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Alphas Bad Boys, Tome 14 : La Lune de l’alpha



Description ajoutée par Jessica-142 2023-07-31T17:38:28+02:00

Résumé

Mon alpha m’a ordonné de ne pas m’approcher des humains.

Mon loup est hautement instable. Presque sauvage. On ne peut pas me faire confiance avec les civils.

Et encore moins avec l’adorable institutrice de maternelle dont l’odeur me rend fou.

Mais elle a besoin que quelqu’un se fasse passer pour son petit ami pendant un weekend, le temps d’un mariage. Un mec costaud pour intimider son ex.

Comment puis-je refuser?

Je ne désobéirai pas directement à un ordre; il ne s’agira pas d’un vrai rencard.

Ce sera une mission sympa et sans dérapage. Nous aurons des chambres séparées.

Je tiendrai la bride haute à mon loup.

Et je ne marquerai pas la douce humaine pour la revendiquer, peu importe à quel point j’en ai envie…

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Classement en biblio - 41 lecteurs

extrait

Deke

La jungle de Porto Rico est dense et humide. La nuit, le chant du chœur de coquís, les grenouilles locales, résonne dans l’obscurité écrasante. Je progresse en silence sur les feuilles pourrissantes qui tapissent le sol de la forêt tropicale et me mets en position. Channing est déjà là, à plat ventre. Les yeux plissés, il regarde par la lunette de son fusil de précision.

« On a deux gardes sur le pont », murmure-t-il.

Grâce à notre ouïe métamorphe, nous n’avons besoin d’aucun moyen de communication pour nous entendre. Et je n’ai pas besoin de lunettes de vision nocturne non plus. C’est pour cette raison que le colonel Johnson a créé une équipe d’opérations spéciales entièrement composée de métamorphes. Il est l’un d’entre nous. Il savait de quoi nous serions capables si nous n’avions pas à dissimuler nos capacités à nos camarades humains.

D’un coup d’œil, je peux voir la silhouette de deux membres du cartel. Ils se tiennent à l’entrée de la cabane, porte ouverte. Chacun tient une mitrailleuse.

« Qu’est-ce que tu en penses ? Des otages à l’intérieur ? demande Channing à voix basse. Attachés, bâillonnés ?

— Bâillonnés. Attachés avec des cordes. » Je suppose, en tout cas.

« Je ne vois pas de chiens, ajoute-t-il. Donc, on attend le signal de Rafe. »

Je hoche la tête et enlève ma couche supérieure de vêtements, y compris mes plaques militaires. Le colonel Johnson a fait confectionner une tenue de camouflage spécialement pour nous. Le tissu est assez élastique et flexible pour s’adapter à notre forme humaine comme à celle de notre loup. J’imagine que les supérieurs de l’armée ont pensé que nous serions plus vulnérables si, une fois de nouveau sous forme humaine, notre sexe se balançait entre nos jambes. Comme si nous en avions quelque chose à foutre d’être vus à poil.

Je mute, mais tente de garder un certain contrôle, de retenir mon loup. Il a hâte de se mettre en chasse. La triste vérité, c’est qu’après des années de conditionnement à la guerre, il est toujours prêt à tuer, surtout pour secourir des civils. Parfois, le besoin de protéger prend le pas sur la raison.

Le signal convenu est un long coup de sifflet à ultrason canin, qu’aucun humain ne peut entendre. Dès qu’il retentit, je me précipite en avant avec Channing. Sous ma forme de loup, je suis plus rapide ; je prends de l’avance.

Nous sommes presque arrivés lorsque je détecte un vrombissement, un peu plus loin sur la route. Un problème se présente sous la forme d’une vieille camionnette diesel. Merde ! D’autres kidnappeurs qui arrivent pour monter la garde.

L’assourdissant coup de sifflet à ultrason me vrille les tympans. Deux sifflets courts, cette fois. Rafe nous dit de tourner les talons.

J’essaie d’obéir. De suivre les ordres. La partie en moi qui se souvient encore de la chaîne de commandement lutte pour conserver le contrôle.

Mais mon loup n’en a cure.

C’est trop tard… je sens l’odeur du colis. L’humaine effrayée qui a peut-être perdu tout espoir d’être secourue.

