Unis .... pour la vie ?

— Vincent, tu...

— Va la retrouver, je te dis !

Elle est sûrement en train de chialer dans son coin parce que je les ai envoyées chier, elle et sa sorcière de mère. Elle a grand besoin d’être consolée par un homme qui en est capable, ce que de toute évidence, je ne suis pas. Achève ce que tu as commencé, j’en ai plus rien à cirer. Je suis en colère. J’ai horreur de ces chichis, de ces cœurs, ces fleurs, ces dragées, ces effusions de larmes et sourires faux-cul ; ça me refile la nausée. Je me plie de bonne grâce au protocole parce que je respecte Roxane et ses choix. Si ça ne tenait qu’à moi, il n’y aurait eu que le passage obligatoire devant le maire. Pas besoin de toutes ces fioritures, ce dîner en grande pompe, cet orchestre dégoté par la belle-doche dans un annuaire des années 80 – j’avais proposé notre groupe, pour la musique, mais l’idée s’est vue refusée à l’unanimité. Et pas de belle-famille. Car il faut bien le souligner, les trois quarts des invités sont les proches de Roxane. Le quart restant, ce sont mes amis – évidemment, quand on a grandi sans parents, les choses s’en voient grandement simplifiées. Saloperie de mariage. Je me suis engagé pour l’échange de oui, pas pour le reste. Je ne voulais pas épouser la belle-famille au grand complet en même temps que Roxane. Toutefois je crois que je peux commencer à me rassurer : la probabilité que l’union aboutisse diminue d’heure en heure. Je me retourne, pour voir Jérémy effectuer un large crochet autour de la salle des fêtes. La restructuration faciale de la veille aura au moins eu le mérite de lui faire comprendre qu’il doit garder ses sales pattes loin de Roxane. Je n’ai même plus le cœur à m’en réjouir et m’éloigne à mon tour, avec mon vague à l’âme.