L'architecte

⛩️ Un roman fantastique au style poétique. Les mots y sont une arme, un moyen fort de raisonner sur le monde qui nous entoure. Que faisons-nous sur Terre? Quelle est notre utilité en ce bas monde? Qui est à l'origine de tout? Sommes-nous vraiment libre au fond ou ne sommes-nous que des marionnettes? Beaucoup de questions philosophiques auxquelles je n'ai pu m'empêcher de songer l'or de cette lecture.

Une lecture qui demande de la constance. Se laisser emporter à travers un récit à la dimension ésotérique qui donne toute son importance au texte. Un besoin de se questionner sur l'existence et tout le reste. L'intrigue est courte mais dense, très dense. La plume est aussi très belle, extrêmement imagée. C'est un récit qui m'a assez vite embarquée et beaucoup intriguée. Il émane de lui une impression d'étrangeté permanente ce qui peut dérouter parfois. Tout est pourtant de plus en plus clair car il y a quand même une symbolique marquée qui se développe et éclaire le côté sombre de cette quête. Une aventure qui emmène dans un ailleurs. Un monde réel qui ne l'est pas tant que ça et qui m'a permis de me déconnecter du quotidien.

Et vous, serez-vous du voyage?

Assez complexe mais très intéressant. Des passages à relire pour bien cerner le contexte et l'histoire.

Je remercie l'auteur pour m'avoir envoyé ce livre. J'ai déjà au l'occasion de découvrir sa plume et sa manière de décrire les éléments qui l'entourent, qui nous entourent, nous permettant ainsi de réfléchir, de donner un sens, pas forcément à notre vie, mais un sens à ce que nous sommes. Avec l'Architecte, nous entrons au plus profond de nous même. L'auteur arrive à nous montrer nos peurs, celles que nous affrontons chaque jour et si le premier récit que j'ai eu entre les mains était sur le fait d'être "parent", celui-ci concerne tout le monde, quelque soit son âge, du moment que nous sommes en vie. L'auteur nous indique que le rêve est un anagramme de nous-même. Le rêve, les pensées, l'imagination, ce qui fait que nous sommes des êtres vivants, nous utilisons le rêve, conscient ou non afin d'aller "ailleurs". Rêver durant notre temps de sommeil est une forme de soupape de sécurité, tout ce qui nous tracasse évacue par là, tout ce que nous aimerions s'invite dans nos pensées. Le rêve, ou fantasme lorsque nous sommes éveillés et plus "conscient". Nous savons que nous le désirons. Le conscient, l'inconscient, le subconscient, tout ce qui fait que notre esprit, notre âme "vit" est là, avec des barrières qui nous protègent. Mais ces barrières, si elles disparaissent, si le mal qui peut nous ronger reste, ne devient plus latent, mais attaque ses frontières, NOS frontières, que va-t-il rester de nous ? Je ne vous ferais pas une analyse à la Freud, cela remonte à bien trop loin mes cours de psychologie, par contre ce récit, nous plonge dans notre moi le plus profond (oui je le redis) et ce qui en ressort n'est pas toujours ce qu'il y a de meilleur en nous, malgré ce qui nous entoure.

Elias a disparu depuis un an. Douze mois que son fils le recherche, que sa femme attend de savoir ce qu'il s'est passé. Pas de corps, pas de mort, mais où est-il ? Pourquoi est-il parti ? Que s'est-il passé vraiment ? Soren, son fils pense le trouver, à force de recherches, de questionnement, il suit une piste qui va le mener à plusieurs obstacles dont il n'a pas conscience. Comment réussir à surmonter ce qu'il va découvrir ? Le livre est découpé en plusieurs parties et nous suivons à la fois Julie la femme, Soren et Elias. Chaque rencontre va les rapprocher du même but, se retrouver au même point et pourtant aucun des trois n'imaginait pouvoir aller aussi loin. La maladie peut avoir plsieurs formes et celle que l'auteur nous met entre les mains est difficile à voir, à ressentir à combattre. Il peut y avoir autant de bonnes personnes autour de vous qu'elle sera toujours présente. Et il suffit d'une seule mauvaise pour vous plonger plus loin encore dans la noirceur. La mélancolie, ou dépression n'est pas juste un fait qui peut être balayé en un claquement de doigts. C'est un mal-être profond que j'ai connu dans le sens où j'ai perdu un membre de ma famille par cette saloperie. Être présent c'est bien, trouver les mots, c'est mieux, mais pour remonter l'autre, c'est difficile, car il ne faut pas se laisser entrainer et c'est là que c'est dangereux pour tout le monde. Il faut réussir à garder le sourire, à tirer celui ou celle qui est dans ce cas, lui garder la tête hors de l'eau tandis que nous, nous nous noyons peut-être à force de tirer sur la corde.

