Mémoires d'une fleur

J’ai rapporté ce livre en France et, après l’avoir lu, je l’ai rangé dans ma bibliothèque. Ce qui m’a intéressé, ce sont les faits qui y sont évoqués et la personnalité de l’auteur. Les courtisanes étaient à l’époque très cultivées et recevaient un enseignement très complet. Beaucoup d’entre elles étaient aussi des poétesses et la compilation des poèmes de l’époque Tang éditée au xviiie siècle comporte tout un chapitre consacré aux poèmes de courtisanes. Il n’est donc pas étonnant que la littérature tienne une place importante dans les réflexions de l’auteur. Cette institution chinoise des maisons de courtisanes sous la dynastie Tang fut reprise au Japon et donna naissance aux geishas. D’autre part, on sait par des documents de l’époque que des nonnes taoïstes se livraient à la prostitution. Ceci n’est pas étrange puisque les unions sexuelles, loin d’être un tabou, faisaient partie des techniques, comme la diététique et une gymnastique apparentée au yoga, pour cultiver en soi le Tao.

Etant maintenant à la retraite et cherchant à m’occuper, je me suis mis à traduire cet ouvrage. Je l’ai traduit dans le français d’aujourd’hui sans chercher à donner un ton vieillot ou chinoisant, ce qui me paraît être comme les peintres occidentaux des xviiie et xixe siècles, qui transformaient les Chinois en magots d’opérettes. J’y ai ajouté des notes car un lecteur occidental ne connaît pas forcément la civilisation chinoise. Certaines sont répétitives, car les renvois à une page précédente sont agaçants. L’éditeur a voulu mettre mon nom comme celui de l’auteur, car il est persuadé, je ne sais pas pourquoi, que c’est moi qui ai écrit ce livre. J’en suis désolé pour Saxifrage.