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L'Expulsion



Description ajoutée par magaliB 2018-04-04T08:22:51+02:00

Résumé

1609-1610 : Philippe III d’Espagne et le duc de Lerma décident d'expulser les morisques de la Péninsule ibérique. Ces cinq cent mille hommes et femmes, nés en Andalousie, sont les descendants des populations musulmanes converties au christianisme plus d’un siècle auparavant, et, pour la plupart, travaillent sur les terres des Grands d’Espagne comme cultivateurs, jardiniers, artisans.

Embarqués de force dans des navires loués aux Vénitiens, aux Génois et aux Français, les morisques sont envoyés malgré eux en Afrique du Nord, soupçonnés d’apostasie et de trahison.

Cette trame historique est la toile de fond du nouveau roman de Michel del Castillo, où se côtoient les figures emblématiques de cet épisode tragique de l’histoire d’Espagne : celles du roi et de son favori, des représentants de l’armée, des Grands, de l’Eglise, mais aussi celles, plus juvéniles et plus humbles, de leurs victimes ou de leurs ennemis.

Michel del Castillo livre un roman troublant dont les racines plongent dans cette Espagne qui lui est si chère et nous rappelle un épisode oublié qui fait écho à la sourde angoisse planant aujourd'hui sur l'Europe.

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Classement en biblio - 3 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par magaliB 2018-04-04T09:54:33+02:00

Chapitre 1

Après deux mois de température exceptionnellement clémente, l’hiver fondit sur Madrid dans la nuit du 16 au 17 mars 1609, attisé par le vent de la sierra qui souffla, glacial. La neige commença de tomber en début de soirée.

Le matin, d’énormes congères s’étaient formées que des ouvriers en guenilles dégageaient dans les rues principales, laissant les quartiers populaires se débrouiller, chacun s’ingéniant à libérer un chemin par où passaient des silhouettes noires marchant d’un pas rapide. Tout juste leur regard se levait-il en entendant le bruit des charrettes et voyait-on les femmes se signer quand les hommes prenaient un cadavre et le balançaient dans leur véhicule.

Devant les couvents, des hordes de miséreux se tenaient blottis, attendant la distribution d’un bol de soupe chaude et d’un quignon de pain ; les plus téméraires se précipitaient dès qu’ils entendaient le grondement d’un carrosse, s’agrippant aux courroies, aux poignées des portières hurlant : « ¡ Por Dios ! Por Dios ! » malgré les coups que le laquais leur assénait.

La circulation était difficile, parfois l’un des chevaux se déboîtait au milieu des jurons. Dans leurs voitures, les Grands restaient pelotonnés, refusant de sortir tant qu’un véhicule de secours ne se présentait pas.

Les pieds chauffés par un brasero, les genoux recouverts d’une couverture, les mains soigneusement gantées, la tête coiffée de son chapeau à larges bords, le cardinal de León se tenait dans sa voiture, maugréant contre l’insistance des mendiants qu’il ne voyait pas – les rideaux de son carrosse restant fermés –, mais qu’il n’entendait que trop, tout comme il ne cessait d’entendre les jurons de son laquais maniant avec rage son fouet. Les miséreux accouraient de toutes les rues situées en bordure de la calle Mayor, risquant de provoquer un accident. Que pouvait faire la Couronne pour diminuer le nombre de ces vagabonds ? se demandait le cardinal. Créer un nouvel hôpital ?

Il se rendait à la convocation du Conseil royal dont il était membre et qui avait pour but de procéder au vote, après délibération, de l’expulsion des morisques, cinq cent mille environ, principalement répartis entre le Levant et l’Aragon. Le duc de Lerma étant favorable à la mesure, le roi l’était aussi, le cardinal pensait donc que la cérémonie serait courte. Il n’y avait que peu de membres du Conseil à être hostiles au décret, parmi eux les Grands qui possédaient les domaines exploités par les morisques. Ceux-là défendaient leurs serfs, autant dire leur richesse, mais l’Église approuvait le texte et le cardinal avait publié deux mandements réclamant l’expulsion des apostats, car c’était le crime dont ces survivants des guerres étaient reconnus coupables. Convertis et baptisés, on racontait qu’ils baignaient leurs nouveau-nés pour chasser d’eux le signe de ce qu’ils considéraient comme une infamie, qu’ils recrachaient l’hostie consacrée, qu’ils étaient enterrés de même. Bien que nés dans le pays, bien qu’hispaniques, ils ne parlaient pas le castillan, malgré les siècles passés depuis leur défaite. Le sentiment populaire les regardait avec haine, les soupçonnant de trahison à travers leurs marchands ambulants qui parcouraient tout le pays ; on les accusait d’avarice, de cupidité ; du fond de leur misère, ils éprouvaient la peur d’être bientôt submergés par leur nombre. C’était une haine viscérale, animale, faite d’une crainte obscure. Les membres du Conseil avaient reçu copie de centaines de lettres adressées au sultan pour lui déclarer qu’en cas d’invasion il trouverait une armée prête à se battre, si seulement elle recevait des armes ; d’autres, envoyées au roi du Maroc, le renseignant sur les forts dressés sur les côtes, leurs garnisons, leur nombre, autant de preuves de leur trahison.

