Mille petits riens

« La tristesse des éléphants » avait été un énorme coup de cœur et il en sera de même pour « Mille petits riens », roman intense qui traite du racisme aux États-Unis.

Sous forme de roman choral, Jodi Picoult prête sa voix à trois protagonistes que l'on suivra tour à tour au fil des chapitres. L'action se déroule courant 2014, à New Haven dans le Connecticut, et tourne autour du décès d'un nouveau-né. C'est avec Ruth, infirmière et sage-femme depuis vingt ans, que l'histoire démarre, au moment où sa supérieure lui interdit de s'occuper d'un bébé né la nuit précédente, parce qu'elle est... noire. Les parents sont en effet des suprémacistes blancs et ne tolèrent pas qu'une "négresse" puisse toucher leur fils. C'est là qu'entre en jeu Turk, le père du nouveau-né et deuxième voix du roman, jeune homme qui "casse du négro et du pédé" sans scrupule aucun. Kennedy, quant à elle, avocate de la défense publique, sera la troisième voix, elle fera son apparition au moment où elle sera commise d'office dans l'affaire qui concerne Ruth, accusée du meurtre d'un bébé...

Narration à la première personne, nous sommes propulsés dans la tête de trois personnalités différentes et vivont leur quotidien tel qu'elles le vivent elles-mêmes. Ainsi, l'on peut se rendre compte de comment un seul et même évènement peut être vécu et/ou perçu de manière différente selon notre niveau social, nos modes de vie, notre éducation, ... notre couleur de peau. J'ai aimé la manière dont l'autrice aborde les sujets de différents points de vue, on sent là un véritable travail de documentation. D'un chapitre à un autre, on suit le déroulé de l'histoire d'un regard à chaque fois différent, selon celui d'une personne de couleur, d'un skinhead, d'une personne "lambda", ou encore de la justice.

Quels que soient les thèmes évoqués, ils sont toujours minutieusement traités. Ils peuvent paraître nombreux mais se rejoignent tous autour d'un seul : le racisme, abordé selon différentes perspectives. Ainsi, il est question de discrimination et préjugés raciaux, de suprémacisme blanc et de haine raciale, de relations interraciales, mais aussi du système judiciaire et de justice sociale, de maternité, de deuil et de famille. Jodi Picoult a fait un travail de recherche remarquable, tout y est subtilement décortiqué : le contexte, les points de vue de chacun, leurs ressentis, le déroulement des événements. Les personnages, qu'on ne peut évidemment pas tous aimer, sont tous parfaitement fouillés.

Deux nuits, c'est le temps qu'il m'a fallu pour engloutir ces presque 700 pages intenses, prenantes, saisissantes, captivantes. Tantôt horrifiée ou mal à l'aise, tantôt pleine de compassion, tout m'a touché d'une manière ou d'une autre.

La plume est superbe, toute en sensibilité et délicatesse.

C'est un roman puissant, profond, marquant, sombre et lumineux tout à la fois.

C'est le genre de lecture qui ouvre les yeux et fait réfléchir. Le racisme existera sans aucun doute toujours (et pas uniquement aux États-Unis), qu'il soit actif ou passif, d'où l'importance de ce genre d'ouvrages, aussi fictifs soient-ils (et pourtant bien ancrés dans notre réalité).

Même si j'aurais préféré un happy end un peu moins happy, pour le rendre un peu plus crédible, ce fut une lecture fabuleuse.

Un gros pavé qui se lit rapidement, étant donné le suspens qui se joue dans ce récit.

La structure, très originale, nous fait découvrir les 3 personnages importants alternativement. Chacun décrit la situation de son point de vue. Très intéressant.

J'ai été complètement happée par la description de la procédure judiciaire, extrêmement vivante et réaliste.

L'autrice dit avoir réfléchi longuement à l'écriture de ce roman, afin de bien restituer les difficultés quotidiennes rencontrées par les personnes de couleur, ces mille petits riens, comme elle le précise. C'est une belle réussite ! Elle nous amène à réfléchir, en effet, sur notre propre comportement. Et puis, l'histoire est belle et addictive, on s'attache à l'héroïne et on s'imagine à sa place aussi. Qu'aurions-nous fait ?

Lecture à recommander !

Mille petits riens - Jodi Picoult

Ruth, infirmière depuis 20 ans dans une maternité se voit retirer le dossier d'un nouveau-né au vu de son origine raciale qui déplaît totalement aux parents de cet enfant. Malheureusement, celle-ci sera la seule présente lorsque ce bébé aura des complications lors de son passage à la nursery, il décédera malgré tous les efforts fournis par le corps médical de la maternité. Les parents, suprémacistes blancs, feront tout pour accuser Ruth du décès de leur enfant.

Le livre nous montre l'histoire sous 3 points de vue, celui de Ruth, du père de l'enfant et de l'avocate de Ruth, ce qui est assez intéressant afin de comparer le parcours de chacun des protagonistes.

Un mot me vient à la fin de cette lecture: injustice pour ces hommes et femmes nés d'une autre couleur. Pourquoi aux Etats Unis, la discrimination raciale est toujours bien ancrée dans certains états alors que ces personnes de couleur ont parfois plus de mérite que d'autres…

Une très belle lecture malgré un thème où j'ai énormément de souci à comprendre le mal que l'on peut causer juste pour avoir le pouvoir.

Juste un bémol au niveau du rythme qui n'était pas assez soutenu à mon goût en tout cas en ce qui concerne les 300 premières pages.

