A l'arrache

Marbella, le Saint-Tropez du sud de l'Espagne, ses ter­rasses fleuries, sa plazza de Naranjos. C'est ainsi que la présentent les agences de voyage. Des villas paradisiaques, de belles voitures, des boutiques de luxe à profusion. Mais Marbella la «bling-bling», c'est aussi le spot privilégié des trafiquants, des pilotes de go-fast, qui remontent le shit à 200 km/h des autoroutes espagnoles aux banlieues françaises. Marbella, c'est le refuge des braqueurs, des racketteurs avec des dents longues comme ça. C'est la ville où les putes venues d'Afrique et les escortes des rives de la Volga se disputent les clients. Marbella, c'est le point de chute numéro un de la «CC» européenne, la cocaïne. C'est là où les trafiquants sud-américains et européens ont trouvé moins con d'unir leurs talents que de se fumer entre eux. Marbella, c'est surtout la plaque tournante du pilon, du shit. À la nuit tombée, plus de frontières linguistiques, plus de barrières sociales. Il suffit au pouilleux à deux balles sapé en Dolce & Gabbana de contrefaçon d'avoir un paquet de dope en poche, au bras une bonne suceuse, pour tutoyer le millionnaire et terminer la soirée au bord de sa piscine.

Un millionnaire dans le genre de Gordon Vays, la quarantaine sportive, les tempes grisonnantes, une belle carrière dans la finance. Le play-boy friqué des pubs pour BMW. L'Anglais avait laissé femme et enfants à Londres pour venir décompresser quelques jours à Marbella avec un ami trader madrilène, Pedro Pereira, et un client de Séville, Miguel Arredondo.

Le but du Londonien était simple en cette soirée. Il s'agissait de ramasser des professionnelles, jolies mais pas trop siliconées, de vivre à cent à l'heure pendant trois jours, et surtout, surtout, de baiser, avant de retourner dans la City et de retrouver madame, ses scones et ses migraines.

Justement, ce soir-là, dans le restaurant où ils avaient choisi de dîner, à quelques tables de la leur, Pedro avait remarqué trois jeunes femmes. De vraies bombes, deux brunes de type andalou et une Black qui n'arrêtaient pas de lorgner dans leur direction. Des escortes certainement, mais de très jolies nanas. Du genre qui choisit sa clientèle.