Lecture longue et laborieuse de ce roman très exaltant et finalement captivant qui analyse brillamment les passions humaines et la lente agonie d'un couple, sous fond d'antisémitisme grimpant annonçant la tragédie à venir de façon presque prophétique...

Tout comme Solal et Ariane, le lecteur (bon, moi, en l'occurrence :)) est traversé d'une multitude de sentiments et d'émotions, y compris certains auxquels l'on ne s'attend pas forcément, comme le rire. Car en plus de raconter à la perfection l'histoire des deux amants, l'auteur nous offre quelques scènes au très haut potentiel comique... Famille Deume, suivez mon regard...

J'encourage tous les amateurs de littérature (notamment classique, romantique ou tragique) effrayés par la longueur, les chapitres sans ponctuation et la difficulté d'accès de certains passages (parfois) à s'accrocher coûte que coûte pour atteindre le bout de ce roman qui vaut sincèrement le détour.

La métaphore et le grand nombre de niveaux de lecture sont superbes. Au moins autant que la bonne surprise que fût cette lecture, plusieurs années après avoir détesté le film.

Un récit court mais dense, et surtout bouleversant, qui nous arrache de vigoureuses larmes dès les premiers mots lâchés en guise d’introduction :
«
- Je l’ai cherchée partout.
- …
- Est-ce qu’il reste des gens là-bas ?
- Monsieur, il faut vous préparer au pire. »

Plutôt que de nous livrer par le menu, à travers ses yeux d’homme endeuillé, le récit de cette horrible nuit que nous avons tous vécue, au moins par procuration, Antoine Leiris raconte les minutes, heures et jours qui ont suivi, les sentiments éprouvés, ceux refusés, dans un texte simple, émouvant (pour ne pas dire déchirant) et très digne. Les mots viennent du coeur et sont écrits avec spontanéité, on le sent à chaque page.

A la haine, il répond par une formidable déclaration d’amour. A sa femme, disparue cette nuit-là. A son couple. A la famille qu’ils formaient tous les trois avec leur fils. Car si la mort nous prive d’un être cher, ici de la pire des façons, comment oublier celui, celle ou ceux qui restent et ont encore besoin de nous.

La vie s’arrête. Puis rapidement, la vie continue.
Nous sommes tous un jour confrontés aux sentiments et ressentiment décrits dans ce livre, en cela, il possède quelque chose de très universel. Nous ne connaissons pas l'auteur, nous ne connaissions pas sa compagne. Son histoire n’est pas la nôtre, pourtant nous pouvons facilement nous retrouver dans ses mots.

Vous n’Aurez Pas Ma Haine n’est enfin pas seulement intime, universel ou bouleversant. Il est aussi utile. Utile pour exorciser la peine et expier la colère qui peuvent surgir quand nous nous sentons basculer.

Lecture Commune - Janvier 2017
"Ecrit avec une finesse et un rythme qui traduisent la grande vivacité d’esprit dont était certainement pourvue son auteure, Orgueil et Préjugés est captivant de bout en bout.
Evidemment, on s’attache (logiquement) très rapidement à l’héroïne, piquante et pleine d’esprit, mais le reste des personnages est tout aussi attachant, que ces derniers présentent de grandes qualités humaines (une aînée aimante, tolérante et responsable, un patriarche cultivé, désintéressé et plein de repartie bien que plus solitaire, un Charles Bingley agréable, sociable et bienveillant) ou des défauts plus contestables (une mère de famille obsédée par le statut et la situation - de ses filles, des personnes qu’elle côtoie, une Caroline Bingley hallucinante de mépris et de condescendance, un cousin arrogant dépourvu de toute trait d'esprit et enfin, un Wickham, dont je ne dirais rien de plus au risque de spoiler).
Dans ce roman, Jane Austen fait et défait avec humour et tendresse les réputations de toute cette petite société (la révélation Darcy, très attendue) où les relations progressent en permanence sous sa plume et dont on suit les pérégrinations avec beaucoup de plaisir.

En conclusion, un gros coup de coeur pour ce livre passionnant qui impressionne encore plus, quand on sait qu'elle l'a rédigé alors qu’elle n’avait qu’une vingtaine d’années.
Comment peut-on à ce point percer la nature humaine avec tant de justesse à un si jeune âge ? Les anglaises sont définitivement maîtresses en la matière."