Devant le portique de l’Est, dans l’Alcazar, deux hallebardiers se tenaient immobiles, présentant leur arme. Peut-être semblaient-ils d’une pâleur étrange, du moins c’est ainsi qu’Auguste et Philibert, réfugiés derrière la porte vitrée, les apercevaient. Ils tapaient du pied, se frottaient les mains, rentraient leurs épaules. L’uniforme qu’ils portaient les désignait comme des valets de pied, une veste jaune cintrée à la taille, des pantalons bouffants de velours noir, des bas et des chaussures de la même couleur. Ils donnaient l’illusion d’être chaudement vêtus alors que sous la veste ils ne portaient pour ainsi dire rien, s’étant chacun arrangé pour enfiler de vieilles hardes.

Leur place était dehors et ils avaient pour mission d’accueillir les membres du Conseil royal, mais ils avaient obtenu l’autorisation de se tenir à l’intérieur, prêts à bondir dès que le roulement du carrosse se ferait entendre.

Il arriva dans un grondement sourd et les deux gamins se précipitèrent pour ouvrir la portière et permettre au cardinal Laguna de sortir avec mille précautions.

C’était un homme rond, petit de taille, le teint jaunâtre, le ventre rebondi sous la soutane.

« Les pauvres s’agrippaient aux portières pour demander l’aumône, enfin demander est un bien grand mot ! Ils exigeaient plutôt ! Mon valet avait beau les frapper, ils s’accrochaient de toutes leurs forces. Merci, Auguste ! »

Tout en parlant, il s’engouffrait dans la chaise à porteurs que deux valets, l’un minuscule, le nez écrasé, très grand et très fort, le second, un Noir, venaient d’apporter. Auguste referma la portière et les deux valets soulevèrent la chaise qui parut s’envoler jusqu’au palier où la silhouette sombre de don Pablo de Alamena, le grand chambellan, s’inclina devant le prélat, baisa son anneau et s’écarta pour lui laisser le passage.

« Plus d’une demi-heure pour suivre la calle Mayor… Suis-je le dernier arrivé ?

– Il manque encore le duc de Gandie.

– Tant mieux ! Je déteste être le dernier… Mais où me conduisez-vous ? demanda avec inquiétude le prélat.

– Je dois vous faire un message de Sa Majesté. »

Don Pablo ouvrit une porte qui donnait sur un salon décoré d’une énorme tapisserie représentant la guerre de Troie, devant laquelle deux fauteuils étaient disposés face à face. À leur gauche, une grande fenêtre ouvrait sur le parc, enseveli sous la neige, à droite une cheminée monumentale dans laquelle un feu était allumé.

« Sa Majesté désire-t-elle me parler ici ?

– Elle souhaite s’entretenir avec vous dès que la délibération aura pris fin. En attendant, elle m’a prié de vous faire savoir qu’elle ne désirait pas votre présence au sein du Conseil.

– Je suis membre du Conseil royal et je n’aurais pas l’autorisation de m’y rendre ? C’est stupéfiant !

– Le roi a parfaitement saisi l’incongruité de sa demande et il vous en fait ses excuses.

– Très bien, mais ses excuses sur quoi ?

– Sa Majesté a reçu une opinion très pénible en écoutant son confesseur lui parler de l’inviolabilité du sacrement du baptême. Je vous avoue, Monseigneur, que je ne suis pas au fait de cette dissertation, mais je le suis du trouble que le roi subit. Il n’a pour ainsi dire pas dormi de la nuit.

– Son confesseur ? Quel confesseur ? J’ai l’impression de ne rien entendre à vos propos !

– Il s’agit de frère Diego, un théologien qui appartient à l’ordre de Dominique.

– Allons donc ! Un théologien ! Et, sur ce, le roi ne dort pas de la nuit et me prive d’un honneur que je dois à son auguste père ! Tout cela est confus, comme le sont tant de choses en cette cour. Je dois donc rester ici et attendre que Sa Majesté vienne me parler ?

– Le roi regrette infiniment votre position. Il m’a fait dire qu’il voudrait s’entretenir avec vous sitôt la réunion terminée. Il m’a également demandé que vous ayez l’amabilité de passer cette consigne à Monseigneur le duc de Gandie, accompagnée des mêmes excuses.

– Je devrais parler à Monseigneur ? Lui dire qu’il ne doit pas assister au Conseil, mais attendre ici, avec moi, la fin de la réunion ? Pour recevoir les excuses du roi ? Ce n’est pas un rôle facile, don Pablo ! Monseigneur est un homme de guerre qui a son franc-parler. Je me demande comment il va prendre la chose… »

Le cardinal fit une pause et regarda à sa gauche la cheminée où trois bûches flambaient. Il marcha jusque-là, tendit ses mains au-dessus des flammes et garda un instant le silence avant de questionner :

« Sa Majesté assistera-t-elle aux délibérations ?

