Les Survivants, Tome 3 : Soulèvement

Mais c’est alors que des déflagrations sourdes brisèrent le silence et qu’une nuée de plombs s’abattit sur eux. Ils venaient de se faire repérer par l’ennemi.

Dans les secondes qui suivirent, toute l’armée révolutionnaire se porta au secours de son leader. Retranchés derrière de frêles abris, les hommes engagèrent le combat. Mat parvint à ramper derrière un muret de briques et observa les mouvements de l’ennemi. Il y avait certes des unités de soldats qui sortaient de la base, mais il repéra également des ennemis retranchés dans les décombres d’une usine située à quelques mètres d’eux, sur la gauche.

Ils se retrouvèrent rapidement pris entre deux feux.

-Bon sang, ils nous ont tendu une embuscade ! hurla-t-il.

C’est ainsi qu’une bataille acharnée s’engagea.

Les hommes tombaient un à un, créant des trous béants dans leurs lignes de défense. Malgré une riposte vive, les coups tirés ne faisaient que peu de victimes dans les rangs ennemis.

L’accrochage s’éternisa, les deux parties alternaient les tirs sporadiques et les moments de calme depuis plusieurs heures. Toutefois, la situation de la Résistance devint critique, puisque les munitions commencèrent à manquer.

Au milieu de cet enfer, Angela, qui scrutait l’entrée de la base, aperçut un véhicule léger s’approcher d’un enclos à zombies. Un homme, équipé d’un long bâton, se pencha par la fenêtre de la portière du côté passager et, d’un mouvement vif, ouvrit le portail. Aussitôt, une nuée de morts-vivants déferla à l’extérieur.

La jeune femme comprit immédiatement les intentions de l’ennemi. En libérant les infectés, ils voulaient semer la pagaille dans les rangs des opposants et ainsi forcer ceux-ci à sortir de leurs cachettes. Elle avertit Mat du danger, lequel planifia immédiatement un repli.

-De toutes façons, il ne nous restait plus suffisamment de cartouches pour tenir la position.

Quand les premiers éléments se levèrent pour fuir, ils furent abattus sur-le-champ.

Mat observa la position de l’ennemi et s’informa, d’un rapide coup d’œil, de l’avancée de la vague d’infectés.

Elle fondait sur leurs positions, sans la moindre hésitation.

-Nous allons nous servir des zombies pour sortir de notre planque, proposa-t-il. Dès qu’ils seront près de nous, nous pourrons nous lever et fuir. Si tout se passe comme prévu, ils nous serviront de bouclier contre les balles ennemies.

Malgré l’ordre du leader, certains, pris de panique face à l'avancée inexorable des zombies, quittèrent brusquement leurs abris. A l’exception de rares chanceux, ils furent fauchés par des tirs précis.

Une poignée de secondes plus tard, alors que les affamés pénétraient dans leur périmètre, Mat cria l'ordre de repli.

Aussitôt, un déluge de plomb s’abattit sur eux, perforant les corps fragiles des zombies en projetant des lambeaux de chairs et des giclées d’hémoglobine autour d’eux.

Dans cette fuite, deux résistants furent blessés par des balles perdues, mais dans l’ensemble, l’audacieux mouvement fut un succès.

Haletants, ils ne s’arrêtèrent de courir qu’après avoir parcouru une distance suffisante.

Errant dans une ville dévastée où le danger pouvait surgir à chaque coin de rue, la poignée de rescapés cherchait à regagner le campement.

Sans munitions, démoralisés et complètement perdus, l’avenir de ces malheureux s’assombrissait.

Ils cheminaient à travers les quartiers d’une ville dont les natifs ne reconnaissaient plus le visage.

Depuis des mois, l’armée, dirigée par la Renaissance, s’était acharnée à raser, brûler, exterminer toute trace d’humanité.

L’air hagard, les rescapés découvraient l’entêtement et la férocité employée par l’ennemi pour tout anéantir.

-Nous n’aurions pas souffert davantage si nous avions été attaqués par des extraterrestres, souffla Mat.

-Oui, ce spectacle est effrayant, ajouta Angela, traînant ses pieds dans la poussière.

-Ça me rappelle un film de science-fiction que j’avais vu jadis. Des Aliens s’attaquaient à la terre en détruisant tout sur leur passage.

-Le problème, ici, c’est que tout ceci a bien été provoqué par nos concitoyens, reprit Angela. Je pensais que l’endroit où nous nous terrons était la cible de toutes leurs attaques. Mais en regardant autour de nous, on se rend compte qu’on a été préservé.

-C’est bien ce qui me préoccupe, ronchonna Mat.

-Comment ça ?

-En observant ce paysage cauchemardesque, on se rend bien compte que leur puissance n’est plus à démontrer. Ils ont la possibilité d’anéantir une ville mais étrangement, le secteur dans lequel nous nous cachons a été préservé. Je pense qu’ils connaissent notre position depuis longtemps.

-Alors pourquoi ne nous ont-ils pas attaqués ? s’étonna Angela.

-Je l’ignore. En revanche, ce dont je suis sûr, c’est que nous devons regagner notre base au plus vite. Nous ne pouvons pas rester isolés longtemps. Nous finirions par succomber sous les attaques des infectés.