R. J. Ellory

"L'enfer est vide, dit Calvis, tous les démons sont parmi nous"

Cette citation résume à elle seule la quête obstinée d'Ellory à la poursuite de la noirceur de l'âme humaine, celle qui enfante des monstres dévoreurs d'innocence et de beauté.

Il a choisi cette fois de nous entrainer dans un enfer blanc et noir, entre neige et mines de fer, un lieu désespérant où il est si facile de se perdre et si difficile de s'enfuir.

L'intrigue et le suspense sont impeccable mais ce qui retient le souffle du lecteur est avant tout l'émotion ressentie à l'immerger dans le ressenti des personnages. L'humain et l'inhumain, une dualité terrifiante... Nietzsche le savait mieux que quiconque, "le diable se cache dans les détails."

J'ai mis du temps à entrer dedans. Quelque chose me dérangeait sans pouvoir mettre le doigt dessus. Mais j'ai finalement été happée. Costello était tellement mystérieux, intéressant, touchant. Un personnage extra. Au final, j'ai vécu le truc et je ne regrette pas (ou presque quand je vois la fin).

Bon,alors ce n’est pas une claque mais j’ai apprécié cette lecture. Je n’ai pas réussi à la quitter. Pourtant ce n’était pas gagné parce que je trouvais l’écriture un peu lente et je ne savais pas où l’auteur voulait en venir. Puis petit à petit, le héros (Victor Landis) m’a promené dans son enquête sur la mort de son frère et celle d’une gamine de 16 ans. Et donc, j’ai visité une partie de l’Amérique profonde pendant ses interrogatoires et ses pérégrinations. La fin ne m’a pas scotché, je trouve qu’elle est tout à fait logique. J’ai trouvé les personnages intéressants avec la petite pointe d’humour et d’espoir venant de la nièce de Victor.

Du coup, si vous aimez les polars noirs et très prenant. Je vous conseille ce titre. Je lirai sûrement un autre livre de cet auteur parce qu’il m’a intriguée.

Pas de la même hauteur que « seul le silence » … long, répétitif et histoire déjà mais déjà de nombreuses fois écrites

Les tueurs en série sont particulièrement actifs aux Etats-Unis. Certains, parmi les plus terrifiants, sont à ce jour dans les pénitenciers, dans le couloir de la mort ou condamnés à vie. Ils exercent une sorte de fascination sur le public et les forces publiques tentent en vain de décortiquer leur psychisme pour comprendre les rouages pervers de leurs cerveaux et anticiper leurs dérives.

Ellory s'inscrit dans cette lignée. A travers le vécue éprouvant d'Irving, le policier opiniâtré et empathique, et John Cstello, l'improbable survivant, il nous plonge dans l'abime, nous entraine dans une effroyable succession de crimes quasiment impossibles à prévenir.

C'est puissant, jamais racoleur, infiniment touchant. J'ai adoré.

R. J. Ellory embarque ses lecteurs au fin fond de la Georgie, vers Trenton, dans le Comté de Dade, au plus au nord de l’Etat, touchant le Tennessee et l’Alabama. C’est cette position, au carrefour de plusieurs droits judiciaires particuliers à chaque état fédéré, que se situe la grande criminalité décrite dans ce nouveau thriller, Au nord de la frontière. Ici, les manœuvres illicites en tous genres sont habituelles, de la drogue à la prostitution en passant par l’alcoolisme.

Seulement, l’écrivain ne s’en contente pas ! Il accompagne son thriller de la renaissance de son enquêteur, un simple chérif, aux prises avec des souvenirs biaisés qui l’ont pourtant aidé à vivre mais qu’il devra remettre en question devant d’autres évidences. Le thriller de R.J.Ellory Au nord de la frontière est presque un alibi à la complexité psychologique, toujours aussi fouillée.

Brins d’histoire

À l’occasion du décès de son frère, Franck, Victor s’attelle à comprendre ce qui lui est arrivé. À peine deux cents kilomètres les séparaient et pourtant onze ans, qu’ils ne s’étaient vus ! Un an les séparait à leurs naissances, tout un univers à l’âge adulte. Tous deux ont consacré leurs vies à l’application de la loi en étant shérifs de leur communauté. Lorsque Victor apprend la mort de Franck, le samedi 15 août 1992, il ne peut que partir découvrir ce qu’il lui est arrivé.

Seulement, une autre enquête démarre aussi : la découverte du cadavre d’une jeune fille sur son territoire va absorber aussi toutes ses pensées. Retrouvée morte dans un lac, s’est-elle noyée ou a-t-on transporté son corps ? Elle s’appelait Ella May Rayford et présentait des traces de ligatures sur les chevilles et les poignets et semblait avoir été droguée. Elle n’avait que seize ans ! Deux meurtres d’adolescentes suivront dans d’autres états, de quoi déclencher des investigations d’envergure !

