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Commentaires de livres faits par Sorcelune

Extraits de livres par Sorcelune

Commentaires de livres appréciés par Sorcelune

Extraits de livres appréciés par Sorcelune

—Scrivener, dit Nathaniel, je sais que je suis terriblement séduisant, là, couché sur le sol et couvert de sang. Il paraît que c’est le genre de choses qui a de l’attrait pour certaines jeunes filles ; ce que je trouve assez curieux, pour tout dire, mais si vous en faites partie, je ne vous jugerai pas. En revanche, s’il-vous-plaît, cessez de pleurer. Ce n’est qu’une égratignure. Je serai de nouveau en état de combattre le mal d’ici quelques instants, je vous l’assure.
Elisabeth renifla bruyamment.
—Je ne pleure pas, j’ai les yeux qui piquent parce que vous empestez.
—Comment ça ? Je ne sens jamais mauvais, sachez-le. J’exhale le bois de santal et le charme viril. (Il releva la tête pour se renifler et grimaça de dégoût.) Oui, bon, admettons.
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Je bondis sur mes pattes. Mes pattes ! Je me suis transformée ! Je suis une louve ! Mon excitation se traduit par une série de hurlements, ce que le renard ne semble apprécier que modérément.
-Kayla, bon sang, calme-toi !
Mais bien sûr. Comme si c'était possible... J'essaye de voir à quoi je ressemble, ce qui s'avère difficile. Non seulement je ne vois pas les couleurs, mais en plus c'est un peu comme essayer de regarder ses fesses sous forme humaine. Mission impossible. En revanche, cela me permet de découvrir un nouvel élément de mon anatomie : une queue. Je la vois là, au bout de mon arrière-train, se balancer de gauche à droite... gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite... une véritable et terrible tentation. Ce à quoi je ne sais pas vraiment résister... Mes dents se referment à deux petits centimètres du bout touffu et foncé, et me voilà partie dans une ronde endiablée. Moi, Kayla Marchal, petite-fille de Jonathan Marchal, alpha de la redoutée meute de la Vallée Noire, je cours après ma queue. Pathétique. Mais assurément très amusant !
-Si tu ne t'arrêtes pas, je te jure que je te filme. Et je ferai assez de copies de la vidéo pour qu'elle te poursuive toute ta vie.
Je stoppe net, pesant le pour et le contre. Max m'adresse un petit sourire ironique, mais je vois bien qu'il ne plaisante pas. Espèce de... Mon regard se pose un peu plus loin derrière lui. Des miroirs. Plein de miroirs. Oubliant jusqu'à l'existence du renard, je me précipite au devant pour avoir une idée de ce à quoi je ressemble sous ma forme de louve. Le premier mot qui me vient à l'esprit : grise. Ouais, pas facile de s'adapter à cette vision canine. Mon pelage est très clair, bien que légèrement plus foncé au niveau des pattes. La pointe de mes oreilles semble noire, comme le bout de ma queue.
Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite...
Je détourne vite mon attention de la tentatrice, pour observer plutôt mon allure générale. Assise sur l'arrière-train, la queue battant toujours, gueule ouverte en une grimace lupine qui pourrait passer pour un genre de sourire, langue pendante, oreilles dressées et tête légèrement penchée. Oh merde. Je ressemble à un chien. Pire : à un chien adorable, bien qu'énorme, qui attend que son maître adoré daigne jouer avec lui. Ah pour sûr il y en a plus d'un que ça ferait rire dans ma meute. Je me redresse aussitôt pour prendre une posture plus adaptée à un loup digne de ce nom : queue bien droite, prête à bondir, crocs sortis, oreilles couchées, regard assassin et grognements.
Hum. Pas mal.
Max, qui n'a pas bougé, se rappelle à moi en pouffant de rire. En me tournant vers lui pour lui adresser un grognement, je vois la porte d'entrée, légèrement entrebâillée. Suivant mon impulsion, je me précipite vers elle, dérapant en arrivant à sa hauteur pour ne pas m'y écraser le museau. Ouais. Je suppose qu'il faut un peu de temps pour maîtriser sa forme animale. Je pousse la porte avec ma patte pour me retrouver à l'air libre, sous la chaleur aveuglante du soleil, assaillie par une multitude de sons, d'odeurs et de sensations. Le vent qui caresse mon pelage, l'odeur des feuillages, le battement d'ailes d'une mésange... tout ça m'apparaît bien plus clairement que d'habitude, même lorsque je puisais l'énergie de ma sphère, bien que le monde ne soit plus qu'une palette d'infinies combinaisons entre noir et blanc. Toujours guidée par mon instinct de louve, je me mets à courir. Je me rue aussi vite que possible, pourtant sans but précis. Le plaisir que j'en retire est sans pareil, bien plus intense que tout ce que j'ai pu ressentir jusque-là. Incroyable. C'est donc ça être une louve ? J'ai toujours vu ça comme un déploiement de force et de vitesse, comme avoir un arsenal à disposition. Mais je n'ai jamais pensé au plaisir. C'est... intense.
Lancée à pleine vitesse sur le sentier qui sillonne la propriété, je me rappelle un peu tard le ruisseau qui le traverse. Trop tard pour freiner des quatre pattes. Trop tard pour un changement de direction. Seule solution : sauter. Je suis capable de faire des bonds assez impressionnants sous forme humaine. Même pour une morphe. Sauf que je dois bien avouer que je ne contrôle pas encore grand-chose sous cette forme-là. Je fais donc de mon mieux pour bondir de l'autre côté de l'eau, ce qui représente une distance de cinq mètres. Tout à fait réalisable. Enfin... ça l'aurait été si j'avais correctement pris appui sur mes pattes arrière. Toujours en l'air, je vois bel et bien la rive opposée se rapprocher, mais pas aussi vite que l'eau sous moi. Oh, merde.
"Plouf".
L'eau froide s'infiltre dans ma gueule, dans ma truffe et dans mes oreilles. Mon pelage s'alourdit, lui aussi recouvert par l'eau. Je jurerais que le corbeau, installé en hauteur et pas le moins du monde effrayé par ma présence, se moque de moi. Heureusement, je reprends très vite pied, le lit du ruisseau étant peu profond. Je patauge au mieux jusqu'à mon point de départ, peu désireuse d'avoir à retraverser plus tard. Bien sûr, Max m'attend, bien au sec, campé sur ses deux pieds. Ah, et mort de rire, bien sûr. Je m'arrête juste devant lui, trempée, toussant et crachotant.
-Je crois que j'aurais dû te filmer, je te jure que...
Je me secoue à la manière d'un chien, l'éclaboussant autant que possible. Histoire de rire un peu, moi aussi.
-Kayla ! T'étais vraiment obligée de faire ça ?
Je lève la tête vers lui, laissant pendre ma langue sur le côté.
-Fais la maligne, vas-y, ne te gêne surtout pas.
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Normalement, je n'étais pas sujette au vertige mais : passage secret + escalier étroit + gouffre plongé dans le noir - rampe pour m'accrocher = grosse frayeur.
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date : 30-08-2016
(Inej)

