Les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes?
Auteur
- Hanane Karimi (Écrivain)
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extrait
Le retour quasi mécanique à l'islam agirait alors comme un moyen de résistance à l'exclusion. Pourquoi l'islam ? Réinscrire ces populations dans leur position sociale implique également de penser aux ressources dont elles disposent : le religion en est une. Face aux conditions sociales indignes, elle représente une condition digne, qui permet malgré la domination de supporter le quotidien et de regagner une dignité essentielle à la survie. Cela n'empêche pas que, dans une forme de retournement du stigmate, l'adhésion à la religion consolide la catégorisation qui est à l'oeuvre. On peut dès lors dire qui les processus de retournement ou d'émancipation du stigmate, voire de revalorisation de l'identité stigmatisée, s'entremêlent dans une lutte sociale où les héritières et héritiers se trouvent engagés malgré eux. Le nationalisme chimérique et symbolique a pour effet que la religion devient une identité sociale totale, transcendant toutes les autres, exactement comme le rêvait l'Etat.
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Comme d’autres l’ont dit, ce bref essai tiré de la thèse en sociologie de l’autrice met des mots sur les maux ! Je ne suis pas personnellement concernée par cette aliénation de la femme musulmane et française, mais j’ai pu ressentir un bref instant leur souffrance, leur rage, leur incompréhension face à un traitement profondément injuste, sexiste et islamophobe.
Dans une prose à la portée de tou.tes, l’autrice pointe du doigt et dénonce cette « nouvelle laïcité » au nom de laquelle les femmes musulmanes portant le foulard sont delégitimées, invisibilisées exclues voire diabolisées dans le monde politique et dans le groupe social des femmes… colonialisme, racisme, nationalisme, féminisme hégémonique, femonationalisme, islamophobie, énormément de concepts sont utilisés (et proprement expliqués) pour comprendre tous les tenants et les aboutissants d’une situation complexe et historiquement chargée.
Essai encadré et accompagné tout au long par des témoignages personnels, les effets et les impacts de cette aliénation sur la construction identitaire des femmes musulmanes durant leur vie sont d’autant plus flagrants et touchants ! C’est un véritable tiraillement qui nous est exposé et que l’on doit impérativement gardé à l’esprit pour vraiment faire évoluer la situation.
Je ne peux que vous encouragez à acquérir et à lire cet ouvrage immensément nécessaire actuellement ! (Et si vous êtes comme moi, vous viderez probablement une boîte de post-it dedans)
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Résumé
Mes larmes étaient celles d'un désenchantement : un désenchantement féministe. J'avais échoué à trouver les mots qui auraient fait douter ces femmes de leur offensive contre d'autres femmes, de leur trahison d'un féminisme universel, de leur aveuglement par des biais racistes et islamophobes. Puisque l'islamisme était l'ennemi, celles qui affichaient leur adhésion à l'islam devenaient à leurs yeux l'incarnation de ce danger, et se retrouvaient exclues des luttes pour les droits des femmes.
Mais les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ? Maîtresse de conférences en sociologie à l'université de Strasbourg, Hanane Karimi déploie ici une réflexion sur la "nouvelle laïcité" , l'islamophobie et l'héritage colonial français pour montrer comment les femmes musulmanes, désignées comme des ennemies de l'intérieur, se voient refuser l'accès à une citoyenneté pleine et entière, à l'espace public et à l'arène politique - voire, tout simplement, le fait d'être des femmes dignes d'avoir des droits.
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