Une atmosphère !

Ce thriller est d’abord une ambiance, celle des bourgades du nord de la Georgie. Peu d’habitants aux kilomètres carrés, les montagnes des Appalaches forment une toile de fond et la forêt nationale Cherokee du Tenessee plonge les lecteurs dans une nature luxuriante. Peu d’affaires de meurtres dans ce pays où les habitants sont coutumiers à s’entraider. Élu par les habitants pour une durée de quatre ans, le shérif connaît particulièrement bien les problèmes de son comté. Ici, le fait que cette partie de l’Etat soit voisine avec plusieurs comtés et plusieurs Etats, rend l’administration d’affaires délictueuses plus complexes.

Un métier spécifique !

La mode des westerns nous a fait connaître les shérifs, Ici, R. J. Ellory appréhende à travers un beau portrait d’homme d’âge mûr, ses fonctions. Victor 46 ans, veuf sans enfant est un homme intègre, qui conçoit son métier comme un sacerdoce. L’écrivain le décrit en policier, teigneux, un peu taiseux mais si humain et bon qu’on s’en étonne. Pourtant, rien ne le relie à la vie, uniquement sa rectitude à la loi et un haut sens moral de l’intérêt de son travail.

Tout au long de cette enquête, la peur sert le ventre du lecteur. Que toutes les destructions qu’il ne cesse de découvrir sur sa route, ne mettent pas à mal ce caractère droit. Les vœux les plus chers sont que R. J. Ellory l’épargne, car nous et lui, on aime, on espère, que le monde n’est pas si mauvais et que personne n’essayera de l’atteindre, même par ses proches. Et lentement, l’étau se resserre jusqu’à en devenir insupportable !

De façon plus concise

Sur fond d’une double enquête, R. J.Ellory décrit la renaissance d’un homme, enfermé dans sa solitude, qui apprend petit à petit à revivre, à sortir les fantômes de sa vie passée pour retrouver le goût des autres. Un long cheminement parfaitement raconté sans en avoir l’air, tant le héros est occupé à résoudre un triple meurtre, et trouver l’explication du décès de son frère.

Comme à son habitude, le style et l’intrigue sont parfaitement maîtrisés. Au nord de la frontière est un thriller qui se déguste lentement, comme un bonbon en bouche !

Chronique illustrée ici https://vagabondageautourdesoi.com/2024/04/04/r-j-ellory-au-nord-de-la/

Victor Landis est shérif dans le comté d’Union. Homme solitaire depuis que sa femme est décédée, l’homme va recevoir un jour un appel qui va changer son quotidien. Son frère Frank, avec lequel il ne se parle plus depuis des années, a été retrouvé mort. Tout porte à croire qu’il s’agit d’un meurtre. Frank était également shérif dans un comté voisin très proche de celui de Victor, et pourtant, la réconciliation entre les deux frères s’est avérée impossible. Victor va alors découvrir que Frank avait une famille. Il était séparé, mais également papa d’une petite fille de onze ans, qui va alors demander à Victor d’élucider ce qui est arrivé à son père.

Ellory nous livre sans doute ici l’une de ses intrigues les complexes et tortueuses jusqu’à maintenant. Servie par un personnage principal incroyablement bouleversant, avec ses failles et ses erreurs, l’intrigue prend une dimension puissante et profonde.

Ce roman est un vrai récit policier, dans lequel il vous faudra rester très concentrés tout au long des pages, afin de pas en perdre le fil, tant les ramifications sont nombreuses. Durant ma lecture, les questionnements ont été nombreux, d’autant plus qu’une enquête policière parallèle fera son apparition. Ne vous inquiétez pas, le dénouement offre toutes les réponses, et toutes les pièces du puzzle s’emboiteront parfaitement.

Comme à chaque fois avec les romans d’Ellory, et celui-ci ne va pas déroger la règle, c’est une véritable atmosphère pesante qui est présente tout au long des pages. Le personnage de Victor est d’une grande profondeur, très bien dépeint, et l’auteur n’en fait pas un personnage statique. Il aura une véritable évolution. La dispute qui dure depuis des années entre les deux frères m’a intriguée et je me suis demandée tout au fil des pages la raison de leur éloignement.

Le dénouement final est mené à toute vitesse, et il est très difficile de lâcher ce roman avant d’avoir eu toutes les réponses aux mystères présents.

La plume de l’auteur est dense mais tout à la fois très fluide. Ellory prend le temps de poser une intrigue aux multiples ressorts, et il faut rester concentré. Les petits chapitres rythment l’histoire.

Un roman policier servi par un intrigue complexe, mais aussi par un personnage principal très bien dépeint. Une excellente lecture à découvrir sans hésiter.

À chaque roman de R.J. Ellory, je suis fébrile et impatiente de me plonger dans un roman noir que j'espère d'avance très sombre. J'espère qu'il va me surprendre, m'emmener loin et bousculer mes émotions. Au nord de la frontière répond à toutes mes attentes.

