Commentaires de livres faits par page-blanche
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Il me suffit de prononcer ce mot pour avoir l'impression de rencontrer l'inconnu. Quand je me lève le matin et que j'ouvre les volets pour découvrir le ciel tout bleu, je connais une joie sans mélange. La certitude que je vais pouvoir me promener en forêt me fait sauter de joie.
Je me demandais ce qui pouvait amener quelqu'un à s'occuper exclusivement des cancéreux. Peut-être qu'il était arrivé le dernier sur la liste, et qu'il ne restait plus q'un choix restreint. Proctologue, ou cancérologue.
- A chaque fois que je peux. Ils me réconfortent.
- C'est vrai qu'ils ont l'air paisibles reconnait Audrey.
- Ils sont libres. Heureux. Ils me rappellent une citation de l'écrivain Edouard Limonov :"Le bonheur est cet état d'esprit où on peut aimer le présent".
Audrey observe les corps gris allongés sur le sable.
- J'aimerais avoir cette sérénité, avoue-t-elle. Pour aimer le présent, il faudrait déjà que j'arrête de réfléchir. Je voudrais contrôler les choses, mais la plupart du temps ce sont les choses qui me controlent.
- Nous n'avons plus grand-chose pour soigner, mais cela marche très bien. Ça à l'air un peu obsolète comme ça, il ne faut pas s'y fier, c'est formidable.
Noé et Louie la regardent en silence, yeux écarquillés : ils ignorent ce que veut dire obsolète. Cela sonne joliment. Sûrement cela fonctionne.
«Ce qui reste de tous les voyages est le parfum d’une rose fanée. » Cavidal Tumerkan
Août
Narrateur O
Un soleil insolent illumine Kenmare lorsque le bus arrive. Les parents attendent devant le lycée. Tous, ils sont impatients de revoir leurs enfants pour pouvoir discuter avec eux du voyage, les féliciter d’avoir été en finale du concours… Tous, ils sourient, parfois pleurent d’émotion. Tous sauf deux qui, le visage fermé, attendent comme le bourreau attend le condamné à mort.
Marie-Odile
Le cars’arrête et le courage me manque. Pourtant, il va bien falloir descendre et retrouver mes parents. Je n’ose même pas imaginer l’accueil qu’ils me réservent. Chancelante, je sors du bus et me dirige vers les deux statues de marbre que j’aperçois de l’autre côté de la rue.Ils ne sourcillent même pas quand j’arrive près d’eux. Au moment où je vais leur dire bonjour, ils se détournent et s’avancent vers le bus, me laissant seule à côté de la voiture. Je m’attendais à tout sauf à ça… Je n’entends rien de ce qu’ils disent, mais à leurs gestes, je devine que la discussion est des plus animées. Mon père est rouge brique, ma mère fait de grands gestes et madame Dumont n’est pas en reste. Le seul quiestimmobile et muet, c’estmonsieur Darchov. Le pauvre, il regarde ses chaussures, visiblement mal à l’aise. Je suis tellement désolée… J’ai eu beau repenser à la soirée d’anniversaire de Cassandre dans tous les sens, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi j’ai dit ça… J’aimerais remonter le temps et changer les choses, mais c’est impossible et le moins que je puisse faire maintenant, c’est d’assumer les conséquences de ce que j’ai fait. Toutes les conséquences.
Ils prirent possession de la maison au milieu de la nuit.
Une autre famille y aurait vu un commencement. Le premier matin de tous les autres. Une nouvelle vie dans une nouvelle ville. Un moment rare qu’on ne vit jamais dans le noir.
Les Blake, eux, emménageaient à la cloche de bois et s’efforçaient de ne pas attirer l’attention. Maggie, la mère, entra la première en tapant du talon sur le perron pour éloigner d’éventuels rats, traversa toutes les pièces et termina par la cave, qui lui parut saine et d’une humidité idéale pour faire vieillir une roue de parmesan et des caisses de chianti. Frederick, le père, mal à l’aise depuis toujours avec les rongeurs, laissa sa femme opérer et fit le tour de la maison, une lampe de poche en main, puis aboutit dans une véranda où s’entassaient de vieux meubles de jardin recouverts de rouille, une table de ping-pong gondolée et divers objets invisibles dans la pénombre.
Je ne me suis pas encore bien rendu compte de ce qui s’est passé, mais je sais enfin quel a été mon rôle dans cette histoire.
J’ai essayé de comprendre un peu mieux tout ça et ce n’est pas facile. Je ne sais pas, par exemple, quand cela a commencé. Je sais quand a débuté ma participation, je me rappelle le moment où je l’ai vue pour la première fois et peut-être que mon rôle dans cette étrange machination avait été décidé depuis longtemps. Longtemps avant qu’elle ne vienne me voir.
Aurais-je pu prévoir cela ? Aurais-je pu me rendre compte de ce qui se passait et me protéger ? Me retirer de tout cela et disparaître ? Je vois, maintenant qu’on sait la façon dont tout ça s’est combiné, que j’aurais dû savoir où on allait. J’aurais dû voir les signaux de danger. J’aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J’aurais dû… J’aurais dû… J’aurais dû…