Commentaires de livres faits par Janebiz
Extraits de livres par Janebiz
Commentaires de livres appréciés par Janebiz
Extraits de livres appréciés par Janebiz
Elle nous a rendus plus attentifs aux autres. Face à la solitude, la tristesse, la maladie, il y aura toujours un voisin pour sonner chez vous. Les maisons de retraite ont refleuri, l'hygiène y est impeccable, le personnel aimable. Les foyers pour mineurs, vitrés désormais, protègent les enfants des risques de maltraitance, de violences sexuelles. Et que dire des abattoirs, qui ont fermé les uns après les autres car personne ne supportait la vue d'animaux massacrés à la chaîne? Beaucoup de Français ont cessé de manger de la viande après avoir assisté à ces mises à mort industrielles. La Transparence a, bien souvent, permis d'abolir la distance aveugle qui séparait les hommes de leur humanité.
Pour dire que tout va bien
Demain je rappelle
Tout noter car le temps file
Pour tout perdre enfin
Le dauphin t’avalera
Et il en mourra
La marquise : Non. Dites-moi un peu, vous qui avez le sens commun, qu’est-ce que signifie cette chose-là : faire la cour à une femme ?
Le comte : Cela signifie que cette femme vous plaît, et qu’on est bien aise de le lui dire.
La marquise : À la bonne heure ; mais cette femme, cela lui plaît-il, à elle, de vous plaire ? Vous me trouvez jolie, je suppose, et cela vous amuse de m’en faire part. Eh bien, après ? Qu’est-ce que cela prouve ? Est-ce une raison pour que je vous aime ? J’imagine que, si quelqu’un me plaît, ce n’est pas parce que je suis jolie. Qu’y gagne-t-il à ces compliments ? La belle manière de se faire aimer que de venir se planter devant une femme avec un lorgnon, de la regarder des pieds à la tête, comme une poupée dans un étalage, et de lui dire bien agréablement : Madame, je vous trouve charmante ! Joignez à cela quelques phrases bien fades, un tour de valse et un bouquet, voilà pourtant ce qu’on appelle faire sa cour. Fi donc ! Comment un homme d’esprit peut-il prendre goût à ces niaiseries-là ? Cela me met en colère, quand j’y pense.
Le comte : Il n’y a pourtant pas de quoi se fâcher.
La marquise : Ma foi, si. Il faut supposer à une femme une tête bien vide et un grand fonds de sottise, pour se figurer qu’on la charme avec de pareils ingrédients. Croyez-vous que ce soit bien divertissant de passer sa vie au milieu d’un déluge de fadaises, et d’avoir du matin au soir les oreilles pleines de balivernes ? Il me semble, en vérité, que, si j’étais homme et si je voyais une jolie femme, je me dirais : Voilà une pauvre créature qui doit être bien assommée de compliments. Je l’épargnerais, j’aurais pitié d’elle, et, si je voulais essayer de lui plaire, je lui ferais l’honneur de lui parler d’autre chose que de son malheureux visage. Mais non, toujours : Vous êtes jolie, et puis : Vous êtes jolie, et encore jolie. Eh, mon Dieu ! on le sait bien. Voulez-vous que je vous dise ? vous autres hommes à la mode, vous n’êtes que des confiseurs déguisés.
On a tant abusé du regard dans les romans d’amour qu’on a fini par le déconsidérer. C’est à peine si l’on ose dire maintenant que deux êtres se sont aimés parce qu’ils se sont regardés. C’est pourtant comme cela qu’on s’aime et uniquement comme cela. Le reste n’est que le reste, et vient après. Rien n’est plus réel que ces grandes secousses que deux âmes se donnent en échangeant cette étincelle.
À cette certaine heure où Cosette eut sans le savoir ce regard qui troubla Marius, Marius ne se douta pas que lui aussi eut un regard qui troubla Cosette.
Il lui fit le même mal et le même bien.
Nous donnons bien souvent de divers noms aux choses :
Des épines pour moi, vous les nommez des roses ;
Ce que vous appelez service, affection,
Je l'appelle supplice et persécution.
Chacun dans sa croyance également s'obstine.
