L'épouse dupée - Une question d'honneur

Une question d'honneur - Lee Wilkinson

Ryan était devant elle, en smoking et chemise de soie, souriant et si beau qu’elle eut l’impression de défaillir. Et puis il était si à l’aise, si sûr de lui ! Non sans timidité, elle demanda :

— Ça ira ?

Il l’embrassa du regard, avec ses cheveux châtains brillants et soyeux, son ravissant visage aux yeux gris-vert, sa bouche pleine et sensuelle, sa fine silhouette simplement vêtue d’un fourreau de soie verte que ne rehaussait aucun bijou, et pensa qu’il n’avait jamais vu une femme aussi belle.

Lui saisissant la main, il déposa un baiser au creux de sa paume. Ce geste romantique la toucha droit au cœur.

— Je serai l’homme le plus envié de la soirée, lui dit-il.

Et, la voyant s’empourprer, il éprouva un accès de désir intense.

— Vous n’avez pas de manteau ? s’enquit-il d’une voix rauque.

Elle décrocha dans l’entrée un manteau en fausse fourrure toute douce, qu’il l’aida à passer.

Puis, avec un sourire rassurant, il la prit par la main et la conduisit, par l’escalier, à l’étage du dessous. Il pressa la sonnette d’une porte, dans le hall en marbre, et le battant s’ouvrit presque aussitôt. Une femme souriante, aux cheveux argentés, se tenait sur le seuil.

— Vous êtes sans doute miss Adams. Entrez donc. Je suis Elisabeth Falconer, la belle-mère de Ryan… Mais vous me ferez plaisir en m’appelant Beth, comme tout le monde…

Virginia ne s’était pas attendue à un accueil aussi simple. Elizabeth Falconer, qui avait conservé son accent anglais malgré plus de vingt ans passés aux Etats-Unis, était petite et mince, avec des yeux bruns au regard doux, et un ravissant visage. Sa chaleur et sa générosité sautaient aux yeux. Elle fit d’emblée la conquête de Virginia.

Trois personnes étaient réunies dans le vaste et agréable salon. Une blonde d’une beauté saisissante, d’une trentaine d’années ou à peine plus, se tenait assise sur le canapé, feuilletant un magazine. Près du bar, un homme de taille moyenne, aux cheveux clairs et aux yeux bleus, servait des boissons. Et, juchée sur un pouf devant le feu de cheminée, un chat blanc et roux sur les genoux, une jeune femme aux cheveux sombres leva les yeux vers les arrivants en disant :

— Sauve-toi, Sheba.

Au mouvement qu’elle fit, la chatte, Sheba, sauta à terre, et la jeune femme vint saluer la nouvelle venue.

— Voici Janice, ma fille, dit affectueusement Beth.

— Salut ! dit Janice, qui avait la silhouette et le visage bienveillant de sa mère. Alors, vous êtes Virginia…

Elle eut un sourire chaleureux, puis ajouta de façon quelque peu énigmatique :

— Ryan avait raison.

— Et voici mon fils, Steven, poursuivit Beth.

— Bonsoir, miss Adams, déclara ce dernier en s’avançant. Je suis ravi de vous connaître. Puis-je vous appeler Virginia ?

— Bien sûr, répondit Virginia avec un sourire de soulagement.

Steven, qui avait lui aussi une forte ressemblance avec sa mère, semblait ouvert et accueillant, tout comme Janice et Beth.

Il ajouta avec une fierté visible :

— Puis-je vous présenter ma femme, Madeline ?

Son orgueil masculin était justifié. Blonde naturelle, avec une silhouette superbe et de longues jambes fuselées, Madeline était l’une des plus belles femmes que Virginia eût jamais vues. Elle posa ses yeux bleu-vert sur la visiteuse, et dit :

— Bonsoir, miss Adams. Êtes-vous bien installée ? J’avoue que nous avons été abasourdis, lorsque Ryan nous a annoncé qu’il ramenait avec lui une jeune femme qu’il connaissait à peine.

Elle s’était exprimée en souriant, et avec assez de politesse. Mais Virginia sentit sa sourde réprobation.