Un livre hypnotisant au suspens mené d'une main de maître !

Avec Sirem et l'Oiseau Maudit, l'autrice nous plonge dans un univers inspiré de légendes d'Algérie et cet univers a vraiment été ce qui m'a fait plonger, tout de suite, dans le texte, et l'apprécier
Pour moi qui ne connais pas cette culture, j'ai vraiment apprécié de découvrir ce nouveau pan d'imaginaire, que l'autrice fait vivre avec beaucoup de poésie et de délicatesse

J'ai aussi beaucoup apprécié le quatuor de personnages qui se forme peu à peu, avec leurs personnalités si différentes et si attachantes ! Quant aux péripéties, elles s'enchaînent avec un rythme soutenu. La prophétie est gérée de manière très intelligente - alors que je n'aime pas les prophéties d'habitude - et j'ai beaucoup apprécié de voir les différentes interprétations que les personnages en avaient au cours de l'histoire. Avoir la prophétie en quatrième de couverture était très pratique, du coup, pour s'y référer

Ca a vraiment été une très chouette découverte 😍

Si le début est très classique, avec une jeune orpheline qui rejoint une académie, de nombreuses qualités me donnaient envie de lire la suite : la fluidité de la traduction, le caractère bien trempé de l'héroïne, l'univers mystérieux que j'avais envie de découvrir plus 💚

Et puis assez vite, l'intrigue change de cap pour partir sur quelque chose de plus inattendu. Si c'est assez surprenant au début, c'est en fait très satisfaisant. Je ne m'attendait pas aux rebondissements, aux retournements de situation, ce qui permettait à la lecture de me tenir en haleine tout du long. Il n'y a aucune lenteur, aucun moment de mou, c'est un véritable page turner

Je ne m'attendais pas non plus, dans le dernier tiers, à autant de noirceur et de violence. Mais ils servent et permettent le dilemme moral de la protagoniste, et c'est juste parfait 💚👌

Je ne connais pas grand-chose sur l'anarchisme (autant dire rien 😛) et pour moi, la meilleure manière de me documenter sur un sujet, c'est de lire ce qu'en disent les personnes concernées. Ce qui est le cas de l'autrice d'Un pays de Fantômes ! 👻

Comme c'est un sujet pour lequel il y a pas mal d'idées préconçues, que j'avais adoré ma précédente lecture de chez Argyll et que j'avais entendu beaucoup de bien de ce livre... c'était l'occasion ✨

Et concrètement ?
J'ai eu un peu de mal avec le début du texte, je le trouvais un peu trop manichéen, un peu trop cash dans le "eux c'est les méchants et eux c'est les gentils". Mais passée cette première approche... C'est un texte intéressant qui se lit bien, une petite promenade dans ce monde imaginaire qui nous fait découvrir une galerie de personnages attachants et hauts en couleurs ! Et le but "agrandissement de ma culture générale" est parfaitement atteint, donc c'est une lecture que j'ai globalement appréciée 😊

Mojunsha a une place particulière dans mon cœur, parce que le T1 a été mon premier coup de cœur de comité ever 💚

Il y a tout ce que j'aime dans ce livre : une myriade de personnages à qui l'on s'attache très facilement, très vite et très fort (mais leurs objectifs rentrent en conflit 🥺), des rebondissements imprévisibles et à couper le souffle, beaucoup d'émotions, un lore très développé, un style ciselé...

Le tome 2 tient toutes les promesses du T1 : on retrouve les intrigues politiques et divines là où on les avait laissées, et les différents niveaux de l'intrigue se complexifient encore. Les choix des personnages et leurs impacts sur les autres sont toujours tout aussi surprenants, et prenants.
J'avais peur qu'à cause du délai entre mes lectures des deux tomes (4, 5 ans ?), je profite moins de ma lecture 🥺

Mais ça n'a pas été le cas du tout 😍 L'histoire m'est assez vite revenue en tête et si, sur les premières pages, j'ai eu du mal à me souvenir de chaque personnage et de son passé, ça s'est très vite estompé. Maintenant, je n'ai plus qu'une hâte : le T3 ! 💚

(livre lu dans le cadre des murmures littéraires)

