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Commentaires de livres appréciés par fredmerck
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Je ne sais pas si je lirai les suites, Couleurs de l'incendie et Mémoires de nos peines. Dans l'immédiat non, car si ma lecture n'a pas été désagréable du tout, je n'ai pas non plus eu un coup de foudre, mais pourquoi pas un jour.
La couverture de Missippi Solo est très belle : brune orangée comme peut être la boue du fleuve, avec, juste sous le titre et le nom de l'auteur, un homme sur un canoé.
La quatrième de couverture annonçait plusieurs des thèmes qui font que mon attention se fixe sur un livre :
- le Mississippi (ou le Sud des Etats-Unis, ou les Etats-Unis tout court)
- la promesse d'un voyage en canoé depuis sa source au Lac Itasca dans le Minnesota jusqu’à La Nouvelle Orléans, jusqu’à son delta
- une réflexion sur le racisme puisque Eddy L.Harris, l’auteur, est noir, même s'il ne vit pas cette particularité comme un trait déterminant de sa personnalité.
- Descendre le Mississippi en canoë.
- En partant d’où ?
- Du début.
- Et c’est où ?
- Au Minnesota.
- Au Minnesota, répète-t-il. Tu sais combien il y a de Noirs au Minnesota ? Six à tout casser. »
Il avale une autre gorgée. « Et tu comptes aller jusqu’où ?
- La Nouvelle Orleans.
- En traversant le Sud. » Il reprend une gorgée. « De là où il n’y a pas de Noirs à là où on ne nous aime toujours pas beaucoup. Je ne sais pas pour toi, mais moi ça m’inquiéterait un peu. »
Pourquoi un craquage initial se confirme à la lecture ?
Le « grand fleuve » est une obsession pour Eddy L. Harris. Pourtant, « une fois qu’ils ont atteint un certain âge, les rêveurs ne sont plus en grande estime. On les raille, au contraire, on les traite de fous et de feignants. Même leurs amis. Surtout leurs amis ! »
Mais Eddy L. Harris va décider de le suivre son rêve. Il a 30 ans, nous sommes au milieu des années 80, il tente désespérément de percer en tant qu’écrivain. Maintenant ou jamais.
Il n’est pas plus sportif que ça, n’a qu’une expérience très basique du canoé kayak, et encore moins sur un fleuve de l’envergure du Mississippi. Il n’a pas non plus assez d’argent pour s’acheter un équipement infaillible. Ce sera donc juste le minimum et, côté pratique, on apprendra sur le tas, au fil du courant. Au début de ma lecture, j’ai d’ailleurs pensé qu’il était un peu fou, ou au moins complètement déraisonnable.
Le voyage est un périple. 3780 km de fleuve. 10 états traversés. Minnesota, Wisconsin, Iowa, Illinois, Missouri, Kentucky, Tennessee, Arkansas, Mississipi, Louisiane. Même les affluents ne font pas dans la demi-mesure : Missouri, Ohio, Illinois… Les villes, n’en parlons pas : Minneapolis, Saint-Louis, Memphis, Bâton Rouge, La Nouvelle Orléans. Et entre, il y a la nature, les petites villes, l’Amérique de l’intérieur.
Le Mississippi, c’est un peu toute l’Histoire des Etats-Unis.
On y croise Lewis et Clarke, Tom Sawyer. On mange des poissons chats frits dans des Diner improbables, on vit les écluses du fleuve en même temps que le canoé, on a mal au dos pour lui et on fait les mêmes découvertes qu’Eddy L. Harris, l’expérience du racisme (les deux rednecks qui lui tirent dessus pour s’amuser !) mais aussi de la générosité, du sens du service et du plaisir de la rencontre, fût-elle fugace mais malgré tout inoubliable.
Il est peu dire donc que j’ai adoré ce livre, que je l’ai lu en 24 heures !
Je trouve juste qu'il manque des photos et mes seuls autres bémols sont les épisodes des chiens sauvages et des canettes de bière dans l’eau. Mais je vous laisse les découvrir !
Le résumé en quatrième de couverture évoquait le vol du passeport américain de Haris, et donc la perte de « son statut d'Occidental protégé ». Pourtant, dans l'histoire, ce sujet n'est pas plus développé que cela. Haris n'en semble pas trop perturbé, comme si revenir aux Etats-Unis, ou même réussir à quitter la Syrie (ou la Turquie !) ne l'effleurait pas. Son histoire n'est aussi qu'esquissée, hormis l'épisode avec Jim et Karem en Irak. J'aurais aimé en savoir plus sur sa vie avant les Etats-Unis, sa famille, son arrivée dans le Michigan, sur le déracinement qui l'anime. Je ne m'attendais pas à ce quasi huis-clos entre lui et moins d'une dizaine d'autres personnages.