Un sujet qui m'a permis de prendre conscience de difficultés que peuvent rencontrer les exclus, quel qu'ils soient, de me remettre en question sur mes propres attitudes. Une belle découverte.

Un sujet très lourd, abordé parfois avec beaucoup de légèreté, parfois avec énormément d'intensité. Travaillant moi-même dans le milieu de l'obstétrique, j'ai aimé les petites anecdotes et le vocabulaire médical présents dans ce livre. Les personnages sont attachants tandis que d'autres sont détestables, avec des tournants au cours de la lecture, ce qui la rend passionnante, et les personnages, vivants. Un livre d'intérêt public pour sensibiliser au racisme et à la haine, mais aussi à NOS pensées et actions discrimantes sans que nous ne nous en rendions compte...

Un roman à trois voix: la Noire accusée, le suprémaciste accusateur et l'avocate qui défend l'accusée.

Ce roman aborde avec une certaine finesse la question de la discrimination raciale, mais pas seulement. En toile de fond se trouve le racisme rampant et insidieux qui ne dit pas son nom mais qui est présent en nombre d'entre nous. Celui-ci est bien plus difficile à éliminer, mais nous pouvons au moins y prêter attention pour le gérer au mieux. Et c'est en cela que réside, je pense, l'intelligence du roman, car il a ces deux niveaux de lecture qui donnent une grande humanité aux personnages.

Un roman qui déchire le voile sur le racisme, les préjugés...

Ruth Jefferson, africaine-américaine, sage-femme depuis vingt ans dans un hopital, se retrouve devant la justice suite au décès du nouveau né d'un couple suprémaciste blanc.

Défendue par Kennedy, avocate de la défense publique, Ruth va remettre en question toute la la vision et les illusions de cette jeune femme blanche, dont s'est sa première affaire de meurtre.

Cinq chapitres s'écoulent comme l'accouchement et donnent la teneur des évènements.

Les personnages s'entrecroisent, leurs vies sont dévoilées et nous apportent la lumière sur leurs croyances, leurs jugements, leurs vécus.

Les idéologies face aux racisme et leurs conséquences.

Un roman magnifique.

Cette lecture était très enrichissante, j’ai du lire ce livre dans le cadre du cours de sociologie de mes étude de sage femme. Ça permet d’avoir un regard différent sur la question racial et d’ouvrir les yeux sur beaucoup de chose même si l’histoire se passe aux USA où les problèmes raciaux sont différents de chez nous. En fait ça explique surtout le point de vue des personnes stigmatisées et la littérature avait besoin de ce genre de bouquin !

C’est la première fois que je lis un livre de ce genre, sur des thèmes d’actualités ou de réflection sur le racisme ou d’autre forme de haine. J’avais hâte de le commencer et en même temps peur d’être déçu.

Mais dès que j’ai commencé à le lire j’ai été conquise par le récit. Il montrait parfaitement et sans jugement les formes de racisme et « des deux côtés ». Avoir le point de vu de Turk était parfait écœurant mais très intéressant. On comprenait qu’il a été entraîné dans la haine, que celle ci n’est pas inné.

Ruth est une femme attachante, dont l’histoire m’a touché. C’est une femme forte, fière qui refuse de dépendre des autres et qui a des défauts autant que des qualités. Elle sait ce qu’elle vaut, même si elle a eu des raisons dans douter. Elle est très pédagogue, j’ai adoré découvrir le métier de sage femme avec autant de précision.

Pareil pour Kennedy, j’ai beaucoup aimé sa réflexion, son cheminement dans le procès. Découvrir le système juridique, les codes des avocats etc… étaient passionnants et très claire !

Le livre est plein d’émotions et de vérité !

Spoiler(cliquez pour révéler)J’avais hâte de lire la fin car je me demandais qui de Turk et Brit ou Ruth l’emporteraient… je n’ai pas été déçu. L’acquittement de Ruth après un plaidoyers fantastique était parfait, mais la découverte de l’histoire de Brit et surtout de sa mère m’a beaucoup surprise. C’était un revirement de situation parfait, une leçon de vie pour ceux qui pense tout détester ! Malheureusement Brit en a été détruit. J’aurais aimé la voir parler avec sa mère, comprendre mais les traumatismes qui s’ajoute surtout avec la perte de son fils sont beaucoup à supporter. Finalement le dernière chapitre était un relâchement de toute les appréhensions ! Le fait que Turk ait un enfant avec une femme qui l’a accepté et qu’il revoit Ruth !

Ce livre est super bien écrit et comportent les deux points de vue pour comprendre le début de la haine et surtout sa fin !

Bien que ce roman soit de la pure fiction, il est tellement authentique qu'on se dit qu'il pourrait s'agir d'une histoire vraie. Ce livre réveille les consciences comme une bonne claque bien salvatrice, et pousse à l'introspection. J'ai longuement réfléchi ensuite aux privilèges dû à ma couleur de peau, dont je n'avais pas idée et j'avoue que je me suis sentie un peu honteuse. J'ai été écœurée jusqu'à la nausée par le suprémacisme blanc aux USA et j'ai été très secouée par la finesse psychologique des portraits et des parcours de vie de Ruth et son avocate Kennedy.

Je pense relire cet opus assez vite, je me dit que ce récit est si dense que j'ai peut-être loupé des nuances et je vais regarder de plus près les autres livres de Jodi Picoult, tant sa plume et son style m'ont plu.