La plume et la narration sont magnifiques et intenses. Elles portent beaucoup d’émotions, très puissantes, et on vit cette histoire à 200%, aux côtés de Vaelle avec qui on vit une relation très intéressante.
En effet, l’évolution de Vaelle est très bien menée. Par exemple,

Spoiler(cliquez pour révéler)

à travers le dilemme qu’elle se pose quand elle se demande si elle veut réellement utiliser Jazelle, quitte à la tuer. On la voit sombrer dans la folie, dans la paranoïa, [/spoiler] on sait que ses choix risquent de la placer dans des situations de plus en plus délicates, et ce décalage entre ce qu’elle sait et ce que les lectaires savent est réussi d’une main de maître.
C’est vraiment très beau de voir, en parallèle de Vaelle qui devient de plus en plus moralement grise, [spoiler]Yervain gagner en humanité, 209 devenir de plus en plus appréciable avec sa phobie. Enfin, le texte s’achève de façon magistrale, avec une conclusion à la fois logique, juste et amère.
Un texte maîtrisé sur toute la ligne.

La plume est fluide et agréable à lire, le propos philosophique (quelles sont les différentes fins possibles pour une civilisation et peut-on y échapper) est intéressant.

En revanche, ce roman a un côté très hard science - qui marche très bien d'ailleurs, et c'est plaisant de voir que l'auteur maîtrise sa vulgarisation sur le bout des doigts. Mais je me demande si ça ne serait pas là que ça aurait péché pour moi, du coup 🤔 Là où pour d'autres il y aurait pu avoir cette poésie mystérieuse de la physique, j'avais l'impression de retrouver mes cours de prépa.

J'avais beaucoup, beaucoup de hype de retrouver cette histoire avant le prochain gros pavé.

Sauf que voilà, j'ai "juste" bien aimé. Sans plus.
Du coup, grosse déception 😥 Je ne sais pas trop à quoi c'est dû, peut être que j'avais des attentes trop différentes de la réalité et que ça a joué, que je m'attendais à une autre intrigue, à un autre rythme...
Mais du coup, j'ai encore plus envie que le tome suivant sorte, pour que je retrouve ce dont j'avais l'habitude 💚

Après toute la hype que j'avais vue sur ce titre et sa couverture magnifique, je ne pouvais pas ne pas tenter !
Mais dès les premières pages, j'ai eu très peur : ce livre est classé jeunesse, et à raison. Or, je connais mes goûts, j'ai du mal avec la jeunesse. J'ai donc eu assez peur de m'ennuyer à la lecture, voire d'abandonner 😅

Mais en fait, rien de tout cela n'est arrivé 💚 Grâce à la plume très fluide, les chapitres s'enchaînent de manière assez plaisante. Alors certes, les personnages/l'univers/l'intrigue ne sont pas aussi développés que dans du adulte. Mais j'ai beaucoup apprécié le thème des saisons et tout le lore créé pour ce texte. (Et j'ai aussi apprécié que malgré les quelques débuts de dragouille il n'y ait pas de romance développée ^-^)
Et surtout, j'ai trouvé qu'il y avait une grande maîtrise du suspense dans ce texte. On est constamment tenu.e en haleine pour savoir ce qui va arriver ensuite, pour comprendre les complots qu'on soupçonne en arrière plan, et pour savoir comment Ivy va s'en sortir dans ce monde qui ne semble pas fait pour elle. Dans la dernière partie du texte, les manipulations et les révélations s'enchaînent, imprévues et surprenantes, en un feu d'artifice très plaisant à lire. ✨