Le Passage est malgré tout une lecture agréable. Elliot Ackerman, manifestement, aime et connait la région. Et moi, quand on me parle de baklava, d'açma, d'Efes Pilsen, je suis d'emblée positive. J'aurais juste aimé plus de contenu, plus de densité, pour pouvoir davantage croire aux personnages, pour qu'ils soient autre chose que les « prétextes » du récit.
De Guillaume II à la construction de l'Union Europeen, en passant par Verdun, la chute du mur, Franco, les camps, mai 68, le siège de Stalingrad et celui de Sarajevo, tout y est : 1 an de voyage, 1000 pages de lecture, un sacré investissement, pour 100 années d'Histore. Le travail de l'auteur est tout simplement prodigieux et habilement mené.
J'ai appris énormément et d'ailleurs je crois être encore en train de "digérer" ma lecture. J'ai l'impression d'avoir fini un long voyage et suis plus que jamais européenne convaincue.
De lui, j'ai lu en premier, il y a longtemps, Les Cailloux Bleus, un titre absolument merveilleux, subjuguant, transportant. J'ai depuis une tendresse pour les romans de Signol. Je trouve qu'aucun n'a jamais atteint la puissance des Cailloux Bleus, ou peut être qu'aucun n'a eu ensuite la force de la nouveauté, mais, quand même, lire un Signol, c'est la certitude de toujours retrouver des ingrédients qui chez moi fonctionnent. Des paysages magnifiques et rudes, des vies simples aux destins transcendés.
Je n'avais jamais lu La Rivière Espérance mais me souviens assez bien de l'adaptation en série de l'été, au milieu des années 90. Celle-ci est d'ailleurs actuellement disponible sur Prime Vidéo. J'y ai jeté un oeil pendant ma lecture mais n'ai pas du tout eu l'envie de continuer. Mon regard a certainement changé depuis. Forcément, j'ai pris 25 ans... Mais quand même, la série a hyper mal vieilli. Les acteurs sont mal dirigés, les dialogues sont creux, la lumière est moche, on se croirait dans un téléfilm bas de gamme.
Les personnages du livre ne sont pas beaucoup plus développés d'ailleurs, et c'est bien ce qui pêche à la lecture. Marie est amoureuse de Benjamin mais rien dans la lecture ne fait émotion au sujet de leur histoire, pourtant difficile. Idem en lisant le périple de Benjamin vers l'Ile Bourbon, ou les tourments de Victorien. L'histoire est très belle mais aurait été tellement forte si plus développée...
Alors n'allons pas penser que je n'aime pas lire Signol. Il fait figure de respiration entre deux lectures plus prenantes. Je vais enchainer sur le deuxième tome avec plaisir. Mais quand même, avec un tel "matériel", des romans autrement plus denses seraient possibles !
Durant ma lecture, je n'ai pas cessé de penser qu'il y avait quelque chose de comparable avec Les Disparus de Daniel Mendelsohn. Autant dans le sujet que dans le style d'écriture. Dans les deux cas, il y a une foule de personnages qui tous finissent par être liés d'une façon ou d'une autre il y a aussi le thème de ce qu'est la mémoire, de ce qui fait souvenir
Alors, entrer dans ce livre n'a pas été forcément facile car il n'est pas de ceux dont on lit trois ou quatre page par ci par là. Sa densité fait qu'il faut s'accrocher, se laisser porter, et là, la magie opère, les personnages prennent vie, portés par l'Histoire et l'histoire.
Il y aura un avant et un après Ishmael.
Il faut absolument que tous le lisent.
Ce livre, qui date déjà de 1992 mais a été republié en 2018 par les Editions Libre. L'objectif affiché de celles-ci est de "promouvoir des perspectives socio-écologiques quasi-inexistantes dans le paysage culturel francophone, afin de participer à la création et à l’organisation d’une culture de résistance et de défense du monde naturel". Evidemment, avec Ishmael, nous sommes en plein dedans.
L'histoire de la création, par exemple, qu'en disons nous ? Que croyons nous ? Il y a eu le big bang,la naissance du système solaire la soupe primordiale, la vie qui y apparaît, puis les grands sauriens, les mammifères, puis les primates, et soudain un de ces primates qui descend de l'arbre, et l'Homme est apparu.
- L'histoire de la création telle qu'elle est racontée dans votre culture (Ishmael)
Centrée sur l'être humain qui, s'il était porté par une méduse, par exemple (et comme dans le livre), se raconterait un peu de la même façon, la terre en moins, puisque "les terres et les rochers qui sont là-bas ne sont que les bords du vaste récipient qui contient la mer", mais terminerait en "et finalement la méduse est apparue".
Pour elle, "c'était l'aboutissement de dix ou quinze milliards d'années de création, se terminant par la méduse !"
