Galéran de Lesneven tome 9 : Vert de gris

EXTRAIT

LES PREMIERES LIGNES…

“Le lourd convoi arriva en vue de la citadelle de Provins un peu avant la tombée de la nuit du 12 septembre 1154. Cernée d’une longue palissade de bois, la ville basse était surmontée d’un piton rocheux où se dressait l’enceinte protégeant le châtel des comtes de Champagne et la ville haute.

En tête de la colonne chevauchait le jeune et beau Tancrède sur son destrier noir au front étoilé de blanc. Il avait à son côté un petit homme à l’air madré, perché sur une solide jument rouanne. On l’appelait Darde Caballe, il était guide de son état, ou, si l’on préfère, faiseur d’étapes, chargé de tracer la route et d’escorter les convois importants et les voyageurs de distinction. Dix cavaliers armés suivaient les deux hommes. Ensuite venaient onze chariots entièrement bâchés, tirés chacun par deux chevaux de trait de taille impressionnante. Une autre troupe d’hommes d’armes fermait la marche. Il faisait beau mais la brume du soir et un petit vent froid venu du nord engourdissaient les membres des hommes et des bêtes recrus de fatigue après cette longue route.

– Par saint Michel, dit Tancrède à son compagnon, voici le soleil qui se couche ! Même en nous hâtant, nous n’arriverons pas avant la fermeture des portes de la ville basse.

– Vous mettez donc pas en peine, messire, fit l’autre. Est-ce que vous ne me payez pas pour vous ouvrir la route, alors pourquoi pas les portes ?”