Live Forever, Tome 1

Un style graphique puissant

Le récit est porté par des graphismes en noir et blanc, seulement relevés par des touches de rouge ce qui renforce le petit côté gothique de l’histoire. Le rouge ressort d’autant plus qu’il est attribué au sang et aux éléments auquel celui-ci se rapporte. La couleur attire l’œil et dynamise ces planches découpées un peu façon comics, plongeant le lecteur dans une atmosphère pesante et sombre.

Entre réalisme et fantastique

On suit Sarah, cette adolescente gothique qui vient de perdre brutalement sa mère et pour pallier l’absence de celle-ci, la jeune femme se met à la recherche de la vie éternelle. Son souhait d’effacer cette douleur la pousse à faire des bêtises ; inconsciente et pleine de chagrin, Sarah est prête à tout, même à croire à l’existence des vampires… Avec sensibilité, l’auteur traite de la perte d’un être cher à travers Sarah, mais aussi son père qui est dépassé par la situation entre sa fille et son petit frère. Tout le monde réagit différemment face au deuil et aux blessures émotionnelles, poussant les lecteurs et lectrices à une introspection et une réflexion sur le deuil et la perte.

Au réalisme de cette situation, s’opposent les hallucinations et les cauchemars causés par le nigrum, une étrange substance liée à un voisin, Samuel, que tous pensent être un vampire. Portée par des personnages secondaires atypiques (médium…), une sorte d’enquête se met en place et se mêle au deuil et à la quête désespérée de Sarah, aux airs de Buffy contre les vampires. Un thriller fantastique bien mené que l’on a hâte de résoudre dans le second volume.

Cette histoire et Sarah m’ont énormément touchée. Déjà parce que cela parle de deuil et de la façon dont on gère la perte d’un proche. Sarah qui avait une vie trépidante, presque parfaite avec ses parents aimants, son groupe de rock et son petit frère, va voir tout cela partir en fumée après le décès tragique et brutal de sa mère.

J’ai trouvé cette partie très rapide presque irréelle et je pense que c’est la façon dont Sarah le vit. Du jour au lendemain sa mère n’est plus. Dévastée par le chagrin, elle va alors croire que son voisin est un vampire et elle va alors tout faire pour obtenir de lui son sang.

Sans vous dévoiler toute l’intrigue, j’ai tourné les pages de ce titre avec plaisir et intérêt. Déjà, parce que je trouve l’intrigue cohérente, bien construite et les émotions réalistes. On sent le désespoir de Sarah. La façon dont elle se jette corps et âme dans une quête qui risque bien de la perdre. Elle ne voit d’ailleurs pas le mal qu’elle fait à son entourage, empêtrée qu’elle est dans son propre chagrin.

Si le fond est très terre à terre, je trouve la dose de fantastique très bien amenée. On ne sait pas trop si c’est réel ou si c’est l’héroïne qui imagine tout cela. Malgré tout, d’autres personnages bien mystérieux tendent à nous prouver qu’il se passe bien quelque chose.

Je vous ai parlé du récit et maintenant il est temps de passer à la partie graphique. Je ne vais pas tourner autour du pot, je suis absolument fan des dessins de Raúl Treviño ! Et cette façon d’allier le rouge et le noir, le rouge qui rappelle bien sûr, le sang, la vie, mais aussi ce côté plus violent et surnaturel. Le style d’ailleurs m’a rappelé celui de Frank Miller avec son Sin City. Toutefois, les dessins de Raúl Treviño sont bien plus doux.

Dans l’ensemble, je ressors de cette lecture avec l’envie de connaitre la suite. Si la fin nous emmène vers une intrigue plus classique, je suis tout de même curieuse. Live Forever est une belle surprise, un webcomic en version papier somptueux qui allie à merveille la qualité d’une histoire avec celle de magnifiques dessins. Je suis fan.