Et pourtant, nous le savons que l'évolution ne s'est pas arretée à la méduse, mais nous nous persuadons qu'elle l'a fait avec l'Homme, son aboutissement, comme si "l'homme (était) le résultat ultime de la création. (...) la créature pour laquelle pratiquement tout a été façonné".
Est ce que la création du cosmos devait s'achever au bout de trois millions d'années, ici, sur cette petite planète, avec l'apparition de l'homme ?
Alors que l'apparition de l'homme n'a pas causé davantage de remous que celle de la méduse.
Un mythe, celui de la Création.
Plus loin, je vous le fais bref, c'est la scission entre "Ceux qui laissent" et "Ceux qui prennent" qui est évoquée, à ce carrefour de l'Histoire humaine, quand l'agriculture et la sédentarisation sont devenus la norme, et quand l'homme a commencé à croire qu'il était là pour dominer un monde créé pour lui par un Dieu créé par lui.
Alors que l'homme n'est pas seul sur cette planète et ne représente qu'une partie de la communauté dont il dépend totalement.
Or, l'homme est, dans son Histoire actuelle, un peu comme un candidat aviateur poussé du bord d'une falaise, à bord d'une hasardeuse machine à pédales. La falaise est très haute, le sol est très loin, immensément loin, en tout cas au début. Longtemps, l'homme reste en chute libre, il est heureux, pense voler, pense être invincible. Le sol est loin, il ne le voit tout d'abord pas. Quand il commence à se rendre compte qu'il ne maintient pas son altitude, il minimise, se persuade qu'il lui suffit de pédaler un peu plus fort, que tout va bien. "Ma machine m'a amené si loin en toute sécurité que je n'ai qu'à continuer"
Ainsi l'explique Ishmael :
"Il y a dix mille ans, les gens de votre culture se sont embarqués dans un voyage similaire. (...) Leur vol ne pouvait prendre fin, il ne pouvait que devenir de plus en plus exaltant. Ceux qui prennent ne pouvaient savoir, ni même soupçonner qu'à l'instar de notre infortuné aviateur ils étaient en l'air mais ne volaient pas. Ils étaient en chute libre (...) mais leur désillusion étant encore à venir, ils pédalent gaillardement en coulant des jours heureux. (...) (Mais) de nos jours (...) chacun regarde en bas, et il est évident que le sol se précipite à votre rencontre de plus en plus vite chaque année, (...) cette chute va bientôt se terminer"
Pourtant, au sein de la communauté du vivant, tout semblait simple au départ.
Le peuple des C vivait en bonne santé, prospère et pacifique. Ils mangeaient leurs voisins, les B, qui pourtant ne songeait pas à fuir la proximité des C puisque les A, leur nourriture à eux, vivaient juste à côté eux aussi, et que ces mêmes A mangeait les C. "Les végétaux constituent la nourriture des herbivores, qui consituent eux mêmes la nourriture des prédateurs, et certains de ces prédateurs sont la proie d'autres prédateurs encore. Et ce qui est délaissé constitue aussi la nourriture des charognards, qui restitueront à la terre les aliments nécéssaires aux végétaux. C'est un système qui a très bien fonctionné pendant des milliards d'années. (...) La gazelle et le lion ne sont ennemis que dans l'imaginaire de Ceux qui prennent."
Alors, que faire après cette lecture qui remet les choses en ordre ?
Questionner notre prison culturelle ?
Est ce que l'idée ne serait pas alors d'accorder aux créatures qui nous entourent un espace dans lequel elles puissent vivre ?
Je ne me vois pas aller vivre en auto-suffisance dans une grotte dans la forêt.
Mais laisser la forêt venir ?
Pour que le sol arrive moins vite ?
Je ne connaissais pas Colson Whitehead. Et je me demande bien pourquoi étant donné que le livre a eu énormément de succès ! Parfois c'est vraiment que je dois vivre sur une autre planète...
Son écriture est puissante et terriblement efficace. L'histoire qu'il raconte est hallucinante. Je restais scotchée aux pages, complètement immergée dans l'intrigue, accrochée au destin des personnages. Certains passages sont extremement violents mais rien n'est gratuit dans les descriptions. Il y a quelques semaines, j'ai lu Autant en Emporte le Vent. Alors, évidemment, je contextualise l'histoire, mais tout de même quel grand écart !
Je ne sais pas trop si l'idée était d'écrire un roman réaliste. Personnellement, je l'ai plus perçu comme une sorte de conte (noir) évoquant l'esclavage et ce rail clandestin. En l'occurence, celui-ci n'a évidemment pas existé en tant que tel. On imagine mal des tunnels creusés un peu partout, des locomotives enterrées. Il y a cependant bien eu un vrai réseau occulte, "souterrain". D'où le rail...
