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Commentaires de livres faits par Nymphee

Extraits de livres par Nymphee

Commentaires de livres appréciés par Nymphee

Extraits de livres appréciés par Nymphee

date : 13-07-2017
« — Les tentures s’ouvraient de deux façons différentes : le premier rideau, d’un violet presque noir, disparaissait à droite et à gauche de la scène. Le second était rouge sang, lourd, maculé de taches inquiétantes. Il remontait vers un plafond si haut que mon cou ne se tordait pas assez pour le voir. Et une scène vide qui chutait vers le fond. Il n’y avait aucun acteur, pas de décor, une simple lumière qui tombait de nulle part et éclairait à peine plus qu’un flambeau. Une rumeur rampait, venant de derrière, passait à côté de moi et grossissait pour éclater sur la scène : les bruits et les cris d’une bataille, les échos d’un conflit au fond du gouffre. Le spectacle du vide me glaçait. Il me parlait
une langue inconnue qui me rendait malade : le vertige serrait mon crâne et la nausée me tétanisait. La réalité se réduisait à cette mise en scène qui me torturait, moi et personne d’autre. J’étais tellement seul dans cette salle, assis sur un fauteuil dur et grinçant, qui ricanait de ma souffrance. Je me levais péniblement, tremblant de malaise, pour m’approcher. Je voulais arrêter tout ça, donner vie à ce charnier invisible, mais je me suis écroulé sur la scène sale et pleine de poussière. Des pleurs se mêlaient au grondement lointain de la guerre.
Je mourais de tristesse, en bordure d’un monde qui s’enfonçait de plus en plus loin, jusqu’au silence.
La rumeur de la rue revenait à la surface.
— Voilà, c’est tout, reprit l’homme. J’ai fait ce rêve trois fois en deux nuits.
— Hum... Trois fois en deux nuits ? Comment fait-on un rêve trois fois en deux nuits ?
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date : 13-07-2017
Minuit. Derrière les tours de Notre-Dame, un houleux ciel de novembre que crochète, hameçon diaphane, la lune en son premier croissant. Personne dans les rues.
Un épais crachin empoisse l’atmosphère et ceint les réverbères d’un halo de postillons.
Les rares fenêtres encore éclairées malgré l’heure tardive trouent laborieusement la morne nuit urbaine.
Sur le pont Marie, quelqu’un marche. Une femme armée d’un parapluie. Ses talons hauts résonnent sur le pavé luisant. En bas, la Seine charrie des reflets entre ses berges obscures.
Un grondement de tonnerre. La femme presse le pas. Cramponnée au manche du parapluie, elle affronte la bourrasque. Le vent, qui s’engouffre dans son imperméable, le plaque à ses jambes et le gonfle tour à tour, tourbillon de tissu mouillé autour de ses chevilles gainées de Nylon.
Soudain, un cri. La femme lâche le parapluie. « Quelque chose » vient de lui bondir dessus. Quelque chose aux prunelles flamboyantes, aux crocs aigus comme des éclairs blancs, à la puissante musculature. Un prédateur surgi d’on ne sait où, d’un autre lieu, d’un autre siècle, d’une autre dimension. Et qui tue.
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Diversité des perspectives historiques
Que l’histoire chinoise soit mieux connue des Chinois, tout comme l’histoire occidentale est mieux connue des Américains et des Européens, voilà qui est à l’origine de bien des divergences de point de vue entre la Chine et le reste du monde. Les Chinois savent fort bien, par exemple, que les chefs tribaux mandchous baptisèrent leur nouvel État « Qing » en 1636, année que les Américains (tout du moins ceux qui habitent dans la région de
Boston) se remémorent comme étant celle où fut fondée l’université de Harvard, la première du Nouveau Monde. Lorsque les Mandchous prirent le pouvoir en Chine, ils étaient deux millions pour cent vingt millions de Chinois. Leur dynastie, celle des Qing,
régna pendant 267 années, période à l’issue de laquelle les Chinois étaient quatre cents millions d’habitants. À mi-course, dans les années 1770, la dynastie Qing, qui gouvernait l’empire depuis Pékin, ajouta au nombre de ses conquêtes la Mongolie, l’Asie centrale et le Tibet. Au même moment, quelques millions de rebelles américains, regroupés en treize colonies, déclaraient leur indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne.
