La philosophie Cantona

Résumé

La preuve est faite : Eric Cantona s'est trompé d'époque.

Avec 2000 ans d'avance, déposant au vestiaire champêtre le casque du légionnaire romain, il aurait conquis la Gaule, balle au piedet tête haute. Comme tous les centurions en campagne, il aurait choisi l'"harpastum", sport de conquête et ancêtre de notre football. Ce jeu ne négligeait pas la manière forte (malheur aux hooligans de tribune !) et s'apparentait au divertissement sportif le plu en vogue dans la Grèce antique.

Si Cantona avait porté les couleurs de l'Olympique de Sparte, patrie des qualités viriles, il aurait joué à l'"Episkuros", poussant des vessies de boeuf pleines de sables vers le but adverse.

Sa bravoure aurait précipité les Sages dans un abîme d'admiration et de perplexité. Elle aurait peut-êtredicté à Platon un tome 2 de sa célèbre République sur le thème du sport-spectacle au bénéfice de la Cité.

Socrate, chroniqueur opportuniste, rapporta fidèlement le dialogue original. Un long match-entretien, façon marathon, joué au Pirée 410 ans avant Jésus-Christ. Il détailla la composition de l'équipe et l'on remarque pour l'anecdote sportive qu'elle était formée de onze philosophes : Platon, Céphale, Polémarque, Thrasymaque, Adimante, Glaucon, Clitophon, Lysias, Euthydème, Charmantide et Nicérate.

Onze... comme une équipe de foot.

Et Canto dans tout ça, diriez-vous ? Le voici en pleine lumière, surgi des "slums" enfumés qui proliféraient à l'époque où Marx et Engels posèrent leur philosophie révolutionnaire en Angleterre.

Cantona, roi de Manchester, footballeur, peintre et poète...

Un aphorisme marin a fait du numéro 7 rebelle de Mnachester United le premier et unique philosophe de l'"Episkuros" d'aujourd'hui, rebaptisé communément et universellement "football".

C'était au sortir d'un tribunal londonien qui l'avait condamné à cent vingt heures de travaux (forcés) dits d'intérêt général pour un geste d'auto-défense. Les micros étaient dégainés. Canto persifla, vaguement flegmatique : "Quand les mouettes suivent un chalutier, c'est qu'elles pensent qu'on va leur jeter des sardines..." Il n'en fallut pas plus pour lancer la presse dans l'étude sémantique de ce beau ballon d'essai fiché dans sa lucarne. Le Dailly Telegraph inventa un pittoresque dialogue entr Socrate et Cantona sur les choses de la vie et du football. Celui-ci s'achevait sur un cinglant et moqueur : "Tu l'as dit Socrate." Le Monde traduisit doctement : "Cantona passe, les chiens aboient."

Albert Camus lui-même, le premier philosophe-footballeur reconnu, pied-noir d'Algérie et soulier d'or du Quartier latin, n'aurait pas poussé le ballon aussi loin.

Cantona, si. Maître du contre-pied, il en rajoute et dribble avec les mots. Il nous régale enfin avec ce livre : La philosophie Cantona. Son petit livre rouge.