Chesapeake Shores, Tome 3 : L'Aube des promesses

—Caitlyn et Carrie ont presque huit ans maintenant, et même si elles adorent jouer avec Davy, ton fils a besoin de fréquenter d’autres enfants de son âge.

Elle lui lança un regard pénétrant.

—Il a besoin de rire, Kevin. Depuis quand n’es-tu pas redescendu sur terre pour jouer à la bagarre avec lui, à quand remonte votre dernier fou rire?

—Il me semble que papa remplit parfaitement ce rôle.

De fait, Mick avait l’air de s’en acquitter avec joie.

—C’est son père qui devrait s’en charger, pas son grand-père.

Depuis quand n’as-tu pas emmené Davy déguster un cornet de glace en ville?

—Tu l’as fait encore hier, lui rappela Kevin.

Gram lui jeta un regard impatient.

—Ce n’est pas ce que je te demande! Je veux savoir quand toi, tu l’as emmené pour la dernière fois.

—Jamais, admit-il. Mais je ne vois pas en quoi c’est si épouvantable. Davy est l’objet de toutes les attentions, ici. C’est pour ça que je suis revenu à Chesapeake Shores.

—Autrement dit, nous devons l’élever à ta place? l’interrogea sa grand-mère.

Sous la douceur du ton, sa question était lourde de sens.

—Non, bien sûr que non, rétorqua-t-il avant de regretter la sécheresse de sa réponse.

Il soupira.

—Peut-être.

—Kevin, nous savons tous que tu pleures Georgia et nous ferions n’importe quoi pour te venir en aide, mais tu dois recommencer à vivre.

—Tu dois procurer à Davy une vie plus normale. Comme je savais que Jess avait déjà abordé le sujet avec toi, j’ai attendu, mais tu ne montres aucun signe de changement. Je ne peux pas continuer à te voir gâcher ainsi la vie de ton fils et la tienne. C'est tout bonnement injuste. Tu es un jeune homme en pleine santé avec des dizaines d'années devant toi. Ne les gaspille pas si tu ne veux pas vivre avec des regrets.

Aussi pénible que ce soit à admettre, sa grand-mère avait raison. Simplement, il ne voyait pas trop comment faire pour changer cette situation, surtout pris dans le tourbillon de sentiments conflictuels qui assiégeait son cœur. Il était en colère contre une guerre qui lui avait pris la mère de son enfant et l’avait rendu père célibataire. Il était dévoré par le remords de ne pas avoir davantage insisté auprès de Georgia pour qu’elle reconsidère sa dernière mission en Irak, comme la quasi-totalité du clan O’Brien l’avait supplié de le faire. Et il pleurait la jeune femme passionnée qui ne connaîtrait jamais son fils, qui ne serait pas là pour son premier jour d’école, sa remise de diplôme à la fin du lycée, son mariage.