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— En fait, nous sommes à la recherche d’Alexandre le Grand.
— Vous le connaissez ? s’informe Léa.
— Je connais bien un prince prénommé Alexandre. C’est le fils du roi Philippe...
— Oui, c’est lui ! s’écrie Léa.
— Mais pour l’instant, je ne le qualifierais pas de
grand, ajoute Aristote. Il n’a que douze ans.
— Douze ans ? s’étonne Tom.
— Oui. Moi aussi, je suis venu en Macédoine pour Alexandre, leur confie le philosophe. D’ici quelques semaines, quand il aura treize ans, je deviendrai son précepteur. Et vous, pour quelles raisons le cherchez-vous ?
— On voudrait passer un peu de temps avec lui, affirme Léa. On a entendu dire qu’il était... euh... grand.
Aristote soupire.
— Il serait ravi de l’apprendre. Si vous voulez le rencontrer, sachez que le roi Philippe organise une réunion au palais, cet après-midi. Le prince sera présent.
D’un geste, il indique une demeure perchée sur la colline
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date : 12-07-2017
Seule à sa table, une femme, cinquante-sept ans à peine, menue et d’apparencefragile, s’applique devant son repas. On lui a taillé en deux ses tranches de pain beurré, bien mélangé son œuf frit et découpé son bacon. « Le bonheur, en somme ! » fait-elle à
voix haute. Mais dans la salle à manger, personne ne relève : elles sont toutes trop loin pour avoir entendu. Pour les autres, c’est une privilégiée ; elle a droit à la table du coin, celle qui n’a pas de toile cirée, et elle a même son sel et son poivre rien que pour elle.
— Allons, dépêchons-nous.
Sortie d’on ne sait où, Miss Foye l’interrompt brusquement dans ses réflexions.
— Un visiteur pour vous.
— Je parie que c’est Peter Martyr.
Au mot « visiteur », une des autres femmes a glissé ce nom, provoquant aussitôt un tollé général. Peter Martyr, quelle idée ! Un homme que la femme seule, là-bas, laisserait égorger sans même lever le petit doigt, pensez donc, quelqu’un qui n’est pas de
sa religion !
— Hérétique ! lance une voix.
— Païenne, murmure une autre
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Dimanche 13 janvier 2143
Comme minuit approchait, les folles couleurs fluorescentes de l’aurore boréale chatoyaient derrière la neige cotonneuse qui tombait sur Newcastle-upon-Tyne. C’était un peu comme si la nature faisait la fête avec la ville, générant un spectacle jade et
carmin bien plus élégant que les feux d’artifice qui illuminaient sporadiquement les toits depuis le vendredi.
L’inspecteur de classe trois Sidney Hurst regardait les groupes de noceurs qui titubaient sur les trottoirs gelés, qui se saluaient ou se prenaient à partie, selon leur degré d’intoxication. La glace, la neige, fondue ou non, brouillaient les particules intelligentes incrustées dans l’asphalte, aveuglant des portions entières du métamaillage qui contrôlait les routes de la ville, rendant très dangereux l’usage de la conduite automatique. Sid pilotait son véhicule de fonction banalisé manuellement, mais avec une aide électronique à la conduite sur route glissante. Les pneus neige offraient une capacité de traction suffisante et une stabilité correcte, lui permettant de rouler à cinquante kilomètres par heure comme il remontait Collingwood Street et passait devant la cathédrale. Le radar jetait des symboles d’alerte sur le pare-brise pour le mettre en garde contre les montagnes de neige sale formées de part et d’autre de la chaussée par
les chasse-neige de la municipalité.
Il neigeait depuis deux jours et, la température maximale à midi ne dépassant jamais moins douze degrés, il n’y avait pas eu de dégel, si bien que les élégantes bâtisses géorgiennes du centre-ville étaient plongées dans une ambiance de fêtes de fin d’année qui rappelait immanquablement Dickens. Une autre alarme se déclencha, montrant la silhouette d’un homme qui traversait la rue en courant juste devant la voiture, riant et se moquant de Sid, qui parvint néanmoins à le contourner au dernier moment. Après un dernier geste obscène, le type disparut dans la neige tourbillonnante.
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Les policiers avaient annoncé avoir une piste ; mais Racksole remarqua que le travail de la police consistait toujours à avoir une piste, et qu'ils en avaient rarement plus d'une, sans compter qu'une piste menant à une impasse était une chose passablement stupide.
