Le Japon d'Edo

Résumé

Un excellent aperçu du Japon entre 1603 et 1868 . Les auteurs ne se contentent pas de cataloguer des données; ils les mettent bien en perspective.

Cela m'a semblé particulièrement perceptible dans les sections consacrées aux lettres et aux sciences. On y apprend, par exemple, que les concepts d'arts, de lettres et sciences n'existaient pas au Japon d'alors, ce qui n'a pas empêché le pays de développer une longue tradition d'écriture poétique en écriture syllabaire Japonaise et en caractères chinois (prononcés en Japonais), et une prose d'une grande variété et vivacité, tant en chinois, que, par la suite, en langue vernaculaire. Les auteurs principaux sont cités, ainsi que leurs œuvres-clefs, et ils font l'objet d'une petite notice biographique très bien faite à la fin de l'ouvrage.

De même pour les sciences, Mr et Mme Macé montrent que si "nos" domaines scientifiques (physique, botanique, etc) n'existaient pas tels que l'Europe les développait alors, les Japonais, après avoir adopté la médecine, l'anatomie, la pharmacopée chinoises en les adaptant (à la flore locale par exemple), ont fait montre d'une grande intelligence dans la compréhension de nos concepts scientifiques. Les traducteurs, souvent formés à la médecine (traditionnelle et puis occidentale), ont véritablement réfléchi à l'objet de chacune de nos sciences (pour leur inventer un nom japonais, par exemple), et à la mise au point de techniques de traduction. D'autres ont ajouté des notes sur leurs propres expériences (sur l'électricité statique, par exemple) à la traduction des ouvrages. Il s'est agi donc d'une véritable appropriation, plus que d'une simple traduction.

Table des matières:

Après avoir présenté les principaux jalons de l'histoire du Japon jusqu'à l'ère d'Edo (1603-1868), les auteurs traitent de l'organisation géographique et politique intérieure (fiefs et villes), et des frontières extérieures du Japon à l'époque considérée. Ils présentent ensuite la société à la fois telle qu'elle se voulait et telle qu'elle était dans les faits, puis décrivent le pouvoir shogunal (et son évolution), son rapport au pouvoir impérial, l'administration, la justice, et enfin l'économie (commerce, artisanat, monnaie, mesures, etc). Vient ensuite une riche section intitulée "Les Japonais" où les auteurs révèlent la vie des gens de l'époque : leur rapport au temps (calendrier, temps d'une vie), leurs croyances et les religions du pays, les voies (arts martiaux, ikebana, voie du thé, calligraphie, et les arts et loisirs), a vie privée (maison, famille, bain, santé, noms de famille, etc) . En clôture, une section de repères biographiques, des index (général, noms de personnes, de lieux, d'œuvres) et une bibliographie.

Les quelques lignes consacrées ci et là à la femme dans cette société dirigée par des guerriers semblent refléter son statut inférieur. J'aurais apprécié en savoir plus, sur sa formation intellectuelle, par exemple, puisque certaines d'entre elles semblaient maitriser l'art de composer des poèmes. L'iconographie est maigrelette et les (trop) rares cartes tiennent du bricolage. C'est un des rares reproches que je ferai à cet ouvrage vraiment bien fait par ailleurs.

"Le Japon d'Edo" est un livre précieux qui s'adresse bien à son lecteur, vient le chercher dans sa culture pour l'emmener à la découverte d'une autre civilisation telle quelle était à une époque culturellement très riche.