Kaz lui avait appris à forcer des coffres-forts, voler, manier le couteau. Il lui avait offert sa première lame, celle qu'elle appelait Sankt Petyr - pas aussi romantique que des géraniums sauvages, sûrement, mais beaucoup plus pratique.
"Peut-être que je m'en servirai contre toi", lui avait-elle dit.
"Si seulement tu étais aussi sanguinaire", avait-il répondu dans un soupir.
Elle n'avait su dire s'il plaisantait.
Avez vous apprécié cet extrait ? +12
Je le sentis avant de l’entendre, une présence dans mon dos.
—Tu es venue, souffla-t-il.
C’était lui. Il s’approcha et la proximité me réchauffa de l’intérieur. Comme un aimant attiré par sa paire, je pivotai et lui fis face.
Mon âme sœur.
J’inspirai et m’apprêtai à le sermonner, à l’arrêter, quoi qu’il ait à me dire. Il fallait que je lui dise que je ne pouvais pas continuer comme ça, que je refusais. Mais mon regard tomba sur sa main gauche.
La marque des âmes sœurs.
Il l’avait gardée. Visible aux yeux de tous.
J’étais abasourdie, si bien que lorsqu’il tendit la main vers moi, je le laissai faire. Il me prit dans ses bras et, un instant plus tard, nous étions en train de danser. La mélodie nous parvenait depuis l’intérieur par le toit et la porte, ouverts. Il posa une main dans le creux de mon dos et m’attira tout contre lui. Je posai la tête contre son torse.
C’était comme être à la maison. Il sentait le Montana, la meute, l’avenir –mon avenir. Les larmes me montèrent aux yeux, car je savais qu’il s’agissait d’un mensonge. Tant qu’il refusait de me dire qui il était, c’était un mensonge. Je ne voulais pas continuer à jouer à ce petit jeu.
Je me reculai légèrement et levai le menton pour le regarder dans les yeux.
—C’est la dernière fois que tu me touches. Je ne peux pas continuer, commençai-je d’une voix tremblante.
Je devais tenir bon. Il écarquilla les yeux, mais je me dépêchai de continuer, déterminée à aller au bout de mon discours.
—Tu t’es joué de moi. Tu as honte de moi. Ou tu ne me fais pas confiance. Quoi qu’il en soit, je mérite mieux.
Je m’éloignai de lui, même si c’était la chose la plus difficile que j’aie jamais eu à faire.
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(Max et Kayla)