/ !\ Livre lu dans le cadre du PAI / !\

Le livre s’ouvre sur un arbre généalogique qui est, à mon avis, une idée très appréciable : d’emblée, on comprend que la galerie de personnages sera plus que complexe et cet outil, bienvenu, pourra nous aider par la suite.
Malgré cela, j’ai eu beaucoup de mal à retenir les prénoms des personnages, qui est qui, qui est quoi, et je pense qu’avoir rajouté des caractéristiques en les désignant par leurs noms de pays n’a fait que rajouter à ma confusion, puisque je confondais aussi les différents pays et duchés entre eux :(
Je pense que cette confusion vient de ce qui est apparu, à mes yeux, du manque de personnalité des personnages. Pas dans le sens qu’ils manquent de caractère (puisque ce n’est pas le cas de Giorda ou de Dista, au contraire), mais plus qu’ils manquent d’individualité, d’intériorité (par exemple, à mon sens, Giorda et Dista seraient assez interchangeables : les deux femmes à forte personnalité, sans que je n’aie réussi à saisir ce qui faisait l’essence de leur différence). J’ai surtout eu la sensation de « personnages marionnettes » qui changeaient de volonté, d’avis ou d’opinion de manière très brusque et rapide quand l’intrigue en avait besoin, plus que pour de véritables raisons organiques.
Ce manque de profondeur ressentie a aussi fait que j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à eux, et donc à craindre pour leur survie et à frémir de leurs mésaventures. Je n’ai donc pas ressenti d’émotions à la lecture, que j’ai lu de manière plus détachée, presque comme un manuel d’Histoire listant les différents événements de cet autre monde.
L’idée de l’univers, très morcelé, très divers dans ses coutumes et sa vision de la religion, m’avait de prime abord beaucoup plu. J’aurais aimé en savoir plus, que ça soit pus développé… J’ai trouvé les informations en mode univers dumping au début assez frustrantes, surtout au vu de l’importance que la religion prend par la suite dans l’intrigue.
Le style de ce texte est quant à lui très beau, avec un vocabulaire recherché et des descriptions travaillées. Il faut seulement noter une surabondance des verbes faibles dans les premiers chapitres (et ça en devient un peu lourd), ainsi que quelques coquilles, notamment au niveau des traits d’union parfois remplacés par des espaces (à moins que ça ne soit dû à la conversion en format epub ?)
L’intrigue est bien rythmée et pleine de rebondissements, on n’a pas le temps de s’ennuyer avec ce texte. Cependant, la rapidité d’enchaînement des scènes a laissé quelques zones de confusion chez moi. Par exemple, j’ai assez mal compris la révélation qu’Aron découvre à la fin. D’ailleurs, j’ai aussi trouvé la fin un peu frustrante : elle ne conclut pas réellement d’enjeu, ne ferme pas vraiment de porte ; finalement, j’ai la sensation que le tome aurait pu se clore sur la péripétie précédente ou la suivante sans que cela ne change vraiment grand-chose.
Pour conclure, une lecture en demie teinte pour moi :/

Une lecture indéniablement complexe, mais extrêmement puissante. J'ai mis un peu de temps à rentrer dans la lecture, à comprendre ce que je lisais, mais ça valait vraiment le coup de s'accrocher.
L'histoire est touffue, et loin des sentiers battus. Il faut faire confiance à l'autaire pour nous guider dans son monde, par la main, au fur et à mesure que les révélations se succèdent.

/!\ Livre lu dans le cadre du Prix des Auteurs Inconnus 2022 /!\

Dès le début, Mirial nous emporte grâce à un style qui se démarque et permet de plonger très facilement, à travers les pages, dans cet univers dystopique où se déroule l’enquête menée par Léna et les siens. Les descriptions sont très poussées, et mettent en place une synesthésie, ce qui facilite d’autant plus l’immersion dans un Dioscuri très complet et plein de mystères.
Léna est un personnage très touchant et attachant dans sa personnalité, on se sent proche d’elle, grâce à sa plume l’autrice nous la rend aisée à comprendre, on ressent beaucoup d’empathie pour elle. Puis, au fur et à mesure des pages, on découvre tout un panel de personnages très variés, ayant chacun une personnalité propre et développée. Ils se démarquent, semblent tous très humains et restent en tête après la lecture. J’ai notamment beaucoup apprécié le fait qu’ils aient tous et toutes des drivers très forts, ancrés dans leur personnalité, et qui permettent de rendre plus fort encore le conflit.
Cela permet une intrigue toute de tension et de suspense, qui fait de ce texte un véritable page turner à couper le souffle tout du long. Les révélations magistrales s’enchaînent, nous tiennent en haleine, et s’intensifient en puissance à la fin du livre. J’ai eu beaucoup de mal à faire des pauses dans ma lecture, tant l’addictivité de ce livre est grande.
Ce texte traite aussi de nombreux thèmes différents, et pour chacun propose une réflexion très intéressante.
J’ai simplement regretté quelques relâchements de temps à autre sur la forme : les verbes faibles, l’utilisation du subjonctif avec « après que », quelques répétitions et coquilles (notamment la conjugaison des verbes en « -indre » ) et quelques dialogues où j’avais du mal à suivre qui parle.
Mais ces détails sont vraiment mineurs comparés au reste et Mirial reste sans aucun doute une lecture que j’ai grandement appréciée et très marquante.