Ce n'est pas étonnant qu'une adapation ciné ait été faite. L'intrigue s'y prête à merveille. La lecture est très rapide, addictive. Mark Spragg soigne la tension tout au long des pages. J'ai trouvé que les passages liés à l'ours (qui a blessé Mitch, le voisin/ami du grand-père) ne sont pas les plus utiles car toute la trame autour des retrouvailles petite fille - mère - grand père, et la traque de Gary, suffisent.
Bref, c'est un roman qui a bien fait son boulot : j'ai passé un très bon moment même si évidemment ce n'est pas la lecture du siècle. Je suis néanmoins contente que le mois américain m'ait poussée vers lui.
Le voici donc muni de son passeport français, en vol pour Tel-Aviv. Lors de son passage à la douane, il est malgré tout arreté et conduit à l'écart. Commence alors un interrogatoire de plusieurs heures.
Comment vous appelez vous ?
Votre nom de famille ?
Où êtes-vous né ?
Comment s'appelle votre mère ?
Où est-elle née ?
Comment vous appelez vous ?
...
Les contacts de son téléphone portable sont épluchés, les photos qu'y s'y trouvent également, de même que celles retrouvées au hasard d'internet. L'interrogatoire n'en finit pas mais les pauses sont suffisantes pour que l'esprit du narrateur nous emmène dans les méandres des relations entre les deux pays, vers l'absurdité des frontières entre les hommes, ses rencontres avec Hussein à Téhéran, Rose à Tel Aviv, ou Assaf, son "double israélien", juif d'origine irakienne.
Où habitez-vous ?
A Paris
Mais encore ?
A Beyrouth.
Je ne comprends pas.
Moi non plus madame.
J'ai été très émue par tout le texte, récit non pas des différences mais de ce qui réunit les peuples.
c'est toute la tristesse des barrières que les humains, les gouvernements, érigent entre eux qui est racontée.
Malheureusement, dans La Prairie, nous sommes loin de la fresque de Larry McMurtry. Le livre a été publié pour la première fois en 1827, alors que l'auteur avait 38 ans. Est ce pour cela que le style est lourd et désuet au possible ? Ce serait une insulte à tous les grands romans passés... J'ai trouvé les personnages lisses, fades, difficiles à croire réels. Les évènements racontés sont plutôt dramatiques : un convoi d'émigrants qui cheminent dans la plaine et se fait attaquer par des indiens. Pourtant, impossible de céder à la suspension consentie de l'incrédulité. J'avais l'impression de regarder une pièce de théâtre mal jouée, sans émotion.
J'ai lâché l'affaire au bout de 200 pages. A un moment, trop c'est trop. So many books, so little time...
D'habitude, les films adaptés de romans sont toujours moins bien que les livres dont ils sont inspirés. Exemple : Harry Potter. Mais ce n'est pas toujours le cas. Et, justement, ici, c'est, pour ce dont je me rappelle, le film qui est mieux que le livre.
Alors oui, l'histoire est belle et émouvante. Il s'agit de Landon, lycéen star de sa promo, qui, parce qu'il vient de se faire plaquer, est obligé de se trouver rapidement une cavalière pour le bal de promo. Il demande à Jamie, la fille un peu coincée du pasteur de la ville. Landon tombe amoureux de Jamie, Jamie tombe amoureuse de Landon. Malheureusement, Jamie est gravement malade... Le concept est bien rodé, les pages se tournent facilement, on ne peut pas ne pas être triste. Mais bon. La Jamie du livre est obsédée par la Bible, que Landon se met à lire aussi. Toute la fin de l'histoire est prise par ce sujet. J'ai trouvé ça pesant et surtout très différent du fim où, oui, Jamie est fille de pasteur, croyante, mais chez qui la dévotion n'est pas un trait de caractère aussi affirmé. Dans le film, elle est férue d'astronomie alors que dans le livre non. J'ai aussi préféré le Landon du film. Sans doute parce que j'aime bien Shane West (Urgences, Nikita). Je ne me souvenais plus que Mandy Moore était l'actrice. J'ai un peu de mal avec elle. J'ai regardé la bande annonce en français, je l'ai trouvée insupportable, ainsi que la musique de fond. Evidemment, le film n'était pas en lice pour les Oscars, ce n'est pas un scoop. J'aimerais bien le revoir en sous-titré, afin de m'en faire une idée plus récente, mais je ne le trouve nulle part pour le moment.
Pour en revenir à l'écriture de Sparks : je l'ai trouvée facile, trop facile. Dire que je n'ai pas passé un moment sympa serait un gros mensonge, mais je ne dépenserais pas le prix d'un broché à 20 euros pour un bouquin comme ça. En poche ou même à 1 euro à Emmaüs, ça ira amplement. Je ne m'avoue donc pas vaincue par Sparks, j'en lirai encore un autre au moins. Entre deux romans plus costauds, c'est une respiration.