-Allez, suis-moi dehors. Je voudrais bien voir à quoi ressemble ta louve et de quoi elle est capable.
Je me fige. Nous y voilà donc. Comment me sortir de là ?
J'ai été accueillie dans ce clan comme si je faisais partie de la famille. On me considère comme digne de la meute. Pour le moment. Je ne doute pas que tout ça changera dès qu'on se rendra compte que je n'ai pas de loup. Que je suis anormale, ou "pas finie" comme ils disent.
Je fais mine de regarder l'heure.
-Oh merde ! Il est déjà dix heures ! Tu vas réussir à me mettre en retard pour le boulot ! On continuera une autre fois pas de soucis, mais là, faut vraiment que j'y aille, désolée !
Il me regarde, abasourdi.
-Euh, Kayla, je croyais que tu commençais ton service à quatorze heures et encore, juste parce que tu remplaces une autre fille...
Effectivement, j'aurais dû aller travailler à dix-huit heures. Sauf que l'une des filles, Marina, m'a demandé de prendre la moitié de ses heures. Une histoire avec un type "trop top" qui l'a invitée à un mariage "trop classe" où il y aura tout plein de gens "trop chics". Je ne sais plus si c'est bien dans cet ordre, mais je sens qu'elle risque de... bah... d'en faire trop quoi.
Je décide de jouer la carte de la blonde un chouïa superficielle. C'est un truc qu'une des filles du clan utilisait toujours avec son père pour obtenir tout ce qu'elle voulait. Lui savait commander des morphes armés jusqu'aux dents, mais était impuissant face à la futilité d'une gamine.
M'inspirant d'une des scènes auxquelles j'ai pu assister, j'affiche un visage à la fois impatient, légèrement hautain, mais surtout incrédule.
-Non, mais tu ne te rends pas bien compte, je crois. Je suis de sortie ce soir, et en plus, je dois partir direct du boulot, ce qui veut dire que je dois TOUT préparer...
Allez, autant sortir le grand jeu.
-Je dois encore choisir ma tenue pour aller au Vivarium, hors de question de garder mes fringues de serveuse, préparer de quoi me maquiller, de quoi me recoiffer... Oh mon Dieu, il faut encore que je me fasse les ongles ! Mais d'abord la tenue hein, pour savoir de quelle couleur les faire. Et il faut aussi que je m'épile ! Bon sang, j'en ai pour un moment...
-OK ! C'est bon ! N'en dis pas plus, j'ai compris ! On verra ça plus tard... dit-il en grimaçant.
Et voilà. Le truc avec les hommes en général, c'est de les abrutir avec des détails dont ils n'ont strictement rien à faire, et d'y accorder une importance capitale. Hihi.
-Merci Max ! Bon, je me dépêche, on se voit demain !
Je lui fais signe tout en m'éloignant. Ah les mecs. Le problème de la majorité d'entre eux, c'est qu'ils casent toutes les filles dans le même sac.
Je me dirige en trottinant vers le château vide, heureuse que ma ruse ait fonctionné. Mais soudainement stressée par mes propres paroles...
Tout compte fait, ces quelques heures ne seront peut-être pas de trop...
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— Je ne sais pas à quoi tu penses, dit le jeune homme derrière moi d’un ton amusé, mais ça a l’air sacrément important.
— Hein ? balbutiai-je.
— Tu es dans tous tes états.
Sans blague… Je sortis mes clés de mon sac, les mains tremblantes de nervosité.
— Écoute, me lançai-je en glissant la clé dans la serrure, il va falloir que tu sois hyper ouvert d’esprit, d’accord ?
— Je suis toujours ouvert d’esprit, répondit-il avec sa tranquillité déconcertante.
Hum. Il n’y avait plus qu’à espérer que ce soit vrai.
Je poussai la porte. Le salon baignait dans la lumière de la lune. J’allumai le plafonnier.
— Entre, l’invitai-je.
Élias ne se fit pas prier. Je m’empressai d’aller fermer les volets. Je ne désirais pas qu’on puisse nous voir depuis l’extérieur. Élias resta poliment à l’entrée de la pièce, à regarder la décoration avec curiosité. Je pris une grande inspiration. Pourvu que mon choix soit le bon.
— Voilà… murmurai-je. Voilà ce que je voulais te montrer.
Je saisis la boîte d’allumettes sur la table basse avec délicatesse et l’apportai jusqu’à lui. Ses yeux s’écarquillèrent. Je me contractai. C’était parti.
— C’est une fée, articulai-je avec une boule au ventre grosse comme une pastèque. Je sais que c’est dur à avaler, mais les fées existent. Et il y a des gars qui les traquent pour les tuer, parce qu’ils détestent la magie. Mais elles sont gentilles ! Celle-là, elle s’appelle Laurette. Et elle est gravement blessée parce qu’elle a affronté un de ces types. C’est lui qui a mis la cour de mon immeuble dans cet état.
Élias releva la tête vers moi, bouche bée. Évidemment.
— Elle a une aile cassée, ajoutai-je avec l’impression que les mots se bousculaient pour sortir. Et sa magie s’échappe par là, elle est en train de mourir. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour la soigner, mais ça ne marche pas. Je veux dire, ça ne suffit pas. J’ai… J’ai besoin d’un truc pour elle et… et…
Bon sang, j’allais beaucoup trop vite ! Allait-il réussir à me suivre ? Avait-il compris quoi que ce soit ? N’avais-je pas été trop décousue ?
Le jeune homme referma la bouche et ses prunelles à deux teintes de bleu se mirent à pétiller. Il m’adressa un sourire lumineux.
— Je savais déjà que tu me plaisais, Mahaut, mais alors là, c’est le pompon !
— Hein ? bredouillai-je.
— En plus d’être une cheffe et une guerrière, tu protèges des fées ! Tu es sûre que tu ne veux pas m’épouser ? Ma famille va t’adorer.
J’en restai sans voix. Il se moquait de moi, non ?
Il se pencha pour examiner de nouveau Laurette.
— Bon, par contre, nota-t-il, tu ne t’en occupes pas très bien.
La moutarde me monta au nez d’un coup.
— Quoi ? rugis-je. Je te signale que je fais ce que je peux ! Je ne sais qu’elles existent que depuis trois jours ! Et tu es censé être sous le choc, là !
Il me coula un regard malicieux.
— Tu m’as demandé d’être ouvert d’esprit, je suis ouvert d’esprit. Et puis c’est toi qui dis qu’il ne faut jamais montrer quand on est décontenancé.
Je me renfrognai. Il n’y avait rien à répondre à ça. Il apprenait vraiment très vite.
Élias se redressa et croisa les bras.
— Mais je dois reconnaître que je suis surpris quand même, reprit-il. Et j’ai beaucoup, beaucoup de questions.
Le soulagement m’envahit. Enfin une réaction normale !
— Je ne sais pas grand-chose, avouai-je. Juste que j’ai besoin d’un truc en particulier pour la soigner.
Il hocha la tête.
— OK. Qu’est-ce que c’est ?
— Une fleur qui s’appelle la pâquerette de lune, expliquai-je. Ça peut soigner les ailes de fées. Et je sais où en trouver.
Mon cœur se mit à battre un peu plus fort. Nous y étions. Il avait bien pris l’existence des fées, mais là, j’entrais dans une autre partie, bien plus délicate.
— C’est juste que… je ne peux pas y aller toute seule, bafouillai-je. Parce que… Parce qu’il faut cambrioler une maison.
Un de ses sourcils sombres se souleva. Intérêt ou désapprobation ? Je n’en savais rien.
— Je n’ai pas le choix, soufflai-je à toute allure. Sinon Laurette va mourir. Elle décline de jour en jour. Depuis cet après-midi, elle n’arrive même plus à boire. J’ai… J’ai peur pour elle. Je dois y aller. Cette nuit. Et je… J’ai besoin d’aide. Je… Je ne sais pas comment entrer. Il faudrait forcer des serrures et… Et…
Un sourire roublard vint étirer le coin des lèvres d’Élias.
— Forcer des serrures ? répéta-t-il, la voix pleine de rires.
— Euh… Oui.
— Tu n’avais pas perdu ta clé de cadenas, tout à l’heure ? Tu me testais ?
— Euh… Ben… Je…
Cela ne s’était pas vraiment passé comme ça, mais j’admettais que ça y ressemblait.
— Très bien, ajouta-t-il devant mon silence anxieux. Elle est où ?
— Qui ?
— La maison à cambrioler, elle est où ?
Je le dévisageai, abasourdie. Il acceptait ? Juste comme ça ?
— Ça… Ça pourrait être dangereux, balbutiai-je.
— Aucun problème, assura-t-il en posant les poings sur les hanches pour faire gonfler ses épaules. Je te protégerai.
Ah. Ce n’était pas du tout ce que je voulais dire.
Dans sa boîte d’allumettes, Laurette exhala un soupir de mauvais augure. Je me repris instantanément. Il n’était plus temps de tergiverser !
— C’est un manoir, dans la forêt à l’est d’Épernay, déclarai-je donc. La propriété est immense, avec un grand mur d’enceinte et une grille en fer à l’entrée.
Les yeux d’Élias s’écarquillèrent. Eh bien quoi ?
— Tu veux cambrioler… ce manoir-là ? s’étouffa-t-il.
— Euh… Oui… Tu connais ? Si tu n’es pas d’accord, je comprendrai…
Un sourire hilare fendit son visage.
— Bien sûr que si, je suis d’accord !
— Ah bon ?
— Et comment !
Je restai interdite. De toutes les réactions possibles, ce mec avait la plus bizarre…
Avez vous apprécié cet extrait ? +5
— Dis, Laurette, c’est quoi le masculin, pour une fée ?
La petite créature cessa de grignoter sa pâquerette confite et me regarda entre ses paupières plissées.
— Le masculin ? marmonna-t-elle. Pourquoi il devrait y avoir un masculin ?
— Ben… Pour vos mâles ! Il y a bien des… des fées garçons ?
La perplexité sur son visage m’indiqua que non.
— Il n’y a que des filles ? m’ébahis-je.
— Bien sûr ! Pourquoi il y aurait des garçons ?
— Euh… Pour vous… Pour vous reproduire ?
— Ah, ça.
Elle secoua sa petite tête brune.
— Non. Les fées ne naissent pas de façon barbare comme les humains. Nous prenons vie lorsqu’un rayon de lune rousse frappe la racine noueuse d’un chêne millénaire.
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Le carrosse se rapprocha du manoir et Elisabeth s'arracha à sa contemplation éberluée des lieux. Un nombre important de gens patientaient le long de l'allée, mais pour autant qu'Elisabeth puisse en juger, il ne s'agissait ni de sorciers ni de domestiques. Ils portaient tous des vestes de tweed marron et un carnet de notes coincé sous le bras, et consultaient régulièrement leur montre à gousset comme s'ils étaient particulièrement pressés. Quand ils entendirent le carrosse approcher, ils se tournèrent dans sa direction avec des visages avides, telle une meute de chiens attendant qu'on leur jette les reliefs du dîner.
—Qui sont tous ces gens ? demanda Elisabeth, mal à l’aise. On dirait qu’ils nous attendent.
Nathaniel glissa sur la banquette vers elle, regarda au-dehors, et jura entre ses dents.
—Le Chancelier Ashcroft a invité la presse à venir chez lui. Impossible de leur échapper, j’en ai peur. Courage, Scrivener. Ce ne sera pas long.
Quand Silas ouvrit la portière, un puissant brouhaha déferla sur eux. Parmi les gens rassemblés, personne n’accorda un regard à Silas ; tous les yeux se tournèrent vers Elisabeth quand elle descendit de la voiture et les hommes jouèrent des coudes pour s’octroyer une meilleure place.
—Mademoiselle Scrivener ! Auriez-vous un moment…
—Je suis M. Feversham de L’Enquêteur de Pont-l’Airain…
—Par ici, mademoiselle Scrivener !
—Pouvez-vous nous donner votre taille exacte, mademoiselle Scrivener ?
—Bonjour, dit Elisabeth, un peu médusée par le spectacle de ces hommes qui se ressemblaient tous beaucoup. (Jamais encore elle n’avait vu autant de moustaches en un même lieu.) Je suis navrée, j’ignore ma taille exacte.
Elle avait encore grandi depuis la dernière fois que Katrien l’avait mesurée.
—Est-il vrai que vous avez vaincu un Maléfict de catégorie huit à Estive ? demanda un des hommes, tout en griffonnant frénétiquement sur son carnet.
—Oui, c’est vrai.
—À vous seule ?
Elisabeth hocha la tête. L’homme la dévisagea avec de grands yeux écarquillés, et elle ajouta gentiment :
—Enfin, j’avais une épée.
Un autre reporter en tweed se faufila au-devant de la foule.
—J’ai cru comprendre que vous avez passé beaucoup de temps en compagnie du magister Thorn. Vous a-t-il fait part de ses intentions ?
—J’aurais bien aimé, répondit Elisabeth. La moitié du temps, ce qu’il dit n’a pas le moindre sens. Cela m’aiderait de connaître ses intentions.
Nathaniel toussota.
—Elle ne l’entendait pas dans ce sens, assura-t-il à la cantonade, tout en prenant Elisabeth par le bras. C’est une bibliothécaire sauvage, vous savez ; élevée au milieu des poux de livre, une histoire tragique…
Il tira Elisabeth hors de l’attroupement et l’entraîna vers le perron.
Avez vous apprécié cet extrait ? +2
Nous attrapons la vérité à travers des mots et des murmures, des rumeurs à peine nées, dans l’ombre et le silence… et vous pensiez pouvoir nous cacher une montagne ?
Avez vous apprécié cet extrait ? +2
date : 30-08-2016
(Nina et Matthias)