Il ne faut pas désobéir à un ordre. Même si nous n’appartenons plus aux opérations spéciales, les loups aussi suivent leur chef, et Rafe est notre alpha. Mais je ne peux pas retenir mon loup. Il a besoin de sauver l’humaine. Je m’élance. Mes pattes avalent la distance qui me sépare de la cahute.

« On annule la mission », gronde Channing, mais je suis déjà trop loin. Telle une ombre silencieuse, je saute sur la plateforme en bois.

Le premier garde meurt presque en silence. Il s’affaisse sur la terrasse. L’autre garde fait volte-face. Il cherche la détente de sa mitrailleuse, mais un loup de près de cent kilos lui saute à la gorge. Il s’écroule, et je le réduis au silence de mes crocs.

De façon permanente.

Des coups de feu me font lever la tête. J’ai le museau mouillé et du sang dans la bouche. De l’autre côté de la cabane, notre équipe attaque le camion diesel. Je les y ai forcés en refusant de suivre les ordres. Désormais, c’est la seule option.

Des coups de feu supplémentaires, le grondement du loup de Lance et des hurlements noient un moment le chœur de coquís. Puis le moteur du camion est coupé, et le silence retombe.

« Putain de merde, Deke ! » lance Channing à voix basse. Toujours sous sa forme humaine, il grimpe sur la terrasse, prêt à tirer. « Tu étais censé suivre les ordres. »

Mon loup lui montre les dents.

« Merde. Complètement loco », marmonne-t-il en passant à côté de moi. Il suit le protocole : il inspecte chaque coin sombre avant de pénétrer dans la cabane. Quelques secondes plus tard, je l’entends essayer de rassurer l’otage à mi-voix.

Je suis content qu’il puisse le faire ; je lui ficherais la trouille de sa vie.

Je me retourne avec un grondement. La truffe au sol, je m’assure que toutes les menaces ont été éliminées.

Gangsters : morts. Otage : secourue. Mission accomplie. Le seul problème ? L’action s’est terminée en moins de quatre-vingt-dix secondes. Mon loup en veut plus.

Je descends de la terrasse en trottant et contourne la cabane pour m’approcher du camion. La cabine est maculée de sang. Le cadavre de l’un des membres du gang est assis à la place du conducteur. Un autre se trouve à quelques mètres de la portière passager.

Non loin, Lance démonte les semi-automatiques des cibles. Il ne porte que sa sous-tenue de camouflage. Ses plaques scintillent sur son torse nu. Il n’a pas eu le temps de les retirer avant de muter.

« Putain, Deke, dit-il en guise de salut. J’ai foutu en l’air un fute neuf à cause de toi. » Il sépare les pièces métalliques de l’arme et les laisse tomber dans un sac ouvert à ses pieds.

Pour me rendre utile, je vais récupérer son sac, resté à son poste de surveillance en haut de la colline. Nous emportons une tenue de rechange supplémentaire pour les cas de figure de ce genre. Lance n’avait pas prévu de muter, mais le comportement de mon loup l’y a forcé pour mener la mission à bien. Quoi qu’il arrive, je peux toujours compter sur mes frères de meute.

« Merci », grogne Lance à mon retour. Il s’habille rapidement.

« On bouge. Channing est déjà parti avec le colis. » Le colis, c’est l’otage. En tant que mercenaires, nous avons reçu une somme conséquente pour la secourir. Le contrat provenait de quelqu’un de haut placé au gouvernement qui ne souhaitait pas risquer une équipe militaire pour cette mission. « On se retrouve au QG. »

Un craquement dans les buissons derrière moi me prévient de l’arrivée de mon alpha.

« Putain, c’était quoi, ça, soldat ? » demande Rafe en grondant, même si techniquement, nous ne sommes plus des soldats.

Je baisse la tête.

« Je pense que ça s’est bien passé, sergent, avance Lance avant d’enfiler son T-shirt.

— On t’a rien demandé ! Bouge, maintenant », lâche notre alpha en montrant la colline.

Lance prend son sac à dos et obéit.

Quatre heures plus tard, nous sommes de retour au QG, un hangar d’avion désaffecté. Un petit charter arrivera bientôt pour nous ramener discrètement chez nous. Lance m’a aidé à me débarrasser du sang sur ma fourrure à l’aide d’un tuyau d’arrosage, même si mon loup rechignait à effacer toute trace de sa tuerie. Je suis d’abord allé courir pour essayer de me défouler. J’ai attendu le dernier moment pour reprendre forme humaine.

