17 ans.

"La lumière qui trouble nos yeux est pour nous de l'obscurité. Seul le jour auquel nous nous sommes éveillés commence à pondre. Il y a plus d'un jour à poindre. Le soleil n'est qu'une étoile du matin."

"Même les faits scientifiques peuvent empoussiérer l'esprit par leur sécheresse, à moins qu'ils ne soient en un sens effacés chaque matin, ou plutôt fécondés par la rosée de la vérité fraîche et vivante."

"J'attends, j'attends dans la nuit noire, ouvrant la porte à l'inconnu. Les mauvais jours mènent au soir, où vient celui qu'on n'attend plus."

"Alors je me suis donné cent coups de brosse. Comme les princesses, dit toujours ma mère ; avec le vagin qui encore maintenant, alors que je t'écris au cœur de la nuit, exhale l'odeur de tous ces sexes."

"Pas un seul gémissement, mes lèvres étaient tendues dans un sourire. Lui faire comprendre ma douleur aurait été exprimer des sentiments qu'il ne voulait pas connaître. Il voulait se servir de mon corps, pas découvrir mon étincelle."

"Souvent, il est le premier de la journée à entendre parler de moi. Souvent, il est le dernier à qui je parle avant d'aller me coucher. Et la nuit, quand je n'arrive pas à dormir, quand le vent du nord souffle, je ne viens pas te voir, chéri. Non, j'écris un mail à cet homme. Et il me répond. Dans ma tête, ce type est un merveilleux remède contre le vend du nord. Ce que nous écrivons ? Oh, rien que des choses personnelles, des choses sur nous, ce que nous ferions tous les deux si je ne vous avais pas, chéri, toi et les enfants."

"mais elle flotte encore au-dessus de la table familiale, elle a grandi là sans qu'on en parle et s'est installée dans le silence de nos repas, elle est le tiers-monde de mon père."

J'avais besoin d'être sur la plage, je me sentirais mieux là-bas. Rien, rien ne m'apaisait comme le contact du sable sous la plante de mes pieds: il était à la fois solide et mouvant, constant et instable. Comme l'été.

"Comme si les chemins familiers tracés dans les ciels d'été pouvaient mener aussi bien aux prisons qu'aux sommeils innocents."

"Veuillez, je vous prie, ne pas m'envoyer la police. J'emporte un revolver. La première balle sera pour le gendarme, la seconde pour moi."

"Marcelle n'était pas réductible aux mesures des autres. Les impulsions contraires qui disposèrent de nous ce jour-là se neutralisaient, nous laissant aveugles. Elles nous situaient bien loin dans un monde où les gestes sont sans portée, comme des voix dans un espace qui n'est pas sonore."

"Mais, dès lors, il n'était plus de doute: je n'aimais pas ce qu'on nomme "les plaisirs de la chair", en effet parce qu'ils sont fades. J'aimais ce que l'on tient pour "sale". Je n'étais nullement satisfait, au contraire, par la débauche habituelle, parce qu'elle salit seulement la débauche et, de toute façon, laisse intacte une essence élevée et parfaitement pure. La débauche que je connais souille non seulement mon corps et mes pensées mais tout ce que j'imagine devant elle et surtout l'univers étoilé..."

"L'âge se lit dans les yeux des autres, même quand soi-même on n'y pense plus."

"C'est drôle comme les hommes ne pensent pas à être complexés. Ca doit être bien, d'être comme ça. Ne penser qu'à son regard qui se pose et pas penser à la réciproque."

"Putain, tu marches en ville, c'est l'aventure tous les quinze mètres. Personne t'ignore. C'est d'autant plus pénible que ça tient pas debout: tu vas pas me dire que les autres filles, sous prétexte qu'elles se mettent en jupe, se font gang-banger douze fois par jour."

"Les hommes aiment les hommes. Ils nous expliquent tout le temps combien ils aiment les femmes, mais on sait toutes qu'ils nous bobardent. Ils s'aiment, entre eux. Ils se baisent à travers les femmes, beaucoup d'entre eux pensent déjà aux potes quand ils sont dans une chatte."