Je ne sais pas pourquoi, de prime abord, quelque chose dans la narration me rebutait, me semblait trop "difficile". Je n'ai pas réussi à mettre les mots sur ce ressenti et j'ai persévéré.

Et je ne regrette pas ! Au fil des pages, j'ai découvert un texte attachant, tout en nuances et en demi-teintes. J'ai beaucoup apprécié cette narration, faite par un barde entouré de mystère, qui intervient de temps à autres dans l'histoire. J'ai apprécié les interruptions, les interactions avec son public - son lectorat.
Je ne connaissais que très peu la légende de Cuchulainn auparavant, aussi je n'ai peut-être pas profité au maximum du contraste entre la bête décrite et le héros habituellement dépeint. Mais dans ce livre, l'auteur réussit un tour de force : le Chien est détestable, on le méprise, et pourtant, on a envie de lire la suite de ses aventures. On a envie de tourner les pages, de savoir ce qui va lui arriver ensuite.
Dans ce texte, aucun personnage n'est un héros, aucun n'est "loyal bon". Ils ont tous leurs raisons, leurs blessures, leurs rancunes... Ils sont humains. Sauf peut-être Ferdiad, qui par contraste accentue encore l'inhumanité de Cuchulainn. Mais cela leur donne plus encore de nuance et de complexité, de réalisme aussi.

C'était le but, je pense, mais c'est un texte qui m'a fait réfléchir sur la réalité des actes de nos prétendus héros. J'ai hâte de découvrir d'autres textes de l'auteur !

!!! Livre lu dans le cadre du Prix des Auteurs Inconnus 2022 !!

« Il faut montrer plutôt que dire », voilà ce qui résume mon avis sur ce texte. Cela s’applique à tout : les personnages superficiels, l’univers sous-exploité, le féminisme de façade… Détaillons cela.

- Pour commencer, le « féminisme » de ce livre. Ce qui est dit : Gabrielle sera la Sénatrice (ie la déesse) du féminisme parce qu’elle y travaille d’arrache-pied (mais on ne la verra jamais travailler dur pour cela). Ce qui est montré : de la drague à coup de menaces de v!*l présentées comme sexy et rigolotes (spoiler, c’est ni l’un ni l’autre) ; le sexisme de Damian jamais remis en question, au contraire, il change d’un coup de baguette magique grâce au pouvoir de l’amour, ce qui véhicule l’image cliché et tout sauf féministe que les femmes sont là pour soigner les mecs problématiques (spoiler, ce n'est pas le cas) ; une flopée de petits détails qui s’accumulent, comme le poncif de Héra présentée comme une mégère acariâtre alors que dans les faits, il s’agit d’une déesse délaissée, humiliée, trompée, qui n’a jamais eu la liberté des frasques de son époux (qui, rappelons-le, est un serial v!*leur), ou encore des phrases comme « y’a pas à dire, même ici, les hommes sont plus simples que les femmes » … On se trouve donc loin du féminisme annoncé par le texte, qui m’a hélas rappelé pourquoi je ne lisais pas de romances.

- Les personnages n’ont que peu de profondeur. Gabrielle, par ses trop nombreuses caractérisations qui peinent à former un tout cohérent, ne ressemble finalement qu’à une Mary Sue sans réelle force de caractère, notamment en commençant par le cliché de l’héroïne timide qui tombe directement amoureuse du beau bad boy dès les premières pages, ce qui manque de subtilité. Elle semble changer de personnalité au gré des besoins des scènes plutôt qu’être un personnage complexe et nuancé, ce qui est dommage dans la mesure où on nous la présente comme une femme forte. Damian a pour unique caractéristique de toujours être sa libido débridée allant de pair avec son appétence pour les orgies, ce qui fait qu’il n’en reste plus grand-chose de concret dans la deuxième moitié du récit. Et à côté d’une Gabrielle trop incohérente et d’un Damian unilatéral, les personnages secondaires se résument uniquement à leur fonction dans l’intrigue.