Channing arrive au QG en dernier. Il ne prend pas la peine d’utiliser le tuyau ; il plonge directement la tête dans un seau d’eau, puis se sert d’un chiffon pour effacer la peinture de camouflage sur son visage. « Le colis a bien été livré, annonce-t-il. Tout est bien qui finit bien.

— Pas si vite. On a un problème. » Rafe rentre dans le hangar après avoir passé un coup de fil à notre contact. Il me pointe du doigt. « Ton loup devient incontrôlable, Deke. » Il n’a pas tort. J’ai désobéi à un ordre direct.

« Oui, sergent. » Ma voix est rocailleuse, gutturale, comme si ma gorge n’était pas habituée à prononcer des mots humains. Nous ne sommes plus militaires, mais nous appelons toujours Rafe sergent.

« Tu avais reçu l’ordre de tuer, Deke ? »

Une vague de nausée me noue le ventre. C’est pour ça que Rafe a décidé que nous devions quitter l’armée l’année dernière. À chaque chasse, je devenais plus sauvage. Nous le devenions tous. Rafe a dit que nous devions partir avant de tous perdre notre humanité et de devoir être abattus.

« Pour la défense de Deke, il n’a éliminé que les cibles », dit Channing.

Rafe se tourne vers lui et lui montre les dents. Channing baisse la tête et lève les mains en signe de soumission.

« On n’avait pas l’ordre de tuer, gronde Rafe.

— Le colonel Johnson ne nous contracterait pas s’il ne s’attendait pas à des victimes, remarque Lance.

— Seulement parce que Deke devient incontrôlable ! »

Le poids s’intensifie dans ma poitrine.

Merde.

Rafe se met à faire les cent pas. Ses bottes frappent le béton en un rythme discontinu. Il pourrait se déplacer en silence s’il en avait envie. Il fait du bruit pour appuyer ses propos. Je me prépare à ce qui va suivre.

Ça arrive bien trop tôt. Rafe s’arrête devant moi et donne un coup de sifflet à ultrason. Au garde-à-vous, je m’efforce de ne pas laisser le son aigu me faire grimacer. Channing et Lance se couvrent les oreilles.

« Qu’est-ce que ça signifie, soldat ? aboie Rafe.

— Les signaux sont au vert, chef ! »

Rafe recommence. Deux courts sifflets. « Et ça ?

— Mission annulée, chef ! »

Rafe s’approche jusqu’à ce qu’il soit nez à nez avec moi. Il plonge ses yeux jaunes dans les miens. Je fixe un point au loin, malgré une pulsion fébrile de bondir et d’attaquer.

Il s’agit d’un test. Si je tiens tête à mon alpha, c’est le signe qu’il est trop tard pour moi. Ce que ma meute redoute depuis quelques années.

Je dois réussir ce test.

Je me force à penser à des chiots. À d’innocents bambins. À des humaines… C’est une nouvelle pensée, mais elle se présente. Comme si je pouvais rechercher du plaisir pour me récompenser si je passe ce test.

Comme si c’était possible.

Mon équipe ne me laisse pas approcher les humains. Pas après le combat dans ce bar, l’année dernière. Mon loup est bien trop imprévisible et agressif. Trop assoiffé de sang.

Mais penser à de fragiles créatures suffit. Il se détend.

Mon alpha se tient à quelques centimètres de moi. Il sent le changement dans mon corps et hoche la tête. Mais il n’en reste pas là pour autant.

« La discipline, soldat, gronde-t-il dans mon oreille qui siffle. C’est tout ce qui nous protège du mal de lune.

— Oui, chef », dis-je lorsque je parviens à desserrer les dents.

#

Sadie

Sadie, tu vas sur la place ? J’y serai aussi. On pourrait se voir après ta soirée entre filles. Mon ventre se noue fermement lorsque le message fait sonner mon portable. Il a peut-être l’air amical, mais mon corps le ressens comme une agression.

J’en ai marre de Scott Sears et de ses tentatives pour me reconquérir.

Qu’est-ce qu’il n’a pas compris dans : « C’est terminé entre nous » ?

Je lève les yeux au ciel et range le téléphone dans mon sac. Après avoir replacé mon précieux et ridicule paquet sous mon bras, je traverse la rue en direction du restaurant de Taos. Il est bondé.