Tout avait commencé avec une tempête, et d'une certaine façon, cette tempête n'avait jamais pris fin. Nina avait surgi dans sa vie avec le vent et la pluie et avait renversé son monde. Depuis, il avait perdu l'équilibre.
La tempête avait éclaté sans crier gare, remuant le bateau comme un jouet sur les vagues. Elle s'était amusée un moment et avait fini par se lasser. Elle avait alors fait sombrer le navire dans une confusion de cordes, de voiles et de cris.
Matthias se rappelait l'obscurité de l'océan, le froid terrible, le silence des profondeurs. Et soudain, il crachait de l'eau salée, luttant pour respirer. Quelqu'un le tenait par le torse et ils avançaient dans la houle. Le froid était insupportable et pourtant il le supportait.
-Réveille-toi, gros tas de muscles !
Du fjerdan impeccable prononcé avec un accent de noble. Il tourna la tête, sidéré de voir à côté de lui la jeune sorcière qu'ils avaient capturée sur l'île Wandering. Il avait tout de suite su qu'elle n'était pas kaelish. Incroyablement, elle avait réussi à se libérer de ses chaînes et de la cage. Il se mit à paniquer. S'il n'avait pas été aussi choqué et sonné, il se serait débattu.
-Bouge, ordonna-t-elle en fjerdan, essoufflée. Bon sang ! Mais comment ils vous nourrissent là-bas ? Tu pèses plus lourd qu'une charrette de foin !
Elle lui avait sauvé la vie. Pourquoi ?
Il remua dans ses bras, battant des pieds pour qu'ils aillent plus vite. À sa grande surprise, il l'entendit pousser un soupir de soulagement.
-Enfin ! Allez, nage, géant.
-Où sommes-nous ?
-Aucune idée, répliqua-t-elle, percevant la terreur dans sa propre voix.
Il se dégagea de son étreinte.
-Non ! Ne me lâche pas !
Mais en s'agitant, il parvint à se libérer. Dès qu'il quitta ses bras, le froid l'envahit. La douleur fut aussi vive que soudaine et il sentit tous ses membres s'engourdir. Elle avait utilisé son abjecte magie pour lui tenir chaud. Il tenta en vain de l'agripper dans le noir.
-Drüsje ? appela-t-il, honteux de la peur qui transparaissait dans sa voix.
"Sorcière" en fjerdan. Mais il ne connaissait pas d'autre nom pour elle.
-Drüskelle ! cria-t-elle.
Leurs doigts se frôlèrent dans l'eau. Il lui attrapa la main et l'attira contre lui. Son corps n'était pas chaud, mais dès qu'ils entrèrent en contact, la douleur dans ses membres s'évanouit. Un mélange de gratitude et de répulsion le déchirait.
-Il faut qu'on arrive sur la terre ferme, dit-elle en haletant. Je ne peux pas nager et en même temps maintenir le battement de nos deux cœurs.
-Je vais nager, lança-t-il. Toi... moi, je nage.
Il l'entraîna contre son torse, le bras lui entourant la poitrine, exactement comme elle l'avait tenu, quelques instants plus tôt, comme si elle se noyait. Et c'est ce qui arriverait s'ils ne mouraient pas congelés avant.
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Officium adusque mortem. Était-ce son devoir d’affronter cet homme, au risque de le tuer, si échapper à ses griffes pouvait lui permettre de sauver bien d’autres vies ?
—Par ici, bande d’idiots ! grogna le bandit en s’appuyant au mur pour se relever, puis en plaquant une main sur sa manche ensanglantée. (Du sang poissa entre ses doigts crispés sur son bras et il adressa à Elisabeth un regard mauvais.) Et prenez garde ! Elle s’est trouvé une arme.
Nulle réponse ne parvint de la ruelle derrière l’échoppe du boucher.
—Oh, vous m’entendez ?
L’allée resta aussi silencieuse qu’un tombeau.
—Arrêtez un peu de jouer les abrutis ! aboya-t-il.
Puis le bruit d’un pas léger dans une flaque se fit entendre au coin, et une voix douce et courtoise s’éleva :
— Ne soyez pas trop sévère avec vos amis. Je crains qu’ils ne soient indisposés.
—C’est une blague, ou quoi ? lança l’homme en reculant pour voir ce qui se passait, et son visage perdit soudain toutes ses couleurs. Que… qui êtes-vous ? bégaya-t-il.
—Difficile de répondre à cette question, murmura la voix. Je suis un être très ancien, voyez-vous. J’ai provoqué la chute d’empires et me suis tenu au chevet de rois sur leur lit de mort. Des nations qui ont disparu dans les limbes de l’Histoire se sont affrontées pour le secret de mon nom. (Il soupira.) Mais, pour le moment présent, je suis simplement dépité. Mes projets du jour n’incluaient pas de flâner dans une ruelle sordide pour m’occuper d’une poignée de criminels de second rang. D’autant moins dans un habit propre, et avec des souliers neufs.
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date : 30-08-2016
(Nina)

