Fashion Lover, Tome 2 : Rassure-moi

J’avais fait une croix sur la possibilité de retrouver un jour le monstre qui avait fait ça à Zoé, ma soeur. Et j’avais appris à vivre avec. La douleur était toujours là, mais j’avais réussi à la faire taire et continuer ma vie. Cette lettre anonyme, reçue aujourd’hui, et qui me donne rendez-vous jeudi prochain pour me dévoiler l’identité du meurtrier, vient raviver toutes les plaies, toutes les colères, toutes les peines liées au drame. Je ne sais plus que faire. Je ne sais pas si j’aurai le courage d’aller au rendez-vous. Et je ne sais pas si j’aurai le courage de ne pas y aller. Et… comment vais-je supporter les jours précédant ce fameux jeudi ? Il reste une semaine et demie avant la date fatidique !

Chloé et Manue prennent les choses en main. Elles me proposent d’appeler mes parents. Comment ai-je pu oublier de les prévenir ? Je suis un monstre. Elles m’assurent que non, que c’est normal, que je suis chamboulée. Leurs paroles m’apaisent. Elles passent une commande de sushis.

— Pas question que tu restes sans manger. Et puis ce soir, on dort ici. Chloé, tu prendras le canapé, et j’irai chercher mon sac de couchage. 

Je n’ai pas la force pour de grandes déclarations, mais je leur suis infiniment reconnaissante. Manue nous quitte pour aller chercher de quoi dormir cette nuit, et Chloé me tient la main pendant que je compose le numéro de mes parents. Personne ne répond. J’ai l’habitude, ils laissent souvent leur mobile en silencieux, et me rappellent plus tard, lorsqu’ils voient l’appel. Mais ce soir, je ne peux pas supporter d’entendre le téléphone sonner dans le vide.

Un coup de sonnette retentit, je fais un bond. Ce n’est que le livreur de sushis. Chloé l’accueille, le paie, et met les paquets au frigo en attendant Manue. Doucement, elle me fait revenir à mes esprits. Elle me propose de regarder un film ce soir, entre filles. Je n’ai pas la tête à ça, mais je sais que ça peut me faire du bien. Je lui demande de choisir. Elle est toujours de bon conseil en matière de cinéma.