Dans ce roman, le texte, si riche, se confronte à une intrigue, au prime abord, plutôt simple en apparence, et offre, à chaque fois, une multitude de possibilités.
On se plait donc à tenter de deviner les actes à venir des personnages et l’issue possible de chacune des intrigues mais, jamais, ces dernières n’avanceront dans la direction imaginée.
A chaque fois, on se laisse surprendre par la tournure inattendue que prennent les choses. Et si c'est un réel plaisir de se prendre à ce jeu de la devinette, la révélation, si inattendue soit-elle, n'en est que plus choquante.

J’avais peur, en débutant ce roman (reçu dans le cadre de mon abonnement à la Kube), de m’ennuyer et de ne pas me plaire dans le décorum pensé par l’auteur (Amérique profonde white trash, omniprésence de Dieu et de la foi tout au long des pages, accent porté sur seulement 2 ou 3 personnages dans les tous premiers chapitres) mais j’ai été complètement conquise par cette histoire jusqu’au-boutiste où se croisent en définitive un très grand nombre de personnages aux histoires bien différentes mais aux mêmes destins brisés.
Comment tout cela va-t-il ou peut-il finir ? Une seule et simple question à laquelle on souhaite répondre, nous faisant tourner les pages à une vitesse, impatient d'en découdre.

Bref, une excellente surprise mais attention, la lecture est assez éprouvante.

- ARGENT -

Dieu que cette lecture fût laborieuse et éprouvante... Cette interminable (ou presque) lignée de personnages aux noms et comportements similaires a complètement paralysé ma concentration et ce fût bien difficile de ne pas décrocher, page après page...

Je n'ai toutefois pas pu me résigner à lui attribuer la note neutre par excellence car je continue de croire que ce n'est pas un mauvais livre. Au contraire, je pense que sa réputation de chef d'oeuvre est amplement méritée tant, une fois les dernières lignes lues et digérées, Cent Ans de Solitude laisse une si grande et puissante impression.

Reste que j'ai pris bien peu de plaisir à atteindre cette toute dernière page et suis passée complètement à côté de cette histoire incroyable. Je retenterai peut être un jour car j'ai crû comprendre que beaucoup avaient détesté à l'issue d'une première lecture pour adorer lors d'une seconde tentative, mais ça ne sera vraisemblablement pas pour tout de suite !

Déception pour ma part, je n'ai pas du tout été embarquée par l'histoire que raconte "Avant d'Aller Dormir".

La plume est plutôt agréable, les personnages de Christine et du Docteur Nash attachants et bien écrits, mais l'histoire ne décolle, à mon sens, jamais. Les 2 premiers tiers sont, certes, intéressants mais au vu des longueurs, ils finissent par devenir un peu mornes et répétitifs. Passés ces 2 tiers, le rythme s'accélère, je me suis sentie reconnectée au livre mais les révélations finales m'ont laissée de marbre et donné cette mauvaise impression de "déjà vu, déjà lu, déjà entendu", pire, j'ai cru déceler quelques incohérences. Si ce n'en étaient pas, les choses me paraissaient tellement grosses que je n'ai pas réussi à y adhérer.

Spoiler(cliquez pour révéler)

C'est plan-plan comme tout et évidemment, on n'échappe pas au happy-end. Pour la prise de risques, on repassera...

J'imagine que ça reste un bon thriller mais je pense qu'il y a des choses plus originales et captivantes à découvrir dans le genre. Je le place en Lu aussi.

Je connaissais l'histoire de réputation et pensais ne pas avoir de surprises mais le récit, la manière dont est racontée l'histoire et son dénouement m'ont finalement prise de court. J'en attendais beaucoup pour ces raisons et aussi parce que le thème du double m'a toujours passionnée dans l'art et la fiction.

Le fait que l'histoire soit en grande partie racontée d'un point de vue extérieur m'a un peu décontenancée au début mais je me suis finalement laissée prendre au jeu. Plutôt que de juger et de décortiquer les tréfonds de l'âme d'un être "dérangé", ce parti pris met une distance et se contente de relater l'action, nous laissant spectateurs et seuls juges des faits, à l'instar du narrateur. Cela permet également d'installer l'intrigue, de créer le mystère et d'attiser la curiosité, autour de Hyde notamment.

J'ai adoré le décor, victorien et nocturne ; l'atmosphère, troublante et mélancolique qui nous amène à réfléchir sur les notions de bien et de mal et l'équilibre nécessaire entre les deux que ne parviendra jamais à trouver notre protagoniste.
J'aurais aimé davantage de transgression et de noirceur dans la description du comportement et des actes de Hyde mais il faudra se contenter de l'existant. Il faut savoir que Stevenson a totalement réécrit son roman après avoir jeté au feu une première version très mal accueillie par sa femme. Ce premier jet était il plus fourni ? Plus sombre ?