John Muir, c'est un des premiers naturalistes modernes, premier défenseur de la nature, à l'origine du Parc Yosémite, fondateur du Sierra club, une association écologiste encore active aujourd'hui. Sa vie est ici racontée par Alexis Jenni, écrivain dont je n'ai jamais rien lu d'autre avant, alors qu'il a quand même eu le Goncourt en 2011. J'ai adoré son écriture, poétique, ouvertement en admiration devant son sujet. A chaque page, extraire une citation serait possible.
« Il y a quelque chose en lui d’un personnage de Tolkien, Gandalf, Legolas ou Grand-Pas, et dans cette Sierra Nevada presque inhabitée, on se raconte la légende du Marcheur qui peut à chaque instant sortir du bois. » Voici John Muir, un homme de ceux dont on fait des légendes alors que lui ne voulait rien de plus que marcher, s'émerveiller de la nature, et que celle-ci soit protégée. Comment ne pas le comprendre ? Comment ne pas être heureux quand résonne le premier chant de rossignol au printemps ?
Voici un livre qu'on termine différent. Transformé, heureux. Sans exagérer. Il faut le lire.
Le lecteur accompagne John Muir depuis son enfance en Ecosse jusqu'à ses vieux jours. De ses premiers pas en Amérique jusqu'aux quelques jours passés avec Théodore Roosevelt dans le parc, en 1903. Le président américain, enthousiaste, fera de Yosémite un parc national.
Alors l'histoire est celle de quatre copines de lycées qui, 20 ans plus tard, décident de partir en croisière sur un petit voilier. Il y a Olivia, récemment veuve d'un riche Italien, belle, sophistiquée, égoïste. Il y a Tracy et Holly, desperate housewiwes plus plan-plans, et Janis, qui finalement ne participera pas à la croisière car son mari a une appendicite. C'est Cammie, la fille post ado de Tracy qui prendra sa place. Sur le bateau, il y a aussi Lenny, le patron, et Michel, son second. Et donc, les trois ex-copines de lycée ne s'entendent pas trop, à se demander ce qui leur a pris de partir ensemble sur un mini bateau. Et Cammie fait des misères à sa mère. Naturellement, Olivia couche avec le jeune Michel dès le premier soir, mais Michel en fait aime Cammie qui est si belle, et qu'il connaît depuis 24 heures. Toute la troupe se retrouve plus ou moins échouée sur un îlot desert. Lenny et Michel sont écartés du scenario et les femmes se retrouvent seules. Arrivent des pirates, Ernesto, Carlo et un jeune homme. Ce dernier n'est pas vraiment méchant, non, non, mais les deux autres si. D'ici la fin du roman, il va y avoir encore quelques drames mais il y aura quand même un pseudo happy end car quand même, le but à terme est de faire du bouquin un scenario de téléfilm de l'après-midi sur M6.
J'avoue, j'ai lu les 40 dernières pages en diagonale, juste pour connaître la fin. Je sais qu'il faut de tout pour faire un monde mais, vraiment, ce genre de livre est une perte de temps honteuse.
Le premier avis lu était, si mes souvenirs sont bons, sur le blog Encore du Noir, auquel je fais confiance (et qui est un vrai gros blog !) car c'est grâce à son auteure que j'ai notamment découvert Les Marches de l'Amérique de Lance Weller, un de mes romans préférés. J'ai ensuite lu partout des bons commentaires, et puis l'histoire était tentante : quatre braqueurs repentis que leur passé rattrape, l'Ouest américain...
Malheureusement, le fait est que je sors déçue de ma lecture. Sans doute en attendais je trop ? J'espérais du lyrisme, des grands espaces, bref, tout ce que j'aime dans la littérature américaine, je n'en ai pas trouvé. L'histoire est celle de Dicky, de Godfrey et d'Oswell, invités au mariage du quatrième, James. Tous ont un peu plus de 40 ans. Ils ne se sont pas vus depuis des années, mènent chacun une vie paisible de leur côté. Ils partagent cependant un passé hors-la-loi car ils ont braqué ensemble plusieurs banques, tuer quelques personnes. Au gré d'une dernière association, avec un cinquième, Quinlan, ils ont causé le massacre de toute une ville par une tribu d'indiens sanguinaires et dégénérés. Ecoeurés, ils ont réussi à abandonner Quinlan aux indiens. Ils ont tenté d'oublier, espérant que Quinlan était mort, mais quelque part ont toujours pensé qu'un jour l'heure des comptes finirait par sonner.
