L'esprit républicain, c'est cela. Et la République, on lui compte près de mille abattoirs sur son territoire continental.

On est universalistes quand on ne doute pas des dons de l'univers ; on est du monde entier quand on y est bien né. Nous, c'est pour ne rien dire du fond de l'affaire : qu'il n'est pas d'humanité mais ceux-là qui disent les ordres et ceux-là qui les entendent.

Et elle dira : ce qui se joue ici n'est rien d'autre que la lutte entre l'émancipation des femmes et la domination des hommes. Et elle dira : le progrès social, la cause des femmes, le refus de manger de la chair morte et celui d'armer les nations au front, tout cela marche d'un même pas.

[...] c'est qu'on accuse l'ensemble des féministes d'être de mèche avec le chien, et ce n'est pas tout à fait faux car les femmes qui se battent pour voter ne comprennent souvent pas pourquoi déclarer des guerres, fabriquer les lois et violer les femmes, cela ne suffit pas à contenter les hommes, pourquoi il leur faut de surcroît démembrer des animaux qu'ils croisent ; ce que nombre d'entre elles comprennent, par contre, c'est que la force mâle qui meurtrit le corps des femmes et celui des bêtes est la même.

C'est qu'on ne tue jamais mieux qu'en riant. Il faut son content de gencives tièdes, un peu brillantes, heureuses d'être au monde pour une belle flaque de sang. Nous aimons offrir nos dents au regard des nôtres pour casser des gueules rouquines ou précipiter quelque lope au bas d'un escalier. Pas de pendus aux grand arbres sans se fendre la pipe ; pas de fosses communes sans franches marrades.

Presque toutes les grandes civilisations qui se sont effondrées étaient prévenues de leur effondrement, mais se sont révélées incapables de se transformer. Réussirons-nous là où elles ont échoué ?

A cet instant, une partie de moi désirait véritablement discuter avec lui du fait que le mal, alors qu'on a l'impression d'être bon, s'insinue tout doucement ou soudainement en nous, dans notre tête, notre ventre ou tout notre corps.

- c'est dégueulasse, commenta Ida.
- Oui, admis-je, tout ça, c'est un peu dégueulasse.
- Tout ça quoi ? Demanda Angela.
- Les mecs : avec eux, on se croirait dans les chiottes d'un train.

"-Mais pourquoi un garçon, pourquoi ne pas vouloir une fille? [...]
- Parce que la vie est plus facile pour les garçons, en Chine, tout comme ailleurs. Tout est plus facile. Comme bon leur semble, ils vont, ils viennent, ils disposent de leurs richesses, de nos personnes de nos corps. Ils nous épousent, puis nous refusent leur tendresse pour en aimer une autre ou plusieurs autres ou pour aimer leur travail ou accorder une loyauté plus solide à leurs compagnons de travail qu'à leurs femmes et leurs enfants."

On ne croit pas que le ciel est en train de tomber tant qu'on n'en a pas pris un bout sur le crâne.

Nous nous servons de la science, nous ne sommes pas à son service. La science, Monsieur Kearns, n'est plus le seul jouet d'une poignée de puissants faiseurs de guerre, pas plus qu'elle n'est asservie à un mode de vie artificiel à l'usage d'une population malade et névrosée, sans cesse à la recherche infantile de distraction et d'excitants nouveaux.

Bien sûr, dans les livres d'Histoire, au chapitre des différents groupes assassinés par les nazis, il n'est jamais question des prostituées, car je suis sûre qu'elles sont considérées comme une tâche sur le mémoire des autres victimes. La vérité, c'est que la vie d'une pute ne vaut rien. Pour moi, ce n'est que la haine de soi. Notre société hait ceux qui nous acceptent sans réserve, nous, nos corps, nos désirs secrets. C'est ce que ces dames m'ont appris... à accepter ce que les autres dédaignent.

