L'Héritage de Dana

1875

Le regard qu’adressa lord Edgar à son frère aîné, le duc de Quarrington, était bien peu amène.

— Aurais-tu perdu la tête, Brandon ? lança-t-il. En guise de réponse, le duc de Quarrington se contenta de toiser son cadet d’un air dédaigneux.

Edgar se mit à jurer.

— C’est cela ! Regarde-moi de haut, maintenant !

Parce que tu es duc, tu prends les gens pour des marionnettes dont il te suffit de tirer les ficelles ! Désolé, je ne suis pas un pantin.

— Ma proposition mérite que tu y réfléchisses, déclara Brandon de Quarrington d’un ton sec.

— Peuh ! Si tu crois que je vais me marier avec la petite idiote que tu as choisie à mon intention ? Et quoi encore ?

Le duc croisa les bras.

— Et toi, si tu t’imagines que je vais continuer à payer tes dettes ! riposta-t-il.

— Tu peux bien faire un effort. Cela ne te coûtera pas grand-chose, tu es tellement riche !

— Je préfère aider ceux qui en ont vraiment besoin plutôt que de te donner de quoi mener une vie dissolue.

— Mais bien agréable.

Sans tenir compte de l’interruption, Brandon poursuivit :

— Tu es allé trop loin, Edgar. Maintenant deux possibilités s’offrent à toi. Ou tu te maries comme je viens de le suggérer. Ou tu pars vivre à l’étranger. Je suis prêt à te verser une rente annuelle de mille livres sterling à une condition : que tu ne remettes jamais le pied en Angleterre.

Lord Edgar haussa les épaules.

— Et quoi encore ? M’exiler ? Pas question.

— Dans ce cas, tu n’as qu’à épouser Mlle Wallace, qui possède une fortune de plus d’un million de livres sterling.

— Un million de livres ! répéta lord Edgar, visiblement impressionné. Tu en es sûr ?

— Oui. Il s’agit d’une histoire assez étonnante. Le père de la jeune fille en question, le colonel Wallace, était dans l’armée des Indes. Il a eu l’occasion de sauver la vie du maharadjah de Kulhapur.