C'est ce soir que tu meurs

Un titre violent, sombre, agressif, contrecarré par les couleurs chaudes, la douceur et la candeur qui se dégagent de la couverture, à l'instar du cruel vécu de l'auteur qu'elle nous confie sur un ton pourtant serein. C'est le ton d'un être blessé durement dans son corps, mais plus profondément encore dans son coeur bafoué, lacéré, piétiné, durant d'interminables années qui auraient du être les plus belles.

Une âme qui partait à la dérive et qui revient de loin. Une femme qui a souffert, est tombée plusieurs fois, s'est relevée, a frôlé la noyade à plusieurs reprises, mais a toujours trouvé sur son chemin les bouées de sauvetage nécessaires à sa survie dans l'amour inconditionnel, indéfectible de ses parents, son ancre, son pilier, sa Lumière au bout du long tunnel, sa Force.

C'est le ton d'une personne qui est parvenue à chasser ses vieux démons et qui porte un regard sensé sur son passé, qui l'examine avec sagesse, sans se voiler la face, sans s'appesantir sur sort, sans jérémiades ni grand baratin, le couchant sur papier comme pour symboliquement tourner la dernière page, refermer le livre noir désespoir de ses souvenirs.

C'est une confession rédemptrice pour effacer tous les mensonges, se les pardonner, ceux qu'elle servait au siens pour leur cacher son calvaire, ceux qu'elle se fabriquait pour avancer avec lui en les nommant Espoir, les siens, ceux qu'il lui susurrait après chaque crises, chaque coups. Un aveu touchant dans sa pudeur, qui ne sonne jamais comme une tentative d'explication. Les excuses, c'est elle qui les lui trouvait, qui s'en abreuvait, elle n'en a plus en stock, qui a décidé de les perdre pour mieux se retrouver. Un constat lucide sur un amour malsain, destructeur, une lente déchéance physique et morale, entrecoupée de sursaut d'énergie, de prises de conscience infime. Une lutte, un combat...

C'est aussi un témoignage pour celles qui vivent la même chose. En France, 1 femme sur 10 subit des violences conjugales, physiques, psychologiques, sexuelles, ou même verbales, et bien trop en meurent. Beaucoup trop se taisent car leur conjoint sait aussi se faire pardonner, que ses crises ne sont pas quotidiennes et que les plages plus calmes incitent à nouveau l'Espoir à pointer le bout de son nez. Mais ils savent aussi les faire culpabiliser et leurs belles promesses de ne plus recommencer s'envolent dans les cris, les larmes et trop souvent, le sang. Cecile Bonnet prouve que l'on peut briser ce cercle vicieux, le chemin a beau être long et épineux, tout le monde a droit au bonheur. Il faut surtout mettre tous les atouts de son côté pour ne pas retomber dans le même schéma lors des relations futures, car c'est malheureusement ce que les victimes de telles violence ont tendance à reproduire inconsciemment.

J'ai été très touchée par ce livre. On découvre notre héroïne jeune adulte, bonne famille qui va peu à peu sombrer suite à sa relation avec un "mauvais garçon". Cela finira en violence conjugale et par un étranglement mais malgré tout elle aura beaucoup de mal à se décrocher de lui. Le livre finit sur une touche d'espoir qui fait du bien par rapport à tout le livre qui est très triste. On a de la pitié pour l'héroïne même si elle sombre aussi par elle même.