C’est l’heure du dîner, et il y a école demain. La plupart du temps, je préfèrerais rentrer me détendre chez moi après avoir fait classe à des élèves de maternelle toute la journée, mais aujourd’hui, c’est mercredi.

Le jour où on se plaint en buvant du vin, comme mes copines et moi aimons l’appeler. Et ces mercredis sont sacrés.

« Sadie, par ici ! » Assise à une table en terrasse, Adèle secoue la main. Les muscles de ma nuque se décontractent un chouia dès que je la vois, attablée avec le reste de mes amies. Tabitha et Charlie sont affalées sur leurs sièges, mais elles se redressent un peu à mon arrivée. Adèle reste assise, le dos droit comme un i.

Mes amies sont les meilleures. Nous sommes toutes différentes, mais notre amitié fonctionne.

Adèle est la beauté sophistiquée, toujours bien mise. Elle est propriétaire de la chocolaterie locale. C’est notre mère poule, toujours impeccable dans ses tenues vintage. Ce soir, elle porte une robe trapèze inspirée des années 1950, dont la couleur vert mousse met parfaitement en valeur sa peau brune et ses yeux verts. Au lieu d’une veste, elle porte un châle taupe brodé de fils dorés. C’est la plus élégante de notre groupe, et elle prend son rôle à cœur.

Tabitha porte souvent des habits vintage, elle aussi, surtout des années 1920, 1960 et 1970. Elle est capable de porter une robe des années 1920 à sequins un jour, et un jean oversize à pattes d’éléphant le lendemain. Aujourd’hui, elle porte un bandeau en perles et une combinaison jaune. Encore une tenue qui rend hommage à Cher. Elle lui ressemble, avec son teint olive et son visage pointu.

Charlie… est Charlie. C’est la plus petite d’entre nous, et la plus mince. La plupart du temps, je la vois vêtue d’une chemise bleue et d’un short ou d’un pantalon bleu marine épais — sa tenue de postière. Grâce à son emploi, sa peau est toujours bronzée, complimentée par ses courts cheveux blonds. Ce soir, son T-shirt porte l’inscription effacée : Pour ma défense, on m’a laissée sans surveillance.

Et moi, je suis Sadie Diaz, tout simplement. Originaire de Taos, institutrice de maternelle. Les yeux et les cheveux bruns, une taille moyenne, un poids moyen. Tout de moyen. Tabitha dit que je m’habille comme une institutrice de maternelle. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais mes élèves adorent mes boucles d’oreilles en forme de chats et mes ballerines aux couleurs vives.

« Contente que tu aies pu venir », me dit Charlie en souriant. Une margarita est déjà posée devant elle. J’essaie de ne pas laisser transparaître ma jalousie.

Je pose la boîte noire du jouet sur la table. « Désolée pour mon retard. Je devais aller chercher un colis.

— Qu’est-ce que c’est que ce truc ? » demande Tabitha avec une grimace. Elle parle assez fort pour que plusieurs clients dans le restaurant tournent la tête dans notre direction, mais elle s’en fiche. Le nez plissé, elle s’adosse à sa chaise et examine le jouet.

Je comprends sa réaction. La peluche dans la boîte est à mi-chemin entre un démon et un lièvre, avec des yeux rouges, des cornes et des crocs.

« C’est un jackalope », dis-je sur un ton d’excuse. Mes trois meilleures amies se penchent pour regarder la peluche de plus près.

Charlie soulève la boîte et grimace en lisant le texte écrit en noir. « Oh, j’en ai entendu parler. C’est le jouet le plus populaire, cette année. Il est en rupture de stock dans la plupart des États.

— J’ai commandé le mien il y a des mois. Mes élèves ne parlent que de lui. Certains parents sont prêts à commettre un meurtre pour s’en procurer un. C’est pour ça que je l’ai apporté. Je viens de le recevoir, et je ne le quitterai pas des yeux.

— Comment est-ce qu’il fonctionne ? Ah, oui. » Essaie-moi ! est inscrit sur le plastique transparent à côté d’un bouton rouge. Charlie appuie dessus. Un rire effrayant s’élève de la boîte. Le monstrueux jouet se met à vibrer, et ses yeux rouges s’allument. « Tu ne veux pas jouer ? demande-t-il d’une voix tout droit sortie de Poltergeist.