L'histoire est extrêmement violente. Normalement, je ne suis pas gênée (Les Marches de l'Amérique est également violent) mais ici, j'ai eu l'impression que la violence était une condition du récit et pas au service de l'intrigue. Les personnages sont également trop simples à mon goût, pas assez travaillés, juste là, eux aussi, pour justifier des descriptions violentes. Le scénario est aussi trop léger. Le passé des quatre "héros" est juste rapidement esquissé dans la lettre qu'Oswell écrit à sa femme. Tout le reste de l'intrigue est occupé par le mariage, avant, pendant.
J'ai, en conclusion, trouvé cette lecture distrayante mais sans ce que j'attends d'un bon livre : le refermer en se disant que je ne serai plus jamais vraiment la même. Là, j'ai encaissé la violence, au point qu'au bout d'un moment le sort des personnages ne me préoccupait plus, chose qui en fait a été facilitée puisqu'ils n'ont pas de vraie consistance.
Déçue.
Boratine, le personnage principal, est un musicien stanbouliote. Il fait partie d'un groupe de musique qui se produit dans des bars. Il rencontre un certain succès, a déjà produit quelques albums. Il est apprécié de ses amis et a du succès auprès des femmes. Pourtant, sans que rien n'ait pu le laisser craindre auparavant, il se jette un soir dans le Bosphore, alors que son taxi était bloqué dans un embouteillage. Il survit à la chute mais se réveille complètement amnésique. Le roman est donc le récit de son cheminement mental. Qui est-il, qu'est ce que vivre, qu'est ce que la mémoire ?
J'ai beaucoup aimé l'écriture de Sönmez et le peu d'Istanbul qui apparaît au fil de l'histoire. Et heureusement car, globalement, je suis plutôt passée à côté de ce livre. L'ambiance est pesante, triste. Le personnage n'évolue pas. Il erre sans but, ressassant sans cesse les mêmes questions, trainant le lecteur avec lui.
Je dis depuis longtemps que je ferai un jour une partie du Chemin de Compostelle, au moins un petit bout du Camino Francès. Pour la découverte, l’histoire.
Depuis que j’ai lu L’USAGE DU MONDE de Nicolas Bouvier, je sais aussi que le récit de voyage est un genre littéraire qui a spontanément mes faveurs.
Et puis, mon libraire a évoqué sur Facebook ce livre de Tim Yoors, un quarantenaire hollandais qui y raconte son périple sur le Pacific Crest Trail, un des trois plus longs sentiers américains, avec le sentier des Appalaches et le Continental Divende Trail.
États Unis, nature, « on the road »... Que des thèmes qui sont, eux aussi, une partie de mes leitmotivs de lecture.
En solitaire, le long du pacific crest trail, est facile à lire, entraînant. Tim Voors est « quelqu’un de normal » qui a un jour décidé de transcender un attrait déjà présent pour la randonnée, qu’il pratique depuis l’enfance. Il se lance alors dans un périple « extraordinaire » que seuls quelques uns accomplissent en entier chaque année : 4240 kilomètres entre le Mexique et le Canada, à l’extrême ouest des États-Unis.
Tim Yoors part seul et fait le périple à son rythme. Sur le trajet, pourtant, il croise d’autres randonneurs, membres de la communauté lâche mais unie des marcheurs qui font eux aussi le sentier. Au gré des kilomètres qu’il partage avec eux avant de les quitter pour les retrouver, ou non, lors d’une prochaine étape, le lecteur les rencontre avec lui. Il y a aussi les « locaux », les « trails angels », toujours prêts à aider les marcheurs fatigués.
Pour finir, il y a la nature, le désert des Mojaves, la Sierra Nevada, Yosemite, les rivières de montagne et les forêts préservées.
De quoi donner envie de faire aussi un jour un « Thru Hiking ».
Ou juste un bout, là aussi, et en profiter pour lire encore d’autres récits de voyage !
Ma nièce de 8 ans est littéralement fan. Elle lit ces livres dans la voiture, le soir.
J'ai un peu lu avec elle pour savoir de quoi il en retournait.
Alors évidemment, il s'agit d'ouvrages pour des lecteurs débutants. 7/8 ans, c'est l'âge.
J'ai trouvé les personnages assez simplistes, peu développés.
L'histoire par contre n'est pas si mièvre que ça puisqu'il y a quelques drames.
Le job est fait en tout cas : l'enfant lit et en redemande !
"Caméra au poing", comme promis dans le résumé, Alberto Angela nous emmène vivre Rome le temps d'une journée, quart d'heure par quart d'heure. Nous nous levons chez un dominus, aisé mais pas non plus richissime, et c'est l'occasion de découvrir tout d'abord sa domus, son ameublement, les rituels du matin, l'habillement, la toilette, le petit déjeuner. A 8h30, nous voici dans la rue et notre pas dérive vers une insulae, un des gratte-ciel de la Rome antique, avec les boutiques au rez-de-chaussée puis les logements, de plus en plus pauvres au fur et à mesure que nous nous hissons dans les étages. Plus tard dans la journée, nous irons aussi aux thermes, au forum, au marché des esclaves, faire un tour dans une librairie, puis au Colisée où ont lieu les exécutions, les combats de gladiateurs.
