Renarde

" Tu étais formidable, j'étais fort minable.
Nous étions formidables. "
- Stromae, Formidable -

S&C

Pas envie de raconter ma vie, juste de raconter la notre... ❤

Sarah & Camille... ❤

Tout débute le 16 août 2010, sur une plage du Sud. J'étais assise sur ma serviette, un carnet dans les mains, rongée par l'ennuie. Et toi, tu étais assise à côté, avec ton beau père. Vous discutiez sans arrêt, tandis que je vous regardais, inspirée. Finalement, tu t'es approchée en me demandant ce que j'écrivais. Je t'ai présenté mes poèmes, et c'est à ce moment que tout à commencé. On ne s'est pas lâché jusqu'à mon retour chez moi. Je t'ai donné mon adresse mail, mon numéro de téléphone... Durant toute l'année, on a parlé, rit, pleuré ensemble... La distance n'a fait que renforcer le lien qui c'était tissé entre nous. Puis c'est le 29 juin 2011 que tu m'apprends ça. Je venais d'avoir Skype, et nous discutions par WebCam. J'ai mis un moment a réalisé que tu étais sur un lit blanc, dans une chambre blanche, et surtout que tu étais branchée de partout. Je vois aussi la courbe des battements de ton coeur, si faible.. Je revois ton visage gêné, ton sourire habituel crispé.
- Je suis désolée Camille, j'aurais du te le dire avant...
Je n'avais que 10 ans, mais je savais des choses que je n'aurais jamais du savoir à cette âge là.
- Camile... Je... Je ne sais pas comment te dire... J'ai la mucovisidose.
Je n'ai rien dit sur le moment. Je savais que son espérance de vie se résumait à 21 ans. Je ne voulais pas. J'ai juste pleurer, avant de me reprendre en main.
- Sarah, sache que je ne t'abandonneras pas. Tu es ma meilleure amie, je serais prête à tout. Je me battrais avec toi promis.
Le lendemain, mon premier réflexe, c'est d'entrer dans l'association Grégory Lemarchal. Jusqu'à début juillet, j'ai combattu avec toi, à travers des appels ou des mails, on s'en foutait, ce qu'on voulait c'est être ensemble un point c'est tout. Lorsque j'ai débarqué ici, dans ta ville, tu sortais tout juste de l'hôpital. On a passé deux semaines a tout faire ensemble, plage, ville, jeux, baignade... Et tu as rechutée. Alors j'ai trouve une solution : le matin, clandestinement, je me rendais dans la chambre 113 pour ouvrir te voir, seulement quelques minutes, mais c'était mieux que rien... Apres une dure semaine, tu est ressortie vainqueure de ton combat. On en profité au maximum et on a tout gravé dans des photos. Je suis repartie chez moi, dans les montagnes. On a pas lâché quand même. On a attendu un an avant de se revoir enfin... Seulement, deux jours avant mon départ, tu n'es pas la.., J'essaye par tous les moyens, rien.. En arrivant, j'apprends que tu as été admise à l'hôpital suite à un manque d'air dans ton sommeil. J'ai passé mon temps près de toi, le matin en allant chercher le pain, ou parfois pendant la journée quand j'étais seule dans l'appart... Je me souviens, tu passais tes journées dans un lit, branchée de toutes parts, assomée à coups de médocs... Je me souviens de la kinésithérapeute qui passait jusqu'à la moitie de sa journée à te vider les poumons, de l'infirmière qui venait toutes les demis-heures vérifier tous les tuyeaux, refaire les pansements, te redonner tes médicaments... C'est cette année que j'ai rencontré Éléanore, ta demi-soeur. Nous sommes devenues proches, et nous nous sommes battues ensemble. Je suis finalement repartie le coeur léger, car tu as réussi à sortir de ce terrible endroit, et avec toi, un sourire éternel que tu ne quittais pas. La terrible année 2012 était passée, mais nous ne savions rien de ce qui se passerait ensuite... Pendant l'année 2013, on a continué à combattre ensemble. Notre première source de courage était deux chansons que tu adorais : La Poupée et Jacques a dit. On les a chanté ensemble pendant des heures et des heures... Tu m'as dit que tu voulais qu'on chante ces chansons quand tu mourrais. Comme si tu savais déjà le futur. Mais jusqu'à présent tout allait bien, tu n'avais pas rechuté. Jusqu'à début juin. Un appel Skype banal, tu étais à l'hôpital pour un contrôle banal. On discutait de tout et de rien mais principalement de mon arrivée qui était prévue dans un mois, puis soudain, silencieusement, tu tombes. En arrière, sur ton lit. J'ai le temps de voir ton visage devenir plus blanc que jamais, de voir tes yeux devenir vides d'expression, de voir tes lèvres prendre une pâleur glaçante... La courbe s'est arrêtée, l'appel aussi. J'ai su par la suite que le temps que les infirmières ont réussie à te réanimer. Mes parents ont décidé de venir faire un WE ici en avance, et j'ai pu te rejoindre. Je suis restée a côté de toi durant trois longs jours. Tu est revenue à toi le 11 juin. Ton visage était plus blanc que l'hôpital. On a pu se prendre dans nos bras, se dire des milliers de chose même si tu étais encore sonnée, sous le choc... Tu m'as tendue un papier que tu voulais que je lise seulement quand tu seras morte. J'ai rangé la papier en lui promettant, J'ai quitté ta chambre vers 20h00, le lendemain, je suis revenue te voir. On a reparlé jusqu'à ce que tout redevienne comment deux semaines avant. À un détail, près : tu toussais à t'en arracher les poumons. J'ai voulu appeler l'infirmière, tu as refusé. La scène s'est déroulée quasiment de la même manière. Tu est tombée en arrière, avec le même visage. Le temps qu'elles arrivent, il était trop tard. Tu étais en Haut, parmis les anges. Le 12 juin 2013 devient le pire cauchemar de mon existence. Un cauchemar devenu réalité. Tu avais encore au moins la moitié de ta vie à vivre, tu ne pouvais pas partir si vite... Tu m'as laissé ici, dans ce monde qui n'est plus le mien. Je n'ai pas pu venir à ton enterrement, j'ai juste pu pleurer et chanter dans ma chambre ce que tu voulais pour ton enterrement. J'ai repensé au papier. Je l'ai lu, Relu, lu encore... Et après j'ai pleuré. Pendant ce temps, j'ai lutté avec Eléanore pour rester forte. Mais le 19 juin, ton beau père m'a appelé pour me dire qu'elle avais sauté de son balcon sous une voiture.
Maintenant, vous êtes ensembles, et ça me rend heureuse.

