La maîtresse d'Antonio Rossi

Un coup à la porte les fit tous les deux sursauter. Ils se retournèrent : c’était la gouvernante. Visiblement embarrassée de les avoir dérangés, elle serrait son tablier entre les mains.

— Je suis navrée de vous interrompre, dit-elle en gardant la tête baissée, mais votre mère est arrivée, monsieur.

Antonio jura doucement.

— Que vient-elle faire ici ? demanda Isabella.

Maria n’était pas du genre à l’accompagner à l’aéroport pour lui faire ses adieux. Elle ne lui avait d’ailleurs pas parlé depuis cet après-midi où elles avaient pris le thé ensemble.

— Je n’en sais rien. J’en ai pour une minute, précisa-t-il en s’éloignant.

Sans dire un mot, Isabella le regarda sortir de la pièce. Antonio disait l’aimer et voulait la persuader de rester…, mais en tant que quoi ? Petite amie, maîtresse, épouse ? Et qu’en était-il du bébé ?

Elle ferma les yeux et s’imagina un instant Antonio dans son rôle de père. Il se montrerait sans doute sévère mais juste. C’était certain, il ne commettrait pas les mêmes erreurs que ses parents. Au contraire, il soutiendrait son enfant coûte que coûte. Et l’aimerait d’un amour inconditionnel…

Isabella rouvrit les yeux. Pourquoi perdait-elle son temps à se poser toutes ces questions ? Antonio faisait déjà partie de la vie de son bébé. Il avait été à ses côtés depuis le début… Alors, pourquoi hésiter plus longtemps ? C’était décidé, elle allait rester ! Peu importe qu’il ne veuille pas l’épouser. Elle n’aurait qu’à tirer un trait sur ses rêves de mariage. Ils allaient former une famille, tous les trois, et ils seraient heureux. Le reste n’avait aucune importance.

Un sourire aux lèvres, elle voulut le rejoindre, mais entendit soudain la voix de Maria et s’arrêta. Elle n’avait aucune envie de revoir cette femme, qui l’intimidait horriblement. Cela dit, cette femme était également la mère d’Antonio et la grand-mère de son bébé… Relevant la tête, elle s’avança.

— Elle s’en va ? demanda Maria en italien. Tu étais censé la convaincre de s’installer définitivement à Rome.

— Elle n’est pas encore partie, et puis elle pourra toujours revenir.

— C’est ce qu’elle prétend, mais qui te dit qu’elle tiendra parole ?

Isabella n’en revenait pas. Maria la croyait-elle vraiment capable de l’empêcher de voir son petit-fils ?

Elle s’apprêtait à entrer dans la pièce lorsque Maria reprit :

— Tu devais te marier avec elle et adopter le bébé pour que nous ayons le contrôle des parts de la société. Tu l’as oublié ? s’enquit-elle d’une voix sèche.

Isabella s’immobilisa. Antonio avait dit qu’il l’aimait et qu’il voulait prendre soin d’elle. Lui avait-il encore menti… ?

— Tu n’as pas à t’inquiéter, je compte bien l’épouser, déclara-t-il d’un air serein.

— Et l’enfant ?

Horrifiée, Isabella se plaqua la main sur la bouche. Comment avait-elle pu être aussi stupide ? Antonio avait tout prévu depuis le début ! Elle aurait dû savoir qu’il n’aimerait jamais l’enfant de Giovanni comme le sien. Et dire qu’elle avait failli tomber dans le panneau ! Elle aimait tellement Antonio qu’elle aurait accepté les yeux fermés de devenir sa femme. Une fois ce détail réglé, il n’aurait plus eu qu’à lui parler d’adoption…

Hors d’elle, Isabella serra les poings. Elle allait leur montrer de quoi elle était capable. Peu importe l’argent ou le pouvoir dont ils disposaient, ils ne lui voleraient pas son bébé. Elle était prête à tout pour le protéger de la famille Rossi.

Inspirant profondément, elle leva le menton et pénétra dans le bureau.