Il y a des mots mystérieux, des mots muets, entre une mère et son enfant. Ça commence alors qu'il est encore en elle.
Par ces mots, soit l'enfant ressent que les portes du monde lui sont ouvertes, soit qu'elles lui sont fermées.

Imaginez comme il serait facile de prendre un philtre [d'amour], plutôt que de faire des efforts pour qu'une relation marche malgré les obstacles et pour grandir en tant qu'individu à travers les épreuves relationnelles. En supprimant tous ces obstacles, on perdrait d'immenses opportunités de devenir des personnes meilleures grâce à cette relation.

Beaucoup d'encre a coulé pour débattre sur le schéma du bien et du mal que représentent respectivement Harry et Voldemort, mais qu'en est-il du troisième garçon perdu, cet amalgame complexe d'ombre et de lumière, l'agent double et assassin de Voldemort, le protecteur et adversaire de Harry ? Qui est Rogue ?

A l'oeuvre maintenant ! Toilette et gratterie
L'absorbent tout entier. Le chat,
Si propre tel qu'il est, si bien peigné déjà,
Se lisse avec coquetterie.

Que par hasard un poil se colle sur sa langue,
Pour l'avaler, le miauleur
Grimace en mâchonnant, fait comme un beau parleur
Qui s'empêtre dans sa harangue.

Au voleur ! Au feu ! Au meurtre ! Pareille chose ne s'était jamais produite depuis sa venue même à la Montagne ! Sa rage passe toute description - c'était le genre de rage des gens riches qui, possèdant bien plus que ce dont ils peuvent jouir, perdent soudain ce qu'ils avaient depuis longtemps sans jamais s'en servir ou sans en avoir jamais eu besoin.

Si l'on dit des voyages qu'ils forment la jeunesse, les lectures font bien plus, elles apprennent à envisager le monde depuis mille points de vue dispersés.

Peut-être ai-je attribué trop d'importance à l'alliance entre raison et culture, aux bonnes lectures, à la langue bien maîtrisée et à l'appartenance politique ; peut-être sommes-nous tous égaux devant l'abandon ; peut-être que même une tête bien ordonnée ne peut supporter de découvrir qu'elle n'est pas aimée.

Comme beaucoup de faux misanthropes, qui, en réalité, aiment trop les humains pour les tolérer médiocres, il usait parcimonieusement du terme d'ami pour désigner un de ses semblables.

Elle se meurtrit les métacarpiens en raccrochant le combiné. S'abattit sur son lit, la tête au creux des bras, avec des sanglots courts d'adolescente trahie, mêlés à un fou rire sporadique, parce qu'elle se trouvait aussi ridicule que les trois cents lits, leurs trois cents têtes au creux de leurs six cents bras, dans les trois cents films du cinéma mondial qui n'a jamais su montrer un désespoir féminin ailleurs que sur une couette.

La nuit ne viendra-t-elle jamais ?

Ne plus rien vouloir. Attendre, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à attendre. Traîner, dormir. Te laisser porter par les foules, par les rues. Suivre les caniveaux, les grilles, l'eau le long des berges. Longer les quais, raser les murs. Perdre ton temps. Sortir de tout projet, de toute impatience. Être sans désir,sans dépit, sans révolte.
Ce sera devant toi, au fil du temps, une vie immobile, sans crise, sans désordre: nulle aspérité, nul déséquilibre. Minute après minute, heure après heure, jour après jour, saison après saison, quelque chose va commencer qui n'aura jamais de fin: ta vie végétale, ta vie annulée.

Tu es assis et tu ne veux qu'attendre, attendre seulement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à attendre: que vienne la nuit, que sonnent les heures, que les jours s'en aillent, que les souvenirs s'estompent.

Un spirale colorée dans une petit boule de verre, voilà comment je me représente ma propre vie.

Etant résolument, dans ma métaphysique, un non-syndiqué et n'ayant que faire d'excursions organisées à travers des paradis anthropomorphiques, je suis abandonné à mes moyens propres, mais non négligeables, quand je songe à ce qu'il y a de meilleur dans la vie [...]