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À la gauche du Christ - Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours



Résumé

Dans la seconde moitié du XXe siècle s’est imposée en France une désignation tantôt valorisante, tantôt péjorative : « cathos de gauche », par extension « chrétiens de gauche » ? car cette nébuleuse englobe des catholiques et des protestants. Qui étaient-ils et comment ont-ils pris le tournant de l’engagement à gauche face à une Église massivement portée à droite ?

Au début du XXIe siècle, cette variété de militants chrétiens existe-t-elle encore ? Que reste-t-il de leurs luttes et des idées qu’ils entendaient porter ?

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extrait

Les « chrétiens de l’autre bord »

Il a existé en France, entre la Libération et le milieu des années 1980, un monde de militants et d’intellectuels qui ont estimé légitime de s’engager à gauche au nom de leur foi chrétienne. Protestants et catholiques, ils ont eu la conviction que le combat pour le changement devait être conduit à la fois dans leurs Églises et dans la société, sur le terrain religieux comme sur le terrain politique, syndical ou même culturel. « À gauche, ces chrétiens… » : c’est sous ce titre que la revue Autrement tenta, en février 1977, d’en dresser l’état des lieux, au moment où retombaient à la fois l’enthousiasme du concile Vatican II, qui avait été pour nombre d’entre eux un tournant capital, et les utopies de Mai 68, dont nous oublions trop aisément qu’ils y contribuèrent de façon décisive. Un peu plus de vingt ans auparavant, le 22 décembre 1955, François Mauriac prenait dans L’Express la défense de ces « chrétiens de l’autre bord », avec lesquels il avait renoué à la faveur du soutien à Pierre Mendès France et dans le combat contre la torture en Afrique du Nord.

Ce livre raconte leur histoire, depuis la Libération de 1944, lorsque ce même François Mauriac rêvait avec eux de construire en France un « socialisme humaniste1 » fondé sur les valeurs de la Résistance, jusqu’aujourd’hui, où leur disparition du paysage politique n’empêche pas qu’on les retrouve à l’œuvre, mais sous d’autres étiquettes, dans la mouvance altermondialiste, au Parti socialiste, chez les Verts et dans d’autres lieux de la gauche. Une des questions qui ont guidé les auteurs a été de comprendre quelle conjoncture, quel moment de l’histoire de la France contemporaine, a permis qu’ils deviennent visibles au sein de la République, quelques décennies durant, avant de s’effacer à nouveau du paysage, comme s’efface l’ancienne emprise des Églises sur notre vie commune. S’il nous semble intéressant de donner à lire l’aventure de ces chrétiens de gauche, ce n’est pas seulement pour le rôle, aujourd’hui méconnu, qu’ils ont tenu dans la vie politique française de la seconde moitié du XXe siècle. C’est aussi parce qu’ils ont été, et sont peut-être encore, un observatoire particulièrement fécond de l’évolution du rapport entre le politique et le religieux, à l’épreuve de la sécularisation de la société française.

Catholiques et protestants

« Chrétiens de gauche », l’expression n’est pas sans équivoque. Elle réunit sous un même vocable catholiques et protestants, dont le rapport à la gauche ne s’est pas construit selon les mêmes rythmes ni les mêmes enjeux. Dès les années 1870, le protestantisme politique s’est assimilé à la gauche, et les protestants ont joué un rôle moteur dans la construction de la République laïque, ce qui suffisait à en faire des hommes de gauche, par opposition à un monde catholique dont les élites demeuraient attachées à l’ordre ancien des choses. Le paradoxe veut que la période où l’expression « chrétiens de gauche » prit véritablement un sens ait été celle où, au contraire, la principale innovation politique au sein du protestantisme français était la séduction qu’opérait dans ses rangs le gaullisme. Et c’est bien l’expression « cathos de gauche » qui est passée dans l’usage courant : « Ce qu’on appelle en France les chrétiens de gauche, ce sont, en réalité, des catholiques de gauche2 », écrivait en 1970 Gilles Martinet, qui les connaissait bien pour les avoir côtoyés à L’Observateur et dans les rangs de la deuxième gauche dont il fut un artisan obstiné.

