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LENDL BAT McENROE
3-6 2-6 6-4 7-5 7-5
- Pourquoi les gens ils applaudissent le méchant ?
A cette question, Hélène ne sait pas quoi répondre. La dernière cigarette empâte encore sa bouche. Son fils parle de John pour la première fois. L'appelle le méchant. Elle se retient de détailler l'ensemble des évidences qui s'imposent à ses yeux, ne répond rien, c'est plus simple ; elle laisse McEnroe se cambrer et frapper un service décroisé, ça devrait suffire. Quatre foulées, il est au filet. A cet instant précis, l'allégement des pieds juste avant la volée, à cet instant précis si les échanges n'étaient pas aussi rapides, elle pourrait demander à son fils s'il ne remarque pas la manière quasi sensuelle qu'a le futur vainqueur de caresser les balles, la vitesse vertigineuse à laquelle il les propulse hors de portée de son adversaire. Pas le temps, le temps pour rien, le temps pour rien de rationnel. 40-0. Point gagné, un de plus, seul l'arbitre s'exprime dans la pièce, énonce l'inéluctable avancée de l'Américain vers la victoire. Déjà il se prépare pour l'ultime service du jeu. Un gros plan : l'avant-bras d'Hélène tressaille, elle baisse les paupières pour ne plus apercevoir la silhouette qui avive ses regrets. Même à l'abri de cette obscurité temporaire, elle pourrait décrire à son fils la souplesse des muscles de John, leur dureté au toucher sous l'apparence lisse de la peau. Le bruit des balles, de l'arbitrage et des applaudissements lui cause comme un étourdissement. Elle libère ses pupilles : Julien, la télévision, la main de Lendl en gros plan, qui s'arrache les cils. Elle se reprend. Une mère célibataire de vingt-quatre ans ne révèle pas à son fils l'effet que produisent sur elle les muscles d'un tennisman, fût-il le meilleur joueur du monde.
- Moi, j'aime mieux l'autre. Ça n'a rien de bouleversant comme constat. C'était même prévisible. La phrase banale d'un gamin de cinq ans, dans le salon familial, auquel sa mère propose pour la première fois de suivre un match de tennis. Deux sets à zéro en faveur de McEnroe, c'est le temps qu'il a fallu à Hélène pour se décider à allumer la télévision. L'année dernière, Julien faisait la sieste, John ne s'était pas qualifié pour la finale : comme cinquante millions de Français, elle avait encouragé Yannick Noah, s'était sentie presque normale. Cette fois, un peu plus d'une heure à hésiter, à espérer que le match serait terminé quand elle appuierait sur le bouton. Elle aurait aperçu l'Américain bras levés avec la coupe, l'image aurait suffi ; en prime, la satisfaction d'avoir renoncé à la contemplation du corps du héros en mouvement pendant trois sets entiers ; à la jouissance ambiguë de ce spectacle.
Vers 16 h 30, elle n'a plus supporté de ne pas savoir ; aider son fils à coller des gommettes dans un cahier d'école ne suffisait plus à monopoliser son attention. On regarde du tennis, pour changer ? Elle n'a pas attendu la réponse. Le match n'était pas terminé, il restait trois ou quatre jeux, comme si John, à quelques centaines de kilomètres, avait aligné l'exécution du Tchécoslovaque sur ses tergiversations. Encore une fois, tout concordait.
- Tu ne trouves pas que McEnroe joue mieux ?
- McEnroe, c'est le méchant avec la rayure noire sur la chemise ? Je ne l'aime pas."
Ce soir, le commissaire avait décidé de nourrir le reptile toujours en quête de chaleur et de caresses. Cette perspective le rendait sensible à l'esthétique de la maison close. Son grand corps hérissé de poils gris, soigneusement lavé et parfumé, luisant d'huiles précieuses, se rappelait les années d'abondance et de virilité. Lefèvre avait taillé ses poils pubiens avec autant de minutie que sa barbiche. Il était prêt à porter le joug de la croix.