Cette journée défile très vite. Bien sûr, en refermant le livre, je ne suis pas devenue doctorante en histoire romaine, mais la vie quotidienne d'un romain vers 100 après JC est maintenant plus familière. C'est aussi très interessant de voir en quoi certains rituels des romains se retrouvent encore aujourd'hui. En Turquie, par exemple, un hôte reçoit encore souvent ses invités en leur versant quelques gouttes d'eau de rose dans les mains.
Alberto Angela a écrit d'autres livres, notamment Un fabuleux voyage chez les romains avec un sesterce en poche. Dès que ma PAL sera un peu moins haute, je me le procurerai !
Ce titre va donc finir dans une "boîte à livres" ou à Emmaus. J'espère qu'il trouvera un lecteur plus positif à son égard que moi. De mon côté, je suis très déçue, d'autant plus qu'il ne s'agissait pas d'un achat en format poche mais d'un broché à 23 euros.
L'histoire d'Eugène, étonnament et en dehors des grandes lignes, n'est pas connue dans la famille. Pourquoi est il revenu, que disait-il de sa vie outre Altantique au début du siècle. Jean-Michel Espitallier comble alors les vides en racontant l'Histoire, puisque l'histoire est vouée à ne pas être connue. J'ai bien aimé son style d'écriture, son humour "mine de rien". Le roman fait 131 pages donc évidemment c'est court. Et je n'aime pas trop les histoires courtes. En même temps je ne vois pas ce qu'il aurait encore été possible de raconter en plus, puisque la vie d'Eugène en Amérique n'est pas connue.
Voici donc une lecture "respiration" entre deux autres. Agréable à lire, mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable
il y a quelques jours, j'ai vu le livre en librairie et ai donc sauté le pas. Il était temps !
L‘histoire se découpe en deux parties.
Dans la premières, les assez nombreux personnages ne se sont pas encore rencontrés et chaque chapitre décrit leur parcours dans la Grande Plaine. Ils remarquent leurs pistes ou traces respectives. Ils se connaissent déjà un peu sans le savoir. J'ai adoré ces premières pages, environ la moitié. j'y ai retrouvé un peu de Lonesome Dove, un peu des Marches de l’Amérique ou du Filsl dans cette idée d'un espace immense mais désert seulement en apparence et où tous finissent par se croiser sans cesse. Puis, tous convergent vers une ville naissante à partir de laquelle la suite du récit va s'articuler. J'ai un peu moins aimé cette partie car pour moi ce n'était plus vraiment du western mais heureusement j'étais déjà attachée aux personnages et à l'écriture de Céline Minard.
Côté personnages, il y a donc pour commencer Jeff et Brad McPherson, et le fils de Brad, Josh, qui avancent vers l'Ouest avec leur charriot à bœufs. A bord, la grand-mère est mourante et veillée par une "gamine" ramassée en route. Il y a Elie, qui a pris le cheval de Bird Boisverdl, Zebulon et ses deux sacoches, Gifford qui suit Eau-qui-court-la-plaine, Orage-Grondant le chef indien, Arcadia la contrebassiste, Sally la tenancier de bordel, Silas le barbier : un vrai roman choral. Au début, se repérer parmi tout ce petit monde n'est pas évident mais il y a tellement de poésie dans tous ces fils du récit que ce n'est pas vraiment un problème.
Conclusion : oui il est possible d'écrire un western en étant un auteur français, et j'aurais du lire ce livre bien avant !
Dans Camping California, Arnaud Devillard raconte son voyage dans le nord de la région, à l'écart de Hollywood ou du Golden Gate Bridge. Il rêvait de voir les grands arbres, les sequoias, et son itinéraire, avec sa compagne Cécile, va s'articuler autour de la visite des parcs naturels qui les abritent. Devillard décrit avec beaucoup de mordant mais aussi une certaine tendresse les travers des campeurs américains, évoque avec lucidité ce qu'a été la conquête de l'Ouest pour les séquoias. En le lisant, on sourit souvent, on apprend beaucoup, on a envie d'en apprendre encore plus, et on a envie d'aller aux Etats Unis !
Ce qui est amusant, c'est qu'avant Journal des Canyons, j'avais lu Lonesome Dove, de Larry McMurtry et j'ai lu Edward Abbey ensuite. Dans Camping California, Devillard lit Lonesome Dove et parle plusieurs fois de John Muir, un des premiers naturalistes modernes, à l'origine de plusieurs parcs naturels dont Yosemite. Et, roulement de tambour, un de mes prochains livres à lire, déjà dans ma PAL, est J'aurais pu devenir millionnaire, j'ai choisi d'être vagabond d'Alexis Jenni, retraçant justement la vie de John Muir !