— Merde ! s’étrangle Tabitha. C’est quoi, ce bordel ?

— Oh, quelle horreur. » Adèle secoue la tête, ce qui fait rebondir ses boucles brunes autour de son visage. Elle lève la main. « C’est trop flippant », ajoute-t-elle en frissonnant. Elle s’enveloppe dans son châle. Il commence à faire frais dès que le soleil se couche.

« C’est vrai qu’il est flippant, dis-je en examinant le jouet plus attentivement. La première fois que j’ai appuyé sur le bouton, j’ai failli lâcher la boîte. Alors que je savais ce qui allait se passer.

— Recommence », dit Tabitha avec un sourire malicieux. Adèle lève les yeux au ciel.

« Tu es sûre ? demande Charlie en approchant son pouce du bouton.

— Vas-y. » L’expression de Tabitha n’est pas sans rappeler celle du jackalope.

Les dents serrées, Charlie s’exécute. « Tu ne veux pas jouer ? » murmure une voix sinistre dans la boîte.

Tabitha et Adèle poussent un cri. « Range-le », réclame cette dernière. Tabitha a l’air d’avoir envie de continuer à appuyer sur le bouton.

Charlie place la boîte un peu plus loin sur la table, hors de portée. « Merde. Les enfants jouent vraiment avec ce truc ? »

Je hausse les épaules.

« Les enfants de nos jours… Ils sont bien plus intéressés par les trucs effrayants que je ne l’ai jamais été, dit Adèle en replaçant ses couverts autour de son assiette vide pour la cinquième fois.

— Au moins, ce n’est pas un bébé Cthulhu. Ils étaient très à la mode l’année dernière. » La serveuse arrive avec un plateau plein de boissons. Je range avec soin le jouet dans son sac.

« Alors, tu en as acheté un pour ta classe ? me demande Adèle.

— Oui. Seulement un, ils devront partager.

— Tu es l’instit de maternelle la plus gentille au monde, dit Tabitha en levant sa margarita à la framboise. Et c’est dire quelque chose. La barre est haute.

— À la douce Sadie, ajoute Charlie en levant son cocktail, un Fat Tire, pour porter un toast.

— À Sadie », répètent Tabitha et Adèle. Elles lèvent à leur tour leurs verres.

Les joues rouges, je bois une gorgée de margarita à la mangue en même temps qu’elles. Mes amies sont ce que j’ai de meilleur dans ma vie, en ce moment. Même si nous pourrions difficilement être plus différentes les unes des autres, je les aime comme des sœurs.

« Tu ne voulais pas de margarita ? demande Tabitha à Adèle.

— Non », répond celle-ci du bout des lèvres en faisant tourner le vin rouge dans son verre.

Tabitha repousse sa longue chevelure rousse sur son épaule. « Elles sont vraiment bonnes, chantonne-t-elle.

— Non, merci. » Adèle penche son verre. Elle ferme les yeux et respire le bouquet du vin sans cesser de le faire tourner.

« Snob, la raille gentiment Tabitha.

— Laisse-la tranquille. » Charlie parle un peu fort, mais ce n’est pas dû à l’alcool. Elle aime être bruyante, c’est tout. Elle se balance sur sa chaise, la maintient un instant en équilibre sur deux pieds, puis la laisse retomber avec fracas. « Il faut bien que quelqu’un boive du vin, dit-elle. Après tout, on est mercredi. Le jour où on se plaint et on boit du vin.

— Juste le jour où on se plaint, la contredit Tabitha. Quand on a lancé cette tradition, on s’est mises d’accord. On n’est pas obligées de boire du vin, seulement de se plaindre. Bon, qui commence ?

— Sadie. » Par-dessus son verre à pied, les yeux verts d’Adèle me transpercent. Rien n’échappe à notre mère poule officielle.

« Sadie, tout va bien ? demande Tabitha.

— Qui est-ce que je dois tuer ? s’enquiert Charlie en posant ses coudes sur la table. Scott ? Je vais le défoncer. » Elle est sérieuse.

Je pose ma margarita sur la table et soupire. « Tout va bien.

— Non. Allez, accouche. » Tabitha remue les doigts pour m’encourager à parler. « Qu’est-ce qu’il a fait, cette fois ?