C'est que, tout au long de sa vie, les cocottes lui avaient coûté plus qu'il ne le souhaitait. Mais n'étant pas porté sur les habits de drap fin ou les cannes à pommeau d'albâtre, il avait moissonné des souvenirs : une mèche de cheveux tombant devant des yeux, l'opulente poitrine renversée d'une femme prise en levrette, le frémissement d'une cuisse dans la lumière tamisée -des souvenirs qui l'assaillaient au dépourvu et l'apaisaient.
Depuis six mois, le commissaire avait une favorite, une femme faunesque, aussi peu conventionnelle que lui. Il n'était pas bon s'attacher à une seule femme, fût-elle une courtisane, car le coeur féminin est avide et mieux vaut ne pas tomber entre ses griffes. Cependant la gourgandine fascinait le commissaire par ses tendres minauderies. Une luciole sertie dans de l'ambre, qui ferait pâlir toute autre cocotte par comparaison. Eh bien, prends-en deux, Paul, se disait-il. Il avait beau se houspiller, cette décision restait sans effet - ce qu'il attribuait à l'âge.
Un fourmillement agréable dans la poitrine lui élança le pas. Ce qui n'avait initialement été qu'hygiène sexuelle d'un fringant quadragénaire s'était révélé un euphorisant plus puissant que l'opium. D'habitude, le commissaire descendait en faisant tournoyer sa canne l'élégante chaussée d'Antin qu'éclairait la lumière froide de l'Opéra restauré à grands moyens trois ans plus tôt, en 1867. Mais ce soir, la silhouette du commissaire, toujours lourde et carrée malgré son habit de bonne coupe, avait un air inquiet. Ses yeux s'égarèrent vers les carrosses rutilants qui allaient déposer les grandes courtisanes dans les cours des palais où les attendaient des laquais en livrée qui les escorteraient chez leur amant. Les «casques à pointe et têtes de mort» - ainsi que Le Moniteur qualifiait les troupes prussiennes massées aux frontières du royaume - attisaient manifestement la libido de la noblesse."
Source: amazon.fr
J'ai bien tenté de m'échapper... Mais ça m'était impossible...
Pour vaincre mes angoisses, j'ai voulu les dompter... Les faire miennes... Mais je n'ai obtenu que le désespoir en échange...
J'ai trahi mes amis... Tué ma mère... Dépouillé tous ceux qui m'entouraient.
Choisi la descente aux enfers... Un chemin en pente douce... La facilité... Pensant prouver que je valais mieux que ça...
C'était un simple prétexte... Aussi futile que le sens de la vie."
Crona
Et jamais il ne faut se faire regarder.
L'un et l'autre excès choque, et tout homme bien sage
Doit faire des habits ainsi que du langage,
N'y rien trop affecter, et sans empressement
Suivre ce que l'usage y fait de changement.
Mon sentiment n'est pas qu'on prenne la méthode
De ceux qu'on voit toujours renchérir sur la mode,
Et qui dans ses excès, dont ils sont amoureux,
Seraient fâchés qu'un autre eût été plus loin qu'eux.
Mais je tiens qu'il est mal, sur quoi que l'on se fonde,
De fuir obstinément ce que suit tout le monde,
Et qu'il vaut mieux souffrir d'être au nombre des fous,
Que du sage parti se voir seul contre tous."
(Ariste, scène 1, Acte I)
Que m'aurait-il enseigné ? Je crois qu'il m'aurait désigné l'horizon et encouragée à aller de l'avant."
- Qu'est-ce qui m'arrive? Gravats et crachats, je me sens mal!
Coco hésita: c'est vrai qu'elle avait l'air bizarre. Elle ajouta:
- Si tu partais seulement demain? "
- Mille œufs pourris! a-t-elle crié. Je refuse que tu sois sorcier, tu entends? Je t'ai répété mille fois que c'est devenu un travail épuisant. Tu te rends compte? Trouver des crapauds ou des loups, de nos jours, en pleine ville! Tu ne seras jamais sorcier, ni maintenant ni plus tard. Na! "
Elle s'appliquait, et je revois encore ses majuscules s'envoler au-dessus de son texte comme autant de montgolfières. "
Tout cela n'était désormais plus possible. "
En effet, le premier ne fut pas plutôt donné qu'un second le suivit; puis, un autre: ils se pressaient, ils entrecoupaient la conversation, ils la remplaçaient."