– Après mûre réflexion, le roi a décidé de s’abstenir d’y paraître, craignant d’influencer par sa présence les débats. Il souhaite que chaque conseiller puisse s’exprimer librement, en son âme et conscience.

– Sa décision fait honneur à son équité. Il suivra, je pense, la réunion depuis son cabinet privé, à son habitude… »

Une nuance d’ironie fit trembler la voix de Son Éminence et le visage du grand chambellan grimaça un sourire.

La lourde porte s’ouvrit et deux pages entrèrent, portant un brasero de cuivre bordé d’une planche de chêne parfaitement ouvragée. Ils disposèrent la machine entre les deux fauteuils et remuèrent les braises avant de s’incliner et de se retirer.

« Ah ! Je vais pouvoir me réchauffer les pieds, dit le prélat en allant s’asseoir dans l’un des fauteuils, disposant ses jambes de part et d’autre du tas de braises.

« Je ne puis que m’incliner devant la volonté de notre souverain. Je ne m’en tiens pas moins pour offensé, non en ma modeste personne, mais dans l’honneur de l’Église. J’attendrai ici l’issue des délibérations et j’exprimerai au roi mon mécontentement dès que Sa Majesté m’accordera audience.

– Je crois certain que le roi trouvera les mots pour apaiser votre légitime courroux, Éminence. Il n’a pas pris cette décision d’un cœur léger. Les enjeux de cette conférence lui semblent si graves, si lourds de conséquences qu’il tient à maintenir un équilibre méticuleux entre les deux parties.

– Admettre au Conseil le grand inquisiteur et le confesseur de sa majesté et en refuser l’accès au cardinal, aucun scrupule de conscience ne saurait justifier un tel affront.

– Le roi pensait qu’en votre qualité d’homme d’Église Votre Éminence comprendrait ses hésitations.

– Je les comprends, Monsieur le chambellan, je les comprends… Je m’expliquerai devant Sa Majesté.

– Le roi m’a demandé qu’une collation vous soit servie, la délibération pourrait être longue. Souhaitez-vous du vin de Malaga ?

– Du xérès plutôt, très sec. Des biscuits aussi.

– Je me tiens à la disposition de Votre Éminence. Je suis son serviteur.

– Je suis le vôtre, Monsieur le chambellan. »

Don Pablo ébaucha un salut et s’éloigna. On perçut un grondement assourdi que Son Éminence écouta d’un air mécontent. Posant son menton entre ses mains, il réfléchit à la situation. Il avait marqué sa désapprobation devant le chambellan et il avait, par la suite, dit qu’il comprenait la décision de Sa Majesté, due à sa timidité. En somme, il avait bien réagi. La timidité royale, sans aucun doute réelle, ne suffisait pourtant pas à expliquer son exclusion, le prélat le savait. Quel but le roi poursuivait-il en les laissant, le duc et lui, hors du Conseil, confinés dans cette pièce ? Il n’eut guère le temps de trouver une réponse, un bruit de pas et des éclats de voix, dont il reconnut l’une, le firent se lever pour accueillir don Alvaro, Valerio, Francisco Javier Martinez Buen Santo y Borgia, quatrième duc de Gandie.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par pruneploum 2019-10-27T18:22:16+01:00
Or

J'ai apprécié cette lecture assez particulière mais agréable, fluide, pleine d'émotion et ouvrant sur un sujet d'actualité .

La première partie est un peu déroutante puisque nous sommes avec deux personnages : un noble et un cardinal . Tous deux convoqués par le roi pour en principe débattre et voter avec d'autres personnes de l'expulsion des musulmans d' Espagne mais qui au final n'y sont pas admis. Tous deux ayant des opinions différentes vont débattre et se remettre en question dans un salon à l'écart

Dans les trois autres parties nous découvrons l'histoire de ces deux personnages, leur enfance ainsi que celle de deux autres jeunes gens attachés à leur service.

Chrétien et musulman ont souffert tour à tour .Ce livre nous fait découvrir l'horreur de cette expulsion dans la dernière partie.

La bonté, la générosité, l'ouverture d'esprit de ce noble va malheureusement aboutir à un drame que l'on sent se dessiner au fil des pages.

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Commentaire ajouté par antoine18 2018-06-30T14:36:37+02:00
Or

Je tiens à remercier Netgalley et les éditions Fayard pour ce partenariat

L'histoire se déroule entre 1609 et 1610 lorsque Philippe III d'Espagne et le duc de Lerma décide d'expulser les morisques (personnes nés en Andalousie descendant des musulmans convertis au christianisme). Ils sont envoyés en Afrique du Nord.

Dans ce roman Michel Del Castillo retrace avec brio cette époque et les faits qui se sont déroulés. J'ai adoré l'écriture fluide de cet auteur, mon premier lu de celui-ci et aucuns regrets.

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Date de sortie

L'Expulsion

  • France : 2018-03-21 - Poche (Français)

Activité récente

Les chiffres

lecteurs 3
Commentaires 2
extraits 1
Evaluations 2
Note globale 8.5 / 10

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