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date : 11-07-2017
Il devait cesser de mentir. Il lui en avait fait la promesse.
Vincent se regardait fixement dans le miroir de la salle de bain. La chemise orange qu’il avait choisie lui donnait, certes, bonne mine, mais elle ne lui correspondait plus. Il ne voulait plus jouer un personnage, ne plus être le fils parfait. Il n’y a rien de plus difficile et douloureux que de jouer un rôle 24 heures sur 24, surtout auprès de gens qui sont censés vous connaître mieux que personne : vos propres parents.
Il enleva et jeta à même le sol sa vieille chemise orange. Il se força à s’observer.
Sa peau n’avait plus le blanc laiteux du début. Elle prenait une teinte grisâtre et certaines parties paraissaient même violacées selon l’éclairage de la pièce. Il pouvait compter ses côtes rien qu’en les regardant, sa cage thoracique, étroite et imberbe, semblait sur le point de s’effondrer sur elle-même.
Heureusement, il aimait toujours son visage. Si on ne prêtait pas attention aux cernes noirs sous ses yeux, on pouvait remarquer la finesse de ses traits, les longs cils de ses yeux sombres, la pointe
légèrement retroussée de son nez. Il avait renoncé depuis longtemps à apprivoiser ses cheveux noirs, légèrement ondulés, qui retombaient devant ses yeux en permanence et rendaient sa coupe au carré approximative.
Il sourit et ouvrit la bouche.
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Vous me demandez, frère, si j’ai aimé ; oui. C’est une histoire singulière et terrible, et, quoique j’aie soixante-six ans, j’ose à peine remuer la cendre de ce souvenir. Je ne veux rien vous refuser, mais je ne ferais pas à une âme moins éprouvée un pareil récit. Ce sont des événements si étranges, que je ne puis croire qu’ils me soient arrivés. J’ai été pendant plus de trois ans le jouet d’une illusion singulière et diabolique.
Moi, pauvre prêtre de campagne, j’ai mené en rêve toutes les nuits (Dieu veuille que ce soit un rêve !) une vie de damné, une vie de mondain et de Sardanapale. Un seul regard trop plein de complaisance jeté sur une femme pensa causer la perte de mon âme ; mais enfin, avec l’aide de Dieu et de mon saint patron, je suis parvenu à chasser l’esprit malin qui s’était emparé de moi. Mon existence s’était compliquée d’une existence nocturne entièrement différente.
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Je m’appelle Odd Thomas. Évidemment, mon nom ne vous dit rien, et en ces temps où la gloire est la nouvelle icône du monde, il n’y a aucune raison pour que cette seule information suffise à éveiller votre intérêt.
Je ne suis pas une célébrité. Ni même le fils d’une célébrité. Je n’ai jamais été marié à une vedette, ni violé par une quelconque star, et aucune personne connue ne se promène sur la planète avec l’un de mes reins dans son corps. Pis encore, je n’ai aucune envie de
devenir célèbre !
Pour tout dire, je suis un être si anodin selon notre échelle des valeurs que les magazines people ne m’accorderaient jamais une ligne dans leurs pages ; ils seraient même capables de rejeter ma simple demande d’abonnement de crainte d’être aspirés dans le trou noir de mon insignifiance et de disparaître corps et âme !
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date : 25-06-2017
Seulement le propriétaire de la Grenadière apprit à quelques-uns de ses amis le nom, sans doute vrai, sous lequel l’inconnue avait contracté son bail. Elle s’appelait Augusta Willemsens,
comtesse de Brandon. Ce nom devait être celui de son mari. Plus tard les derniers événements de cette histoire confirmèrent la véracité de cette révélation; mais elle n’eut de publicité que dans
le monde de commerçants fréquenté par le propriétaire.
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date : 25-06-2017
Ni laide ni jolie, madame de Listomère a des dents blanches, le teint éclatant et les lèvres très rouges ; elle est grande et bien faite ; elle a le pied petit, fluet, et ne l’avance pas ; ses yeux, loin d’être éteints, comme le sont presque tous les yeux parisiens, ont un éclat doux qui devient magique si par hasard elle s’anime. On devine une âme à travers cette forme indécise. Si elle s’intéresse à la