— Vous vous êtes remis ensemble ? demande Charlie, sourcils froncés. Je pensais qu’après… l’incident…

— L’incident ? C’est comme ça qu’on appelle une tromperie, maintenant ? lâche Tabitha en récoltant le sel autour du bord de son verre au bout de son index.

— On est toujours séparés. Mais il aimerait qu’on se remette ensemble. Il vient de m’envoyer un message pour me demander si on peut se voir ce soir.

— Sérieusement ? Il t’a trompée ! » Charlie et Tabitha ont l’air sur le point d’exploser.

Adèle lève la main. « Chhh. Calmez-vous, Sadie parle.

— Merci, dis-je avec un sourire en coin. On ne se remettra pas ensemble. Je lui ai dit non, mais il se montre très persistant. » Je baisse les yeux vers mon sac, où j’ai rangé mon portable. Je l’ai éteint après le dernier message pour avoir la paix. Si ça se trouve, j’ai plusieurs appels manqués et des messages de Scott.

« C’est-à-dire, persistant ? demande Tabitha sur un ton soupçonneux.

— Il m’appelle, m’envoie des messages. Des cadeaux. Il m’a fait livrer des fleurs, des chocolats.

— Il t’a acheté les chocolats ? » demande Charlie à Adèle.

Elle secoue la tête sans me quitter des yeux. « Non. Il sait que s’il entre dans ma boutique, il en sortira en mauvais état. » Elle parle d’une voix douce, mais je n’ai aucun doute qu’elle ressortirait gagnante d’une prise de bec avec Scott.

« D’accord. Donc, Scott t’a acheté du chocolat bas de gamme », dit Tabitha. Elle met l’accent sur bas de gamme, comme s’il s’agissait du péché le plus scandaleux. Et, dans notre groupe, ça l’est. « Et ensuite ?

— Il n’arrête pas de me contacter. L’autre jour, il était devant l’école avec mon père. Scott prétend que c’était pour une réunion professionnelle, mais je pense qu’il l’a programmée exactement au moment où mes élèves sont en récréation.

— Ça craint, dit Charlie.

— C’est Scott tout craché. Tout sauf sincère. Comment fait ton père pour ne pas s’en rendre compte ? s’agace Tabitha.

— Parce que le père de Sadie est comme lui, dit Adèle avec fermeté. Ils font la paire. » Elle hausse un fin sourcil brun en me regardant droit dans les yeux.

Je garde le silence, parce qu’elle a raison. Mon père adore Scott et ses idées de développement immobilier bien plus que ça n’a jamais été mon cas. Il avait tout prévu pour notre mariage. Pour qu’ils puissent ensuite régner ensemble sur le secteur immobilier de la région. Adèle a raison. Scott est la copie conforme de mon père.

« Tu vas résister, n’est-ce pas ? me demande Tabitha en se mordillant la lèvre. Tu ne le reprendras pas ?

— Non. » Je n’ai aucune intention de me remettre avec Scott un jour. « Mais il refuse de lâcher l’affaire. Tu le connais, il n’accepte pas les refus.

— Ça craint », répète Charlie avant de vider sa bière. Nous terminons également nos verres. Lorsque la serveuse passe près de notre table, nous commandons une autre tournée en même temps que nos plats.

« On peut t’aider ? demande Tabitha une fois que la serveuse s’est éloignée. On pourrait peut-être lui parler.

— Non, ne faites pas ça. Connaissant Scott, ça ne ferait qu’aggraver la situation. Il a l’habitude d’avoir ce qu’il veut, c’est tout.

— On ne peut pas faire confiance à ces promoteurs immobiliers, marmonne Charlie, la bouche pleine de chips de tortilla. Ils sont tellement insistants. Ils passent leurs journées à conclure des contrats, et quand ils rentrent chez eux, ils s’imaginent que c’est la seule façon de communiquer. »

Tabitha acquiesce de la tête. Charlie et elle se lancent dans une discussion sur l’un des sujets préférés des Taoseños, les habitants de Taos : les promoteurs immobiliers malfaisants.

« Je suis désolée, Sadie, me dit Adèle à voix basse.

— Ce n’est rien. Parlons d’autre chose. Je n’ai pas envie que mes histoires de cœur pourries gâchent notre soirée. »

Elle me serre la main sans répondre.