Il soulignait ainsi le rôle original tenu par des militants d’origine catholique dans la recomposition de la gauche, qui allait conduire un peu plus tard à la fondation du nouveau Parti socialiste, mais aussi leur place dans l’extrême gauche, au lendemain de Mai 68. Il mettait surtout en évidence ce fait, inédit dans l’histoire d’une gauche attachée par-dessus tout à la laïcité, que la plupart de ces militants se réclamaient de leur appartenance religieuse, jusqu’à en faire le motif même de leur engagement, le fondement sur lequel ils s’appuyaient pour faire bouger les lignes de partage entre radicalisme, socialisme et communisme en France. Au regard de cette irruption du catholicisme dans la culture de la gauche française, la présence des protestants paraissait trop évidente pour mériter d’être remarquée. Avec le recul, pourtant, il nous a semblé que les passerelles entre les uns et les autres, le jeu des influences réciproques et la multiplicité des compagnonnages, exigeaient que soit traitée leur histoire commune, quitte à souligner, dans deux chapitres spécifiques, quelle place originale y tiennent les protestants, cette minorité qui s’est longtemps considérée, à juste titre, comme l’avant-garde du progressisme républicain et du combat pour l’émancipation.

Héritages

Un autre point mérite d’être rappelé avant d’aller plus avant : l’histoire des chrétiens engagés à gauche a précédé 1944. La remarque vaut non seulement pour les protestants, comme on l’a dit, mais aussi pour les catholiques. Il a existé sous la monarchie de Juillet un « socialisme chrétien », celui de Philippe Buchez et du journal L’Atelier, dont la Révolution de février 1848 a paru consacrer la victoire, lorsqu’on a cru à la possibilité d’une rencontre entre le peuple chrétien et la République démocratique. Les émeutes de juin puis le triomphe du Parti de l’Ordre ont sonné le glas de cette première génération de la démocratie chrétienne, mais celle-ci renaît à la fin du XIXe siècle, dans le sillage de l’encyclique Rerum novarum de 1891, le texte fondateur de la doctrine sociale de l’Église. Non pas que le catholicisme social ait été fondamentalement « de gauche » : idéologiquement, Rerum novarum s’inscrit dans le prolongement d’une critique de la modernité affirmée à Rome dès le Syllabus de 1864, ce catalogue des « erreurs modernes » que condamne le pape Pie IX. Ce qu’on appelle le « catholicisme intransigeant », depuis les travaux d’Émile Poulat et de Jean-Marie Mayeur3, est ce courant central du catholicisme contemporain qui combat à la fois le socialisme et le capitalisme, la République bourgeoise et l’utopie révolutionnaire. Mais il connaît plusieurs déclinaisons, dont certaines peuvent sans conteste être classées à gauche de la vie politique française.

Au tournant du siècle, il en va ainsi du mouvement des « abbés démocrates ». Parfois prêtres de paroisse, ils sont le plus souvent des promoteurs d’œuvres sociales, des fondateurs de caisses rurales de prévoyance et de coopératives ouvrières, des directeurs de journaux aux titres évocateurs : Le Peuple français de l’abbé Garnier, La Justice sociale de l’abbé Naudet, La Démocratie chrétienne de l’abbé Six. Au même moment, Le Sillon, fondé par Marc Sangnier, devient en 1899 la première organisation de laïcs démocrates chrétiens en France. Certes, ce second moment de la démocratie chrétienne n’a résisté ni au raidissement de Rome contre ce qu’elle a considéré comme une forme de « modernisme social », ni aux effets de l’affaire Dreyfus. La volonté de Sangnier de transformer son mouvement en un parti politique s’est heurtée en 1910 à une condamnation romaine. De cette période demeurent pourtant deux héritages. D’une part, Sangnier, tout en se rangeant à l’injonction romaine, fonde en 1912 la Jeune République, une ligue politique d’inspiration chrétienne qui se transformera bientôt en parti et jouera, après 1944, un rôle non négligeable dans l’histoire de la deuxième gauche. D’autre part, il a existé un dreyfusisme catholique, dont Anatole Leroy-Beaulieu ou Paul Viollet, fondateur en 1899 de la Ligue catholique pour la défense du droit, sont de bons représentants. Plus que des hommes de gauche, qu’ils ne sont pas, ces catholiques sont des libéraux, au sens philosophique du terme : mais leur combat a fini par être assimilé à la gauche, à mesure que s’ancrait à gauche la mémoire du dreyfusisme.

