Commentaires de livres faits par Luxnbooks
Extraits de livres par Luxnbooks
Commentaires de livres appréciés par Luxnbooks
Extraits de livres appréciés par Luxnbooks
ma voix comme
personne d'autre.
Offre à mes
mots un abri
où se réfugier.
Applaudissent, acclament, écoutent.
Changent ma vie
Pour le meilleur.
Eux seuls les
entendent, du premier
au dernier mot. "
– Hé, la débutante ?
Je m’oblige à lever les yeux vers lui à sortir de mon coma post-orgasmique.
– Hum ? C’est tout ce que je peux faire sous son regard amusé.
– Il n’y a que moi qui ai le droit de te piloter jusqu’à ce putain de drapeau à damier.
— Dis donc, tu dois être vraiment très occupée ces temps-ci pour ne pas trouver le temps de m’appeler.
Je lâche un gloussement à son commentaire moqueur.
— Ben, c’est que t’es mariée maintenant. Alors, y a plus d’espoir pour toi et moi.
— C’est dommage. Toi qui renonces aux hommes, ne renonce pas aux femmes.
Je jette un œil furtif à Gabriel qui me regarde en souriant, rehaussant un sourcil d’un air perplexe et définitivement visualisant des images indécentes dans sa tête. Je m’esclaffe.
— Et parlant d’hommes, poursuit ma cousine. Comment ça se passe avec cette bête de sexe au phallus surréaliste qui te sert de patron? Tes fantasmes sont devenus réalités?
Je me précipite sur le téléphone, renversant mon verre d’eau dans mon empressement, bousculant maladroitement et bruyamment le combiné entre mes mains, avant de l’échapper sur le sol, pour réprimander ma cousine à la grande gueule!
— Kimberly! Merde, tu étais sur haut-parleur.
Elle éclate aussitôt de rire à s’en exploser les côtes.
Dans son bureau, Gabriel, le teint écarlate, n’arrive plus à se retenir de rire, en s’efforçant de continuer à travailler. Je suis morte de honte.
- Nombre de pages écrites aujourd’hui pour mon prochain roman :
- Nombre de mojitos bus avec Margo hier soir :
3… à moins que ce soit 5 ? (ceci explique donc cela…)
- Nombre de pages à rendre à Stanislas avant la fin de la semaine :
15
- Nombre de fois où j’ai écouté « Someone like you » en attendant l’inspiration :
7 (dont deux fois où j’ai chanté plus fort qu’Adele… avant de me lever pour danser avec une cannette vide en guise de micro)
- Nombre de capsules de cappuccino écoulées depuis ce matin :
4 (soit 336 calories sans avoir rien mangé du tout)
- Nombre de cannettes de Coca Light avalées depuis ce midi :
5 (soit 0 calorie mais 27 gargouillis de gorge et, selon le dernier ELLE, un cancer galopant dû à l’excès d’aspartame)
- Nombre de milliardaires inventés dans mes romans jusqu’ici :
4 (Gabriel, Vadim, Emmett et Jude… Penser à donner un prénom « normal » au prochain. Mais qui a envie de tomber amoureuse d’un Robert, qui ?!)
- Nombre de milliardaires rencontrés dans ma vie jusqu’ici :
toujours 0
- Nombre de milliardaires rencontrés dans mes rêves cette nuit :
2 (Gabriel Diamonds et Vadim King réunis dans la même pièce, ça fait un choc ! Et réunis dans le même lit, je ne vous raconte même pas…)
- Tendance à la schizophrénie, façon je me prends pour l’héroïne de mes romans :
inquiétante
- Nombre de parties de jambes en l’air réelles ce mois-ci :
encore et toujours 0
- Nombre de rêves érotiques ce mois-ci :
29 (la trentième nuit, je flottais nue, ivre de bonheur, dans un pot de yaourt stracciatella géant… Ne me demandez pas pourquoi.)
La vraie question qui se pose, en fait, c’est « Someone like you », oui, d’accord, mais qui ? Quelqu’un comme qui ? Qui est l’homme que j’attends ? Un savant mélange de mes héros de papier si parfaits d’imperfections ? Gabriel Diamonds : viril et charismatique à tendance dominateur ? Vadim Arcadi-King : rebelle sexy à tendance torturé ? Emmett Rochester : sombre et tendre à tendance macho ? Jude Montgomery : élégant dandy à tendance sarcastique ? Le mix de tout ça ? En chair et en os ? Est-ce que ce type-là ne serait pas à tendance insupportable avec sa beauté insolente, sa brillante carrière, ses qualités de cœur et sa repartie à toute épreuve ?
Ça me fatigue d’avance…
Ou alors, comme toutes les jeunes trentenaires toujours célibataires mais pas encore complètement folles, je rêve d’un homme simple, pas si beau ni si riche que ça, juste aussi gentil que mon père et moins con que mon ex ?
Terrifiant, en effet. Pour Jase. Mais moi, je souris.
— Et si je me mettais en couple sur Facebook et que je te taguais ?
Jase ricana avant de déposer un autre baiser sur mon front.