Heureusement, je suis sauvée par le rugissement d’un groupe de motos qui traversent la place. Quatre gros véhicules pilotés par de gigantesques bikers arrivent sur la place. Ils s’arrêtent dans une ruelle à proximité de l’unique zone piétonne.

Tabitha gémit. « Oh, bon sang. Encore des fans d’Easy Rider qui recréent leur voyage à travers le Sud-Ouest. » Depuis le film emblématique des années 1960, Taos fait partie intégrante du pèlerinage des motards. Sans parler de l’énorme rassemblement annuel de bikers à Red River lors du Memorial Day. Il attire plus de vingt mille personnes dans la région.

Mais ces types évoquent quelque chose de différent. Ils n’ont pas l’air d’être des hippies fans d’Easy Rider. Et ils n’ont ni les cheveux longs ni la barbe qui caractérisent certains de ces groupes de motards. Ces hommes sont grands et baraqués. Le torse et les épaules larges. D’épaisses cuisses musclées.

Oh, bon Dieu, suis-je vraiment en train de mater leurs cuisses ?

Nous restons silencieuses pendant qu’ils descendent de leurs motos, puis passent devant la terrasse du restaurant. Comme l’on pourrait s’y attendre, ils sont vêtus de cuir et couverts de tatouages. Tous portent des lunettes aviateur.

Tabitha s’affale un peu plus sur sa chaise. « Merde, souffle-t-elle.

— Eh ben. Je te parie que si tu touchais un de ces mecs par inadvertance, tu serais empoisonnée à la testostérone », dit Charlie avec mépris. Les quatre bikers s’arrêtent devant la terrasse du restaurant. Rassemblés en un groupe intimidant, ils conversent entre eux.

À la place d’une veste en cuir, l’un d’entre eux ne porte qu’un veston en cuir noir qui laisse ses bras nus. Lorsqu’il enlève ses lunettes, son biceps se contracte. Il est pratiquement aussi gros qu’un ballon de basket. Un tatouage ondule sur son bras, un loup noir sous une pleine lune. Les muscles de mon bas-ventre se contractent avec violence.

L’homme tourne lentement la tête dans notre direction. Ses cheveux sombres sont rasés sur les côtés, ce qui ne laisse rien pour dissimuler les traits masculins de son visage. Waouh. Ses yeux d’un brun café scintillent de façon étrange à la lumière du crépuscule. Mes membres fourmillent. Il me regarde. Sans chercher à s’en cacher.

De son propre chef, ma main se lève.

« Sadie ! murmure Tabitha. Qu’est-ce que tu fais ? »

Honnêtement, je ne sais pas. Je semble incapable de détacher mon regard de cet homme. Pourtant, il est à peu près autant mon genre que le lampadaire derrière lui. Je le salue néanmoins de la main. Il me rend mon salut d’un geste du menton. Une décharge électrique me parcourt de part en part, de la tête aux pieds, comme si j’avais été frappée par la foudre. Ses lèvres parfaites esquissent un sourire en coin, puis il se tourne de nouveau vers ses amis.

Ils terminent leur conversation et s’éloignent à grandes enjambées. Leurs lourdes bottes ne produisent aucun son sur le pavé, mais j’ai l’impression de sentir crépiter l’air autour de la place. Le motard brun regarde par-dessus son épaule, me regarde. Il m’adresse un clin d’œil. Une autre décharge électrique. Mon cœur manque un battement.

« Attends… je rêve, ou ce mec vient de te faire un clin d’œil ? s’exclame Adèle.

— Oui, je crois bien, dis-je en riant.

— Oh, bon Dieu, gémit Tabitha.

— Ces mecs font peur, ajoute Charlie en les désignant du pouce par-dessus son épaule.

— Je ne sais pas, dis-je, songeuse. Je l’ai trouvé plutôt sexy. » Scott est grand et séduisant, et il est fier des muscles qu’il cultive à la salle de sport. Mais à côté de ce motard ténébreux, il aurait l’air d’un enfant.

Mon aveu laisse un instant mes amies bouche bée, puis nous partons toutes d’un grand éclat de rire.

Je parcours la place du regard à la recherche des bikers.

« Qui sont ces motards ? demande Tabitha à la serveuse lorsqu’elle apporte nos plats.

— Ils passent de temps à autre, dit-elle en haussant les épaules. Parfois, ils viennent à moto, parfois dans un de ces fourgons militaires.

