Ragnar crinière noire, Tome 1 : Space Wolf

Tout autour, les bâtiments étaient en feu. Ragnar était au cœur des combats, hurlant des ordres à ses hommes.

— Frère Hrolf, envoyez-moi deux missiles antichars là-dedans ! Les autres, préparez-vous à foncer dès que cette foutue porte sera détruite. »

Ses écouteurs lui transmirent les voix grésillantes des combattants, lui indiquant que ses instructions avaient été bien comprises. Il quitta le porche sous lequel il s’était abrité et s’élança en courant pour se cacher derrière un bloc de maçonnerie situé à une vingtaine de mètres de son objectif. Des tirs de lasers ricochèrent derrière lui mais, malgré sa lourde armure énergétique, il se déplaçait bien trop rapidement pour que les hérétiques pussent le prendre pour cible. Il se jeta derrière le pan de mur en ruine et attendit quelques secondes.

Le grondement sourd de l’artillerie lourde remplissait l’air et il entendait le hurlement strident des turbines des Thunderhawk en approche. Il leva les yeux et aperçut les appareils, d’abord de petits points traversant les nuages et grossissant rapidement. Leurs ailes libérèrent des salves de missiles qui pilonnèrent les positions ennemies. Il vérifia son arme avec cette expertise acquise après un siècle de combats, respira à fond, entonna une prière à la gloire de l’Empereur et attendit.

Tous ses sens étaient en alerte. Son cœur primaire battait d’un rythme régulier, son organisme était déjà en train de soigner les blessures légères provoquées par les éclats de plusieurs explosions. Il pouvait sentir se refermer une petite coupure sur son visage. Ses facultés étaient bien supérieures à celles de l’humain qu’il avait été un jour ; elles lui permettaient d’accumuler une foule d’informations sur le champ de bataille qui s’étendait autour de lui. Il pouvait ressentir, sans les voir, la présence rassurante de ses frères d’armes. Cette familière odeur de céramite, d’huile, de chair de Fenris et toutes ces subtiles choses qui démontraient qu’ils n’étaient pas vraiment humains. Mais par-dessus tout, il sentait cette odeur de haine, de douleur et de peur parfaitement contenue.

Il s’assura que son armure n’avait pas été endommagée et qu’elle ne comportait aucune fuite. Elle portait des traces d’impact un peu partout, là où les shrapnells avaient rebondi sur la céramite. Il y avait même ces traces carbonisées typiques des armes laser. Une de ses épaulières avait un peu plus souffert à cause d’un bolt, mais rien de sérieux. Les servomoteurs qui animaient l’énorme armure de combat étaient fonctionnels à 75%, autant dire qu’ils étaient en mode économique. Les senseurs intégrés l’informèrent que des substances toxiques flottaient dans l’air, de même que quelques virus et d’infimes traces de ces neurotoxines que les hérétiques avaient utilisés lors de leur attaque surprise contre les forces loyalistes, au tout début de l’insurrection.