Adieu, vive clarté
Auteur
- Jorge Semprún (Écrivain)
Classement en biblio - 6 lecteurs
extrait
Pour moi, ce salut [le poing levé] n'a jamais été un geste de triomphe, encore moins de menace. S'y expriment plutôt la fraternité des humiliés et des offensés, la solidarité des pauvres. Des vaincus, trop souvent. L'espoir peut s'y lire: le plus fou des espoirs, le plus désespéré. (p.76)
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Autobiographie belle par moments mais qui se complait dans le piège inévitable du genre : la construction d'un destin romanesque pour embellir sa petite personne et satisfaire son besoin de gratification. Enfermé dans son monde bourgeois qu'il voit défiler comme un film, sans le vivre à l'instar de Fritz Zorn, l'auteur se drape dans la culture, il fait défiler les noms célèbres, les discussions de haut-vol intellectuel, l'histoire avec un grand H, la revue l'Esprit... sujets à prioris passionnants mais qui sous sa plume deviennent poussière, glacis stérile enrobant sa personne dans le but d'atteindre la postérité, apanage superficiel de raffinements esthétiques.
Pas de révolte, juste un dandysme de bas-étage, rien ne déborde de son être, on suit sa vie de poisson rouge dans son bocal égotique. A défaut de sagesse, son intelligence (dûment loué par lui-même) transcrit bien la poésie mélancolique du goldfish regardant l'extérieur de son bocal. C'est là que se trouve l'intérêt du livre, dans la justesse poétique de ces passages, lorsque il laisse la construction laborieuse de son personnage pour écrire ce spleen baudelairien universellement éprouvé : la conscience seule avec elle même.
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Livre autobiographique, il reste un livre agréable à lire même si il est assez difficile de rentrer dans l'histoire. Après plusieurs chapitres, on commence enfin à se prendre dans l'histoire et à s'attacher aux personnages.
C'est sa vie que l'auteur, Jorge Semprun raconte, mais avec cela il nous parle avant tout d'un cas général. Son histoire ressemble à celle de beaucoup de gens qui n'ont pas pu l'écrire aussi bien que lui mais qui ont ressenti, les même émotions et sentiments.
Il nous parle des langues qu'il a apprise. Le français, tout d'abord qu'il apprend depuis qu'il est jeune et qui lui sert pour écrire ce livre, l'espagnol, sa langue maternelle et l'allemand, que sa gouvernante qui sera plus tard sa belle-mère lui as appris. Il nous raconte son attachement au français et aux autres langues tout le long de sa vie et sa façon de s'exprimer dans ces dernières.
Anecdotes et ligne de vie principale tout y passe, tout est relié par ces deux fils qui sont sa vie et la langue.
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Date de sortie
Adieu, vive clarté
- France : 1998-02-24 - Poche (Français)
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Résumé
Ce livre est le récit de la découverte de l'adolescence et de l'exil, des mystères de Paris, du monde, de la féminité.
Aussi, surtout sans doute, de l'appropriation de la langue française. L'expérience de Buchenwald n'y est pour rien, n'y porte aucune ombre. Aucune lumière non plus. Voilà pourquoi, en écrivant Adieu, vive clarté..., il m'a semblé retrouver une liberté perdue, comme si je m'arrachais à la suite de hasards et de choix qui ont fini par me composer une sorte de destin. Une biographie, si l'on préfère moins de solennité.
Même si le hasard ou la chance m'avaient évité de tomber dans le piège de la Gestapo, même si mon maître Maurice Halbwachs n'avait pas agonisé dans mes bras, au block 56 de Buchenwald, j'aurais été ce garçon de quinze ans qui découvrait l'éblouissante infortune de la vie, ses joies aussi, inouïes, à Paris, entre les deux guerres de son adolescence. M'y voilà de nouveau.
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