Miroirs d'Ambre

Ce soir-là, mon planning me conduisit dans un palais privé, situé en dehors de Rome, qui élevait ses colonnades au milieu d’un grand parc délicieusement ombragé. Après une journée de forte canicule, les légers courants d’air frais qui couraient entre les arbres centenaires me firent le plus grand bien. J’avais déjà eu une dure journée, bien arrosée même et je savais qu’il allait me falloir développer beaucoup d’efforts pour être à la hauteur de ma tâche. Je ne devais absolument pas commettre d’impairs avec cet homme-là. D’énormes contrats étaient en jeu, tant au niveau industriel qu’au niveau culturel. Grand magnat des communications, il possédait plusieurs chaînes de télévision et de radio, avait ouvert une nouvelle maison de production afin de relancer le cinéma italien, qui en avait bien besoin. Di Nola voulait redonner au cinéma de son pays ses lettres de noblesse et ne plus le cantonner à des productions de série B et des films d’auteurs. Il voulait refaire du cinéma populaire, mais au bon sens du terme. Du cinéma avec la qualité visuelle américaine, le savoir-faire européen et la grâce italienne. Ses intentions étaient louables, encouragées par les ministères italiens et par ceux de nombreux pays voisins qui voyaient en cette possible renaissance un moyen de combattre l’hégémonie hollywoodienne. Il me fallait donc m’y montrer à mon avantage en soutenant du mieux que je le pouvais, du moins par les flatteries, tous les projets qu’il n’allait pas manquer de me présenter.