Elle lui toucha doucement l'épaule.
-Helvar.
Il ne bougea pas.
-Matthias.
Sa gorge se crispa, elle retint ses larmes. Elle lui embrassa la tempe. Elle savait que Kaz et les autres l'observaient et qu'elle se ridiculisait devant eux, mais après si longtemps, il était enfin là, devant elle, et tellement détruit !
-Matthias, répéta-t-elle.
-Nina ? lâcha-t-il d'une voix rauque, mais pareille à son souvenir.
-Oh Matthias, murmura-t-elle. S'il te plaît, réveille-toi.
Il ouvrit péniblement ses beaux yeux bleu pâle.
-Nina, dit-il doucement.
Ses doigts effleurèrent la joue de la jeune fille, sa main puissante lui entoura le visage. Il n'en revenait pas.
-Nina...
Elle laissa couler ses larmes.
-Chut, Matthias. On est venus te sortir d'ici.
Avant qu'elle puisse se dégager, il l'avait attrapée par les épaules pour la clouer au sol.
-Nina, grogna-t-il.
Et ses deux mains se resserrèrent sur son cou.
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—On dirait que le cercle a pris la décision pour nous, gronda Aaron.
Il sortit son téléphone de sa poche.
—Qu’est-ce que tu fais ? demandai-je.
—J’appelle Kai pour lui dire de rentrer. Je veux qu’on aille au fond des choses avant que le cercle ne nous assigne je ne sais quoi d’autre.
—Oh !
Kai. Qu’on faisait rentrer à la maison pour lui raconter les ennuis que je leur causais ! C’était quelque chose que je préférais autant éviter. Je me levai du canapé.
—Bon, je ferais bien de rentrer. Il ne faudrait pas que le MPD me trouve ici.
Aaron attrapa le dos de mon pull et me tira vers l’arrière pour que je me rassoie sur le canapé.
—Oh non, certainement pas !
—Mais je ne suis pas censée être ici, protestai-je.
Il fit apparaître le numéro de Kai sur l’écran en y passant le pouce.
—Peu importe ! Il faut que tu restes maintenant que tu es là.
Il porta le téléphone à son oreille en me jetant un regard qui disait que j’aurais bien dû savoir pourquoi.
—Parce que si Kai décide de crier contre quelqu’un, je préfère que ce soit toi que moi.
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Dans les bras d'Ezra, je me sentais en sécurité, protégée. Une part de moi avait envie de m’effondrer contre lui et de pleurer comme un bébé. Une autre part détestait ce faux sentiment de sécurité qui disparaîtrait dès qu’Ezra ne serait plus là. Tôt ou tard, il faudrait bien que je me retrouve seule.
Il me tint contre lui tandis que je calmais ma respiration. Avec un reniflement presque silencieux – je ne pleurais pas, bon sang ! –, je relevai la tête.
Aaron et Kai se tenaient sur le seuil et nous observaient. Je rougis, mais ils n’eurent pas l’air choqués par mes émotions féminines, et ils ne ricanèrent pas non plus en me surprenant dans les bras de leur ami. Tout ce que je vis dans leurs yeux fut de l’inquiétude pour moi.
Ezra recula, une main en bas de mon dos.
—Je meurs de faim. Et si on commandait des pizzas ?
—Je ne sais pas, dit Kai. Ça dépend de Tori.
—De moi ? demandai-je sans comprendre.
—Si tu veux de l’ananas sur ta pizza, on sera obligés de te mettre à la porte.
Je clignai des yeux en me demandant s’il blaguait, mais Aaron se mit à rire.
—Si elle veut de l’ananas, elle a le droit. Tu n’es pas obligé d’en manger.
—Sa simple existence est une insulte à la pizza.
Avec un soupir, Aaron m’attira contre lui. Il eut un grand sourire et son assurance fit disparaître ce qui restait de ma peur. Je lui rendis son sourire tandis qu’il m’entraînait dans l’escalier. Ezra nous emboîta le pas, suivi de Kai qui était toujours en train d’expliquer en quoi l’ananas sur la pizza était un blasphème impardonnable.
À mi-chemin de l’escalier, Aaron s’arrêta.
—Euh… Tori.
—Oui ?
—Tu n’as pas froid ?
Sa magie de feu le rendait-elle imperméable aux températures extérieures ? La maison était un vrai four.
—Non.
Il contempla le plafond comme si celui-ci détenait toutes les réponses aux mystères de l’existence.
—Tu es sûre que tu ne veux pas qu’on te prête un tee-shirt ?
Je baissai les yeux. Mes seins me sautèrent au visage.
—D’accord. Je veux bien vous emprunter un tee-shirt.
Ils soupirèrent tous les trois et je ne savais pas si c’était de déception ou de soulagement. En soufflant, je m’extirpai de sous le bras d’Aaron et finis de descendre les marches toute seule.
Ah, les hommes !
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date : 07-05-2021
Si cet endroit tenait lieu de royaume des morts, elle avait le droit d'obtenir des réponses. Elle reprit, la mâchoire contractée :