- Bien qu’au premier abord, j’aie beaucoup apprécié ces principes d’Enfer et de Paradis aux mythologies mêlées, ça a vite été une déception. Les quelques spécificités sont présentées de manière univers dumping, les descriptions sont trop succinctes… Des lois qui sont annoncées comme fondamentales dans ces univers sont brisées sans qu’il n’y ait la moindre conséquence et, carrément, sans que personne ne semble s’en inquiéter réellement…

- Quant à l’intrigue… Une fois passée la grosse déception du cliché du « je-tombe-amoureuse-du-premier-beau-mec-que-l’intrigue-me-montre », ça ne s’est pas vraiment amélioré. Je n’ai jamais réussi à comprendre comment on passait de « j’ai renversé la boîte » à « je dois résister à toutes les tentations de l’Enfer », la légèreté de cette excuse soulignant encore que tout le lore n’est qu’un prétexte aux scènes de sexe. Il y a ensuite beaucoup de redites en narration, avant que l’intrigue elle-même ne devienne répétitive : scènes de sexe, protagonistes qui se persuadent que l’autre ne peut pas l’aimer, et rebelote. À cause de cette dynamique, la scène de dispute entre Damian et Gabrielle n’a causé aucune émotion chez moi.

Bref, grosse déception pour moi. Mais je ne suis visiblement pas le public cible et ce n’est hélas pas ce texte qui aura réussi à me réconcilier avec le genre.

LIVRE LU DANS LE CADRE DU PRIX DES AUTEURS INCONNUS 2022

Avant de parler du texte en lui-même, parlons de la plume. Une plume magnifique, sculptée et ciselée à l’image de toutes les œuvres décrites dans le texte ; une plume riche de figures de style, d’un vocabulaire très recherché et de références littéraires comme mythologiques ; une plume à travers laquelle on sent un véritable et sincère amour de l’art. Les descriptions, bien que longues – et je n’ai personnellement pas trouvé cela gênant, au contraire – permettent une immersion d’autant plus parfaite qu’elles convoquent les cinq sens. Les moments de suspense et d’émotion qui jalonnent le livre sont très bien écrits et prenants. Par sa forme, ce texte ressemble énormément aux livres dits « classiques », ce qui est à la fois un tour de force par rapport à l’autrice qui fait ainsi correspondre son style à l’époque dépeinte, et pour moi, qui ai grandi dans ces livres, une madeleine de Proust.

Le texte commence dans le vif du sujet, avec de l’action et du mystère : incendie, enlèvement, secte occulte… La scène de l’invocation à la fin du premier chapitre est particulièrement prenante, surprenante et agréable à lire, grâce au pas de côté original et très intéressant du démon qui se moque de ses invocateurs et leur préfère Adrian. Quelques points (et ce sont bien là les seuls défauts que j’ai trouvés au livre !) ont seulement terni pour moi cette fin de chapitre : l’enfant ne semble pas craindre à un seul moment pour sa survie, il ne remarque pas le démon avant un moment et il n’est pas surpris par son apparence – on n’a en effet pas de description du démon.

L’ellipse qui sépare ce premier chapitre du deuxième est très bien menée. On arrive ensuite dans une partie plus calme, la présentation de la vie de lord, qui permet malgré tout de rendre vivantes cette situation initiale et la mise en place des personnages et de l’univers. La découverte, à ce moment, du lien avec le démon devenu valet est plus que plaisante.

Si dans les premiers chapitres les enjeux sont légèrement flous, on plonge dès le premier meurtre dans une enquête menée d’une main de maître. Les indices sont semés tout au long des pages et, à part l’identité du tueur, je ne me doutais de rien. Les références et pistes laissées dans chaque mise en scène macabre sont très bien trouvées et permettent des détours et péripéties supplémentaires et enrichissantes. Je n’ai personnellement pas trouvé le rythme trop lent, au contraire. Il permet un développement en profondeur et sans aucune lacune des personnages et de l’univers.

