La balle rouge

Tout a été alors très rapide.

Les Allemands étaient bien organisés.

On sentait qu'ils avaient l’habitude.

Que la machine à tuer était au point.

Ils appelaient ça "le tri".

Les femmes, les enfants, les vieillards, les malades, d'un côté.

Les hommes valides, de l'autre.

Aucune discussion n'était admise. La seule réponse à une question était, dans le meilleur des cas, une gifle ou un coup de matraque.

Dans le pire, la mort.

Brutale et instantanée.

Les pleurs, les gémissements, les prières ont redoublés.

Comme tant d'autres femmes et d'enfants, Sam et Sarah se sont dirigés lentement vers la droite en se tenant par la main.

J'ai tout vu, parce qu'à ce moment précis, Sam m'a sorti de sa poche. Comme s'il avait voulu que je sois témoin de ce qui allait se passer. Comme s'il avait deviné qu'un jour viendrait où je raconterais son histoire.

[...]

Au risque de se faire abattre par les soldats, Sam a alors couru vers Josué.

Rapidement, sans un mot, il m'a glissé dans la main de son père.

En lui faisant un pauvre sourire.

Le dernier.