-Pourquoi vous ne vous montrez pas ?

Silence.

-Comment vous vous appelez ?

Silence.

-Où je suis ?

Encore et toujours le silence.

-Vous dormez ? Je vous préviens je vais hurler.

Un ricanement étouffé. Des bruits de pas, lents. Puis une main, glacée, sur son épaule. Et une légère pression des doigts.

D'incontrôlables tremblements s'emparèrent de Leah. Son pouls s'emballa. Dans ses veines, son sang se mit à bouillonner jusqu'à lui faire mal. Un étau comprima brutalement son crâne. Que se passait-il ?

Elle voulut bouger, se dégager de l'emprise de cet homme, mais elle n'y parvint pas. Son cri resta coincé dans sa gorge. Son souffle se bloqua.

Que se passait-il ?

-Je m'appelle Alinoé, lui souffla-t-il à l'oreille. Tu es ma prisonnière, et si tu ne fais pas exactement ce que je te dis, je deviendrai ton pire cauchemar.

Puis il relâcha sa prise et tout cessa. Le feu dans ses veines reflua, remplacé par une sensation glacée. Leah reprit sa respiration en hoquetant et cligna des paupières, pantelante.

Le dénommé Alinoé entra enfin dans son champ de vision pour s'adosser au mur face à elle. Dans la lumière tamisée de la pièce, alors qu'elle retrouvait peu à peu sa respiration, Leah put mieux distinguer les traits fins de son visage. Il paraissait jeune -à peine plus âgé qu'elle, dans les vingt-cinq ans. Si abîmé par la vie.