conversation, elle y déploie une grâce ensevelie sous les précautions d’un maintien froid, et alors elle est charmante.
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date : 25-06-2017
Depuis que le comte Ernest de Restaud s’était introduit chez la vicomtesse, et que Derville avait découvert la sympathie de Camille pour ce jeune homme, il était devenu aussi assidu chez madame de Grandlieu que l’aurait été un dandy de la
Chaussée-d’Antin nouvellement admis dans les cercles du noble faubourg. Quelques jours auparavant, il s’était trouvé dans un bal auprès de Camille, et lui avait dit en montrant le jeune comte : – Il est dommage que ce garçon-là n’ait pas deux ou trois millions, n’est-ce pas ?
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date : 25-06-2017
La rue du Tourniquet-Saint-Jean, naguère une des rues les plus tortueuses et les plus obscures du vieux quartier qui entoure l’Hôtel-de-Ville, serpentait le long des petits jardins de la Préfecture de Paris et venait aboutir dans la rue du Martroi, précisément à l’angle d’un vieux mur maintenant abattu. En cet endroit se voyait le
tourniquet auquel cette rue a dû son nom, et qui ne fut détruit qu’en 1823, lorsque la ville de Paris fit construire, sur l’emplacement d’un jardinet dépendant de l’Hôtel-de-Ville, une salle de bal pour la fête donnée au duc d’Angoulême à son retour d’Espagne. La partie la plus large de la rue du Tourniquet était à son débouché dans la rue de la Tixeranderie, où elle n’avait que cinq pieds de largeur. Aussi, par les temps pluvieux, des eaux noirâtres baignaient-elles promptement le pied des vieilles maisons qui bordaient cette rue, en entraînant les ordures déposées par chaque
ménage au coin des bornes.
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Ça l'emmerde d'être en costume, mais ça c'est le travail.
Il ne supporte pas les branleurs qui se plaignent des contrôles au faciès et qui se baladent en jogging. Depuis il s'habille comme ça - et il a compris le truc il y a déjà une bonne dizaine d'années- il s'est fait arrêter une seule fois. Pour téléphone au volant.
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Le soir tombe lentement. Un reste de lumière vient mourir sur l’eau, s’enfonçant comme une lame dans la surface calme que rien ne peut déchirer. Comme j’aime cet étang, sa sauvagerie paisible et son indifférence. Aux heures les plus cruelles, c’est ici que je suis venue chercher un peu d’apaisement. J’y viens encore ce soir, malgré le froid. Il n’est de souffrance que l’étang ne puisse partager avec moi. Depuis si longtemps que nous sommes ensemble. Depuis toute ma vie.
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" Ce Jean Barret, capitaine, ne serait-ce pas plutôt une femme ? Les hommes ne cessent de groumer à son sujet, lui attribuant tous les maux de cette croisière exécrable. Une femme à bord, le lest du diable ! "
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C'est une mission de confiance dont j'apprécie la valeur. J'irai donc à Marseille. Pour les modalités de... l'opération, j'espère que vous me laisserez les coudées franches.
- Justement non. Ce que je veux savoir, c'est si vous êtes capable aussi, je viens de vous le dire, d'agir comme un automate, de n'être que l'instrument passif de ma volonté. En conséquence, vous serez, je ne vous le cache pas, discrètement accompagné, surveillé, épié par des gens à nous, qui me rendront compte... Voici le programme que vous devrez suivre : au 4 bis de la rue Feutrier à Montmartre, il y a une remise dont voici la clef. (Il posa devant lui une lourde clef ancienne.) Dans cette remise, vous trouverez une 24 MP Rolls Royce. Vous la prendrez et vous partirez demain, à l'aube, pour Marseille. Je pense qu'un homme comme vous sait tenir le volant.
- Oui... mais pourquoi pas le train? demanda Lupin.
Le Chef eut un geste agaçé.
-Vous aurez besoin de cette voiture là-bas...
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Le premier avril se trouvant être la fête de Mlle Perlin (Huguette de son prénom), le champagne coulait à flots ce jour-là chez Valentin Roussel lorsque le téléphone se mit à sonner. Agacé, Valentin décrocha pour entendre la voix d'un de ses clients qui annonçait au bout du fil : "Je vais vous en raconter une bien bonne".