Il ne faut pas avoir honte de demander de l'aide, il ne faut pas avoir honte de regarder derrière soi et de se dire qu'on a pas avancé. Chaque personnage avance à son rythme et c'est bien. Il faut réussir à garder espoir et c'est là que la noirceur vous attrape entre ses griffes. En plus de cette Humanité qui se perd un peu pus chaque jour, l'auteur nous met "en garde" sur certains aspects de la société. Certains sont au plus juste, comme le fait de s'appuyer sur la tête du voisin pour rester au-dessus, ou encore de ne s'occuper que d'un écran alors qu'il y a des personnes vivantes en face de vous. Être si nombreux sur terre et pourtant se sentir seule avec toutes ces technologies, c'est ce que ressentent la plupart des personnes et c'est ce que les personnages mettent en lumière. Oui, il faut avancer, mais pas au détriment de la santé, ni de ceux qui nous entourent. Le mal peut vite se faire. Alors plonger dans cette mélancolie serait une solution ? Il faut une certaine force de caractère que tout le monde n'a pas et le voyage risque d'être mouvementé. Pour Soren qui va devoir faire des sacrifices et décider quel choix faire, un bien pour un mal, un mal pour un bien collectif ? Comment choisir ? L'être humain est fait de sentiments, d'émotions, de souvenirs, de chair et de sang. La vie est fragile, précieuse et pourtant il suffit de peu pour que tout bascule. Que faut-il faire pour que le bonheur résiste à tout cela ?

Le bonheur... Ces moments de joie, pour une naissance, pour un job obtenu, pour avoir mangé un aliment qu'on adore, pour un moment d'émotion intense. Le bonheur est un ensemble, un moment partagé ou non. Parfois le souvenir donne de la joie, parfois non. Quels sont nos besoins pour obtenir ces instants de pure joie qui ne seront pas mis dans une boite pour les enterrer six pieds sous terre ? Chaque personnage est aussi différent que chaque être vivant. Les croyances, les besoins, la vie à un, deux ou plus, les progrès que nous aimerions avoir ou au contraire qui peuvent rester sur le bas coté. Le sentiment d'exister pour quelqu'un d'autre ou uniquement pour soi. Elias est dans son monde et entraine son fils à le rattraper. Va-t-il réussir à le sauver ? À lui montrer la voie ? Et si c'était l'inverse qui se produisait ? Nous même sommes entrainés dans une spirale où le monde dépeint ressemble au notre, avec ses forces et ses faiblesses, avec ses lacunes surtout. Si nous n'y prenons pas garde, cela risque de devenir notre quotidien. Il faut réussir à se garder de petits moments de bonheur pour tenir le coup. Métro, boulot, dodo ? Non, merci, personnellement, j'adore mon fils, j'adore lire, j'aime mon boulot et le reste peu attendre. Rêver est ce qu'il y a de plus beau (non, promis je n'ai pas piqué la chanson !) et si nous arrêtons de rêver, qu'allons-nous devenir ?

Un voyage au Japon (parce qu'ils sont plus philosophes ou plus sages qu'un autre pays ?) afin de mieux appréhender certains faits. La culture semble plus qu'attirante, avec des cérémonies, des intrigues, des lieux chargés de souvenirs, d'émotions, remplis de bien-être. La sagesse s'acquiert avec du temps, des rides aussi et des rituels, sans oublier que parfois il suffit de drames pour se retirer d'un monde que vous ne désirez plus. Beaucoup de métaphores, de mondes différents sont ouverts à nos yeux afin de diversifier la manière de "voir" ce qui se passe pour tel ou tels personnages. La "folie", la maladie mentale, ou n'importe quelle maladie ne se vit pas de la même manière, car nous sommes tous différents, nous n'attendons pas les mêmes choses, nous n'avons pas la même famille ni les mêmes amis. L'auteur sait comment entrainer le lecteur sur ses routes, dans ses voyages oniriques, dans les méandres de la pensée humaine, ou canine.