L'auteur a plusieurs cordes à son arc pour réussir à nous captiver, une sorte de marque de fabrique. La première : l'ambiance dans l'Amérique profonde qu'il narre si bien que j'en oublie parfois qu'il est anglais. Un décor plus vrai que nature qui nous fait ressentir la chaleur, l'humidité poisseuse ou les bonnes odeurs du barbecue. L'Amérique rurale ou règne la corruption et la violence, sur fond de trafics en tout genre.

La seconde où il excelle : les personnages, dont le portait saisissant et la psychologie fouillée les rendent si vivants.

Victor Landis est shérif dans une petite bourgade de Géorgie. C'est un homme taiseux, taciturne et solitaire, droit et intègre. Sa femme est décédée, il est brouillé avec son frère depuis des années et il n'a plus dans la vie que son travail qu'il accomplit de façon méthodique. Il est parfois un peu bourru, mais ce n'est pas un mauvais bougre. Il s'est blindé et se complait désormais dans sa solitude en tenant à distance les fantômes du passé. Au fil de l'histoire, nous le verrons évoluer, sa carapace se fissurer, se remettre en question et s'ouvrir doucement aux autres.

Victor sera entouré par une multitude de personnages, tous parfaitement pensés, que ça soit les bons ou les mauvais.

Et the last but not the least, son écriture qui nous harponne et nous embarque. Pour moi, un des auteurs avec une des plus belles plumes qui arrive à me faire perdre la notion du temps. À peine avais-je ouvert le livre et commencé ma lecture que je me suis vue transportée dans les Appalaches. Comme à son habitude, il déroule l'intrigue dans une lenteur étudiée. Le temps de poser le décor et les personnages, je me fonds dans l'ambiance si singulière qu'il crée à chaque fois. Pas le temps de m'ennuyer, les pages se tournent, je prends mon temps, je savoure et me délecte.

L'intrigue, quant à elle, est mitonnée aux petits oignons. Victor va se voir embarquer dans une double enquête aux multiples ramifications et dont les enjeux sont de taille. Tout d'abord celle sur la mort de son frère. Réticent à s'en occuper dans un premier temps, il finira par vouloir faire la lumière sur cette affaire. Puis, en parallèle, le meurtre de trois adolescentes dans différents comtés. L'enquête, menée à l'ancienne, se déroule doucement, puis tout s'accélère dans les derniers chapitres. Tout est carré, calibré à la perfection.

Au final, rien de nouveau pour ce roman. R.J. Ellory nous livre ce qu'il sait faire et qu'il maîtrise à la perfection. Un roman très noir, riche en émotions, avec des personnages profonds et une intrigue tirée au cordeau, sublimé par une plume impeccable. C'est ce que j'attends et ce que j'aime. Une fois de plus, c'est une réussite !

Je vous le recommande chaudement.

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Difficile pour un auteur de se lancer dans une sorte d'uchronie... Et désolée de le dire, je l'ai trouvé plutôt ratée.

Si le but est de décrire l'Amérique de cette époque si Kennedy n'avait pas été assassinée, oui, d'accord, mais sinon, cet aspect ne présente guère d'intérêt pour l'histoire finalement.

On se demande certes dès le début à quoi est dû le fait que, contre toute logique historique, l'assassinat n'a pas eu lieu. Et en effet on a la réponse en toute fin du roman et je n'en dirai évidemment pas plus.

Mais cette lecture ne m'a guère enthousiasmée : on nous accroche avec l'enquête - d'un journaliste - qui a priori n'a pas lieu d'être, il trouve des indices plus ou moins improbables et ses atermoiements personnels m'ont plus d'une fois donné envie de le baffer.

Rien à dire sur l'écriture (encore que j'aurais préféré une autre traduction du titre dont l'original est "three bullets"), mais l'enquête ne m'a guère passionnée. Sans compter le portrait au vitriol de Kennedy qui le fait nettement dégringoler de son piédestal, déjà bien branlant par ce que l'on sait de lui de nos jours. L'auteur s'est évertué à rendre ce que cela pouvait donner au quotidien, et concernant ce qui est dit du patriarche de la famille, s'il est sans concession à son sujet, il est vrai qu'il est difficile de faire autrement.

Donc impression en demi-teinte en ce qui me concerne, il y a décidément trop de livres en rapport avec la mort de Kennedy sur le marché. Et si d'habitude je tombe plutôt bien 22/11/1963 de Stephen King par exemple), là, bof...

Encore un très bon moment passé avec R.J Ellory.

J'adhère au style d'écriture, à l'ambiance. J'avais l'impression d'évoluer dans cette ville. Cet aspect de claustrophobie qui vous prend et vous donne l'impression que, comme eux, vous ne pouvez pas échapper à cette ville.