Presque aussitôt, deux coups de feu font vibrer l'appareil et une voix ricane : "Poisson d'avril !" Humour noir qui peut se défendre quand on s'adresse à Maître Roussel, bien connu pour son étonnante aptitude à se plonger dans les histoires criminelles les plus farfelues.

Mais cette blague sonne faux et Valentin, qui allait se remettre à table, file brusquement à Ivry, chez Constantin, son correspondant ... Si le pauvre diable a vraiment voulu faire une farce, c'est bien la dernière qu'il fera jamais, du moins sur cette terre ...

"En avril, n'ôte pas un fil", dit sentencieusement Mlle Perlin tandis que Roberte revêt une robe extrêmement décolletée pour assister en compagnie de Valentin à la soirée que donne la baronne de Cuxac, en son hôtel de l'île Saint-Louis. Une soirée à ne pas rater car c'est Constantin - le cadavre du premier avril - qui conduit le bal.
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date : 09-05-2016
C’était une femme énorme, qui boitait légèrement. Son visage était ravagé, bouffi d’alcool. Sa voix était sensuelle, gouailleuse, avec une pointe d’accent parisien, débordante d’intelligence. Surtout, elle avait des yeux admirables, on ne voyait que ça. Leur bleu lavande dévorait son visage. C’étaient des yeux brûlants, et humides de tendresse, des yeux faits pour trier les âmes. Seuls les médiocres pouvaient les ignorer.
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Le tonnerre éclate de nouveau, plus proche, plus violent. La porte de l’appartement frémit et s’entrouvre sur un rai d’obscurité.
- Monsieur Géricault ? répète Mélia, tandis que Moussaillon, souple et silencieux, se faufile dans l’entrebâillement.
Personne ne répond. La jeune fille pousse la porte d’un coup d’épaule. Une bouffée d’air vicié s’engouffre dans ses narines. Un mélange d’odeurs de peinture, d’huile de lin, de sueur… et de cadavre. Ces dernières semaines, Géricault s’est procuré des restes humains dans un hôpital, pour les étudier en vue de la réalisation de son prochain tableau.
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Chassés par les grands vents du nord, les loups traversaient le fleuve glacé, s'engouffraient dans la plaine offerte et neigeuse et venaient guetter leurs victimes aux abords des villes. Tout au long de la nuit, le Vieil Homme entendait leurs hurlements. Blotti près de la fenêtre, il cherchait à travers le brouillard les yeux jaunes qui piquetaient d'effroi la solitude déposée en plaques, depuis combien d'années déjà, dans sa peau, dans son souffle. Sur les vitres, le givre sculptait des étoiles, des branches aux feuilles ajourées, de ces dentelles cristallines que l'on trouve partout, en plastique ou en strass, dans les magasins à la veille de Noël ; ou encore en vapeur gelée dans de nombreux pays, très chauds l'été, très froids l'hiver, comme celui où nous sommes pour l'heure. C'est dire que le Vieil Homme avait du mal à distinguer, derrière cet ouvrage d'un Père Noël transformé en miniaturiste persan, les formes et les événements devant sa maison. Mais la chaleur du bon vieux poêle en céramique verte était arrivée à son point optimal, faisant fondre la glace au milieu du carreau, et le hublot ainsi ménagé permettait de mieux discerner maintenant le drame qui se jouait dehors.
Non, il ne pouvait pas dire qu'il avait peur. Est-ce qu'on a peur quand on rêve, transi de néant? Peut-être, mais c'est une peur si froide, si inaccessible, qu'elle paraît artificielle, comme une fantaisie, presque amusante dans l'agitation pathétique des humains. Cette lutte avec les loups était cependant quotidienne, permanente, car, nourrie de la nuit, elle se poursuivait tout le jour. Et le Vieil Homme ne cessait de déceler les signes des passages loufoques : odeurs fauves, traces de griffes sur les allées humides du parc, dans l'air étouffant des foules, sur les gorges des animaux, des oiseaux et même des femmes. Aucun doute : les hordes sauvages étaient là, dissimulées mais présentes. Elles s'emparaient des villages et des villes, elles s'infiltraient sous la peau des gens, le monde entier devenait de plus en plus canin, féroce et barbare.
– Vous rêvez, souriait Alba Ram.
Car parfois le vieillard osait lui confier ses certitudes et ses visions, rien qu'à elle, persuadé que l'innocence , de sa jeune amie la destinait probablement à être la victime des loups, mais en aucun cas leur complice.
Rêve ou cauchemar ? Et cette douleur au creux du ventre, qui le réveillait en plein cœur de la nuit, à l'heure même où les hurlements reprenaient et où les yeux sauvages perçaient le rideau, taraudaient la chair, se vrillaient dans l'estomac – brûlantes ventouses, là, au-dessous du cœur, précisément? Ils le labouraient de leurs crocs, ils le léchaient de leurs museaux, le sang allait jaillir, il ne suffirait plus de se réveiller. Les loups avaient trouvé son point faible, ils avaient collé leurs gueules dessus, ils le déchiquetaient au-dedans, tandis qu'au-dehors le Vieil Homme continuait d'entendre leurs cris à pleines oreilles, de compter leurs empreintes partout dans la neige.
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Julian,

Je te rends ce qui t'appartient, qui t'a toujours appartenu parce que tu en es l'âme : mon roman. Je ne lui ai pas trouvé de nom sans doute parce qu'il est inachevé. Ou plutôt pas encore né, comme un fœtus non viable.