En conclusion ? Arrêtez-vous un instant, que ce soit sur le bord de la route, ou même à côté de votre habitation. Respirez le parfum des fleurs, regardez la nature, ce qu'elle peut vous apporter et éteignez les écrans. Le monde réel dans lequel nous vivons est bien plus intéressant que celui dans lequel nous vivons et même si j'adore être dépaysée par les livres, la campagne dans laquelle je vis me fait un bien fou ! Il faut savoir gérer, ce qui est difficile pour tout le monde, ne pas se faire engouffrer par un quotidien trop redondant, trop répétitif. L'auteur nous apporte de nombreuses pistes de réflexions, à nous d'en faire bon usage !

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/l-architecte-damien-coudier-a214016807

Résumé : Elias, déçu par sa vie qu’il juge routinière et sans attrait, part sans laisser de message et quitte sa famille. Inquiets, Julie sa femme et Soren son fils, se tournent vers le commissariat, mais les recherches sont classées sans suite, ils décident de continuer seuls. Pourquoi est-il parti ? Que cache cet abandon ?

Elias, persuadé que les conventions sociales n’ont pour but que l’asservissement à la machine économique se sent écœuré par ce monde mercantile et n’arrive plus à éprouver de plaisir. Il se raccroche aux espoirs procurés par l’Architecte et se sent de plus en plus attiré par les attraits de cette nouvelle quête de sens.

Mon avis : Que se passe-t-il quand la désillusion nous gagne ? Que le monde dans lequel nous évoluons nous déçoit ? Que la morosité habite notre quotidien ?

Nous allons suivre Elias qui sombre dans la mélancolie et se retrouve dans l’incapacité à éprouver du plaisir. Il pense que l’Architecte, le Grand Ordonnateur de la Création du monde est la solution à son désespoir. Grâce à lui, un monde plus en phase avec la réalité pourrait lui être révélé ; il s’accroche à cet espoir et commence une quête pour arriver jusqu’à lui.

Soren, parti à sa recherche, nous emmène au Japon sur les traces de son père.

Ce livre est une enquête dans un environnement moderne où se mêlent fiction, ésotérisme et philosophie. Que faire des progrès qui enchaînent, de tout ce que nous possédons, quand ils n’arrivent plus à nous procurer de plaisir et que dans ce monde qui bouge à cent à l’heure nous ne trouvons plus notre place ? La croyance est-elle une solution pour retrouver la sérénité ?

Dans ce roman, Damien COUDIER nous oblige à réfléchir sur les progrès du monde moderne, nos véritables besoins, la quête du bonheur et les désillusions quand les progrès ne comblent pas les vides d’une vie monotone, les croyances… et bien d’autres sujets encore.

Ici, le lecteur est bousculé par l’auteur et son roman sans concessions, il dépeint un monde qui va trop vite et des personnages qui se cherchent. Elias cherche la vérité, Soren cherche son père, d’autres personnages ont également été à la recherche de quelque chose ; c’est une quête perpétuelle de quelqu’un ou de la vérité.

Le style d’écriture est agréable, on baigne tout de suite dans le roman, nous évoluons avec les personnages dans le monde visible et le monde invisible. Damien COUDIER ne manque pas d’imagination pour nous mener à réfléchir avec philosophie sur le sens de la vie. Entre monde réel et monde fantastique, imaginaire et réalité c’est un roman qui fait froid dans le dos. Quelques scènes violentes, des situations qui font parfois écho à notre quotidien et une histoire à couper le souffle qui ne manque pas de suspense et de rebondissements . En bonus, quelques extraits de textes d’écrivains célèbres devant certains chapitres.

En bref, un magnifique roman que je vous recommande fortement, pour le style de narration, les thèmes abordés, l’escapade au Japon et enfin pour les petits frissons d’angoisse éprouvés à sa lecture.

À lire en grignotant des yakitoris en buvant un peu de saké, bien installé(e) sur un futon en évitant les Onis et les Yokais...