Les années 1930, enfin, sont le troisième moment de la « préhistoire » des chrétiens de gauche. Au moment du Front populaire, la « main tendue » par Maurice Thorez aux catholiques rencontre peu d’échos, hormis du côté des élus de la Jeune République, qui soutiendront le gouvernement de Léon Blum sans y participer, et du petit groupe des « socialistes chrétiens », protestants et catholiques réunis autour du journal Terre nouvelle dirigé par Maurice Laudrain et qui compta dans ses rangs le jeune Paul Ricœur. Mais elle contribue à une interrogation collective sur la manière dont la classe ouvrière a été « perdue » par l’Église. « Par notre faute », répond Henri Guillemin dans un article célèbre paru en 1937 dans La Vie intellectuelle, suivi en cela par les « rouges chrétiens » de l’hebdomadaire Sept, que Rome condamne au silence la même année. Simultanément, la conjoncture internationale fait aussi bouger les lignes : la guerre d’Espagne voit un clivage se creuser entre les partisans de Franco et ceux qui prennent la défense des Basques, républicains et catholiques. Surtout, la montée des totalitarismes pose aux catholiques la question de la désignation de l’adversaire principal, Hitler ou Staline. La presse démocrate chrétienne et celle aussi des mouvements de jeunesse ont dénoncé très tôt l’antisémitisme nazi. Les engagements des résistants chrétiens seront au terme de ces ébranlements des années 1930. À la Libération, ils présideront aux recompositions internes au cours desquelles se dégage la mouvance des « chrétiens de gauche » dont il est ici question, dans le contexte plus général d’une République à refonder sur les valeurs de la Résistance.

Moments

Ce livre est une œuvre collective, un récit à plusieurs voix. Marquée par la fin de la guerre d’Algérie et l’ouverture du concile Vatican II, l’année 1962 le sépare en deux parties. Chacune d’entre elles s’ouvre sur un récit qui retrace l’itinéraire d’ensemble des chrétiens de gauche, puis se décline en chapitres thématiques qui mettent en valeur la diversité de leurs pratiques militantes. En marge de ces chapitres, des « focus » sont proposés au lecteur, sur des événements, des personnages ou des textes particulièrement exemplaires. Un long épilogue, enfin, s’efforce de repérer les traces de leur présence, devenue beaucoup plus discrète depuis le milieu des années 1980.

Il s’est agi pour les auteurs de répondre à deux objectifs. D’une part, il fallait comprendre ce qui fut un moment de l’histoire politique française autant que de celle du christianisme contemporain. La question se posait en effet de savoir comment la République, qui s’est traditionnellement construite en écartant de son champ tout fondement religieux, a pu pendant quelques décennies faire à des militants chrétiens une place considérable dans le débat sur la vie démocratique. D’autre part, nous avons souhaité proposer une histoire « totale » de ce courant, qui tienne de front ses dimensions politique, sociale, intellectuelle et religieuse. Les chrétiens de gauche, en effet, n’ont pas été seulement une force d’appoint dans la recomposition de la gauche française. Engagés sur de multiples terrains, du syndicalisme aux loisirs, de la condition féminine à l’autogestion, du logement social à la critique de la société de consommation, ils ont été des acteurs importants de l’histoire culturelle de la France durant quatre décennies.

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Dates de sortie

À la gauche du Christ - Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours

  • France : 2012-09-13 (Français)
  • France : 2015-05-21 - Poche (Français)

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