Et si mortellement dangereux.
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J'appuyai mon menton sur ma paume.
—Tu es sûr que tu n’as pas besoin d’aide ?
—Non, c’est bon, répondit machinalement Justin. Je… Oh, merde ! Merde, merde, merde !
Il attrapa le couvercle alors que l’eau chargée d’amidon commençait à déborder et à se répandre sur la gazinière. En jurant, il versa les nouilles dans le wok où le poulet et les légumes grésillaient. Il tendit la main au jugé vers la bouteille de sauce teriyaki, mais je la lui donnai.
—Je m’en sors, dit-il en déversant la bouteille dans sa préparation. C’est mon célèbre sauté de poulet teriyaki. Tu adores ça, tu te rappelles ?
Je me rappelais en avoir mangé, pas l’avoir adoré, mais je hochai la tête de façon neutre en récitant une prière silencieuse pour les pauvres légumes qui se noyaient dans la sauce. Une mort salée, injuste pour ces carottes et ces brocolis…
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date : 30-08-2016
Jesper se sentait toujours mieux quand il se faisait tirer dessus. Ce n'était pas tant qu'il aimait l'idée de mourir (en fait, cette éventualité était même plutôt un inconvénient), mais quand il devait s'inquiéter de rester en vie, il ne s'inquiétait plus pour rien d'autre. Ce son, ce sifflement enivrant des coups de feu, recentrait mieux que tout la partie dispersée, irascible, toujours en mouvement de son esprit. C'était mieux que d'attendre le flop autour de la table, mieux que de voir son numéro s'afficher sur la roue de la loterie. Il l'avait découvert lors de son premier combat à la frontière zemeni. Son père tremblait, transpirait à grosses gouttes, parvenait à peine à recharger son fusil. Mais Jesper, lui, avait trouvé sa vocation.
À présent, au sommet du cageot derrière lequel il s'abritait, il déchargeait ses deux revolvers zemenis qui pouvaient tirer six balles successivement. Aucune arme à Ketterdam ne valait leur rapidité et leur précision. Il les sentait se réchauffer dans ses mains.
Kaz les avait prévenus de se préparer à avoir de la concurrence, d'autres groupes décidés à obtenir la récompense, mais ça tournait mal vraiment trop tôt. Ils étaient encerclés, au moins l'un des leurs était touché, et leur bateau partait en fumée. Ils avaient perdu leur moyen de transport pour se rendre à Fjerda, et à en croire la fusillade qui faisait rage, ils étaient sérieusement moins nombreux. Ça aurait pu être pire, cependant, ils auraient pu se trouver à bord de la goélette au moment de l'explosion.
Jesper se baissa pour recharger et ce qu'il vit lui coupa le souffle. Wylan Van Eck était recroquevillé sur le quai en position fœtale, ses deux mains délicates de mercurien sur la tête. Jesper poussa un soupir, tira quelques balles pour se couvrir et sortit de sa cachette. Il attrapa Wylan par le col de sa chemise et le tira à l'abri derrière le cageot.
Il le secoua légèrement.
-Ressaisis-toi, mon petit.
-Je suis pas ton petit, grommela Wylan en repoussant les mains de Jesper.
-D'accord, t'es un grand. Tu sais tirer ?
-Le ball-trap, répondit Wylan en hochant la tête.
Jesper leva les yeux au ciel. Il sortit le fusil de son dos et le colla sur le torse de Wylan.
-Super. C'est exactement comme viser des pigeons en argile, sauf qu'ils font pas le même bruit quand tu les touches.
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Début du chapitre 1 :
< Marjane avait hésité, et s'était résignée : elle irait à l'anniversaire de son père. Même si elle était fâchée contre lui. Il y avait de quoi : Marcus de Beaune lui avait une fois de plus interdit de quitter la Résidence. Elle aurait dix-sept ans dans dix jours ! Dix jours ! À quelques nuits de sa majorité, ne pouvait-il vraiment pas faire un effort ?
"La loi est la loi..." souffla une voix dans sa tête, qui ressemblait beaucoup à celle de son père.
[en italique : Et la loi me fatigue !] pensa très fort Marjane. Elle était une des dernières à ne pas avoir atteint l'âge de maturité, cloîtrée à la Résidence jusqu'à son dix-septième anniversaire. Elle avait eu son diplôme haut la main mais ça ne changeait rien. Elle allait rater une sortie mémorable et ne fêterait pas son Passage avec les autres. Ses copains franchiraient les portes de la Résidence, goûteraient à la liberté et plongeraient dans le monde merveilleux des humains, cette énigme. Elle mangerait du gâteau avec une assemblée de vieux ninns coincés. Moyenne d'âge : deux cents ans. Magnifique soirée en perspective... Enfin, c'était toujours mieux que rester toute seule chez elle.
Et puis, le jour tant espéré (que Marjane avait baptisé la "délivrance") approchait à grands pas. Elle aussi sortirait de la Résidence, libre, et ce serait la fiesta.
En attendant, elle refoula sa colère, passa un bandeau rouge dans ses longs cheveux, noirs et épais, vérifia que ses clefs étaient glissées dans sa pochette en soie, et caressa la tête de son corkan, roulé en boule sur la couette. Dans cette position, de loin, on aurait dit une grosse pelote de laine. Jack déplia ses ailes membranées pareilles à celles d'une chauve-souris, laissa apparaître sa fourrure tigrée, sa truffe grise et ses larges oreilles poilues. Il bâilla, découvrit ses canines pointues, étira son petit corps, et observa sa maîtresse de ses prunelles nacrées. Un roucoulement de contentement fit vibrer le fond de sa gorge. >
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—Allez, Laurette, me repris-je en surélevant la tête de la fée. Il faut boire ça.
J’essayai d’introduire le bout de la pipette dans sa bouche, mais celle-ci resta fermée.
—Attends, je t’aide, intervint Élias.
Avec des gestes doux, il appuya sur le menton de la petite créature. La bouche s’ouvrit. Je déposai deux gouttes du liquide ambré sur la langue de Laurette. L’effet fut immédiat. La malheureuse toussa et cracha furieusement. Je retirai précipitamment la pipette et examinai le flacon, inquiète. Il y avait pourtant bien écrit « 5 », dessus !
Élias avait reculé, les sourcils froncés.
—Donne, ordonna-t-il en tendant la main vers moi.
Je lui confiai le flacon. Il remplit la pipette et renversa sa tête en arrière pour la vider dans sa bouche.
—Élias ! m’écriai-je, horrifiée. Et si c’est du poison pour les humains ?
Il n’eut pas le temps de répondre, il se mit lui aussi à tousser et cracher. Paniquée, je bondis sur mes pieds.
—J’appelle le SAMU ! m’exclamai-je en tirant mon téléphone de ma poche.
—Non !
Je m’immobilisai. Avec une grimace épouvantable et sans cesser de tousser, Élias se rendit jusqu’à l’évier de la cuisine et ouvrit le robinet en grand pour se rincer la bouche. Je le suivis, pas rassurée du tout.
—Élias ?
—C’est le truc le plus dégueulasse que j’ai jamais goûté de ma vie, gronda-t-il, le bec encore plein d’eau. Je ne saurais même pas te dire ce qu’il y a là-dedans. Du schnaps, ça, c’est clair, peut-être de l’huile de foie de morue, plus un autre ingrédient hyper amer, je ne sais pas quoi.
—Oh…
Je regardai le flacon abandonné sur la table, pensive. Il ne savait pas dire ce qu’il y avait dedans, hein ? Et il n’avait jamais goûté un truc pareil de sa vie ? Intrigant.
Je retournai à pas décidés dans le salon.
—Mahaut ? s’inquiéta la voix d’Élias dans mon dos. Qu’est-ce que tu fais ?
—Je ne peux pas rester impuissante devant un tel mystère, marmonnai-je.
—Quoi ? Non !
Trop tard. J’avais à mon tour vidé une pipette dans ma bouche.
Cinq secondes après, je rinçais moi aussi ma langue sous le jet de robinet, avec l’impression que je ne mangerais plus jamais rien de ma vie. Comment avaient-ils réussi à pondre un truc si infect ?
—Huile de foie de morue, je valide, glougloutai-je à l’intention d’Élias.
—Je n’arrive pas à croire que tu aies fait ça, nota celui-ci, un grand verre d’eau à la main.
—Tu m’as dit que tu ne savais pas ce qu’il y avait dedans. Tu pensais qu’il allait se passer quoi, en déclarant un truc pareil à une cheffe ?
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-[...]Je possède de la magie. Elle est faible, mais grâce à elle je peux créer un voile d'invisibilité qui nous dissimulera aux yeux des gardes.
-Pour autant de personnes ? s'était inquiété Tom. Léo, la dernière fois que tu as fait ça, c'était pour seulement nous deux, et tu n'as pas tenu plus de dix secondes. Nous n'avions même pas eu le temps d'atteindre la porte où mon père avait entreposé le chocolat qu'il m'avait confisqué (il avait grimacé). Excuse-moi de douter, mais là, je n'ai pas trop envie de remettre ma vie entre tes mains, aussi magiques soient-elles.
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date : 06-05-2021
"Sa moto fendait l'air nocturne avec la discrétion d'une panthère. Silencieuse et agile, la machine réagissait à la moindre impulsion et épousait les reliefs accidentés de la route sans à-coups, sa carrosserie d'un noir mat invisible dans l'obscurité.
En cet instant, il n'en fallait pas beaucoup plus pour contenter Leah."