Les personnages, d’ailleurs, sont différenciés et marquants. Adrian qui ne vit que pour son art et son lien entre affection et ironie avec son valet – valet qui d’ailleurs esquive habilement toutes les fois où il aurait pu devenir une facilité scénaristique ! – Edgar le dandy raffiné haï par son père, les deux adolescent.e.s en apparence fragile qui deviennent les modèles d’Adrien, Lawrence et Henriette – Henriette étant de plus un personnage extrêmement intéressant en termes de représentation et, pour ce que j’ai pu lire sur le sujet sans qu’il ne me concerne, bien écrit en dehors de quelques « il » mal placés – et d’autres encore… Tous ces personnages sont vivants, réels et complets, on vit leurs émotions, comprend leurs choix et motivations, ressent de l’empathie pour eux…

L’univers, quant à lui, est bien rendu. On plonge facilement grâce à la plume dans cette Angleterre victorienne. Il est très intéressant de pouvoir en explorer de nombreux aspects grâce à l’ascension d’Adrian.

Enfin, la fin laisse comprendre que, peut-être, il y aura une suite. Si c’est le cas, j’ai vraiment hâte de pouvoir la lire ! En tout cas, c’est un livre que je recommande très chaudement !

[Livre lu dans le cadre du Prix des Auteurs Inconnus 2022]

*Une lecture très mitigée malgré un début et une fin poignants*

Avant tout, je questionne le choix de l’autrice d’avoir présenté un tome 1.5 au PAI. C’est une manière assez étrange de rentrer dans son univers que je ne connaissais pas, de faire connaissance avec des personnages pour lesquels je n’avais aucun attachement préalable. Et je pense, hélas, que ce n’est pas la meilleure porte d’entrée dans la série. Le lore est en effet compréhensible sans avoir lu les autres tomes, cependant on sent bien qu’on ne le voit que par le petit bout de la lorgnette, ce qui est un peu décevant pour de la SFFF. Idem pour les personnages, qui ne sont pas beaucoup creusés, à la fois parce que le texte est très court, et à la fois pour la principale raison qui m’a fait ne pas accrocher à ce texte, et que je mentionnerai plus tard.
Malgré tout, il y a bien une raison pour laquelle ce texte est arrivé en finale et, à mon humble avis, il le méritait. Le style est magnifique, fluide, permettant une immersion très rapide. L’autrice a un don pour nous communiquer les émotions de ses personnages, nous faire vibrer avec leurs ressentis. Le texte crée une belle synesthésie en invoquant fréquemment les cinq sens, même si personnellement, je n’aurais pas refusé un petit peu plus de descriptions.
Dès les premières pages, le texte est prenant. On ressent toute l’angoisse d’Haroun, son abandon, sa perte de repère. Et en même temps, son échange avec Lénia est extrêmement mignon, ils se découvrent ensemble en même temps qu’ils découvrent l’univers qui les entoure, comprennent les règles strictes et injustes avec lesquelles il va leur falloir vivre.
Mais c’est après les premiers chapitres que, selon moi, ce texte commence à pécher. On avance dans le texte et on voit qu’il n’y a toujours aucun enjeu. L’évolution de la relation entre Haroun et sa protectrice est trop brusque, p21, avec « il aimait déjà sa protectrice » qui, en plus d’être plutôt tell, arrive tout d’un coup, juste pour le bien de l’intrigue. Puis beaucoup plus tard, il fait preuve avec elle d’une attitude très impitoyable qui, pour moi, ne fait sens ni avec son caractère, ni avec cette amitié qui avait été installée, quand il menace de la dénoncer si elle ne lui révèle pas son secret. Beaucoup trop de ses incartades, pourtant capitales aux yeux des règles de l’Enéark, se passent sans aucune conséquence, et ces facilités scénaristiques affaiblissent le suspense, puisque du coup, je me dis que quoi qu’il arrive tout va bien se passer.
Et surtout, les scènes de sexe. Très nombreuses, gratuites et dispensables pour la plupart… Leur principal souci est qu’elles représentent, à la louche, les trois-quarts du texte. Et lire chapitre sur chapitre, sans interruption, ce genre de scènes qui finalement étaient trop nombreuses pour toutes servir l’évolution de l’intrigue et/ou des personnages m’a donné plus l’impression d’être devant une romance érotique que devant un texte de SFFF. De plus, je les ai trouvées assez dérangeantes. Que ce soit l’initiation, ou la réaction extrêmement violente de Haroun face au premier refus de Lénia (violence qui semble d’ailleurs assez out of character), j’ai surtout ressenti à la lecture de ces 75 % du livre un malaise certain, malgré la plume très talentueuse de l’autrice. À mon sens, les diluer dans un peu plus d’intrigue, d’introduction de l’univers ou de développement des personnages, de l’histoire un peu plus consistante, les aurait déjà rendues un peu plus digestes.
Puis arrive le dernier quart, qui tranche de manière très agréable avec le reste. Les émotions et la tension sont de retour, plus puissantes encore, et c’est une fin de roman extrêmement poignante, extrêmement touchante. On vibre et vit à nouveau avec les personnages, souffre autant qu’eux des injustices criantes qui leur sont imposées… C’est magistral. Hélas, pour moi, cette fin souffre un peu du manque de construction de tout le corps du livre, puisque celui-ci était consacré aux différents ébats des personnages. C’est donc un peu trop facile tous ces alliés qui apparaissent au moment opportun alors qu’ils n’avaient jamais fait mine de vouloir se rebeller ni aider Haroun (surtout quand ça demande de changer radicalement un personnage comme Ahmet).
L’ellipse avant l’épilogue aurait mérité plus de précision. On ne sait pas s’il s’est rebellé contre son devoir ou s’il a continué à l’accomplir. On ne comprend pas pourquoi Donya n’a pas effectué elle-même, depuis toutes ces années, les recherches qu’Haroun choisit d’entreprendre. C’est un peu dommage, toutes ces questions sans réponse donnent un aspect un peu bâclé à l’histoire.
Malgré tout, le talent littéraire de l’autrice ressort à travers le livre. Même s’il s’agit d’une déception dans le cadre de mes lectures pour le PAI, je comprends tout à fait qu’il s’agit d’un tome spécial, et ça ne me donne que plus envie de découvrir ses autres textes.