Maintenant, si je suis encore ici, c'est grâce à mes amies. Sans elles, je ne pense pas que j'arriverais à survivre. Je n'ai que elles. Mes parents n'ont jamais su que mes meilleures amies sont décédées. Maintenant j'ai changé. Je ne suis plus innocente comme avant. Je suis devenue pessimiste, froide, distante, triste, trop adulte et pourtant trop gamine... Un médecin m'a dit que j'avais le Syndrome de Peter Pan. En fait je l'ai toujours eu. Seulement ma vie n'était pas assez triste, mon corps ne le developpait pas. Seulement, un choc psychologique à tout changer. Mois de juin, il apparaît. Je commence à me renfermer, à me taire, à être silencieuse. Nouveu diagnostic : " Votre fille est non seulement atteinte du Syndrome de Peter Pan, mais aussi de l'Imposteur ". Je ne serais plus jamais la même. Je serais désormais trop adulte, et trop gamine à la fois. Mais je en serais plus jamais moi.

Aujourd'hui, le 12 septembre, cela fait trois mois que tu es morte Sarah. Éléanore cela fête bientôt trois mois toi aussi.. Je pense à vous très souvent. Vous me manquez. Vous étiez tellement de choses... Sarah... Éléanore... Soyez heureuse en haut. ❤
Sarah, Eléanore, je vous aimais, je vous aime, je vous aimerais éternellement ❤❤❤❤❤

Je n'ai été qu'une minable. Même pas capable de combattre la mort. Alors que toi tu as tout fait. Tout affronté avec courage. Moi je n'ai été qu'une figurante. Une minable. Rien d'autre.