Tu pourras le détruire sans même le lire. Moi je n'ai pas ce courage. Accepte cet ultime cadeau, preuve de ma bonne foi tardive : je n'en ai pas gardé de copie, il ne paraîtra jamais. Personne ne sera témoin de notre histoire, elle disparaîtra avec nous, c'est mieux ainsi.

Avec toutes mes excuses.

Thomas
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date : 06-03-2016
L'hôtel était encore plus magnifique de nuit que de jour, mis en valeur par des lumières de couleur. Sans même me changer j'ai descendu les escaliers menant à la mer d'un pas fébrile, comme si j'allais à un rendez-vous raté. Je ne me suis pas arrêté à ma cachette habituelle, non, je suis descendu jusqu'à la plage directement.

Une silhouette était étendue par terre, j'ai pris peur. Et s'il était blessé, mort ? Si l'affrontement avait dégénéré en mon absence, le laissant inanimé sur le sable ?

J'ai posé ma main sur son épaule, il a ouvert les yeux, surpris, et m'a fixé à travers la pénombre. Puis sans un mot, nos bouches se sont heurtées et je me suis couché contre lui sur le sable froid.
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date : 05-03-2016
Introduction
Juillet 1992, j'ai 16 ans, je passe un mois au Rwanda. Première rencontre avec l'Afrique et découverte de ce petit pays de la région des Grands Lacs.
Le Rwanda est en pleine ébullition politique et la petite républicaine française que je suis observe avec intérêt les signes de démocratisation dont tout le monde parle. Je suis exaltée à l'idée d'être témoin de la naissance d'une démocratie, de vivre à travers discussions et observations les espoirs de liberté nouvelle de mes amis rwandais.
Il suffit de se promener dans la rue pour voir défiler, affublés de leurs chapeaux et de leurs foulards, les militants des différents partis politiques. J'assiste même à une grande fête où 400 personnes venues de plusieurs collines dansent et chantent, présentant avec enthousiasme leur allégorie de la démocratie sous les couleurs de leur parti.
Avril 1994, le Rwanda a sombré dans l'horreur et le chaos. Qu’est-il arrivé ? Qu’est-il advenu des espoirs du passé ? Ma naïveté politique en prend un coup. Je m'interroge, quelle démocratie pouvait-on entrevoir derrière cette démocratisation ? Que signifiaient les banderoles et les meetings populaires ?
Je décide alors d'essayer de comprendre.
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Introduction
Les amateurs de fantastique savent qu’un effet très particulier peut résulter de la lecture d’un récit fantastique, c’est d’ailleurs bien souvent dans l’espoir de ressentir à nouveau cet effet qu’ils se précipitent sur les textes appartenant à ce type de littérature. En fait, parmi les personnes s’intéressant de près ou de loin au fantastique, la question de l’effet ne laisse personne indifférent. Des auteurs comme Maupassant, Poe, Lovecraft en ont parlé; l’unheimliche ou inquiétante étrangeté occupe une place de choix dans la psychanalyse freudienne; certains théoriciens du fantastique lui accordent une attention particulière, c’est le cas de Louis Vax, qui met de l’avant le sentiment de l’étrange,
de Roger Caillois, qui s’interroge sur l’impression d’étrangeté irréductible, ou encore d’Irène Bessière, pour qui la frayeur est la seule chose que l’œuvre a
à proposer. Quant à Tzvetan Todorov, dont l’ouvrage est devenu la référence principale dans ce domaine, loin d’être indifférent au problème, il considère que cet effet n’intéresse que les psychologues, reléguant ainsi hors du champ d’étude un objet qu’il juge secondaire. Cette prise de position a bien entendu suscité un débat au sein des théories du fantastique, un débat où le point de vue du texte et celui de l’émotion s’affrontent. Ce que l’on a tendance à oublier, c’est que l’effet ressenti à la lecture du fantastique est d’abord et avant tout
un effet de lecture.
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