— J’imagine bien sa réaction.
Elle hausse ses frêles épaules en souriant mais son sourire est tremblant et elle a les yeux qui brillent. Il est facile de voir que, trois ans plus tard, le souvenir est toujours douloureux.
— Je t’ai fait du mal, répète-t-il d’une voix que le remords et la prise de conscience teintent de regret.
Fern tend la main vers lui et la pose sur sa joue mutilée.
— Tu ne me voyais pas, c’est tout.
— J’étais aveugle à l’époque, répond-il en caressant une boucle qui ondule sur son front.
— En réalité, c’est maintenant que tu es aveugle, le taquine doucement Fern, qui cherche à alléger sa culpabilité par l’humour. C’est peut-être pour ça que tu m’aimes bien.
Elle a raison. Il est à moitié aveugle, mais malgré ça, ou peut-être grâce à ça, il voit les choses avec plus de clarté que jamais auparavant.
Surprise par cette charge culottée, je mets quelques secondes avant de répliquer.
— Tu me demandes pourquoi ? m’exclamé-je. Tu m’as mise sans ménagement devant le fait accompli alors que tu connaissais mes sentiments, tu as joué sur les confidences que tu m’as soutirées, mais je t’aimais, Marc, et c’était la seule manière de t’avoir un peu à moi, même si… c’est à une autre que tu as juré ton amour
— Je n’ai jamais passé l’aspirateur en ta présence ! m’insurgé-je.
— Ça ne m’a pas empêché d’admirer ce spectacle depuis ma fenêtre.
— Oh !
— Te voir gesticuler en petite culotte et prendre le manche de l’aspirateur pour un cavalier… c’était puissamment érotique, je te jure.
Je me sens stupidement rougir sous la caresse de ses doigts.
— Tu te moques de moi.
— Je donnerai cher pour revoir ça. Mais je n’ai pas les moyens d’acheter deux appartements voisins pour assouvir mes petites perversités, je te le dis.
— Je te crois, espèce de voyeur ! Mais je n’en exige pas tant.
— Je n’exige rien de toi, réfuté-je, à l’agonie morale.
— Je sais. Tu ne l’as jamais fait. Cela a peut-être été ton plus grand tort.
— Mon tort ?
— Tu m’as tout donné de toi, sans réserve, sans limite et j’ai tout pris. Je n’ai pas réalisé à quel point j’étais égoïste et injuste.
— Ne dis pas ça, Marc, je t’en prie !
— C’est pourtant la vérité.
— Alors c’est parce que tu n’as aucune idée de ce que tu m’as donné en échange.
— Quelques heures volées à mon emploi du temps, me rappelle-t-il.
— Elles ont été les plus belles, les plus merveilleuses et les plus intenses de toute ma vie. Tu avais raison.
— Comment peux-tu dire ça ?
— Parce que je ne suis plus qu’un fantôme, articulé-je au bord d’un sanglot. Parce que depuis plus d’un an, je suis devenue une machine froide et sans âme.
— Une machine bien rodée, efficace, qui ne connaît ni le doute ni la peur, ajoute-t-il comme une ritournelle bien connue de nous deux.
— Oui.
Un ricanement amer s’échappe de ses lèvres.
— Qu’ai-je fait de toi, mon irréductible romantique ?
— Je ne sais pas, je suis… perdue, confié-je timidement.
1. Depuis le premier instant
Un pansement couleur peau collé au creux de mon avant-bras, j’attends nerveusement que le docteur X revienne dans son bureau. Cet homme n’a pas de nom. Pas de cœur. Pas d’émotion. Tout juste un visage. Dante, Andrea et moi le voyons lorsque c’est vraiment nécessaire. Surtout mes frères, en fait. Et ma pauvre mère. Lorsqu’ils portent des marques trop visibles des sévices. Lorsque leurs contusions refusent de cicatriser. Lorsque la dernière leçon de vie de Vito s’est soldée par une fracture du poignet, de la pommette, une brûlure ou une entaille suffisamment profonde pour demander des points de suture.
Pour une raison que j’ignore et qui me révolte, le docteur X ne dénoncera jamais mon père.
Je patiente comme je peux en balançant les jambes, en laissant mes yeux divaguer, se promener sur les murs écarlates de ce cabinet vieillot qui sent la poussière et l’alcool ménager, se perdre dans les tableaux sans vie. Des natures mortes. Dans le bureau d’un médecin.
Je n’ai « que » 16 ans, mais l’ironie de la situation ne m’échappe pas.
J’ai fait plusieurs malaises, ces derniers jours. Vito n’avait pas l’air de s’en soucier, mais au lycée, ce n’est pas passé inaperçu. On m’a renvoyée à la maison pour que j’aille consulter sans attendre. D’où ma présence au milieu des gibiers, des fruits et des fleurs inanimés.
La porte en cuir capitonné s’ouvre et se referme. L’homme en blouse avance vers son bureau en examinant les documents qu’il a entre les mains. Il a l’air embêté. Il retire ses lunettes, se pince l’arête du nez et s’assied dans son fauteuil pivotant vert bambou.