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J'ai ressenti une réelle différence entre la première et la seconde moitié de ce livre.
La première, j'ai un du mal à rentrer dans le texte. J'appréciais les personnages, l'univers, le style... mais malgré une absence de défauts visibles (bon, à part le fait que ça soit finalement Agnieszka qui soit choisie, qui était obligé à des kilomètres), je pouvais très bien reposer le livre et rester une semaine sans le reprendre, l'addictivité était très basse. Pourtant, j'avais un peu envie d'en savoir plus sur tous les mystères de cet univers, sur comment la suite allait se dérouler, juste d'en lire plus sur elle et le Dragon qui s'envoient des piques très agréables à lire...
Puis la seconde moitié n'avait rien à voir. Tension et suspense à leur comble, c'est un véritable feu d'artifice qui se termine en apothéose. Peut-être parce que la galerie de personnages s'élargit d'un coup (et ils sont tous bien campés et attachants), que les enjeux se multiplient et s'entremêlent avec l'arrivée des machinations politiques... Impossible de refermer le livre !
Donc finalement, une belle lecture !

C'est une lecture dans laquelle j'ai eu un peu de mal à rentrer à cause des premières pages : personnages auxquels je m'attachais peu, aller-retours temporels...
Mais finalement, je ne regrette absolument pas d'avoir poursuivi ! A partir de l'apparition d'Aïcha à peu près, je me suis laissé emporter par la lecture et mes réticences initiales ont totalement disparu. J'ai trouvé très intéressant de plonger dans un choc des cultures avec cette famille, intrigue servie par une plume toujours aussi belle.
Donc si comme moi vous peinez au début, persévérez, vous ne le regretterez pas !

J’ai adoré le style qui a été un délice tout au long de la lecture, avec des phrases bien construites, un bon vocabulaire, des belles figures de style et un bon dosage des descriptions. Malgré son aspect parfois un peu simple, l'intrigue est très logique et cohérente, d'une grande crédibilité. Le texte surprend à plusieurs reprises et on a envie de savoir la suite, grâce à la tension et au suspense bien installés. Certaines scènes sont vraiment percutantes, comme l’attaque de la chèvre, la scène de la première expérience avec l’Incubateur,…
Si l’orphelinat n’est pas un élément extrêmement original, le système d’extracteurs de rêve et d’incubateur l’est, et c’est une excellente surprise. J’ai beaucoup aimé le principe.

