Une très légère oscillation

Pourquoi est-ce que ces derniers jours je lis des livres qui font réfléchir ? Sylvain Tesson est un boomer dans sa définition la plus ample : un homme qui trouve que c’était mieux avant, que les jeunes ne savent plus écrire, lire, réfléchir et profiter de la nature, que le monde va mal, que l’islam est un danger et Poutine un grand homme. Autant de choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Ce serait incroyablement intéressant, je pense, d’avoir une conversation avec lui ! Malheureusement, cela ne se fera surement jamais. Il a une façon d’écrire qui me fait comprendre son point de vue, mais je ne peux m’empêcher d’y confronter mes pensées, mes opinions, mes arguments.

Lecture difficile, non pas par la langue ou le sujet, mais par mon esprit et sa volonté de continuer à lire quelqu’un de foncièrement différent de soi, avec qui je ne suis pas du tout d’accord. Je ne pense pas que le voile soit “le linceul du féminisme”, et d’ailleurs, avec toute cette nostalgie de l’Europe et de la France passée, et parfois ses relents nauséabonds, le livre me fait avoir une réaction épidermique. J’ai envie de me placer en contre-exemple de ce qu’il pense de la jeunesse. J’ai envie de dire que l’on peut conjuguer souvenirs et photos, nature et smartphones, vie réelle et vie numérique, passé et futur. Je comprends ce qu'il dit mais ne suis pas d'accord avec lui. Le monde change, en effet, mais pas qu'en mal.

Lu en 2018. Monsieur Tesson me subjugue. C'est le philosophe et l'humaniste de notre temps, poète cynique - mais jamais cruel, indéniablement brillant à l'oral comme à l'écrit (aphorisme irrésistibles).

"La vie ? Un peu d'agitation entre deux silences". A travers ce journal intime, tenu de 2014 à 2017, Tesson se fait le "sismologue" de notre société. Il nous livre ici une "cartographie" de ses humeurs : les combats intérieurs d'un homme qui a conquis des sommets pour échapper à la peur du vide, et cette "très légère oscillation" qui nous rattache à la vie !

Spoiler(cliquez pour révéler) En fin observateur et analyste, il dénonce la folie, la fureur, le bruit, l'inconstance, la faiblesse et l'inconscience des hommes, auxquels il préfère les bêtes, les montagnes, les grottes, les arbres, le soleil, le silence. Dans ce journal, il revient surtout sur les événements marquants de 2014-2015 : son accident, les attentats, la politique intérieure, les relations internationales... Le tout à la lumière de ses réflexions personnelles sur la religion, la mort et la vie, de ses coups de gueule ou coups de coeur (littéraires, artistiques). Il ne ménage pas non plus son regard sur notre société actuelle, cyber-connectée et esclave de l'image, ne lisant plus, ne se posant jamais, irrespectueuse de la nature...

Un livre merveilleux qui présente le journal intime comme la bouée de sauvetage dans l'océan de ses errements. ..un régal. .Pour moi, S Tesson aime l’homme mais au sens du vrai sujet qui s’ouvre au monde (ce qui n’a rien de contradictoire avec la solitude) et non pas au sens de l’individu que la raison instrumentale a dénaturé. Sa pensée n’est pas pessimiste, toute véritable pensée est par construction, affrontement avec un réel où l’absurde est présent.S Tesson affronte la froideur des steppes et emprunte des chemins noirs précisément pour redonner sa noblesse au monde et, du moins est-ce mon interprétation, aux hommes…

On m'avait chaudement recommandé ce journal, et j'avais donc hâte de le lire, mais je dois reconnaître que j'ai été très déçue. L'auteur "s'écoute" ou "se regarde" écrire, j'ai l'impression qu'il écrit pour lui-même sans aucune considération pour le lecteur (c'est très bien d'écrire pour soi-même, mais dans ce cas il n'y a aucun intérêt à publier "l'ouvrage"). Il se donne un air intello, fier de ses phrases. Je n'ai malheureusement pas du tout aimé le style...

Je ne suis pas un grand lecteur d'essais,de journal ,de récits, je dois avouer que je suis "tombé" dans le récit de Sylvain Tesson ! Quelle culture cela fait un bien fou de lire ce bouquin !