La fin est assez ambigüe, elle peut laisser circonspect, pourtant elle relève un caractère assez fascinant et continue de nourrir les fantasmes. Le type de fin très frustrante mais aussi pleine de finesse et d'intelligence car l'histoire survit au-delà des dernières pages et s'ancre durablement dans l'esprit du lecteur. Car au final, qu'aura-t-on vraiment su de cet homme, de son vécu, de son parcours et du chemin mental ayant amené ses troubles psychologiques ? Ce n'est visiblement pas l'histoire qu'avait envie de raconter l'auteur et tout bien réfléchi, ce n'est pas non plus ce que j'avais envie de lire.

"Lecture pas désagréable mais loin d'être transcendante, la fin aura même été un peu laborieuse.
L'histoire est franchement trop prévisible et politiquement correcte à mon goût (pseudo conte de fées à la sauce XXI° siècle et marketing, avec en guise de prince charmant, un milliardaire justement dépourvu de tout charme. Les rebondissements n'en sont pas -la révélation du "lourd" secret de Jack est à la fois décevante et très attendue. Homme parfait. Zéro défaut. ZzzzZzzz). L'écriture est rythmée mais je trouve qu'elle manque de style.

Dans le même registre, j'apprécie par exemple nettement plus les romans de Helen Fielding et d'Isabel Wolff, leurs héroïnes étant à mes yeux plus drôles et attachantes (Bridget Jones, pour la première, Tiffany Trott, pour la seconde). C'est donc un ni oui, ni non pour moi."

.LECTURE COMMUNE OCTOBRE 2015.

Le livre m'a plu dans l'ensemble sans pour autant susciter la passion ou l'addiction. Le fait de l'avoir découvert par touts petits bouts pendant de longues semaines n'a sans doute pas aidé...

J'ai aimé l'originalité de la double chronologie qui sollicite fortement notre mémoire et nous pousse à faire les connexions entre les différents protagonistes et ce qui les relie chacun entre eux sur les 2 périodes.
J'ai aimé cette galerie de personnages très différents et attachants (pour la plupart), les références cinématographiques, l'univers et surtout l'atmosphère générale, l'ambiance (facteur majeur, à mon sens, pour l'appréciation d'une histoire), instaurée notamment par le décor et sa photogénie : cette grande maison nimbée de mystère, perchée sur sa haute falaise, qui n'est jamais vraiment explicitement décrite mais qui s'impose pourtant à nous dès les premières pages. Le cadre idéal pour ce type de récit, entre suspense et mélancolie.

Malgré tout cela, je reste un peu sur ma faim. J'en attendais plus et la résolution des différents arcs me laisse un goût d'inachevé. J'ai été frappée par la maîtrise du rythme de l'histoire, qui s'accélère au fur et à mesure des chapitres, et donne envie de connaître la suite. A l'inverse, la fin me paraît beaucoup trop brutale, prévisible dans certains cas (Cléo/Sarah), pas assez travaillée dans d'autres (le Doc) voire carrément floue (Terry) (la faute, j'imagine, à ma lecture trop disparate pour ce dernier point).

Bref, c'est une légère déception pour ma part car j'attendais vivement de lire ce livre et découvrir son auteur (ça ne m'empêchera pas de lire ses autres roman) mais ça reste une bonne fiction, bien écrite et portée par des personnages forts et ambigus.

Il rejoint ma liste de bronze et je le recommande.

(nombreux spoilers éparpillés dans mon - long - commentaire)

Je termine à l'instant cette lecture commune qui m'a vraiment plue et m'encourage à poursuivre la découverte de l'oeuvre de James Ellroy, entamée avec le fascinant "Dahlia Noir" il y a un an.

Je ne connais pas bien encore l'oeuvre de cet auteur mais je trouve magnétiques son style d'écriture (bourré de références, à la portée de tous mais riche, direct mais empli de sous-texte), son goût pour le fait divers souvent glauque, toujours captivant, et son aisance à broder autour et à nous le retranscrire, la place prépondérante qu'il donne à l'Amérique (californienne notamment), personnage à part entière de ses romans avec ses blocs d'immeubles, bicoques de banlieue et caravanes crasseux, ses nuits mystérieuses, ses routes interminables, ses rades et motels sordides, ses personnages paumés en quête de gloire ou de reconnaissance, sa société un brin désenchantée et ses contre-cultures (envers d'Hollywood et cinéma parallèle pour le premier, mouvements hippies et critique de l'hégémonie WASP en fin de vie dans celui-ci) .