Peut-être le meilleure des livres d'Aurélie Wellenstein que j'ai lus à ce jour. C'est un livre qui m'a tenue en haleine jusqu'à la fin, créant une véritable tension, de véritables émotions, un véritable attachement envers les personnages et leurs destins.
Les personnages sont excellents. Justes, profonds, vivants. On empathise tout de suite avec eux, avec leurs blessures et ce passé dont ils cherchent à rassembler les pièces.
L'univers, lui aussi, est magistral. A la fusion entre fantasy et post-apo, on sent toute sa richesse, toute sa puissance, notamment quand le plaidoyer écologique se dévoile.
Juste deux petites amertumes :

Spoiler(cliquez pour révéler)

j'aurais bien aimé savoir si les animaux de ce monde ont toujours été ce mélange de sable et de pierres précieuses, ou s'ils ont évolué, et dans ce cas comment (d'autant plus que ce monde semble bien être la continuité du nôtre, notamment avec le nom des villes citées). Et j'ai trouvé la fin un peu trop facile et décevante. Mais ça n'a pas gâché mon plaisir de lecture !

J'ai beaucoup aimé ce texte, mais pas de la même manière tout le livre. Pour moi il est en deux parties :
*une partie douce, poétique, un peu onirique, que j'ai aimée tranquillement, appréciant de retrouver la belle plume de Laurent Gaudé, ses personnages humains et tout en finesse, son univers plein de mystères qu'il ne dévoile pas entièrement.
*une partie intense, pleine d'émotion, de rage et de larmes, de vengeance et de haine que j'ai aimée passionnément !

Une très belle anthologie, qui m'a fait découvrir de nombreux horizons très variés. Certaines nouvelles ont été un gros coup de coeur, d'autres une belle ballade, certaines encore je ne les ai pas comprises... Mais j'apprécie beaucoup cette initiative, qui m'a permis de retrouver ces plumes françaises que j'appréciais déjà et de découvrir celles que je n'avais pas encore eu l'occasion de rencontrer.
En plus, grâce à la librairie "le Nuage Vert", que j'apprécie énormément, j'ai pu avoir plusieurs dédicaces sur mon exemplaire, car une rencontre avec les autaires avait été organisée <3

L'intrigue est bien construite et, assez rapidement, très prenante. On s'attache à ces personnages ambigus, on plonge dans cette autre dimension tellement sombre. L'histoire m'a tenue en haleine, ses rebondissements sont habiles et bien vus, et les flashbacks entremêlés sont bienvenus car ils apportent une nouvelle vision de l'histoire, de la complexité et de la subtilité.
Les personnages sont complexes. J'ai apprécié l'évolution morale du personnage principal, qui de Don Juan acquiert une éthique qui l'oblige à faire des choix cruciaux. La difficulté de tenir une « bonne » ligne morale est justement ce qui construit plusieurs personnages, et cela les rend intéressants et peu communs.
Le style est efficace et travaillé et correspond tout à fait au monologue d'un majordome danois et ce, jusque dans les « preuves » de physique, dont la rigueur est appréciable !

J'ai dévoré ce témoignage poignant en quelques jours. Déjà, auparavant, j'adorais Mélanie Fazi pour les fictions que j'avais déjà lues d'elle et pour sa traduction des Archives de Roshar. C'était donc presque un honneur d'avoir accès à un morceau de son âme, avec ce livre.
Je me suis reconnue dans certains aspects, d'autres qui me sont étrangers m'ont permis d'apprendre sur les autres et de grandir. Il s'agit d'une lecture instructive, nécessaire, comme il n'y en a pas assez. Il faut commencer à faire bouger les représentations, pour enseigner au plus grand nombre.

Il s'agit là d'un livre poignant, qui explore de nombreuses thématiques avec humanité. De la douleur de l'incendie, au voyage initiatique et aux révélations perturbantes, en passant par les tentatives de reconstruction de cette famille abîmée et encore fragile, c'est une fresque tout en nuance que nous offre là l'auteur, qui permet de voyager à travers le monde et les époques.

Une lecture bluffante ! Les personnages sont forts, creusés, vivants. Les deux univers sont chacun fouillés à l'extrême et l'immersion se fait à la perfection. Les deux intrigues s'entremêlent, posent des éléments dans l'ombre, et peu à peu le puzzle se dévoile avec une grande intelligence. Le suspense et la tension sont à leur comble tout du long et permettent d'explorer des thèmes puissants.