Allunia, tome 2 - Chapitre 1
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—Dis-moi…
—Hm ?
—C’est vrai que tu as dompté un dragon ?
La surprise traversa le visage de Kawn, puis il éclata de rire. C’était un son doux et spontané, qui lui plut immédiatement.
—Où as-tu entendu ça ?
—Iléo me l’a dit, admit Stell. Il paraît que c’est ce qu’on raconte sur toi, entre autres exploits impressionnants.
—J’ai été confronté à un dragon, une fois, relata-t-il, un brin ironique. Mais très honnêtement, j’ai surtout essayé de ne pas me faire dévorer.
—Alors, les dragons existent…
—Oh oui, mais ils sont rares. Ils vivent le plus loin possible des villes, car ils ont été chassés par le passé.
—Mais alors, comment toi tu en as croisé un ?
Kawn sourit et se lança dans le récit d’une aventure invraisemblable, agrémenté d’une pointe d’humour, qui acheva de repousser les dernières bribes de cauchemar.
Ils parlèrent à voix basse un long moment, dans cette ambiance malicieuse et feutrée si spéciale, penchés l’un vers l’autre comme deux enfants après le couvre-feu, et si Stellmarya percevait toujours chez Kawn cette réserve indissociable de son personnage, qui tenait les autres à distance aussi sûrement que la plus solide des armures, elle sentit naître entre eux une complicité inédite.
En elle, une douce chaleur avait remplacé le froid et la peur tandis qu’elle l’écoutait, observant son visage, ses yeux, ses lèvres déroulant le fil de son histoire. Les braises réchauffaient sa peau dorée et scintillaient dans ses iris sombres.
S’ils dérangèrent le sommeil de leurs amis, aucun d’eux ne protesta. Ils avaient tous besoin de cette légèreté au cœur des ténèbres.
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Son expression était impassible, mais elle devina une étrange tension dans sa voix. Elle le dévisagea, perdue. Ses yeux étaient sombres, sa mâchoire serrée.
—Tu… tu es en colère.
Il cilla, et elle sut qu’elle avait vu juste.
—Je suis désolée que tu aies été blessé à cause de moi, tenta-t-elle, un peu tremblante. Je n’arrête pas de mettre ceux qui m’aident en danger. Tu as…
—Ce n’est pas contre toi que je suis en colère, la coupa-t-il.
Il croisa brièvement son regard, lui permettant de comprendre.
Il s’en veut.
Le chef d’armée avait l’impression d’avoir failli à la protéger.
—Tu m’as sauvée, protesta-t-elle en se redressant, véhémente. Si tu n’avais pas été là, le sorcier m’aurait coupée en deux !
—Et si tu n’avais pas pensé à te téléporter ? Si tu n’avais pas réussi à soigner nos blessures par la suite ?
Kawn secoua lentement la tête.
—Ressasser est inutile. Mais ce mercenaire n’aurait même pas dû pouvoir t’approcher. Pas sous ma protection.
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La tête du dragon, Kawn et Lena bondirent simultanément dans sa direction. L’adrénaline fouetta son sang, car elle sut avec une certitude absolue que le saurien l’atteindrait avant ses protecteurs.
Et la sensation de faiblesse disparut, remplacée par quelque chose de familier.
Cela avait la puissance ancestrale de l’océan et la colère des vagues frappant la falaise, la profonde froideur des neiges éternelles et la force d’une meute de loups en chasse. La sauvagerie pure. Elle l’inonda comme un éclair.
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—Oh, une fontaine de chocolat ! m’exclamai-je en repérant le délice liquide, avant de me précipiter vers la tente.
Je me mis à attraper des fraises et des guimauves sous la fontaine décadente et les déposai dans une assiette.
—Je reviens tout de suite, je vais juste chercher le vin de mage, m’informa Kaja avant de disparaître.
Je plongeai une guimauve dans le chocolat avant d’enfourner le tout dans ma bouche.
Miammm. La nourriture était à 100% la meilleure façon de me montrer de l’amour.
—Une femme qui n’a pas peur de manger. Ça me plaît, déclara une voix grave dans mon dos.
J’avalai rapidement et m’essuyai la bouche avec la main avant de me retourner, pour me retrouver face à un géant. Il faisait au moins un mètre quatre-vingts et me surplombait. Ses muscles tiraient sur son costume noir, comme s’ils n’attendaient que d’être libérés.
—Je ne vois pas de quoi tu parles. Je cherchais justement le bar à salade, plaisantai-je.
Le type sourit et mon estomac se retourna. De belles dents blanches et un sourire de tueur, c’était ma kryptonite. Et lui, il avait les deux.
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