Le livre que j'ai en main est une édition France Loisirs, chose que je ne remarque que maintenant en écrivant ce post. Et je trouve que c'est tout à faire le genre de titre "France Loisirs": niaiseux, écrit avec des bons sentiments, sans souffle. De saga romanesque sous la plume de Margaret Mitchelle, l'histoire est devenue un pavé sirupeux, un Harlequin qui ne dit pas son nom. De chapitre en chapitre, Scarlett n'a plus qu'une seule idée en tête, récupérer Rhett ("Oh mon Rhett j'ai besoin de toi"). Où est passé la Scarlett capricieuse, fonceuse d'avant ? Et Rhett est maintenant un cliché d'homme fort mais au fond sincère qui n'ose avouer ses sentiments sauf quand tout semble perdu. Pathétique. Et que dire des enfants Wade et Ella ? Scarlett n'a jamais été une mère aimante évidemment mais là, ses deux ainés sont éjéctés à Tara et disparaissent complètement du scénario, en tout cas dans la partie de l'histoire lue avant de m'ârreter. Car oui, j'ai abandonné un peu avant le départ de Scarlett à Savannah. Tant de livres, si peu de temps, et en tout cas pas de temps à perdre à lire des futurs scenarios de téléfilms de l'après-midi sur M6.
Comme quoi, récupérer une histoire et des personnes n'est pas garantie d'un bon livre.
Mais finalement non, je renonce. Je ne comprends même pas comment un roman pareil peut avoir des commentaires somme toute assez élogieux. L'écriture est désespérément simpliste. Limite Musso écrit mieux, c'est dire ! Le style est plat, il y a profusion de dialogues irréalistes. Les personnages sont creux, caricaturaux.
L'héroïne principale par exemple, Victoire, est un cliché ambulant : la pauvre bâtarde moqué de tous mais tellement vertueuse et droite. Il y a le méchant patron, Auguste. La bru de ce dernier, une chipie jalouse. Le femme d'Auguste, qui a tellement souffert avec son méchant mari et qui aime Victoire. Il y a Prosper, le jeune homme venu de nulle part et dont Victoire tombe amoureuse tout de suite, sans qu'on sache trop pourquoi puisque Prosper, comme tous les autres, n'a pas de personnalité, pas d'histoire, aucune émotion perceptible.
Une blague ce genre de livre.
Heureusement, je ne l'ai pas acheté puisque trouvé dans une boîte à livres il y a 4 ans. Endroit où il va donc retourner.
Sébastien De Courtois est, à lire sa page wiki, un historien, écrivain et journaliste français, spécialiste des Chrétiens d’Orient. Il a vécu plusieurs années à Istanbul et livre ici le récit de son lien avec elle, un lien à la fois lucide mais aussi quasi amoureux.
De nombreux passages parleront à qui aime et connaît Istanbul et la Turquie.
Je pense par exemple à cette ode au thé, le çay turc : « Le thé peut se boire à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. L’organisme est capable de s’adapter à tout, même au thé noir des Turcs, dont j’avais vu les plantations sur les hauteurs de Trébizonde. Dans ces vallées de la Mer Noire, situées entre Rize et Hopa, au nord-est du pays, vers la frontière géorgienne, le thé est encore ramassé à la main par des femmes Hemşin qui en sectionnent les pointes d’un geste ferme, puis les font sécher sous les colombages des maisons traditionnelles. Une plante d’altitude et d’air pur, propre à ces versants septentrionaux des monts Kaçkar, peu avant les pâturages et les déserts, là où coule l’eau vive des cascades. Je m’y suis mis à mon tour. Naturellement. En Turquie, il est difficile de ne pas y goûter, c’est la boisson qui comble les vides, la boisson des moments perdus où l’on essaye de se ressaisir, celle aussi de l’amitié. Le thé libère la parole et remplit les cœurs. On le boit assis sur des petits tabourets, le dos courbe et penché en avant, comme s’il s’agissait d’une prière antique adressée au plaisir de vivre. »
Il y a aussi quand l’auteur parle d’Ara Güler et de son café tout près d’İstiklâl Caddesi, quand il parle de Nâzım Hikmet, de la République de Taksim, des différents quartiers de la ville, Beyoğlu, Beşiktaş, de Sainte Sophie, de la Corne d’Or, de rues que je connais, du métro dont je situe les arrêts. Tout ça, c’est un peu comme une de mes madeleines.
J’ai été moins enthousiaste pour d’autres parties du récit. Les atermoiements de l’auteur sur sa relation avec son amie stanbouliote n’apportent rien, j’ai eu l’impression d’un bavardage un peu lassant.
Globalement, il me semble qu’il faut peut-être connaitre Istanbul pour apprécier la lecture.