— Sérieusement ? Un Humvee ? » Charlie est impressionnée. Elle s’y connaît dans le domaine.

« Un Humvee, c’est comme un Hummer ? lui demande Tabitha.

— Non, c’est un véhicule militaire. Ils ne sont pas tous autorisés sur la route. Ce sont d’anciens militaires ?

— Je ne pose pas de questions, ma chérie, répond la serveuse. Je la ferme et je me rince l’œil.

— Tu vois. Elle aussi, elle les trouve sexy.

— Je n’ai pas dit qu’ils n’étaient pas sexy, marmonne Tabitha avant de boire une gorgée d’eau.

— Ça leur arrive de manger ici ? » s’enquiert Adèle. Elle tient fermement son verre à moitié plein entre ses mains.

« Non, ils ne s’attardent jamais. Quand ils ne sont pas sur leurs motos, ils passent juste faire le plein de courses et repartent.

— Je trouve qu’ils ont plus l’air de militaires que d’un groupe de bikers, dit Charlie. La façon dont ils se tenaient, vous voyez ? Les épaules en arrière et le torse bombé. Et leurs crânes rasés.

— Je dois avouer que je n’ai regardé que celui avec une lune et un loup tatoués, dis-je.

— Ils avaient tous ce tatouage, m’apprend Adèle.

— Vraiment ? » Tabitha la regarde avec insistance, mais elle se contente de répondre : « Oui.

— Si Sadie sortait avec un mec comme ça, tu imagines ? Scott ferait un caca nerveux, remarque Charlie.

— Tout comme son père », renchérit Tabitha.

Adèle s’étrangle de rire. « Oh, Seigneur, ce serait hilarant. Vous imaginez la tête de Scott ? »

C’est mon tour de boire longuement mon verre d’eau. Je peux tout à fait imaginer la tête de Scott s’il me voyait avec un biker de ce genre. Il péterait un câble. Mais je n’ai pas envie de penser à lui. Comment serait-ce d’être avec un homme comme ce motard ? Serait-il génial au lit ? En admettant qu’il s’intéresse à moi. Un homme comme lui, aux muscles saillants, allongé nu sur ma couette…

Mes joues s’empourprent. Je serre mon verre vide dans ma main. Il n’y a pas assez d’eau dans le monde pour étancher ce désir.

Charlie me jette un coup d’œil inquiet. « Hé, je plaisantais », dit-elle comme si elle avait deviné mes pensées. Que je suis partie loin, au point d’imaginer ce type baraqué comme mon partenaire. « C’était juste une blague. C’est sûr que ces types sont dangereux.

— Si ce sont des militaires, ils le sont certainement beaucoup moins qu’un groupe de bikers, dis-je.

— Même dans ce cas, ça ne donnerait rien de bon, déclare Charlie. Je ne sortirais jamais avec un militaire. Ils couchent avec tout le monde et ils sont accros à l’adrénaline. Ils n’ont pas l’étoffe d’un petit ami, c’est sûr. Surtout pour toi.

— Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ?

— Non, rien. Simplement que tu es douce et gentille, Sadie. J’ai dit ça pour vous faire rire, rien de plus. Je n’aurais jamais imaginé que tu envisages de sortir avec quelqu’un qui leur ressemble.

— Bah, on ne sait jamais. » Je hausse les épaules.

Le regard de mes amies devient scrutateur. Pour les amuser, je leur fais un clin d’œil, mais une graine de rébellion et d’audace a pris racine en moi.

Je crois que j’adore l’idée de choquer les habitants de cette petite ville, qui s’imaginent tous me connaître, en fréquentant un grand méchant biker.

Mais Charlie a raison. C’est de la folie.

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J'adore cette série des"Alphas Bads Boys". Je ne vais pas reprendre toute la série, je viens d'arriver sur Booknode, mais j'adore les personnages et le fait de retrouver certains personnages des autres livres qui composent cette série.

Les gars sont craquants et les femmes fortes et vulérables à la fois. ce livre ne déroge pas, mais l'histoire réussit, bien que ce soit le 14ème dans la série, à avoir un scénario original par rapport aux autres livres.

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Date de sortie

Alphas Bad Boys, Tome 14 : La Lune de l’alpha

  • France : 2023-08-31 (Français)

Activité récente

vero86 le place en liste or
2024-01-17T14:21:29+01:00

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Note globale 7.6 / 10

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