Dans Un Tueur Sur La Route, James Ellroy nous fait pénétrer dans la tête de Martin Plunkett, tueur en série (fictif) redoutable qui sillonne les routes américaines et tue froidement comme il respire. Le récit, qui s'échelonne sur plusieurs années, démarre par la capture de Plunkett, qui, du fond de sa cellule rédige ses mémoires et nous déroule donc son histoire, de son enfance presque fade à l'apogée de sa "brillante" carrière de serial killer.

Spoiler(cliquez pour révéler)

Faits et victimes qu'il garde scrupuleusement à l'abri face à des autorités avides d'informations qui douteront jusqu'au bout de l'étendue de l'oeuvre de Martin.[/spoiler]

J'ai aimé ce choix de narration. L'emploi de la première personne quasiment tout du long permet de suivre au millimètre près les faits et gestes du personnage principal, de se projeter dans sa tête [spoiler]sans toutefois réellement nous donner la solution sur ce qui a conduit ce jeune homme intelligent, manipulateur et pourtant banal (au départ), à accomplir tous ces meurtres pendant une quinzaine d'années.[/spoiler] L'intégration d'articles de presse, de rapports de police et d'interrogatoires, [spoiler]l'ajout d'un second protagoniste meurtrier qui exercera une certaine fascination sur Plunkett et ira même jusqu'à le déstabiliser, puis d'un troisième, cette fois du côté de la loi puisqu'il s'agira de l'agent du FBI en charge d'une partie de l'enquête, sont des idées bien trouvées permettant de cadencer le récit et d'offrir d'autres points de lecture ainsi qu'un contre-poids (relatif, certes) aux agissements éprouvants deMartin Plunkett.[/spoiler]

[spoiler]Bien que l'inspecteur ait souvent un train de retard sur les agissements de ses proies (j'ai beaucoup aimé le passage où il identifie enfin les 2 tueurs et fait une note d'humour dans son rapport sur la possibilité que les deux fassent copain-copain en prison alors que le lecteur sait déjà qu'ils sont comme cul et chemise depuis plusieurs années), son arrivée en fin de parcours accélère réellement l'histoire et porte le lecteur de ligne en ligne jusqu'à la fin. Plus les pages défilent, plus on approche du dénouement, bien que l'on sache pertinemment comment l'histoire se termine pour le personnage principal, plus on est pressé de voir la connexion se faire avec les premières pages du livre. Pour conclure sur un épilogue en forme de désenchantement (autre point commun avec "Le Dahlia Noir").[/spoiler]

Les deux autres forces du livre sont à mes yeux :
[spoiler]1/de ne pas chercher à rendre le personnage principal "sympathique", ou à lui trouver des circonstances atténuantes (folie, enfance traumatisante, etc), comme c'est souvent le cas dans ce type de fictions (au cinéma comme dans la littérature), ni de rendre ses faits et gestes "fascinants" (à l'inverse d'un Hannibal Lecter par exemple). Objectivement, ils peuvent l'être oui. Après tout, le mec est fin, doué, et agit en toute impunité pendant près de 15 longues années sans jamais se faire coincer. Jusqu'à la fin de son récit, il garde les cartes en main. Pourtant, il n'inspire rien d'autre que rejet, froideur et laideur et on a vraiment envie de le voir finir sa vie sur une chaise électrique.[/spoiler]

2/ la capacité d'Ellroy à mêler le réel et le fictif. Même si c'est moins appuyé que dans le "Dahlia Noir" (qui repose sur un véritable fait divers, tapez plutôt Elizabeth Short dans Google), j'aime bien ce petit côté chronologique qui nous emmène dans les tréfonds de l'histoire américaine. On croise ici Ted Bundy et Charles Manson, tueurs en série mémorables ayant fait l'objet de nombreux bouquins, films, téléfilms et séries (dernièrement "Aquarius" avec David Duchovny qui vient de démarrer aux USA je crois).Ellroy est vraiment un maître en la matière. Ces crimes, tout aussi atroces soient-ils, fascinent (la preuve avec Plunkett absorbé par l'histoire de Manson jusqu'à ce qu'il le rencontre, et que je soupçonne être, à ce moment la personnification des pensées d'Ellroy). L'affaire du Dahlia Noir éprouve et obsède autant le lecteur que le flic en charge de l'enquête. [spoiler]Dans une moindre mesure, Thomas Dusenberry, verra sa vie voler en éclat aux suites de la traque de Martin Plunkett.


Bref, un livre assez marquant, à découvrir pour qui aime les thrillers, les polars sordides bien ficelés et s'intéresse à l'envers du décor d'une Amérique qui fait/a fait rêver. Le bouquin a, qui plus est, un gros potentiel cinématographique, j'espère qu'une adaptation verra le jour !