Vous pensez m'obliger d'un feu qui m'assassine ;
Et la même action, à votre sentiment,
Mérite récompense, au mien un châtiment.
-Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
Mes dents écrasaient chaque mot qui sortait de ma bouche. Elle sursauta en entendant ma voix et plaça une main sur son coeur, surprise.
-Enlève tes mains de là avant que je les casse.
Vicious tourna la tête vers moi, une de ses mains toujours dans les cheveux de Rosie, et il me sourit.
-Oblige-moi.
Je l'attrapai par le col et l'envoyait valser contre un pile de caisses de bouteilles de champagne. [...]
-Dean ! cria Rosie.
J'étais tout à fait capable d'admettre qu'elle ne m'appartenait pas. Je l'admettais, mais je ne le comprenais pas.
- A quoi tu joues ? hurlai-je à quelques centimètres du visage de Vicious.
Il plissa les yeux et s'humecta la lèvre inférieure, gonflée d'avoir embrassé Rosie.
-Je fais ce que toi tu aimerais faire. Elle a bon goût.
Je le fis valser à travers la pièce. J'avais envie de le tuer et c'est ce que j'aurais fait si Rosie ne m'avait pas poussé de toutes ses forces jusqu'à me plaquer contre le mur opposé.
-Arrête bon sang. Tu es dans un état déplorable. Va-t'en.
-C'est n'importe quoi ! criai-je. Il ne te plaît même pas !
-Aucune importance. Je fais ce que je veux.
-Et qu'est-ce que tu veux ? Me briser le coeur c'est ça ?
Merde j'avais dit ça à voix haute ? Je baissai la tête les yeux brûlants. [...] Rosie ne s'en doutait pas mais sa petite aventure dans l'arrière cuisine avec Vicious me poussa dans un gouffre sans fond et encore plus loin dans les abîmes du vice.
Son visage était à quelques centimètres du mien. Il emprisonna mes poignets et me plaqua brutalement contre le mur [...]
-Tu vas bien bordel !
Qui essayait-il de convaincre ? Moi ? Ou lui-même ? Et qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire de toute façon ? Je me forçai à me calmer. Il fallait que je le ramène à la raison. Je dégageai mes poignets et plaçai mes paumes à plat sur sa poitrine. Il inspira profondément et ferma les yeux. [...]
-Dean..
-Rosie, contra-t-il
-Je suis malade, répétai-je.
-Ne dis pas ça. Tu n'est pas malade. C'est juste un putain de problème de santé.
Je secouai la tête, le visage trempé d'eau et de larmes.
-Ce n'est pas juste un problème. Je vais mourir vraiment jeune.
-La ferme, pesta-t-il à travers ses dents serrées.
Il donna un coup de poing dans le mur derrière moi. [...]
-Arrête de raconter des conneries ! éructa-t-il.
En amour, ils ne comprennent rien aux secousses du cœur et du sexe, ils tentent de les apaiser, leurs forces sont fragiles, leurs corps mal préparés aux tempêtes des sentiments. Ils ont trouvé un langage pour tout dire; avec ce trésor, ils s'épuisent à convaincre qu'ils sont les chefs, les puissants, les vainqueurs.
Qu'importe qu'ils violent des femmes, des enfants, des frères ou des inconnus, qu'importe qu'ils vident des océans et remplissent des charniers, tout est voué à finir dans un livre, un musée, une salle de classe, tout sera transformé en statue, en compétition, en documentaire.
Alors, qu'importe qu'ils incendient des bibliothèques, des villages et des pays entiers, qu'ils martyrisent ceux qu'ils aiment, il faut pour vaincre tout brûler, et regarder les flammes monter au-dessus des forêts jusqu'à ce qu'elles forment sous l'orbe des nuages de grandes lettres illisibles. Qu'importe qu'ils passent sur cette terre plus vite qu'un arbre, une maison, une tortue ou un rivage, ils sont si beaux, avec leurs yeux pleins d'amour et leurs mains pleines de sang, […] ils sont si beaux dans leur soif capable de tarir les sources les plus anciennes […]. Oui, c'est ainsi que les hommes naissent, vivent et disparaissent.